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Question 8 : Comment étaient ces liens ?

Non classé

o de confiance
o de respect
o de réciprocité (je te donne, tu me donne, je te raconte, tu me …)
o d’entraide
o de solidarité
o d’échange d’idées
o de discussions
o d’amitié
o d’amour
o sexuels

Woody a peu de liens de confiance mais il parle de réciprocité, d’entraide et de discussions. Quant aux autres liens, pour lui, ils sont superficiels sans confiance et sans respect. « Ouais, ouais. Très difficile, très difficile, ah ouais ». Quand il raconte ses liens avec le personnel pénitencier, il les décrit comme mitigés. Selon lui, cela dépend du surveillant. Il trouve difficile le manque de respect, même si cela n’est pas fait par tous les gardiens.

Il évoque également les insultes reçues de la part des autres détenus : «Non, non pas de respect. Chacun pour soi, égocentrique, les insultes, la violence, le respect alors-là, ça manque terriblement, sauf avec ces deux, trois gars (…) ». Et ajoute un autre exemple : « (…) vous avez une tablée de turcs et chaque fois que vous passez à coté on vous dit : « sale suisse de merde » (…) ».

Charles parle beaucoup de solidarité : « (…) on est tous dans le même bateau (…) » ainsi que de respect. Il dit également que même s’il y a des conflits entre deux personnes, quand il faut se soutenir, c’est la solidarité qui prime. De plus, il a eu confiance en peu de personnes pour pouvoir raconter ses problèmes mais il a eu des liens de soutien.

Ces liens lui ont permis de ne pas se sentir seul et de ne pas sortir « fou ». Les liens lui ont procuré un sentiment de sécurité.
Pour finir, il a créé un lien avec la psychologue et celle-ci lui a permis d’avancer et de changer comme écrit précédemment.

Doe parle de confiance sans rentrer dans les détails en disant : «On peut pas avoir une confiance absolue. La confiance absolue, personnellement, moi en prison, elle existe pas. Du moment qu’on est en prison, j’veux dire, on peut pas avoir confiance en qui que ce soit. La seule personne en qui on a confiance, c’est soi-même. (…) ».

Il semble que la confiance soit placée pour Doe sous le signe de la confidence et que ce n’était vraiment pas possible pour lui. Le fait de ne pas tout divulguer aux autres détenus était d’une certaine manière une forme de protection.

De temps en temps, il dit pourtant qu’il pouvait compter sur certains codétenus.

Il parle également de solidarité en termes de dépannage à un moment donné et pas entre tout le monde.

Pour lui, comme déjà écrit précédemment, il avait des liens par obligation, il voulait seulement exécuter sa peine sans investissement.
De plus, Doe parle plus de savoir-vivre que de respect. « (…) C’est juste une question de, ouais, c’est même pas une question de respect, c’est du savoir-vivre. (…) ».

Ces réponses seront reprises plus loin dans le développement de notre mémoire afin de mettre en avant les phénomènes qui sont le plus présents lorsque nous évoquons le sensible.

Il est à noter que pour la majorité des personnes interrogées, la confiance est traduite par le dévoilement de son intimité aux autres détenus.
Nous constatons que tous, dans leur récit, se sont attachés à ne pas se confier, ou un peu, sur leur vie personnelle aux autres détenus. En effet, la plupart du temps ce sont des liens amicaux certes, mais qui sont ponctués dans le temps par la détention et cela n’a pas l’air de favoriser l’échange sur l’histoire de vie vécue à l’extérieur.

Nous pouvons également remarquer que l’idée de respect revient à de nombreuses reprises dans leurs témoignages. Comme nous l’avons écrit dans notre corpus théorique (chapitre 5.6, page 45), elle est associée à l’estime et à l’égard de soi-même, ainsi que des autres, elle est associée à la considération, à la politesse.

Cela peut se traduire avec des gestes simples de la vie quotidienne comme servir à l’autre un verre d’eau avant soi-même, ne pas mettre la télévision trop fortement, etc.

Ce qui est intéressant de remarquer c’est que le respect est associé au savoir-vivre comme l’a fait Doe. La demande de savoir-vivre envers lui et les autres nous permet de faire le lien avec la notion de l’écrasement du pathique que décrit Bernier dans son article sur le pathique de la violence (77). En effet, si le respect existe, les actes qui peuvent apparaitre comme violents sont moindres.

Avec l’expérience de Woody, il apparaît clairement que cette notion (l’écrasement du pathique) peut également s’appliquer à lui.

77 http://www.cahiers-ed.org/ftp/cahiers9/C9_bernier.pdf

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