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III- LES ACTEURS DE LA GESTION URBAINE AU CAMEROUN

Avec l’avènement de la décentralisation, plusieurs acteurs aux intérêts divergents mais certes complémentaires s’emploient et se déploient dans le domaine de la gestion urbaine au Cameroun. Au rang de ces acteurs on note les acteurs institutionnels et les acteurs non institutionnels.

1) Les acteurs institutionnels

Les acteurs institutionnels se composent de l’administration en charge des questions urbaines et des collectivités décentralisées.

– L’administration publique

a) Le MINDUH et ses organismes sous – tutelle

Le Ministère du Développement Urbain et de l’Habitat (MINDUH) est l’épine dorsale de la politique urbaine au Cameroun. Au terme du décret n°2005/190/ du o3 juin 2005 portant son organisation, le MINDUH est chargé entre autres de :

– L’élaboration de la mise en œuvre et de l’évaluation de la politique du gouvernement en matière du développement urbain et de l’habitat-
– La planification et du contrôle du développement des villes
– L’élaboration et du suivi de la mise en œuvre des stratégies d’aménagement et de la restructuration des villes
– La définition des normes en matière d’assainissement, drainage et contrôle du respect de ces normes
– L’embellissement des centres urbains
– La mise en œuvre de la politique de l’habitat social

Le principal organisme sous – tutelle du MINDUH est la Société Immobilière du Cameroun (SIC).

La SIC est une société anonyme d’économie mixte crée en 1952. L’objet de la SIC selon la loi n °99/016 du 22 décembre 1999 portant statut général des entreprises du secteur public est de :

– Procéder en priorité à l’étude et à la réalisation de tous les projets et toutes opérations se rapportant à l’habitat social.
– Construire et éventuellement acheter en vue de la vente au comptant, de la vente à crédit sous toutes ses formes ou location tous immeubles à usage principal d’habitat.
– Créer des citer jardins en consacrant son activité à l’habitat social.
– Réaliser toutes opérations mobilières, immobilières, commerciales et financières se rapportant aux objectifs ci- dessus et à des objets similaires et annexes.

b) Le MINDAF et ses organismes sous – tutelle

Le Ministère des Domaines et des Affaires Foncières (MINDAF) intervient lui aussi dans la gestion urbaine au Cameroun. Il a comme entre autres missions :

– D’inventorier et de répertorier le patrimoine foncier et domanial de l’Etat
– De préserver le patrimoine foncier de l’Etat sur l’ensemble du territoire national
– De l’immatriculation des terrains de leurs affectations et de la délivrance des titres fonciers.

Le principal organisme sous – tutelle du MINDAF est la MAETUR : Mission d’Aménagement et d’Equipement des Terrains Urbains et Ruraux. La MAETUR fut créée en 1977. Ses objectifs sont les suivants :

– Réaliser des opérations d’aménagement de terrains

• En zone urbaine pour les besoins d’habitat
• En zone rurale et périurbaine pour les opérations de production agricole.

La MAETUR compte à temps plein 104 personnes.

c) Les collectivités territoriales décentralisées

Les communes, les communautés urbaines et les régions sont des collectivités territoriales au Cameroun. Au terme de la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 et de la loi du 22 juillet 2004 portant décentralisation, ces collectivités se sont vues attribuer des compétences et des responsabilités notamment en matière de gestion urbaine.

Ainsi les communautés urbaines au Cameroun ont pour compétence dans des domaines suivants :

– Urbanisme et aménagement urbain
– Equipement et infrastructures d’intérêt communautaire
– Entretien de la voirie principale et signalisation
– Eclairage public et approvisionnement en eau potable
– circulation et transport
– parking publics et parcs de stationnement

Pendant les vingt années qui ont suivi son indépendance, le Cameroun a pratiqué pour la gestion des villes comme pour les autres taches de développement, une politique systématique de centralisation administrative et financière. Depuis l’introduction des programmes d’ajustement structurel, les acteurs privés et la société civile interviennent de plus en plus dans la gestion urbaine.

2) Les acteurs non institutionnels de la gestion urbaine au Cameroun

a) Le rôle de plus en plus croissant des ONG

La crise des ressources financières des Etats africains et la vague d’ajustement structurel qui en est résulté les a contraints à réduire de manière de manière drastique leurs interventions dans le secteur urbain. Des Etats africains ont été obligés, à la demande des bailleurs de fonds d’infléchir sensiblement leur politique de gestion urbaine (2). Le nombre des communes disposant d’un budget autonome s’est multiplié, de nouvelles législations confiant à ces communes tout ou partie de la responsabilité technique et financière de la gestion urbaine et définissant les ressources transférées par l’Etat à cet effet ont été peu à peu instituées. Des agences autonomes à statut privé comme L’AGETIP de Dakar sont créées pour réaliser les travaux d’intérêt public par des petites entreprises locales en contournant les règles qui régissent jusqu’alors les marchés publics.

L’émergence de la société civile dans les politiques urbaines est un autre fait marquant de ces dernières années. La vague de démocratisation qui touche principalement la société citadine, se traduit par un nouvel intérêt pour les projets d’aménagement participatif de quartiers, impliquant les ONG. Cette tendance se trouve renforcée par une pris en considération croissante du rôle des populations dans la mise en œuvre des politiques de gestion de l’environnement.

b) Les partenaires multilatéraux au développement urbain au Cameroun : AFD, la BM, le PNUD, la BAD

La communauté des bailleurs de fonds manifeste un intérêt croissant pour le développement urbain ; la banque mondiale (BM) qui est la principale source d’aide en faveur du développement urbain a décidé d’augmenter le volume de ses projets urbains.

L’appui aux politiques de décentralisation et à la gestion des municipalités africaines est devenu une des priorités importantes de la communauté internationale ; et les bailleurs de fonds multilatéraux tels que la banque mondiale, le PNUD, l’UE, ou la BAD, ou bilatéraux et notamment la France y consacrent chaque année une part croissante de leur aide. Les modalités de mise en œuvre de cette aide peuvent différer d’une agence à l’autre, mais toutes ont les mêmes objectifs.

En s’appuyant sur les agences autonomes à statut privé comme AGETIP (agence d’exécution de projet d’intérêt public) au Sénégal pour financer le développement urbain, la banque mondiale voudrait réduire le rôle des administrations publiques dans le secteur urbain. Aussi, en intervenant directement au sein des sociétés urbaines africaines, la BM vise à « apporter des solutions aux problèmes des pauvres dans les villes ».

De nos jours les villes africaines en général et celles du Cameroun en particulier, au regard de leur expansion et surtout de l’avènement de la décentralisation mettent en lumière des enjeux complexes. Des dysfonctionnements engendrés par plusieurs années de gestion urbaine centralisée constituent visiblement des défis importants pour les collectivités territoriales dépourvues d’expérience et désormais chargées de résoudre l’équation urbaine.

2 -Jean- Louis VENARD.-Bailleurs de fonds et développement local, pp 20-21

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