S’éloignant de la définition de Michel de Certeau et considérant d’abord le lieu anthropologique défini par Marcel Mauss comme « culture localisée dans le temps et l’espace (6) », ou encore comme temps et espace habités, Marc Augé y ajoute une notion de « non-lieu », produit de la « surmodernité », qui s’exprime « […]
Page suivante : 1.2.1 Centre et banlieue Retour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
Espace, lieu, non-lieu, lieu vague… c’est bien le propre de la ville que de brouiller les parcours, même théoriques. Lieu réel, espace imaginaire : pour explorer la ville il faut peut-être commencer par son centre. Pour Mircea Eliade, le centre est ce qui fonde l’espace et permet d’y vivre (8). La projection ou découverte d’un […]
Depuis les Grecs, le centre symbolique de la ville, c’est l’agora : le terme, dérivé du verbe grec ageirein, « rassembler », désigne la population rassemblée en un même endroit (12). L’agora n’est pas un lieu à la géométrie bien définie mais un espace extensible selon l’importance et la densité de la population réunie. C’est […]
2. RaspouTeam, La Commune de Paris (projet multimédia), 2011 16 Dictionnaire, « Communication », p. 69-70 Page suivante : 2.1 Les voix de la villeRetour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
Communiquer, du latin communicare, signifie « être en relation avec ». La ville est un organe de communication, qui diffuse des messages. Crieurs publics, vendeurs de journaux, distributeurs de tracts, colleurs d’affiches : autant de fonctions qui n’ont vraiment de sens qu’en ville. La parole circule d’une fenêtre à l’autre, dans les cafés, dans la […]
La ville toute entière est un média pour les messages officiels. Dans la rue, ces messages se doivent d’être univoque et s’expriment par la pierre : le pouvoir religieux et politique s’affirme par des bâtiments, des monuments, des statues, qui véhiculent une idéologie, du haut vers le bas, de l’autel ou la tribune à la […]
A l’âge de la société de consommation, c’est un autre pouvoir qui s’exprime, et par d’autres moyens. Visages retouchés, slogans et logos nous parlent, nous crient d’acheter, de nous conformer. Ces images sont celles des « marques » : des marques déposées, identifiables par un nom, un logo, une identité visuelle, qui les distinguent les […]
L’espace public est empli de signes, c’est un fait aisément constaté. Cependant, la quantité fait-elle automatiquement le danger ? Peut-on considérer une autre manière de vivre les signes ? Page suivante : 2.2.1 Nouvelle forêt, nouveaux parcours Retour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
Dans cet espace « envahi », « saturé », cette grande foire de la société de consommation, consommons-nous les produits ou les signes ? « Consommer » a deux sens courants : soit achever, mener à bien, réaliser ; soit détruire, consumer. Pour en revenir à l’étymologie du mot, consommer, du latin consummare, signifie « […]
La publicité créé du désir ; et pour cela, elle joue sur des désirs existants, sur des fantasmes, de l’imaginaire. Serge Tisseron décrit dans Le Bonheur de l’image sa « capacité à épouser les grands courants culturels (31) », à sublimer les préoccupations quotidiennes en aspirations – certes, pour les « assujettir à ses intérêts […]
5. Slinkachu, Relics, série d’installations « Little People », 2010 36 Daniel Pinson, Traité sur la ville, « Arts », p. 514 Page suivante : 3.1 La ville, lieu esthétique Retour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
Page suivante : 3.1.1 Urbanisme et esthétique Retour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
Bien que le terme d’ « urbanisme » ne date que du milieu du XIXème ou début du XXème siècle selon les pays (37), le souci de développer la ville de façon cohérente est à peu près aussi vieux que la ville ; ainsi Roland Martin, dans son ouvrage sur L’urbanisme dans la Grèce antique, […]
6. Jacques Villeglé, ABC, collage d’affiches, 1959 Commençons par un collage de citation, soit Marc Guillaume citant Pierre Sansot citant John Cage : « Le monde est un immense collage… un autobus rempli de personnes qui ne se connaissent pas et qui passent devant une cathédrale gothique tandis qu’une publicité lumineuse vante une marque de […]
Page suivante : 3.2.1 Paysage et « ambiance » urbains Retour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
La ville au quotidien, la ville qui se traverse, se parcourt et se pratique, forme un paysage urbain. Pour Alain Roger, réfléchissant sur la notion de paysage dans Art et anticipation, le paysage est ce qui est perçu, ce qui est d’abord cadré par les peintres, ce qu’ils nous montrent à voir. C’est la représentation […]
Je n’ai traité jusqu’ici que de la ville comme forme et très peu encore de ses habitants. Citons, encore une fois, une remarque du Dictionnaire : Sans se perdre dans les arcanes du Da sein heideggerien, le terme [d’habitant] a une connotation somme toute active qu’on aurait tort de négliger. L’habitant d’une ville en est […]
De l’ancien scandinave flana, « courir ça et là », la flânerie en ville est avant tout une démarche de plaisir. Balzac en donne une définition pour le moins délicieuse : « Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil (57)». C’est encore, pour Thierry Paquot, un « savoir-ne-rien-faire […] en dégustant chaque petits […]
Debout dans l’autobus bondé et surtout à travers les longs couloirs du métro, c’est encore avec ses pieds qu’on se déplace. Raymond Queneau, dans Exercices de Style, dessine une autre figure du flâneur, celle du voyageur urbain : un narrateur aux 99 voix, qui prend inlassablement l’autobus S et voyage dans la langue. D’après Michel […]
La dérive élève la flânerie en manifeste. Le premier numéro de l’Internationale Situationniste paru en juin 1958 en annonce ainsi le programme : Mode de comportement expérimental lié aux conditions de la société urbaine : technique de passage hâtif à travers des ambiances variées. Se dit aussi, plus particulièrement, pour désigner la durée d’un exercice […]
La ville est le lieu des marches collectives organisées : défilés militaires, religieux ou carnavalesques. Tradition séculaire ou addition récente au calendrier culturel d’une ville, ces processions sont des spectacles pour et par les habitants, qui réussissent généralement à rendre la ville aux piétons, prouvant ainsi la possibilité d’une ville sans voitures. Page suivante : […]
La manifestation est une marche revendicative : équipés de pancartes, mégaphones et mots d’ordre, les manifestants suivent un parcours établi d’avance pour montrer, par leur nombre, par le temps dévolu à l’action collective et par l’espace occupé par le cortège, qu’ils sont (généralement) contre quelque chose mais tous ensemble dans cette opposition. Manifester, en anglais […]
Après cette courte typologie de l’urbain en marche, penchons-nous sur des notions plus statiques : qu’est-ce, justement, qu’être « urbain » ? Est-ce un statut qui vient avec droits et devoirs ? L’ « urbain », c’est l’habitant de la ville, mais c’est aussi celui qui fait preuve d’urbanité ; et l’urbanité n’est autre que […]
Le graffiti doit rester un mot merdeux, une insulte aux constipés de l’esprit. Dali Page suivante : 1. L’art du publicRetour au menu : L’ART DE L’ESPACE PUBLIC : Esthétiques et politiques de l’’art urbain
9. Isaac Cordal, Electoral Meeting, Berlin, 2011 Qu’est ce que l’art public ? Au sens usuel, c’est l’art de commande, placé dans un lieu public. C’est un art qui se veut universel, au service de la communauté, destiné à commémorer un événement ou une personne, à remédier à un problème perçu, comme le manque de […]
La scène contemporaine regroupant les artistes intervenant en milieu urbain est généralement désignée sous le terme de post-graffiti ou street art, que Denys Riout définit ainsi : « Des artistes, reconnus comme tels, œuvrent indifféremment dans leurs ateliers et dans l’espace public, sans commande, à leurs risques et périls. Ils offrent alors leur travail aux […]
10. Gérard Zlotykamien, Ephémères, Paris, 2007 (réalisé sur le lieu d’affichage géré par l’association Le M.U.R.) Dès le début du XXème siècle, les peintres d’atelier sont attentifs au graffiti : George Grosz les appelle « manifestations brutes de l’instinct artistique », Picasso est fasciné par les photographies de Brassaï, Dubuffet y voit des « diamants bruts […]
11. Lee Quinones, The Lion’s Den, 1982 Toutes les histoires de l’art urbain semblent devoir commencer par un rappel des faits : le graffiti est une pratique millénaire. Du latin graphium, éraflure, le graffiti – que je qualifierai de « classique » pour le distinguer du genre du graffiti « moderne » – désigne d’abord […]
Le graffiti s’est rapidement exporté hors des Etats-Unis et a profondément influencé les jeunes générations des années 1980 et 1990. Encore bien vivant aujourd’hui, il s’est mélangé à des pratiques in situ plus explicitement politisées ou à vocation plus ouvertement artistique et a ouvert la voie à une nouvelle génération d’artistes « publics », d’horizons, […]