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Annexe 6 H : Entretien E9

Jeudi 18 avril 2013 1 12h30
École Willingdon

A : Enquêteur
M : Madame M

1 A : J’aimerais déjà commencer par votre propre parcours. Et pour commencer, depuis combien de temps vous habitez à Montréal ?

2 M : OK… Moi, j’habite à Montréal depuis… 1997. J’ai déménagé ici pour faire les études. Mon mari, il était né ici, il est Montréalais, lui.

3 A : D’accord. Vous êtes venue ici de… en 1997 pour les études. Et avant, vous étiez ?

4 M : En Ontario.

5 A : D’accord. Donc vous avez grandi en Ontario.

6 M : Oui.

7 A : Oui… Dans un milieu anglophone ?

8 M : Exclusivement.

9 A : Oui. D’accord. Donc… l’anglais, c’est votre langue première.

10 M : Oui.

11 A : Et on peut dire, le français, c’est votre langue seconde.

12 M : Oui.

13 A : Vous parlez d’autres langues encore ?

14 M : Non, non.

15 A : … Alors quand vous étiez en Ontario, vous étiez dans une famille anglophone. Vous alliez aussi à l’école en anglais j’imagine.

16 M : Oui. Il y avait… un peu d’instruction en français. Ça a commençait la 5ème année de l’école primaire…

17 A : Et, ça se passait comment ? Est-ce que vous avez des souvenirs de votre apprentissage en français, à ce moment-là ?

18 M : Oui, j’ai bien aimé d’apprendre le français. C’était vraiment intéressant pour moi et… je vais juste dire quelque chose d’autre : aussi, mon père, il est Italien et j’ai assisté à un cours d’italien seulement pour un été, je crois, quand j’étais jeune. Et… ma mère, elle est anglophone, mais elle a appris l’italien quand elle s’est mariée avec mon père..So180, les deux, on parlait italien avec… ma grand-mère et un peu entre les deux, mes parents. Mais, vraiment, les enfants chez moi, on n’avait pas vraiment appris l’italien. Mais, quand j’ai commencé à apprendre le français, c’était vraiment du fun 181pour moi. C’était vraiment un nouveau monde, you.know182.

19 A : Ah oui ?

20 M : Yeah…

21 A : …qu’est-ce que vous aimiez dans l’apprentissage du français ?

22 M : Ah… You.know, d’apprendre le vocabulaire, les sons différents, les voyelles différentes, comment lire dans une autre langue…

23 A : Mais alors, à la maison, vous dites, vous parliez quelques fois italien avec votre père, parce qu’il était d’Italie, c’est ça ?

24 M : Des… des mots. I.mean183,.il parle anglais très bien maintenant et… mais il y avait quelques mots ici, j’ai essayé d’utiliser des mots en italien avec ma grand-mère italienne, mais… pas beaucoup.

25 A : Mais votre père est donc venue au Canada, pourquoi a-t-il quitté l’Italie ?

26 M : Ah… parce qu’il y avait plus d’opportunité ici, à Canada… au Canada (rire).

27 A : Professionel alors. Surtout professionnel.

28 M : Oui, il était vraiment pauvre en Italie. Et ici… il y avait plus de… c’est relative de sa famille qui ont déménagé au Canada. Il avait un niveau, mieux, de vivre.

29 A : Ah d’accord, oui oui. C’était… d’accord, pour une meilleure vie. Une meilleure vie, oui.

30 M : Oui.

31 A : Et… avant d’arriver à Montréal… Est-ce que vous étiez déjà venu au Québec, avant ?

32 M : Oui.

33 A : qu’est-ce que vous saviez du Québec ?

34 M : quand j’étais à l’école secondaire, j’ai été accepté à un programme subsi (rire)… subsitised184.par le gouvernement fédéral qui s’appelle summer.lenguage.bursery.program185.et j’ai passé 2 mois ici à Montréal… J’ai habité avec d’autres étudiants à un… CÉGEP186. Et j’ai assisté à des cours intensives en français à ce temps-là.

35 A : Pendant combien de temps alors ?

36 M : Ah, 2 mois, pendant l’été, quand j’étais à l’école secondaire. Et… j’ai pas bien amélioré mon français (rire), mais j’ai vraiment aimé d’être à Montréal et c’est pour ça… Ça, c’était une des raisons que j’ai voulu déménager ici quelques années plus tard.

37 A : Ah oui. Et la première raison de votre déménagement, c’était laquelle ? La plus importante.

38 M : Ah, pour assister à l’université ici. J’ai voulu étudier linguistique et c’était pas offert à l’université à Guelph187 où j’étais. So, j’ai fait l’application pour étudier ici à McGill188.

39 A : Et donc, c’était à Mc Gill, c’est ça.

40 M : Oui.

41 A : Oui, d’accord. Donc, finalement, de tout votre parcours scolaire, vous gardez un bon souvenir de l’école en Ontario, et puis… de l’université ici. C’était agréable toutes ces années de scolarité.

42 M : Oui. Oui.

43 A : Oui… On va parler du français en particulier. Est-ce que vous pourriez me dire 2 mots qui vous viennent à l’esprit sur le français, la langue française ? Tout de suite, 2 mots qui représentent pour vous la langue française.

44 M : … C’est une question intéressante… OK, tu veux que je dise, vite (rire)…

45 A : Ho, bah, c’est comme ça que ça… quelques fois, mais c’est pas facile, je sais oui.

46 M : …/… Jolie comme langue. Je trouve la langue jolie et… et bien à entendre… si je peux dire ça. Et aussi… ben, j’aime beaucoup d’utiliser le français, ça c’est du fun. C’est pas toujours facile pour moi. C’est peu un… challenge,.you.know189, un défit, mais c’est… j’aime ça.

47 A : D’accord. Et vous pourriez faire la même chose en anglais ?… qu’est-ce que ça représente l’anglais pour vous… en deux mots comme ça ?

48 M : … Well190, c’est… c’est ma langue maternelle alors, c’est… c’est la langue de ma vie intérieure, et quand je pense mes… quand je réfléchis, c’est dans ma langue maternelle. So, c’est vraiment… naturel, c’est normal, c’est le standard pour moi. So, ça fait une grande partie de mon caractère, you.know. Est-ce que ça… ?

49 A : D’accord, oh oui oui. Tout à fait. C’est bien… Et… donc, quand vous êtes arrivée à Montréal et puis que vous êtes arrivée à l’université, l’installation s’est passée comment à Montréal ? C’était facile de vous intégrer dans la ville ?

50 M : Oui. La vie d’étudiante, c’est… I.mean,.j’ai déjà connu quelques amis proches avec qui j’ai habité, so, immédiatement, j’ai eu une… you.know, un appartement, des amis, un cercle social et tout ça. Et aussi… comme vous savez, la vie d’étudiante, c’est… généralement un monde welcoming191,. you. know.. So,. so,. c’était bien, facilement passé.

51 A : Oui. C’était votre environnement social, à cette époqueAlà, c’était en anglais aussi. Ça continuez à être en anglais ?

52 M : Oui. Oui. Mais la seule différence… Parce que j’ai assisté l’école en anglais, et la plupart de mes amis étaient en anglais. Mais j’ai habité, quand je viens de déménager ici, j’ai habité à un quartier vraiment francophone. So, juste dans ma vie quotidienne, au magasinage, ou whatever192, dans le métro, tout ça, c’était… beaucoup plus d’un milieu.

53 A : Ah, et comment vous le viviez le contact avec le milieu francophone de votre quartier, est-ce que c’était facile ?

54 M : Ah… Ça fait des années maintenant, mais… you.know, j’ai amélioré beaucoup mon français parce que, jusqu’à ce moment-là, j’ai pas beaucoup d’opportunités d’utiliser le français. Et so, soudainement, j’étais dans une situation où il fallait, you.know, dire bonjour à mon… you.know, landlord193, ou mes voisins, ou… d’avoir des conversations au magasin, tout ça. So, je pense que j’ai amélioré, you.know, dès que ce temps-là.

55 A : Oui. Et ça se passait comment quand vous aviez une interaction en français à faire, parce que vous étiez obligée par exemple à le faire ?

66 M : Oui.

67 A : Vous étiez content de pouvoir parler français à ce moment-là ?

68 M : Oui

69 A : Oui. Et… aujourd’hui, comment… comment ça se passe aujourd’hui pour vous ? Vous avez une profession en anglais ?

70 M : Oui, c’est ça. Moi, je suis une orthophoniste, mais je travaille… J’ai fait mes études seulement en anglais et je peux maintenant travailler seulement en anglais, parce que… j’ai pas la formation professionnelle pour faire mon emploi en français. Mais je travaille dans une clinique bilingue.

71 A : D’accord. Donc, oui, quelques fois, vous discutez avec vos collègues en français ? Ça peut arriver aussi.

72 M : Oui.

73 A : Et, sinon, en dehors de votre profession, est-ce que vous avez l’occasion de parler en français ? Dans votre quartier, dans votre environnement social.

74 M : Oui Maintenant, on habite dans un quartier plus anglophone, maintenant… So,.la plupart de… la plupart de nos voisins parlent anglais ou ils sont vraiment bilingues… Mais, encore j’ai… you.know, j’ai des chances chaque jour (voix forte) pour utiser le français. C’est rare que… ça passe une journée sans… sans l’opportunité de parler français avec quelqu’un.

75 A : Oui. Et quand vous côtoyez des gens dans votre quartier qui sont bilingues, vous dites, il y a des gens bilingues, est-ce que vous, vous vous considérez comme bilingue ?

76 M : Est-ce que je considère moi-même ?

77 A : Oui.

78 M : Ha… (soupir)… Moi, je… je considère que je suis, j’essaie, mais… je sais qu’aussi, ma prononciation, c’est pas… c’est vraiment pas francophone, c’est pas québécois (rire) vraiment. Et l’instant que… you.know,.où je commence à parler avec quelqu’un, il sait immédiatement que je suis anglophone (rire), you.know, c’est clair So, j’essaie, mais… you.know, je… je me sens plus anglophone que bilingue. Il y a beaucoup de… gaps194.(rire) dans mon vocabulaire, you.know… Comme dans le mot “gap”..

79 A : Gap ? Oui, oui, d’accord

80 M : Une, un… manque.

81 A : Un manque oui.

82 M : Pertes, you.know (rire).

83 A : Un trou là oui. D’accord. Et… ça fait… vous êtes arrivé en 97 à Montréal. Et quel… Comment vous définirez… ?

84 M : Pardon, c’était pas 97. C’était 97, c’est ça ce que j’ai dit, c’est vrai, mais… ça, c’était l’année ou j’ai… je suis venue ici pour l’été. Actuellement, c’était…

85 A : Un peu plus tard alors.

86 M : Un peu plus tard, un peu plus tard.

87 A : J’aimerais bien savoir comment vous définiriez votre identité aujourd’hui, parce que, habitant, grandissant en Ontario, puis maintenant à Montréal, est-ce que… comment vous voyez la société Québécoise ? Est-ce que vous vous sentez faire partie d’une culture Québécoise par exemple ?

88 M : … Des fois. Mais pour la plupart, je trouve que c’est difficile à intégrer… dans le monde… francophone. You.know, et c’est… you.know, et… c’est à nous qui pouvons faire plus des efforts aussi de… parce que, you.know, vraiment, on regarde tous les spectacles, les films, les show en anglais et avec nos enfants. Bien sûr qu’on se sent plus intégrer, si… si on participe plus dans les… surtout les événements culturels qui existent ici. Mais… yeah,.I.mean, surtout maintenant qu’on habite dans un quartier plus anglophone, je trouve que… you. know, plus je… je me sens plus aware.195des mondes différents, parce que, yeah, c’est plus évident maintenant.

89 A : Oui, C’est-à-dire que vous vous sentez vraiment séparer de… de… Vous faites partie d’une communauté anglophone, c’est ça ?

90 M :.You.know….Well…. C’est beaucoup plus bilingue et biculturel que où j’étais né et, you.know et… bien sûr. Et ici, you.know, on… toute la famille utilise les deux langues, fréquemment, et that.wouldn’t.be.happening.where.I.grew.up,.you.know196. Mais… il y a beaucoup de potentiel, d’intégrer plus.

91 A : Et quand vous dites “je me sens quelques fois faire partie de la culture Québécoise”, vous dites “des fois”. Parfois, ça vous arrive ?

92 M : Oui

93 A : A quelle occasion ?

94 M : ….Well… Avec les enfants, on visite des événements, des bibliothèques publiques, où il y a des spectacles, ou des readings197, ou des cessions de bricolage, ou… ou bien, chaque printemps, tout le monde avec beaucoup des amis, on va à la campagne pour une journée à une cabane à sucre et… Et you.know, ça, c’est vraiment quelque chose de québécois… Dans l’été, you.know, on essaie d’assister à des festivals de musique, ou, you.know, au centre-ville. Et, you.know, ça… ça contribue à un sens de… d’être québécois ici, de… participer dans ces choses comme ça.

95 A : Est-ce que vous vous sentez Québécoise ? Vous pourriez dire ça ?

96 M : Ah… Vraiment j’habite plus dans un monde anglophone, you.know..So, et je sais que ça c’est une partie legitimate198, you.know, légitime ?… de la culture Québécoise. Mais… you.know, dans ma tête, vraiment, la vraie Québécoise, c’est une francophone, you.know. Et parce que je suis pas francophone, c’est pas the.genuine.article199.

97 A : D’accord. Et…

98 M : Plus que je me sens Montréalaise. Plus que Québécoise. Parce que, ici, à Montréal, je trouve qu’il y a beaucoup plus de respect, de bilingualism200, de… C’est plus commun, c’est plus normal de venir d’ici, d’autres parties, you. know. So,. so comme ça, je me sens que Montréal, c’est vraiment ma… chez moi maintenant, you.know. It’s.my.home.now201. Mais… en réponse à ta question, je me sens plus Montréalaise que Québécoise. Ça c’est… je pense que… le point… spécifique.

99 A : Et qu’est-ce que vous aimez le plus à Montréal par exemple ?

100 M : … J’aime beaucoup le multiculturalisme qui est ici. J’aime… C’est une grande ville avec beaucoup d’événements culturels et d’art. Et… je trouve ça… intéressant. J’aime que ce soit une société… hétérogène… heterogeneous202. So, je trouve que c’est… plus santé pour vivre… pour… raise.a.family203, pour…

101 A : Faire grandir une famille.

102 M : C’est ça, dans une société un peu plus diverse.

103 A : Ah oui. D’accord. OK, je comprends. Justement oui, pour vous, vous aimez ça le côté… cosmopolite de Montréal, le bilinguisme aussi qu’on entend, surtout le français et l’anglais, et peut-être d’autres langues aussi. Et justement, vous me disiez, en Ontario, en fait vous ressentiez plus le bilinguisme en Ontario, qu’au Québec, c’est ça ?

104 M : Pardon ?

105 A : Vous disiez, quand vous étiez petite, vous aviez plus l’occasion de parler 2 langues ?

106 M : Non, vraiment non. On a vraiment jamais entendu le français en dehors de la salle de classe, you.know. Et… sauf que, un peu d’italien aussi, à la maison. C’était pas beaucoup.

107 A : D’accord. Par rapport au bilinguisme, il y a quelques semaines, au Nouveau Brunwick, ils ont fêté les 20 ans du bilinguisme officiel de la province. qu’est-ce que vous pensez de ce genre de… d’anniversaire ? De fêter les 20 ans du bilinguisme ?

108 M : … Je pense que c’est quelque chose d’être fier, parce que je… je suis d’accord, je supporte l’idée que on peut vivre dans une société avec plus qu’une langue.

109 A : Et vous avez un regard particulier sur la politique Québécoise par exemple ?

110 M : … C’est un temps intéressant maintenant, avec tous les reportages des corruptions, parmi les… les gouvernements municipaux de Montréal204… La corruption là, c’est… c’est déprimant ça (rire).

111 A : D’accord. Et la politique linguistique ?

112 M : Je comprends que c’est important à protéger les droits et la présence des Français. Et je sais que l’anglais, c’est une force dominante dans le monde et… mais, je pense aussi qu’il y a beaucoup des efforts et beaucoup d’argent et des ressources qui sont dépensés sur des choses comme… signs205, you.know, qui… qui doit être dépensé sur l’éducation, la santé.

113 A : Sign, c’est ? Vous voulez dire les…

114 M : …You.know, tous les…

115 A : visible quoi, toutes les choses visibles de Montréal, les signes…

116 M : C’est ça. Yeah.

117 A : L’affichage quoi.

118 M : C’est ça.

119 A : Oui, d’accord. Ha oui… Bah, on va parler maintenant de… parce que vous avez une fille, Nina, et vous en avez d’autres enfants ?

120 M : Oui. Et j’ai un garçon Henri, qui a 9 ans ici, au niveau 4. Et Léo, qui a 11 ans, niveau 5.

121 A : D’accord. Donc Léo, ce serait le premier à avoir commencé un peu le parcours scolaire de vos enfants ici. Il était ici aussi ?

122 M : Oui. Dès que… la maternelle.

123 A : Dès la maternelle, en immersion. Et alors, au moment où vous avez choisi alors, on va parler peut-être de Léo parce que c’était à ce moment-là qu’il fallait choisir une école et puis un programme. Est-ce qu’au moment où vous avez choisi pour lui l’école, vous aviez d’autres possibilités à ce moment-là ? Est-ce que vous aviez d’autres choix à faire ?

124 M : Oui. I.mean, c’était une décision difficile pour nous parce qu’il y avait beaucoup d’options pour nous, parce qu’on avait eu le choix de mettre nos enfants dans… English.Montreal.School.Board206, ou dans le… l’école en français… Léo, le plus âgé, il a assisté à une garderie francophone avant de commencer l’école ici. Et j’ai bien aimé la garderie, c’était vraiment une atmosphère très… c’est quoi le mot, accueillante ? C’est ça. Mais, Léo, il avait des difficultés de faire les relations sociales. Surtout, parce que tous les autres enfants A il a commencé là vers l’âge de 2 ans et demi, et seulement temps partiel – la plupart des autres enfants à la garderie étaient francophones, ou bien qui ont une autre langue comme langue maternelle. Donc… il était un
peu désavantagé linguistiquement, et il a bien aimé d’y aller, mais il n’a pas vraiment fait des amitiés proches, je crois, à cause de la différence en langue. C’était… Et il était vraiment un petit garçon qui était vraiment précoce linguistiquement. Il pouvait dire exactement, spécifiquement, ce qu’il veut. Et c’était un peu difficile pour lui dans le nouveau milieu de…

125 A : S’adapter.

126 M : C’est ça. So… Mais, malgré ça, on a insisté à enregistrer notre deuxième garçon aussi à une garderie francophone. Il a adapté mieux, mais encore, il n’a pas été intégré socialement dans la manière qu’on voit avec des anglophones. C’était juste plus difficile pour lui de… you. know, parler même vitesse, avec les mêmes vocabulaires que les autres petits enfants. Puis, on voulait pas que ça continue à l’école primaire. On a voulu que nos enfants améliorent leur français, mais pas au coût de leur sécurité sociale, ni de leur bonheur social… Est-ce que ça marche ?

127 M : Oui, oui. Tout à fait. Et parce que vous disiez… dans la garderie francophone… ils ont pas la même manière aussi de… se comporter, d’accueillir les gens, que dans une garderie anglophone. Mais ça c’était juste lié au fait qu’il parlait pas encore bien le français, ou c’est parce que vous avez noté une vraie différence de… je sais pas, de… d’ambiance, dans une garderie anglophone ou francophone ?

128 M : Non, je pense que c’est… vraiment, c’est juste que… il avait moins… il était moins capable de s’exprimer. So, ça a des effets sur ce qu’il pouvait dire, ce qu’il pouvait joué, de comprendre peut être les références, et tout ça, you.know. So… j’ai trouvé que tous les deux garçons ont développé une manière d’être plus physique, pas like207.violent, mais ils ont joué plus physiquement et plus… et ils ont communiqué plus avec des gestes, juste pour keep.up208, juste pour maintenir la vitesse des interactions, you.know. Et ils ont, encore ils ont bien aimé d’y aller, mais… c’était pas le même qualité de… des friendships209, des amitiés.

129 A : Oui. Donc, du coup, pour la maternelle, la 1ère anné, vous avez préféré une école… une commission scolaire anglophone ?

130 M : Oui, comme ça, on… we hoped.that210, on espérait que… you.know, Léo se sent, se sentira plus à l’aise socialement et qu’il pouvait apprendre le français at.the.same.rate211, you.know, au même…

131 A : Vitesse, rythme que…

132 M : que son pears212.

133 A : Oui, que… oui, que ses amis, tout ça, oui.

134 M : C’est ça.

135 A : D’accord. Donc… Alors pour Léo, par exemple, maintenant qu’il est en 5ème année, est-ce que vous êtes satisfaite de son français ?

136 M : … Je trouve que sa compréhension, c’est mieux que son langage expressif. Je suis vraiment contente avec son écriture en français. Mais, je trouve que… il traduit encore. quand il veut s’exprimer oralement, ou en écriture, il se prépare en anglais, puis il fait la traduction. Et ça, c’est un problème. Parce que… on veut que les mots viennent directement en français (rire). Yeah.

137 A : Oui. D’accord. Oui. C’est quoi le plus important pour vous par rapport au fait que vous voulez qu’il parle français, correctement, vite… Pourquoi, vous voulez qu’il parle français ? C’est quoi la raison la plus importante ?

138 M : On habite ici, notre vie est ici. Si jamais il veut l’option d’aller à l’école en français, j’aimerais qu’il… qu’il a cette option. S’il veut continuer à vivre ici à Québec, il y aura plus d’options pour lui.

139 A : Des options comme le…

140 M : Scolaires, professionnelles, sociales, toutes.

141 A : Oui, et donc, en secondaire, c’est lui qui va décider d’aller dans une école francophone ou dans une école anglophone ?

142 M : Est-ce que c’est lui qui va décider ?

143 A : Oui.

144 M : … Je pense que ça va être une décision qu’on fait ensemble, you. know. L’automne passé, on a commencé à faire le tour des différentes écoles secondaires. Et… you.know, il y a… encore, il y a beaucoup de bonnes options… dans le secteur français, et aussi dans le secteur anglais. So, on va voir, you. know… Pour l’instant, on préférait choisir une école que tout le monde, nos trois enfants, you.know, vont assisté à… mais… on sait jamais, on va voir, on va voir. Mais ça va être une décision qu’on fait ensemble.

145 A : Mais aujourd’hui, vous préféreriez qu’il aille dans une école anglophone, à priori, ou plutôt, francophone ? Aujourd’hui, vous avez une idée ?

146 M : Vraiment, c’est pas la langue d’instruction qui est le plus important pour moi, c’est vraiment le… le standard académique, la culture, l’atmosphère dans l’école, les ressources dans l’école, les bâtiments, les… you.know, c’est un grand package213, you.know. Beaucoup de variables.

147 A : C’est ça donc ça pourrait être aussi un enseignement en anglais, dans une école en anglais avec un enseignement en anglais, ou ça pourrait être en immersion aussi, ou ça pourrait être français langue maternelle.

148 M : Bien sûr. Non, je sais, c’est important nous tous que Léo continue à développer ses capacités en français. So, j’imagine pas que ça va être une école uniquement anglophone. Ça fait pas de sens avec notre vie ici.

149 A : Oui, d’accord. OK.

150 M : Mais c’est un choix difficile… Aussi parce que je comprends que beaucoup d’écoles secondaires francophones, ils reçoivent plus de… c’est quoi le mot, subsidies, subvention du gouvernement provincial. Et comme ça, les frais de l’école, like… C’est différent, you.know. Il y a des avantages, partout.

151 A : Ah oui, ça couterait plus cher une école en anglais.

152 M : C’est ça. Et, il y a aussi à Montréal, beaucoup d’écoles privées, et il y a une grande range des frais qui sont associés avec chacun. Et je pense que plus d’élèves, like, la proportion des étudiants de l’école secondaire, c’est plus élevé à Montréal que n’importe où… in.Canada214. There.more.secondary.school.children.attending. private. high. schools,. in.Montreal.more. than. anywhere. else215. Parce que je pense que c’est une décision difficile pour des familles. On veut vraiment que ces élèves développent dans les deux langues : no.one.at.the.expence.at.the.other216,.you.know. So, ils sont peut-être plus motivés à dépenser de l’argent pour l’école privée. Et moi, je trouve que c’est dommage parce que je crois fort que l’éducation publique, ce soit quelque chose à supporter, you.know… So, c’est compliqué (rire)

153 A : Puis l’éducation publique, est-ce que vous pensez qu’elle est de moins bonne qualité qu’une éducation privée ?

154 M : Pas nécessairement. Mais, des fois, des écoles privées, reçoit plus de subventions pour concentrer sur d’autres activités spéciales ou des ordinateurs ou des… I.don’t.know, voyages quelque part d’autre. You.know, il reçoit plus d’argent et… ça a des effets, you.know. So… Et peut-être ça attire d’autres éducateurs aussi, like,.that.can.attract.different.professionals.if.it’s.more.rich.environnement217, you.know. Anyway218, on va voir.

155 A : Bon. Je vais vous montrer, on a presque terminé, un petit graphique, qui correspond aux inscriptions des élèves en immersion au Canada. Donc, vous voyez une progression, une évolution de ces inscriptions, bon on est un petit peu tôt là (en désignant la dernière date 2002), mais… qu’est-ce que vous pensez ? Est-ce que vous avez quelque chose à dire sur ce graphique ?

156 M : … So, ça veut dire que le taux de participation. Taux, qu’est-ce que ça veut dire ?

157 A : Oui, le taux, ça veut dire le pourcentage, le pourcentage des élèves qui sont inscrits en immersion sur l’ensemble des élèves au Canada.

158 M : Ok… C’est pas beaucoup hein ?

159 A : Oui ? C’est-ce que vous pensez, c’est-ce que vous notez, oui oui.

160 M : … Et aussi que… vraiment ça… c’était une Ac’est quoi le motA pente ?… direct et… dramatique pour, you.know, 15 ans, puis, vraiment quelque chose a passé ici, pour… garder le niveau vers 7%. C’est… curieux, pourquoi ? qu’est-ce qui a passé là ?

161 A : Alors, c’est peut être l’offre des écoles en immersion qui a limité l’inscription des enfants, parce qu’il y a plus de place, simplement.

162 M : Yeah, peut être, peut être. Mais… ce qui est frappant à moi, c’est que… c’est pas beaucoup. You.know, parmi tous les enfants au Canada. Et aussi, que ça, you.know… s’il y a du monde, pourquoi est-ce que les numéros augmentent pas ?

163 A : Aussi, c’est ça oui. Je vois ce que vous voulez dire, oui oui. Ben oui. C’est ça. Alors… qu’est-ce que j’ai oublié (en feuilletant le guide d’entretien)… Oui, vos enfants, vous leur parlez en anglais à la maison, est-ce que vous parlez quelques fois français avec eux ou… ?

164 M : Oui, je trouve surtout pendant l’heure de devoirs, you.know. Parce que tous les devoirs, pas tous les devoirs, mais… beaucoup de devoirs sont en français. So, c’est juste plus… naturel à parler en français… Mais, pour la plupart, au lieu de ça…

165 A : En dehors de ça…

166 M : En dehors de ça, c’est anglais, chez nous.

167 A : Oui. Et votre mari, il parle français ou… ?

168 M : Oui, I.mean, lui aussi, il est anglophone. Il était né ici à Montréal, dans une famille anglophone. Il a appris le français à l’école. Il a assisté à une école privée juive. Aussi, il a appris le Hebrew.and.yiddish219, aussi. Mais… sa famille était anglophone. Il parle exclusivement anglais à la maison. Mais, il travaille maintenant dans les deux langues, presque, pratiquement égales.

169 A : Ah d’accord. Donc il a vraiment un français… voilà, il parle français couramment. D’accord, oui oui… Est-ce qu’il transmet à ces enfants les langues qu’il connait comme l’hébreu et…

170 M :… Des mots, un peu des chansons, vers le temps des fêtes. Il y a des histoires, des chansons, des…–c’est quoi le motA prayers220….
.
171 A : Des prières.

172 M : Des prières c’est ça (rire). Mais… ça, c’est tout.

173 A : D’accord. Bon, alors, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur notre discussion ? Non, l’immersion, le bilinguisme, si vous voulez dire quelque chose.

174 M : Généralement, je suis vraiment contente avec l’éducation que mes enfants ont reçue jusqu’au moment ici. Je pense que tous les trois se sentent à l’aise dans l’environnement. Et je trouve que… you.know, je vois tous les trois, je vois que mes enfants peuvent utiliser le français facilement. Pas vraiment avec moi, parce que c’est pas naturel, mais, quand, par exemple, je vois Nina parler à une professeure, ou à une amie plus francophone, c’est beaucoup plus facile pour elle. Et ça c’était notre but dans le programme d’immersion. qu’il se sente à l’aise, socialement, mais que ses habilités, ses capacités en français, que ça soit mieux que la mienne et de mon mari, you. know. Je pense que ça commence maintenant. Mais pour la plupart, je suis vraiment
contente de… de notre choix et de l’éducation ici.

175 A : Bon, très bien. On peut s’arrêter là. Merci.

180 Donc
181 plaisir
182 tu sais
183 Je veux dire
184 subventionné
185 Cours de langues d’été subventionnés
186 CEGEP : Collège d´enseignement général et professionnel (correspond au Lycée professionnel français)
187 Ville d’Ontario
188 Université anglophone de Montréal
189 défit, tu sais
190 Eh bien
191 accueillant
192 n’importe où
193 propriétaire
194 brèches
195 conscient
196 ça ne se serait jamais passé là où j’ai grandi
197 lectures
198 légitime
199 la pièce originale
200 bilinguisme
201 C’est chez moi maintenant
202 hétérogène
203 fonder une famille
204 Depuis Juin 2012, une commission d’enquête a révélé plusieurs scandales de corruptions dans l’équipe de municipale de Montréal (Commission Charbonneau).
205 panneau
206 English Montreal School Board : Commission scolaire EnglishAMontréal
207 de manière
208 suivre
209 amitiés
210 on espérait
211 au même rythme
212 pairs
213 tout
214 au Canada
215 A Montréal, il y a plus d’élèves dans les écoles privées, plus que nulle part ailleurs.
216 pas une au détriment de l’autre
217 ainsi, ça peut attirer d’autres professionnels si l’environnement de travail est plus favorisé
218 quoi qu’il en soit
219 hébreu et le yiddish
220 prières

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