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2.3. Le plagiat dans le monde arabo-musulman

Selon Mohamed Al khachmai ( محمد القشمعي ) (cité par Iman Alkhataf, ایمان ) ( 2008
الخطاف), le plagiat a toujours existé dans le monde arabe y compris durant la période antéislamique.
Le célèbre vers du poète arabe Al Akhtal ( : (الأخطل
نحن معاشر الشعراء أسرق من الصاغة est révélateur à ce propos. Toutefois, le plagiat était désigné sous d’autres appellations telles que l’emprunt laudatif et l’emprunt péjoratif. Parmi le premier l’on peut citer :
( الانتحال، الادعاء، الإغارة، الغصب، المرافدة، الاھتدام، الاختلاس، الموازنة، التوارد )
et parmi le second, l’on peut citer : ( (الاجترار، الامتصاص، الشرح، التضمین، الحوار، التولید

Aucun des deux types de plagiat n’était interdit par les canons de la littérature arabe ; mais au moment où le plagiat péjoratif était dénigré, le plagiat laudatif était incontournable dans l’esthétique poétique de l’époque, et participait d’un véritable travail de création. D’ailleurs, n’était plagiaire qui voulait mais qui pouvait tel que le démontre le célèbre vers : 2006 محمد سالم ) السرقة فن لا یقوم بھ إلا الحاذق )

Néanmoins, ce serait injuste de ne pas mentionner qu’il y’avait tout de même une certaine dépréciation voire condamnation du plagiat. En attestent certaines Séances مقامات)) de Al Hariri d’où il ressort que le vol des idées équivaut au vol de l’âme, et « […] qu’un poète est beaucoup plus empressé à défendre ses idées que la virginité de sa fille ». (Abouseif, 1999)

Force est de souligner malgré tout, que le patrimoine arabo-musulman se distingue par une permissivité et un laxisme par trop remarquables à l’endroit du plagiat. Le fait est dû probablement à « L’héritage d’une rationalité historique pour qui, tous les textes sont l’apanage des hommes et leur destin en est d’en disposer littéralement en les empruntant et en les copiant, abstraction faite de leurs auteurs » (Notre traducton) (2008 ، حسن بن عثمان)

D’un point de vue légal, les jurisconsultes (الفقھاء )*et législateurs musulmans n’ont jamais fait de référence ni allusion au plagiat et, puisque aucune qualification légale explicite حكم) )* n’a été émise par leurs soins, le plagiat n’a cessé de fleurir depuis l’époque autéislamique.

Le fait est que les autorités thélogico-juridiques s’occupaient quasi-exclusivement du texte religieux, reléguant au second degré les Lettres, les Sciences et les Arts qu’ils considéraient dans le meilleur des cas, mensonges et fabrication (كذب و اختلاق)* et dans le pire, hérésie. (زندقة)*. (2003 ، رشید الخیون) Selon cette auteur, les exégètes qui ont été sollicités à statuer sur le plagiat, s’accordent presque tous à le considérer comme un vol aussi répréhensible que le vol de biens matériels, et à ce titre, passible soit de correction التعزیر))* soit de limites (الحد)* ou de talion (القصاص)*. Mais en réalité ces qualifications légales (أحكام)* restent des lettres mortes.

S’il est vrai que le plagiat est une activité courante au sein des bastions académiques (universités et centres de recherches) et au giron de l’édition et la presse (2008 ، محمد مسعد یاقوت), il n’en demeure pas moins vrai, que les sociétés arabo-musulmanes « affichent à l’égard de la criminalité littéraire sinon de l’estime au moins de la transigence, et dans le pire des cas de l’indifférence ». (Notre traduction) (2008 ، حسن بن عثمان)

* Traduction de ARKOUN, M. (2006). Humanisme et Islam, Combats et Propositions, Paris, « Marsam », Coll. Pensée et Islam, 230 pages.

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