Dans cette section, la problématique et l’intérêt de cette étude qui se veut à la fois scientifique et professionnelle seront présentés (Paragraphe I) ainsi que les objectifs de recherche poursuivis et les hypothèses de recherche définies (Paragraphe II).
A. Problématique
1. Contexte
L’initiative de cette étude se situe dans un contexte qu’il convient de préciser. Socle du développement des connaissances et de l’avancement du savoir, la recherche scientifique est une composante fondamentale du développement des Nations modernes. De nombreuses recherches se font au Bénin dans plusieurs disciplines autant au plan du renforcement de la qualité de l’Enseignement Supérieur qu’en termes de recherche – développement (R&D).
Dès lors, une offre d’innovations assez grande devrait exister au Benin et la demande d’innovations par les entrepreneurs devrait être satisfaite.
Par ailleurs, le développement de l’agriculture est à la base du développement économique d’un pays africain comme le Bénin qui est a près de 70% agricole. Mieux, les tendances actuelles ont montré que les pays émergents comme le Brésil, la Chine, le Brésil ou l’Inde ont basé leur développement et leur croissance actuelle sur une complémentarité entre la recherche agricole, les producteurs agricoles, les entreprises, l’Etat et les consommateurs.
Les Universités d’Abomey-Calavi et de Parakou, institutions nationales par excellence de formation et de recherche sont les grands producteurs et dépositaires de résultats de recherche, dont les recherches en agronomie. Malheureusement, faute de visibilité, ses résultats des travaux de recherche ne sont pas suffisamment connus et valorisés.
Si le besoin et la demande d’innovations scientifiques par les entrepreneurs est une réalité, le constat qui se dégage est l’impossibilité pour les Entreprises d’être au courant de ces offres disponibles à l’UAC.
De ce fait, la mise en application des résultats de recherche demeure vaine et les nombreuses opportunités de création d’entreprise, d’exploitation de résultats de recherche par les entreprises et de commercialisation des produits issus de la recherche ou de la dynamisation économique qui pourraient naitre de ces résultats de recherche sont inexistantes.
En conséquence, les résultats de recherche ne contribuent que faiblement au processus de développement économique du Bénin.
Par définition, la valorisation des résultats de recherche consiste à rendre utilisables les résultats de recherche ; à commercialiser les résultats, les connaissances et les compétences de la recherche. Elle permet de réaliser une synergie entre formation, recherche et entreprises.
Son objectif est de détecter les innovations scientifiques et de convertir la recherche académique en recherche partenariale, afin de créer des interfaces de proximité entre les industriels et les chercheurs.
Mais combien d’industriels béninois, de développeurs, de gouvernants et de paysans ont exploité les recherches produites au Bénin pour trouver des solutions aux crises alimentaires, énergétiques et économiques qui frappent nos pays ?
Il apparait ainsi que la valorisation de la recherche devient une condition sine qua nun à l’appropriation, par les cibles bénéficiaires, des impacts des recherches scientifiques.
2. Problématique
L’Université d’Abomey-Calavi est créée pour former et pour effectuer des recherches profitables au Bénin, à l’instar de la Faculté des Sciences Agronomiques qui fut aussi créée pour trois missions semblables, successives et complémentaires : la formation initiale ou continue en agronomie, la recherche scientifique dans ce secteur et l’appui au développement.
Cependant, si les deux premières fonctions sont effectives, la troisième n’est pas concrétisée.
En effet, les chercheurs, innovateurs et inventeurs en agronomie ont généré beaucoup de résultats susceptibles de contribuer au développement du Bénin. Selon les statistiques les plus récentes, près de 70 % de la population béninoise active est agricole. Autrement dit, le développement du Bénin repose pour une part importante sur les techniciens du monde agricole et les recherches dans ce secteur.
Malheureusement, les résultats produits dans ce secteur par les chercheurs de l’Université sont peu connus du grand public, peu utilisés et peu exploités.
L’absence d’une réelle stratégie de communication et de promotion des résultats de recherche constitue l’une des causes de cette situation de méconnaissance et d’inexploitation des innovations scientifiques en agronomie. Cette absence de stratégie se révèle comme une problématique capitale à résoudre.
Mais, l’objectif de toute stratégie de communication dans le cadre d’une formation en marketing-communication est de positionner la marque ou le produit dans le peloton de tête pour une bonne rentabilité pour l’entreprise. Le produit ici est assez particulier. Il s’agit de résultats de recherche d’une organisation qui n’est pas une entreprise à vocation commerciale a priori : l’Université Abomey-Calavi, producteur de ses recherches.
La démarche s’entend donc inhabituelle et s’inscrit dans un environnement particulier contraire à l’environnement qu’intègre le mix marketing habituel : le produit, le prix, la distribution, la communication.
Le marché ici se présente non concurrentiel et est composé d’utilisateurs de résultats de recherche. Le produit quant à lui est abstrait, sans prix défini et son usage n’est pas direct.
Il s’agit ainsi d’un marché où la demande, la concurrence, l’environnement, la taille, la structure et les tendances d’évolution du marché, les critères de choix des consommateurs, le mode de distribution du produit s’intègre difficilement dans une stratégie marketing.
Seulement, la communication qui se retrouve en amont et en aval de toute stratégie marketing s’intègre aisément dans la valorisation des résultats de recherche ; lesquels résultats sont pris comme « le produit » inconnu par le public.
Car, le marketing va au-delà de l’élaboration du produit et du choix de son prix et de son mode de distribution. Une entreprise ou toute organisation doit aussi communiquer avec ses clients, utilisateurs actuels et potentiels, ses fournisseurs, ses revendeurs et toute autre partie prenante à ses activités.
La stratégie de communication s’impose donc comme une priorité dans la valorisation des résultats des recherches scientifiques à l’UAC quoique la VALORISATION en elle-même est toute une stratégie et un processus qui comporte plusieurs actions.
Pour la présente étude, c’est l’ACTION COMMUNICATION qui est à prendre en compte bien que l’ACTION VALORISATION se dégage aussi comme une problématique toute entière dans le contexte universitaire béninois.
Il convient de rappeler que le mix de communication comporte cinq modes majeurs d’actions : la publicité, la promotion des ventes, les relations publiques, la vente, le marketing direct. Il s’agira donc de porter la réflexion sur les voies et moyens pour mieux faire connaitre les résultats issus des travaux de recherches en agronomie à l’UAC. Cela, afin que les demandes des entreprises et des producteurs soient désormais connues et que tous les résultats de recherches scientifiques pertinents soient mieux connus pour participer aux changements socio-économiques afin de contribuer davantage au développement de l’économie nationale.
Mais, peut-on s’essayer à une entreprise micro (la Communication) en l’absence de l’entité macro que constitue la Valorisation ? C’est la réalité scientifique dans laquelle s’impose et se justifie la présente étude qui se voudrait à la fois une réflexion sur le concept de la Valorisation à l’UAC et une pratique sur la stratégie de Communication d’un produit peu ordinaire, à travers le thème intitulé « Problématique et essai de définition d’une stratégie de communication pour la valorisation des résultats de recherche en agronomie à l’Université d’Abomey–Calavi ».
B. Intérêts de l’étude
1. Intérêt personnel et professionnel
Formé aux techniques des sciences de l’information et de la communication et en charge de la communication et de la Valorisation dans le secteur de l’agronomie à l’Université d’Abomey-Calavi, élaborer une stratégie de communication à l’Université constituera pour nous un exercice pratique pour une autoévaluation d’une formation en Communication- Marketing.
Cette étude permettra également de mettre en place un outil important (la stratégie de communication) pour la valorisation des recherches dans la première et la plus grande université du Bénin dans un secteur qui se veut l’un des plus importants pour le développement du Bénin : l’agriculture.
La plus grande université du Bénin pourrait ainsi partir de la stratégie de communication spécifique pour les recherches en agronomie pour aboutir à une stratégie globale pour les différents résultats de recherche et trouver ainsi un début de solution à la méconnaissance, par les personnes extérieures, des nombreux résultats de recherches produits dans les Facultés et laboratoires de notre Université.
2. Intérêt scientifique et social
Nous voulons à travers cette étude montrer l’importance de la stratégie de communication pour un secteur primordial et peu étudié de l’Université : les résultats de recherche. Elle permettra à l’Université d’attirer davantage les responsables d’entreprises à s’intéresser à ses activités ; en terme d’exploitation des recherches ou de financement /commande des recherches.
En matière de marketing, ce travail peut constituer la base pour des études plus approfondies dans la stratégie marketing pour un produit particulier qui se trouve dans un marché tout aussi particulier.
Par ailleurs, notre étude, si elle est mise en pratique, permettrait à l’Université de remplir enfin sa troisième mission de service social à la communauté.
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