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III.2.2. Evolution des IDE en zone UEMOA

L’évolution des entrées d’IDE en zone UEMOA ne présente pas une tendance à la hausse régulière malgré les différentes politiques d’attractivité entreprises par les différentes autorités depuis les années 1980. Elle présente alors des périodes d’afflux massif et des périodes de sorties importantes comme illustrées par le graphique n°3 ci-dessous. La tendance principale des flux d’IDE à destination de l’UEMOA est une évolution en dents de scie. De plus, les variations cycliques sont presque identiques pour tous les pays de l’Union.

Graphique n°3 : Evolution des flux nets d’IDE dans les pays de l’UEMOA (en dollars US courants)

Source : Construit à partir des données de la base de données de la Banque mondiale de 2008

Pendant la décennie 1980-1990, les entrées d’IDE dans l’espace UEMOA ont enregistré une tendance à la baisse régulière en dents de scie jusqu’en 1985 puis une hausse de courte durée surtout au début des années 1990. Cet afflux massif sera vite interrompu par des sorties importantes prenant même des valeurs négatives en 1992. Ce phénomène traduit une fuite des capitaux privés de l’Union et une situation économique morose dans un climat d’ajustement structurel (Kinda, 2006). En effet, les sorties les plus importantes sont observées en Côte d’Ivoire et au Mali, où les IDE prennent des valeurs négatives respectivement de l’ordre de 231 et de 22 millions de dollars. Cependant une hausse significative est enregistrée au lendemain de la dévaluation du FCFA en Janvier 1994 qui sera rapidement étouffée par les instabilités politiques (les changements de régime et les multiples grèves contre les mesures d’ajustement structurel) et les effets de la crise ivoirienne mais aussi par la crise asiatique de 1997. Cette hausse des IDE dans l’UEMOA atteignant le record de 742 millions de dollars en 1997 s’explique par les politiques libérales des PAS dont la privatisation des entreprises publiques, les effets volumes de court terme de la dévaluation et les mesures d’accompagnement de celle-ci. En effet, la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui sont les principaux destinataires des IDE dans l’UEMOA, ont enregistré en 1997 des privatisations d’échelles importantes. Ainsi, en février 1997, 51% du capital de CI-Telecom de la Côte d’Ivoire est cédé à France Câbles et Radio (FCR) pour une valeur de 105 milliards de FCFA. En outre au Sénégal, 33% du capital de la Société Nationale des Télécommunications (SONATEL) est acquis par une succursale de France Telecom pour une montant de 70 milliards de FCFA en Juillet 1997.

Par ailleurs, la période 1997-2003 fut marquée par une tendance à la baisse ponctuée de fortes fluctuations. Ainsi, les pays de l’Union n’ont pas constitué une destination de choix malgré le record historique des entrées mondiales d’IDE en 2000. Toutefois, depuis 2003, les entrées d’IDE se sont traduites par une hausse spectaculaire notamment au début de la crise financière internationale de 2007 pour atteindre 1,6 milliards de dollars, pour un taux de croissance globale de 29,3% par an sur la période 2003-2008. Celles-ci sont consécutives à l’opération de privatisation de l’Office National des Télécommunications (ONATEL) du Burkina Faso pour un montant de 140 milliards de FCFA. Cette hausse s’explique également par la reprise des investissements mondiaux suite aux opérations de fusions-acquisitions et la forte croissance économique au niveau mondial.

En définitive, l’évolution des IDE dans l’espace UEMOA ne laisse pas transparaître une augmentation continue qui dénoterait de l’attractivité potentielle de la zone UEMOA pour les investisseurs étrangers. Les fluctuations pourraient être dues à des facteurs affectant l’environnement macroéconomique et, le cadre juridique et réglementaire des investissements. La principale destination des flux d’IDE en direction de l’UEMOA reste la Côte d’Ivoire d’avant la crise de 1999. En effet, la répartition des IDE au sein de l’Union indique que la Côte d’Ivoire demeure le pays le plus attractif, avec 34,9 % des IDE sur la période 2004-2007, suivie du Sénégal (16,0 %) et du Mali (15,4 %). Cette prédominance de la Côte d’Ivoire tend néanmoins à se réduire avec les effets dévastateurs de la crise. En effet, le pays avait reçu, sur la période 1996-2004, près de la moitié des IDE dans l’UEMOA (49,0 %), (Banque de France, 2007). Par ailleurs, une mise en évidence du poids des investissements directs étrangers et des investissements domestiques dans le PIB permettrait de mieux appréhender les flux d’IDE en UEMOA. Ceci est illustré par le graphique n°4 ci-après.

Graphique n°4 : Investissement direct étranger et investissement domestique en UEMOA, 1980-2008

Source : construit à partir des données de la base de données de la Banque Mondiale, 2008

Quand bien même la part des investissements directs étrangers dans le PIB s’est relevée depuis 1994 au sein de l’UEMOA, leurs niveaux restent toujours faibles et les investissements domestiques supplantent largement les IDE(18). Ce qui traduit, que les économies des pays de l’UEMOA sont essentiellement financées par les ressources domestiques. Néanmoins, les fluctuations enregistrées semblent évoluer en connivence ou de façon concomitante. Les périodes de hausses ou de baisse sont presque identiques pour les deux variables. Ce qui pourrait traduire la présence d’un lien étroit entre les investissements domestiques et les entrées d’IDE en zone UEMOA. Mais, il faut noter que les pays de l’UEMOA n’attirent pas suffisamment d’investissements directs étrangers, malgré les politiques élaborées pour créer des conditions favorables au développement des activités économiques (politiques commerciales, industrielles, etc.). Les IDE du fait de l’importance du transfert de technologie qu’ils drainent sont essentiels pour améliorer la compétitivité du secteur privé local. Il est donc important de promouvoir la mise en oeuvre au sein de chaque Etat membre et au niveau régional des politiques pour instaurer un environnement favorable au développement des entreprises privées locales, et propice pour les investissements directs étrangers. Il s’agit pour les Etats membres de l’Union d’adopter des mesures susceptibles d’améliorer le climat de l’investissement.

18 Ce constat est valable pour les différents pays pris individuellement, Voir annexe n°5

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