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Paragraphe 1 : Notion de valorisation des résultats de recherche

La valorisation scientifique et les notions voisines en matière de recherches scientifiques et de vulgarisation agricole seront abordées.

A. La Valorisation scientifique

Littéralement, la valorisation de la recherche se définit comme l’ensemble des activités qui consiste à augmenter la valeur des résultats de la recherche et, plus généralement, de mettre en valeur les connaissances.

Mais le concept, comme le démontrera, une étude du Conseil de la Science et de la Technologie du Québec au Canada(13), (Conseil de la Science et de la Technologie du Québec, 2005), semble faire partie de ces expressions employées couramment, mais dont la difficulté à en préciser le sens apparait aussitôt qu’on s’attarde à vouloir le cerner. Ainsi selon divers organismes au Québec, la Valorisation équivaut pour les uns ou les autres au terme de : Valorisation de la recherche et de l’expertise universitaires ; Valorisation de la propriété intellectuelle ; Commercialisation des résultats de la recherche universitaire ; Commercialisation de la propriété intellectuelle ; Commercialisation technologique ; Transfert technologique ; Transfert de connaissances ; Innovation fondée sur la recherche universitaire etc.

S’inspirant des définitions données par des organismes nationaux d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Australie reconnus comme experts dans le domaine, le Conseil de la Science et de la Technologie du Canada (2005) propose une clarification d’où en ressort deux grands champs : d’une part, celui de la valorisation financière, commerciale ou économique (ou à visée marchande) ; et d’autre part, celui de la valorisation sociale de la recherche (ou à visée non marchande).

Le premier champ correspond à l’exploitation commerciale de la recherche et de ses résultats (commercialisation et transfert); le second correspond au développement et à la diffusion, à partir de travaux de recherche, de solutions ou d’applications pratiques destinées à améliorer une situation ou à résoudre un problème social (transformation social)(14).

Du côté de la France, et selon un rapport du Comité National d’Evaluation de l’enseignement supérieur – CNE(15), la valorisation suppose : « des actions telles que la sous-traitance, la recherche et le développement en commun, le courtage et le transfert de technologie, la protection industrielle et intellectuelle, la veille technologique, l’information scientifique et technique, la consultance, l’expertise collective, le recrutement, l’aide à la création d’entreprise et la mise à disposition de chercheurs, l’assistance à l’innovation et son financement, et éventuellement le conseil juridique. La valorisation n’intègre pas de manière directe la diffusion des connaissances et la formation qui participent en amont à l’acquisition des compétences. » Elle établit une interaction qui met en valeur cinq types de moyens ou d’interfaces que la CNE schématise ainsi :

Figure III : Schéma sur la Valorisation comme interface d’interactions entre l’Université et le monde économique et social

C’est ce qui justifie la mise en place en France aujourd’hui, de multiples mécanismes structurels et juridiques pour accompagner la recherche universitaire, notamment les « incubateurs d’entreprise »(16). L’objectif des «incubateurs d’entreprises» liés à la recherche publique est de favoriser la création d’entreprises innovantes à partir des résultats de la recherche publique, ou en liaison avec la recherche publique. Ainsi, la valorisation est aujourd’hui une fonction reconnue des universités dans le cadre des systèmes d’innovation.

«La valorisation des résultats de recherche est nécessaire et indispensable à une Université », dira le Professeur BIAOU Gauthier, (Akpona, Sokpon, 2008). Il ira plus loin en montrant que «la valorisation des résultats de recherche universitaire est une condition sine qua nun de mobilisation des ressources financières ». Il ajoutera : « Il est indispensable de renforcer les liens de nos universités avec les industries afin qu’on dépasse l’étape des publications scientifiques et que celles-ci servent à la création de la richesse nationale ».

Cependant, d’autres concepts similaires à la valorisation en matière de recherches scientifiques et de vulgarisation agricole existent.

B. Valorisation et Recherche-Action

D’autres concepts existent aux côtés du concept de la valorisation de la recherche. Ils permettent aussi de faire passer les résultats de recherche du niveau des chercheurs, au niveau des populations ou des organisations.

Il s’agit du concept de Recherche – Développement (RD) appelée encore Recherche – Innovation, qui a pour but de permettre au chercheur de créer des innovations techniques ou technologiques, dans un objectif d’exploitation directe par les populations cibles. La FAO et le PNUD l’ont accompagné et exploité pendant plusieurs années.

Il s’agit également du concept de Recherche –Action (RA) développée dans les années 40 par Kurt Lewin dans ses travaux(17); et précisé par Michel Liu (Lui, 1997) dans son ouvrage « Fondement et pratique de la Recherche –Action ». Ce concept a connu et connaît un intérêt dans le monde de l’université. Il est cependant amélioré par le concept de Recherche –Action en Partenariat (RAP) développé par de nouveaux chercheurs comme Faure, G ; Gasselin, Triomphe, P(18).

La Recherche –Action en Partenariat (RAP) se définit comme une recherche–action qui vise à la fois la production de connaissances nouvelles, la résolution d’un problème identifié par les acteurs et le renforcement des capacités de ces acteurs pour une plus grande autonomie. Elle repose sur quatre principes : une rencontre entre une volonté de changement et une intention de recherche ; un objectif dual qui est de résoudre un problème et de faire avancer les connaissances fondamentales ; un travail conjoint des chercheurs et des acteurs de terrain ; un cadre éthique négocié et accepté par tous. Le terme partenariat met l’accent sur le fait que c’est un collectif qui conduit la recherche –action.

Il y a également le concept de l’AKIS (Système de connaissances agricole et d’information pour le développement rural) du néerlandais Niels Röling(19) qui combine Education-Recherche-Vulgarisation, à travers un système de réseaux reliant des partenaires multiples, l’apprentissage et l’interaction. La FAO et la Banque Mondiale définissent l’AKIS de la manière suivante : « Un AKIS lie les populations et les institutions afin de promouvoir un apprentissage mutuel, et de générer, de partager et d’utiliser les technologies et les connaissances et l’information liées à l’agriculture. Ce système intègre les agriculteurs, les éducateurs agricoles, les chercheurs et le personnel de vulgarisation afin d’exploiter les connaissances et l’information provenant de plusieurs sources pour améliorer l’agriculture et les moyens d’existence(20)».

Ce concept n’est pas trop éloigné du « Land Grant System» qui est une approche de vulgarisation développée par le Land Grant University aux Etats-Unis d’Amérique, et fondée sur un système par lequel l’université agricole correspond électroniquement avec les fermiers et leur donne toutes sortes d’informations (météo, prix, …) et répond à leurs questions techniques.

La théorie sur la valorisation ne manque pas aussi de critique. Selon une étude menée par une équipe de chercheurs canadiens Chantale Mailhot, Patrick Pelletier et Véronique Schaffer (Mailhot et al., 2006,) : « La valorisation ne se résume pas uniquement à l’exploitation commerciale des résultats de la recherche ». Cette critique a conduit a une conclusion intéressante : « L’université, plutôt que de demeurer un lieu de production de réflexions fondamentales, un lieu de recul et d’élaboration d’une pensée critique, deviendrait plutôt une organisation de production de connaissances utiles à l’industrie, donnant préséance à la recherche dans certains domaines tels que le génie et les sciences naturelles et à des recherches sujettes à une exploitation commerciale. Ainsi, la question à laquelle aboutit le plus clairement le concept de valorisation est celle de la raison d’être de l’université ».

En définitive, les théories actuelles sur la politique de valorisation montrent que la valorisation suppose des instruments et des structures appropriés. Elle ne se décrète pas. Le point commun à tous, est que la valorisation est une activité qui met en liaison le monde de la recherche avec le monde socioéconomique.

13 Le Conseil de la science et de la technologie, un organisme du Gouvernement canadien a pour ce faire, commis une étude pour en faire une clarification et retenir une définition consensuelle.
14 Conseil de la Science et de la technologie (2005) ; La Valorisation de la recherche universitaire : clarification conceptuelle, 2005 ; Bibliothèque nationale du Quebec, p 9.
15 CNE (2000) ; La valorisation de la recherche; Rapport du CNE.
16 Un incubateur d’entreprises est un lieu d’accueil et d’accompagnement de porteurs de projet de création d’entreprise : il offre à ces derniers un appui en matière de formation, de conseils et de recherche de financements.
17 Lewin, K. 1948 ; Resolving Social Conflits. Harper and Row, New York, 230p
18 Ils ont publié un ouvrage collectif sous le titre : « Innover avec les acteurs du monde rural : la recherche action en partenariat ».
19 Niels Röling est Professeur émérite en communication et innovations scientifiques à l’Université de Wageningen (Pays – Bas) et a effectué et supervisé durant plusieurs années de nombreuses recherches en Afrique de l’Ouest sur la communication et les innovations agricoles en Afrique de l’Ouest.
20 FAO ; Communication et développement durable : Sélection d’articles présentés lors de la 9ème Table ronde des Nations-Unies sur la communication pour le développement ; Rome : FAO, 2007 ; p 64

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