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B. De la légitimité des pressions des acteurs internationaux en vue d’une Administration publique efficace

La dépendance financière d’Haïti vis-à-vis de la communauté internationale va croissante.

Le pays produit de moins en moins de richesses pour assurer son propre développement ;
parallèlement la libéralisation des échanges commerciaux accélère la pauvreté et la
dépendance.(24)

En outre, la dépendance financière du pays vis-à-vis de la Communauté internationale se
traduit aussi assez concrètement dans le budget national du pays(25). Si, en principe, « le budget
de l’Etat traduit des choix politiques »(26), on aura vitement compris, de ce fait, le poids de la
Communauté internationale dans l’orientation des politiques publiques adoptées dans divers
domaines en Haïti, puisque cette dernière apporte en général sous forme de dons ou de prêts
les 2/3 du budget. A l’inverse, si cet apport fait défaut, l’Administration publique est
susceptible d’être paralysée. Dans des conditions pareilles, la Communauté internationale,
particulièrement les institutions financières internationales et les autres bailleurs de fonds dans
le cadre de la coopération bilatérale et/ou multilatérale se doivent de s’assurer d’une gestion
efficace des fonds alloués et de la performance des politiques mises en oeuvre. Or, comment
parvenir à cet objectif sans une Administration publique efficiente ?

La performance de l’Administration publique devient une condition sine qua non de
l’efficacité de l’aide internationale dont dépend en majeure partie la mise en oeuvre effective
des politiques publiques dans divers domaines de la vie nationale. D’où les interventions
multiples et multiformes des acteurs internationaux en vue de rendre l’Administration
publique efficiente.

Ainsi, pourrait-on se demander, à bon droit, si la quête de performance de
l’Administration publique haïtienne par les acteurs internationaux aurait la même finalité que
les exigences des citoyens haïtiens, par souci d’altruisme. En d’autres termes, les acteurs
internationaux, cherchent-ils uniquement à rendre l’Administration publique haïtienne capable
de mettre en oeuvre des politiques publiques qu’ils ont orientées dans leurs propres intérêts ou
cherchent-ils à renforcer effectivement les capacités de l’Administration publique du pays à
mieux servir les usagers avec peu de moyens et quels serait alors le mobile de leur action ?

En somme nous avons vu que le poids de la tradition au niveau de l’Administration
publique haïtienne vient faire échec aux attentes des citoyens et des acteurs internationaux en
dépit de la légitimité, pour des raisons différentes, desdites attentes. Par ailleurs, ce constat de
crise de performance de l’Administration publique haïtienne se révèle aussi et surtout
particulièrement par les insuffisances de la Fonction publique et des fonctionnaires.

24 Sur le site web du CADTM, Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde, Sophie Perchellet, dans sa
contribution ( Haïti sous ajustement structurel) dans un article collectif intitulé : « Construire ou reconstruire
Haïti ? », dresse un tableau sombre de la détérioration, aux dépens d’Haïti, des termes de l’échange commerciale
depuis le tournant néolibéral accentué à partir de 1986. Il donne des explications à la dégradation de la pauvreté
et de la dépendance vis-à-vis de la Communauté internationale. La page est disponible sur le lien suivant :
http://www.cadtm.org/Construire-ou-reconstruire-Haiti,6647 L’article est publié le 12 septembre 2010 et la
page est consultée le 20 juillet 2011.
Les données statistiques de la Banque Mondiale sur Haïti viennent en renfort à cette analyse de Mme S.
Perchellet. http://donnees.banquemondiale.org/pays/haiti Page consultée à la même date.
25 Pour l’exercice fiscal 2010-2011, le budget national de 106, 3 milliards de gourdes (1 dollar US = 41 gourdes)
dépend à hauteur de 70% des contributions de la Communauté internationale. Dans un bulletin publié en date du
14 décembre 2010 sur le site web de radio Signal FM, on a pu lire les explications suivantes du Ministre de
l’économie et des finances, Ronald Baudin, relativement au retard observé dans l’élaboration dudit budget :
«Normalement, ce budget qui accuse un certain retard dans son élaboration aurait dû être adopté avant le 1er
octobre. Mais à cause de certaines contraintes, notamment les négociations sur l’appui budgétaire avec les
partenaires de la communauté internationale qui ont duré plus que prévu, c’est avec deux mois et demi de retard
que nous présentons ce budget ». Cf :
http://www.signalfmhaiti.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3153:haitiexercice-fiscal-
2010-2011-le-budget-annuel-depasse-les-100-milliards-de-gourdes-pour-la-premiere-fois&catid=34:politique
Cette page est consultée le 03 août 2011.
26 Lexique des sciences politiques, page 42.

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