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INTRODUCTION

La problématique de la ville africaine est rendue complexe et difficile du fait de la combinaison
des trois facteurs essentiels suivants: une démographie galopante sans rapport avec le taux de
développement économique, une insuffisance de ressources financières pour faire face aux
besoins croissants en études et travaux d’aménagement, une insuffisance de ressources de cadres
et de techniciens qualifiés , capables d’appréhender les besoins de développement socio–
économiques des agglomérations et de faire des projections cohérentes sur l’avenir.

« Il est généralement admis de dire qu’il y’ a quelques décennies seulement, la plupart des
villages africains, de petites agglomérations vivaient en harmonie avec leur environnement qu’un
fragile équilibre s’était constitué lentement au cours des siècles.
L’occupation de l’espace reflétait le mode de vie, le contact avec d’autres civilisations, la
tentation du progrès ont modifié les intérêts, les besoins, les équilibres, les modes de vie .Les
rapports entre environnement, mode de vie et occupation de l’espace sont en pleine évolution
.Une bonne approche de l’environnement par les habitants mais aussi par « ceux de l’extérieur »
est plus que jamais nécessaire »(7).

Ainsi la plupart des grandes civilisations de l’Afrique ont subi des modifications importantes
imputables à la colonisation et à leur volonté civilisatrice, transformant la structuration de la
société traditionnelle jusque dans son encrage le plus profond.

Des modèles copiés, traduisant leurs propres aspirations, leurs propres intérêts, se sont vus
imposés en Afrique. C’est ainsi que la plupart des villes de l’Afrique, plus particulièrement
celles situées sur la bande côtière, ont été le soubassement de la politique coloniale et un relais
vers la métropole.

On comprend aisément la situation de nombreuses villes coloniales qui voient leur héritage se
délabrer, n’ayant pas les moyens d’y faire face au risque de perdre tout profit de ce patrimoine,
Rufisque en est un exemple concret.

A l’heure actuelle où la ville constitue le véritable moteur de développement et doit se
positionner comme place centrale dans l’organisation des activités sur l’espace, nombreuses sont
les villes coloniales qui connaissent un grand handicap à s’adapter à cette réalité car le fossé
demeure grand au regard de leur héritage obsolète.

Dans ce 21ème siècle naissant, la ville africaine est appelée à se perfectionner pour devenir un
outil plus fiable à l’image des grands centres urbains qui sont de véritables communautés
motrices dans la mesure où leurs orientations et leurs anticipations vont se diffuser sur le reste.

Les villes sont ainsi dotées d’un dynamisme interne qui engendre en leur sein une multiplicité
d’entreprises nouvelles et c’est à partir d’elles que ces entreprises se décentralisent vers des
régions en démarrage ou en déclin .L’avenir de ces régions dépend alors autant de leur possibilité
d’attirer des entreprises en provenance de ces grands centres que de la vitalité des initiatives
locales.

Tel n’est pas malheureusement la situation de nombreuses voire de la plupart des villes
coloniales, qui demeurent encore dans un mutisme infrastructurel profond.

Si le centre ville demeure « le lieu des commodités et aisances fournies par des équipements et
se réduit souvent à la ville des classes dominantes, lieu des classes privilégiées aisément lisibles
depuis l’époque coloniale avec toute sa structuration et stratification », il semblerait que cette
situation ait évolué aujourd’hui au centre ville de Rufisque.

C’est plutôt l’inverse qui est notée aujourd’hui avec une certaine appropriation anarchique de
l’espace, regroupant diverses catégories sociales, un véritable creuset culturel dans lequel toutes
les ethnies sont représentées.

7 Gaye Malick, Nicolas Pierre, (1988).Naissance d’une ville au Senegal.Enda et Editions Karthala.Paris.p29

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