De l’ancien scandinave flana, « courir ça et là », la flânerie en ville est avant tout une démarche de plaisir. Balzac en donne une définition pour le moins délicieuse : « Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil (57)». C’est encore, pour Thierry Paquot, un « savoir-ne-rien-faire […] en dégustant chaque petits faits urbains » (sic) qui apparaît au XIXème siècle, quand la ville change d’échelle, que les populations et leurs activités se multiplient, que du temps « libre » émerge. Flâneurs célèbres, Baudelaire et Walter Benjamin décrivent leurs impressions d’être dans un dedans, dans la ville, qui est aussi un dehors, hors de chez soi, d’être solitaire et membre de la foule à la fois. Le flâneur sait apprendre en s’amusant : pour Apollinaire, le « flâneur des deux rives », les quais de la Seine, sont une « délicieuse bibliothèque publique (58)». Flâner, c’est se laisser porter par les courants de la ville dans une attitude vaguement contemplative, avec une attention distraite.
57 Cité in Dictionnaire, « Flâneur », p. 117
58 Guillaume Apollinaire, « Les quais et les bibliothèques », Le Flâneur des Deux Rives, œuvres complètes en prose, tome III, Paris : Bibliothèque de la Pléiade, 1993, p. 34
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