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III. LE MOUVEMENT PROJECTION-INTROJECTION DANS L’ECRITURE

Non classé

1°/ Facilitation de l’expression :

– Ce qui ne peut pas se dire peut s’écrire

La séance 13 d’associations de mots en scriptoclip (un patient donne un terme sur lequel tous
le monde écrit) va donner lieu à une réflexion autour des mots et plus précisément sur le fait de ne
pas trouver ses mots. Mme Zen repère qu’une émotion trop forte peut empêcher la verbalisation, ce
à quoi répond Mme MV qu’une forte émotion peut embrouiller l’esprit, empêchant alors de trouver
les bons mots pour exprimer ce que l’on ressent. Nous entendons ce discours dans une impossibilité
du discours oral à pouvoir exprimer le surplus d’affect qui peut déborder suffisamment pour coller
momentanément le signifiant et le signifié. Cette idée est ensuite relativisée par le fait que l’on peut
parfois trouver ses mots mais plus tard, une fois calmé ; ce qui n’est pas le cas pour Mme Y qui vit
un réel manque de la langue pour s’exprimer. Dès la séance 2, les participants, en particulier Mme
Zen et Mme MV évoquent le fait que l’écriture permet d’exprimer des choses qui ne peuvent pas, ou
plus difficilement, se dire à l’oral. Dans cette séance, Mme MV peut d’ailleurs s’autoriser à
manifester, à travers les personnages créés, son désir de partage amoureux dans une inscription dans
l’avenir alors que dans sa vie, elle a pu rencontrer de nombreuses difficultés dans ses relations
amoureuses.

_ que les deux personnages peuvent créer un couple amoureux dans la vie actuelle _
qu’ils ont chacun leur vécu et qu’ensemble ils se projettent dans l’avenir _
_ qu’ils peuvent l’un et l’autre partager des choses _

Dans le langage, il y a un manque. De par l’arbitraire de la langue, l’écart entre le signifiant
et le signifié se fait plus ou moins grand. Dans ce manque du langage peut se loger du négatif, de
l’informe, du non-dit, de ”l’incréé”, en tous les cas, quelque chose qui se ressent dans le corps mais
qui ne fait pas sens pour le sujet (ANZIEU cité par ROUSSILLON, dans BRUN et TALPIN,
2007)(1). Via l’écriture créatrice, on tente de se rapprocher de ce manque pour le mettre en mots là où
il n’y avait pas de mots. ”Ce que je ne peux pas dire, je peux l’écrire” nous dit Lebrun (LEBRUN,
1999)(2). Mme Zen est animée par l’énigme de la vie dans ses origines et sa fin. Grâce à l’écriture, elle
va pouvoir travailler ce thème et cheminer dans sa mise en sens. Elle débute son questionnement en
s’appuyant sur le jeu de la création des objets de la séance 3 :

certains objets intriguent Comme des petites choses de la vie. on se pose la question.
Mais Pas de réponse, (…) enigme?

Questionnement que Mr X développe également à sa manière durant cette même séance :

Un homme des bois â découvert une boule de cristal dans une grotte. Il a agit de façon
mystérieuse cet boule car elle rayonnait l’endroit. L’homme prenna la boule et l’observea
attentivement, soudain un visage sombre surgit et ce visage l’appelea.

Texte qui fait étrangement penser à une scène de naissance là où le thème de la séance était la
création de l’objet. Mme Zen continue sa réflexion avec des textes autour du mystère de la vie dans
le sens de l’existence et de la mort (Séance 8) :

C’est quoi la vie ? Elle est ou Exactement ? une pierre ne vit Pas ? Mais un homme
vit ? Alors lors qu’il est mort pourquoi Decompose t il ? Pourquoi il ne peux pas vivre
comme une pierre ? juste Exister ! Il va ou ? Pour être quoi ? ou just se disparaitre à
Jamais. quel mystere !

Avec une mise en sens, grâce aux mots, du cours de la vie encadré par la naissance et la mort
(Séance 10) :

Toute vie commence par le même mot la naissance et se termine par le même mot la
mort. (souligné par moi-même).

La mise en mots de l’énigmatique rendue possible par l’écriture,
passe, pour des patients qui ne sont pas dans l’impulsion créatrice des écrivains, par la contrainte
des règles du jeu induites par les animatrices de l’atelier. Ces contraintes de thème, de support ou de
forme, vont avoir une fonction d’encadrement et de guide du flux intérieur vers des parts
habituellement inconnues d’eux-mêmes (TREKKER, 2008)(3), à la fois dans une fonction de création
comme nous l’avons vu avec une plus grande facilitation de la fantasmatisation de Mme Y dans les
phases d’écriture encadrée ; mais aussi dans une fonction de protection comme nous l’écrit Mme
Zen à la séance 9 :

l’autre côté de la maison il y a un Joli lac qui est une douceur. Il y avait une riviere
avant à la place du lac. Nous Pratiquons la peche dans le lac et c’est un bonneur et un
moment zen. on attrape plein de poissons.

Ce texte semble illustrer la manière dont les contraintes de l’atelier lui ont permis à la fois de
développer son imaginaire et de trouver une écriture moins logorrhéique dans un mouvement
interne plus serein ; la rivière incontrôlable devenant le lac plus calme et plus encadré. Les poissons
paraissent ici symboliser les idées survenues dans le cadre de l’atelier qui la nourrissent ; durant
l’entretien final, Mme Zen nous dira que l’atelier ”c’est une nourriture pour la tête”. Pour elle,
l’écriture a permis de mettre des mots signifiants sur ce qu’elle souhaite exprimer. ”Quand je parle,
j’ai envie de répéter ; quand j’écris, non, j’ai tout dis” nous exprime-t-elle, comme le ”trouver des
mots là où il n’y en a pas” du poète Lorand Gaspar.

– Effet libérateur et cathartique

L’écriture, en ce sens qu’elle initie un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, se contrôle
dans une dynamique anale de retenir/lâcher-prise qui va caractériser l’approche de chacun face à
l’écriture. Mme Zen est dans un rapport de lâcher prise avec une écriture sans retenue que l’on
pourrait qualifier de ”purification par le vide” (CHOUVIER & al., 2002) qui passe, quelques fois,
par un style proche d’une série d’associations d’idées inconscientes :

Séance 6 : Pourquoi les erreurs. Notaire, le Banquier, les Parents, la vie, c’est quoi le
Karma. il faut être optimiste (J)
C’est qui le Président. Il faut quil soit gentille. 500G de plus dans un jour ?!
Doucement lentement prudemment Vivre le présent. Pourquoi tout est sombre. ca dure
depuis longtemps. le soleil _ ?

Mr X, qui a une tendance au blocage face à l’écriture, va pouvoir à la séance 12, exprimer les
raisons de son inhibition. Alors qu’à l’entretien initial, il n’avait rappelé que son expérience scolaire
de l’écriture, Mr X aborde alors l’expérience d’une écriture plus intime sur la vie, la guerre, ou la
politique qu’il situe à la naissance de sa ”désorganisation mentale” ; l’écriture est donc pour lui
dangereuse. Cet aspect peut être illustré par le rapport de Mr DT avec ce médiateur. Dès le début et
jusqu’à la fin, Mr DT, alors qu’il est dans un réel désir de produire, sollicitera une animatrice pour
l’aider à démarrer. Franca Munari fait l’hypothèse que l’inhibition face à l’écriture résiderait dans la
peur que la sublimation qui lie les pulsions érotiques (dans le rapport corporel et le désir d’écrire)
libère les motions agressives (MUNARI, F., 2004)(4). Effectivement, dans les textes de Mr DT, nous
relevons souvent des connotations agressives comme :

J’aime pas trop ma femme (Séance 2)
Marteau qui sert à taper (Séance 3)
”il va s’en servir pour un combat” _ Pendant la seconde guerre mondiale (Séance 3)
Il est en formation militaire (Séance 4)

Dans sa demande d’aide, nous entendons une demande de légitimation ou d’autorisation de notre
part pour l’expression de cette agressivité dans ses textes. Grâce à notre attitude empathique, Mr DT
a pu alors se permettre d’y faire des allusions afin de la sublimer :

avec toutes les batailles de la vie vaut mieux de penser à autre chose qui est positif
comme le sport que de se retourner en guerre. (Séance 11).

Écrire c’est laisser une trace de soi et de ce que l’on souhaite exprimer, de manière plus ou
moins durable en fonction du support. Ce que l’on écrit résulte donc d’un choix de ce que l’on
souhaite transmettre de soi. Nous avons pu relever que pour Mr DT, certains éléments de son
histoire de vie ont pu être abordés à l’oral mais pas à l’écrit ; par exemple à la séance 10, alors que
Marine lui conseille d’écrire à partir de l’âge énoncé qu’il a préféré, il évoque l’âge de 18 ans, l’âge
auquel il s’est installé avec sa copine, mais son texte n’en fait pas mention. A l’entretien final, Mme
Zen nous dit qu’écrire est une action libératrice parce que si elle souhaite exprimer tout ce qu’elle
ressent, elle peut faire le choix ou non d’en garder la trace (conservation ou destruction du support).

Mr X aime écrire à l’aide d’un crayon à papier parce que cela se gomme. L’écriture a donc cette
particularité intéressante de laisser le choix à l’écrivant de ce qu’il laisse comme trace transmissible.

En laissant cette trace, l’écrivant construit ainsi un objet malléable et visuel sur lequel il peut exercer
sa pulsion d’emprise et le modeler au plaisir. Dans l’atelier, les textes ont pu être modifiés avec des
corrections et des réécritures durant les premières séances ; or, ce remâchage s’est atténué assez
rapidement pour ne laisser que des premiers jets d’écriture dans une recherche de libération des
tensions psychiques et donc dans la recherche d’un effet cathartique. Les participants ont exprimé à
plusieurs reprises la sensation qu’écrire les déchargeait d’un poids. Quelque chose que Mme Zen,
qui ”souffre avec des cicatrices mais sans les dire”, laissait derrière elle, la rendant ”plus légère” et
atténuant ses ruminations ; quelque chose qui a permis à Mr X de se sentir plus ”libre” et de se
tourner vers les autres en ”ouvrant la porte” ; quelque chose qui a ”vidé du stress” Mr DT.

Nous pouvons citer ici la phrase d’un auteur qui a débuté l’écriture à la suite de la décompensation
psychiatrique de sa femme : ”avant de l’écrire, je ne pouvais le ”dire”. Depuis que je l’écris, il me
semble extraire de moi ce poison, comme si de le mettre dans la lumière des mots lui faisait perdre
de sa virulence. (…) je cerne le mal et le contiens dans le corps du texte” (REZVANI S., cité par
GUIFFES, 2011)(5).

L’écriture littéraire, comme l’écriture en atelier thérapeutique, a ce pouvoir libérateur et
cathartique de déposer de manière visible une trace choisie d’une souffrance qui peut alors
s’exprimer et se décharger. Or, cet effet cathartique n’est toujours qu’éphémère, ne libérant le sujet
que le temps de l’écriture et éventuellement, le temps du partage avec un autre de par la
renarcissisation que cela peut procurer (MIMMERSHEIM, 2009)(6). Qu’en est-il alors de l’effet
réellement thérapeutique ?

2°/ Projection e t fonction de détoxification :

– Projection d’une part de soi-même sur la feuille blanche

Nous avons vu que l’écriture permettait de se décharger d’un poids, dans une fonction
libératrice et cathartique que l’on peut rapprocher d’une décharge pulsionnelle. L’écriture permet
également de rendre visible d’autres parts de soi-même, constitutives de la personnalité. La feuille
peut être considérée comme un ”miroir qui réfléchit ce que l’on est” (GLYKOS, 2009)(7) dans un
mouvement de mettre au-dehors ce qui était au-dedans. Ce mouvement d’extériorisation n’est pas
forcément toujours conscient et c’est ce qui va nous faire parler de projection. Ce concept
correspond à l’expulsion suivie de la localisation à l’extérieur (personne ou chose) de qualités,
sentiments, désirs, et objets que l’individu méconnait ou refuse en lui-même (LAPLANCHE et
PONTALIS, 1967/2004).

Mme MV, dans plusieurs de ses textes, a mis en scène des couples. Nous avons abordé
précédemment ses relations compliquées avec les hommes, teintées de dépendance et souvent
matérialisées par la naissance d’un ou deux enfants. Dès la séance 2, de création de deux
personnages que nous leur demandons d’incarner, Mme MV fantasme une liaison amoureuse entre
ces deux personnages la mettant en lien avec Mr DT (qui incarne le personnage masculin dans le
dialogue). Suite à une absence de celui-ci à plusieurs séances, elle nous communique son
ravissement au retour ”des garçons”. Dans le second texte de la séance 2, elle écrit :

Je trouve l’exercice de dialoguer avec l’autre personne, d’échanger des idées, de sa
façon de voir les choses, d’apprendre à connaître l’autre_
d’être dans les personnages que l’on a créer _

Elle nous témoigne ainsi de sa sensation d’avoir été dans le personnage, comme si c’était bien elle
qui dialoguait et non pas le personnage. Deux autres textes mettent en scènes des couples :

Séance 8 : C’était un acteur de cinéma qui jouait le rôle d’un personnage intelligent et
sérieux qui se fesait accompagner d’une superbe actrice de théatre.
Séance 10 : Je viens d’avoir 60 ans _ (…) je suis avec mon mari et nous habitons une maison
paisible à la campagne, nous avons un élevage de volailles que nous vendons sur le
marché du village pour gagner notre vie au quotidien_

Les deux couples semblent idéalisés, d’abord sur le plan narcissique, puis sur un versant de quiétude
et de tranquillité, nous dévoilant ainsi une des problématiques internes récurrente de Mme MV. Plus
précisément, dans le texte de la séance 10, nous distinguons la projection des objets parentaux
auxquels elle s’identifie ; à la séance 14 dans laquelle elle rédige une lettre à ses parents, Mme MV
écrit :

”J’éspère mener ma vie comme vous (ses parents) l’avez vécu, de la réussir autant que vous”

marquant cette identification de manière plus consciente. Les imagos parentales sont ici présentés
comme des bons objets auxquels elle souhaite ressembler. Or, au vue du fait que l’expérience du
groupe favorise la régression et le réveil des pictogrammes des phases de développement libidinal
infantiles précoces, nous pouvons supposer que vont également se peindre des images renvoyant à
des expériences désagréables. Il nous semble que c’est effectivement le cas dans ce texte où sont
travaillés les pictogrammes et les sensations corporelles (Séance 11) :

ecrire sur un mur Froid et glacial_ cela represente une rivière contenant des poissons _

L’association de la rivière contenant des poissons et du mur froid vient questionner mais nous
pouvons faire l’hypothèse ici d’une projection de la part de Mme MV du mauvais objet maternel. La
rivière contenant des poissons peut tout à fait représenter une mère enceinte et n’utilisons nous pas
l’expression ”parler à un mur” en cas de communication distante et froide avec un autre ? Durant la
phase sadique-orale, les pulsions de mort qui animent le nourrisson sont projetées sur le corps de la
mère qui devient alors fantasmatiquement détruit, morcelé et menaçant à côté du bon-sein, objet
d’amour.

Le mauvais-sein ou mauvais objet est d’ailleurs matérialisé dans le réel par les
immanquables frustrations maternelles (SEGAL, 1969/2011)(8). Cette expérience primitive du
mauvais objet, peut, entre autres, donner naissance à des ”souffrances d’inscription”, des points sur
le moment inélaborables par la psyché et mis à l’écart du Moi conscient mais conservé, en vue d’une
intégration future, sous la forme d’une trace perceptive (ROUSSILLON, dans BRUN et TALPIN,
2007). Cette trace a pu être ici réactivée, pour Mme MV, par la sensation de contact d’écriture avec
une surface froide.

Freud avait déjà repéré la réactivation par un événement actuel, d’un souvenir plus ancien,
qui susciterait un désir cherchant à se réaliser dans l’oeuvre littéraire (FREUD, 1929/1993). Mme
Zen met en scène un élan de désir pour un objet d’amour perdu, qu’elle ne fait d’abord que nommer
à la séance 5 (

”Raj qui rend la vie un vrai paradis”

) puis qu’elle décrit à la séance 7 :

Je t’aimais mon personnage de mes rêves de jeune filles.
Je t’ai Jamais Jamais retrouvais.
Tout ce qu’il me reste à faire est de vivre sans rêves.
Ce serai bien pour (barré : vivre) une vie sans douleur.

En s’appuyant sur les travaux d’André Green, Richard François met en évidence que l’écriture
permet de conserver l’objet perdu en transformant la trace mnésique en trace invisible de l’absence,
sous la forme d’une hallucination négative, une non-représentation de l’absence (FRANCOIS,
2009)(9) ; ce que fait ici Mme Zen. Hanna Segal nous explique que la projection au-dehors du bon
objet permettrait d’éviter sa destruction. Effectivement, lorsque la vie psychique est chaotique, ce
qui est le cas pour les participants à l’atelier, le sujet peut cliver ses objets internes pour projeter hors
de soi le bon objet et le protéger ainsi du déchaînement pulsionnel interne dans une ”réparation
primitive” (SEGAL, 1969/2011). Dans le développement, ce processus de réparation est à la base de
l’accession au symbole (donc au langage) et à tout autre processus créatif. Chez Mme Zen, ce
mécanisme est prégnant. Elle projettera notamment sur la feuille, contenant peut-être plus stable
que son contenant interne, ses bons objets internes idéalisés auxquels elle s’identifie (ses espoirs
d’avenir), les laissant ainsi dans une trace immuablement bonne et intacte.

Séance 10 : 80 ans – Je suis bien logée. J’ai un revenue correcte. Je ne suis pas malade et
J’ai l’affection et l’amour de ma familles. J’ai des amies et l’entourage bien sympa Je vie une
vie pasible. quelle Joie !
Séance 12 : un matin quand Elle s’est reveillait Elle a sentit un rayon de soleil sur son
visage. Son coeur était rechauffé. le moral s’était brillant. Tout etait clair paisible.
Plus de obscurité. Rien etait sombre. Elle etait plus dans l’ombre du passé. Elle avait
plus Jamais faim d’une vie meilleure. car sa vie etait meilleure.

Laisser une trace écrite de ses espoirs c’est un peu leur donner vie, leur conférer une réalité. Grâce à
l’écriture, elle pourra par la suite effectuer une réparation secondaire de l’objet primaire :

Séance 13 : La mer _ les vagues, c’est apaisant mais effrayant aussi quand on sait pas
nager. ou quand on connait les dangers de la mer. Elle est Profonde. Cela me fait peur. (…)
Encore la mer _ quand même c’est apaisant Pour voir et, pour respirer.

La mer effrayante renvoie d’abord à l’imago maternelle menaçante du clivage archaïque infantile ;
puis, grâce à l’écriture, Mme Zen semble modérer son propos dans une ambivalence ; à savoir que la
mer (mère?) est aussi à la source de la vie et qu’elle peut être apaisante. L’objet initialement morcelé
en bon et mauvais-sein retrouve alors son unicité.

Les personnages créés par les écrivants sont des ”ego expérimentaux” (KAVIAN, 2006) et,
par leur statut d’objet de projection, des ”analogons ou des doubles du Moi” (ALI, 1970)(10). C’est
bien le cas dans les textes de Mme MV et Mme Zen que nous venons d’évoquer mais c’est
également repérable dans les textes des autres participants. A la séance 4, Mr DT écrit :

sa maman lui disait à chaque fois qu’il ne veut pas fournir d’efforts dans sa vie. Comment
explique t’on cela ? Ça ne s’explique pas parce qu’il est fainéant. Malheureusement, il ne
sait pas quoi faire dans sa vie, il est difficile pour lui de se décider.

Le personnage est bien une projection de lui-même (à la séance 6, il écrit ”Je cherche à trouver une
occupation dans ma vie”) et la maman est une projection de son Surmoi inquisiteur. Nous avons
donc ici ce que Freud appelle ”une scission du Moi en Moi-partiels” qui permet à l’écrivant de
personnifier différents courants psychiques qui l’animent (FREUD, 1929/1993). L’écriture agit bien
comme une médiation entre soi et soi, ou plus précisément entre les différentes instances
psychiques et entre le Moi et les objets internes (TALPIN, dans CHOUVIER & al., 2003).

Nous avons déjà évoqué le texte écrit par Mme O-R à la séance 3 sur le voyageur qui abolit,
par la création d’un diapason, les différences entre les peuples. Ce personnage, qu’elle développe à
la dernière séance comme se prénommant Jack Fresco, est un objet de projection dit ”fascinant”
(ALI, 1970) qui prend la place de l’Idéal du Moi dans la réalité même (c’est un écrivain futuriste
réel). Elle me parlera de lui durant l’entretien final comme d’un homme qui a les mêmes idées
qu’elle mais qui a une vie à l’inverse de la sienne car il a réussit. Durant le temps de discussion à la
séance 3, Mme O-R met à la base de sa maladie, la peur des autres vis à vis de la différence qu’elle
incarne, selon ses dires, en tant qu’algérienne. Or, dans son texte, c’est bien le personnage
(représentation idéalisée d’elle-même) qui va annihiler toute différence. On est bien ici dans une
projection dans sa signification freudienne d’une reconnaissance chez l’autre d’un élément que le
sujet souhaite masquer chez lui-même dans la construction, comme dans le jeu de l’enfant, d’un
espace imaginaire qu’il modifie à sa convenance, mais qu’il vit comme indépendant de lui-même
(FREUD, 1929/1993 ; ALI, 1970).

La projection est donc particulièrement prégnante dans l’écriture, que ce soit dans
l’extériorisation de la problématique propre de l’écrivant, dans la mise au dehors du bon objet en vue
d’une conservation, dans l’éjection hors de soi du mauvais objet, dans la prise de distance permettant
la médiation entres les instances psychiques, ou dans le déni d’un mouvement interne. Quelques fois
cependant, cette projection peut devenir consciente comme nous le dit Mme MV à l’entretien final
”parfois je me rendais compte que ça me concernait, que je parlais de moi”.

– Rêverie et écriture

Le rêve est une projection en ce sens qu’il externalise, par le truchement d’une figuration, un
processus interne dans un investissement massif du sujet lui-même (ALI, 1970). Le rêve, dans son
acception familière, correspond à ce que l’on désire atteindre ; ce qui peut prendre la forme dans
l’écriture, d’une fantasmatisation ou d’une projection idéalisée.

L’analogie entre la rêverie et l’écriture est évidente dans leurs aspects de création, de
projection, de figuration et, de réalisation des désirs inconscients, mais importante à relever en ce
sens qu’une oeuvre littéraire ne peut se construire sans une capacité première à rêver. C’est
relativement manifeste dans l’écriture de fiction mais c’est aussi le cas dans l’écriture
autobiographique car ”pour écrire sur le traumatisme sans revenir sur le passé, il faut intégrer ce
travail de mémoire dans un projet, une intention, une rêverie”, sinon on n’est que dans une catharsis
transitoire (CYRULNIK, cité par TREKKER, 2008).

Dans le cas d’un atelier avec des patients psychiatriques dont la capacité de rêverie et de
création est entravée, comment alors peut se dérouler l’écriture ?

– Fonction de détoxification et de reliaison

La création littéraire peut tout à fait en rester à son aspect cathartique, laissant l’écrivant dans
une ”complaisance narcissique”, dans un narcissisme total se limitant à une projection de soi sur la
feuille (MIMMERSHEIM, 2009). Or, grâce à la présence des tiers que sont les animatrices dans
l’atelier, les participants vont pouvoir utiliser leurs écrits comme de véritables matrices
transformationnelles. Nous l’avons vu, dans le groupe, et dans la production écrite, peuvent se
projeter les désirs inconscients, les relations aux objets primaires, et les points de nouages
inélaborés. Cependant, les patients psychiatriques fragilisés possèdent un ”appareil à penser les
pensées” défaillants, laissant échapper certains contenus ou laissant les incréés informes, sans
possibilité de mise en sens. Leur seule possibilité est de projeter vers l’extérieur leurs mouvements
internes angoissants ou agressifs et leurs mauvais objets externes, qu’ils peuvent alors mieux
contrôler.

Le nourrisson fonctionne de la même manière, or, la mère dont il dépend pour survivre,
tant physiquement que psychiquement, doit intervenir avec sa fonction de pacification des tensions
via ce que Wilfred Bion appelle ”la rêverie maternelle” (BION, 1962/2003)(11). Elle joue le rôle de
”narrativité identifiante”, un récit dans lequel l’enfant peut alors se reconnaître dans son vécu
corporel et psychique (CADOUX, 1999)(12). Selon Jean Guillaumin, l’écriture à elle seule permet de
pallier à l’intériorisation de cette rêverie maternelle via la création d’une ”sorte de topique externe
de suppléance” (GUILLAUMIN cité par SOREANU, 2011)(13). A notre sens, avec des patients
fragilisés sur le plan de l’identité et des processus de rêverie, il est nécessaire d’introduire un étayage
rassurant et inspirant à partir duquel ils puissent créer. Dans l’atelier d’écriture au CMP Lanteri
Laura, cet étayage est fourni à la fois par le groupe et la capacité de rêverie des animatrices. Il est
donc à notre avis primordial que le soignant investisse lui-même le média thérapeutique.

Effectivement, les animatrices se devaient de se tenir dans une attention flottante afin de toujours
verbaliser, mettre en mots et en sens, les difficultés (difficultés de Mr DT à démarrer l’écriture ou
difficultés de Mme O-R face à la relecture de ses textes passés par exemple) ou les mouvements
internes que manifestaient les patients (mise en mots des affects de culpabilité et de colère de Mme
Y). Le soignant doit aussi mettre son propre ”appareil à penser les pensées” (BION, 1962/2003) à
disposition ; notamment dans les cas où les écrivants bloquent dans leur processus créatif. Nous
pouvions ainsi questionner le texte déjà écrit pour que certains aspects puissent être approfondis ou
bien donner des idées de thèmes ou de mots de départ si nécessaire, relançant ainsi le processus
associatif du sujet en étayage sur celui de l’animatrice.

Il nous semble intéressant de revenir sur la construction même des séances au fil du temps
qui, prenant appui sur les problématiques personnelles ou groupales mises en branle dans les temps
de discussion ou d’écriture, nous a permis d’être au plus près du fonctionnement psychique des
participants. Cette construction a évidemment fait appel à notre propre expérience de l’écriture et à
notre propre capacité de rêverie quant à ce qu’il se passait en atelier.

Séance 1 : Nous souhaitions pour démarrer l’atelier leur faire expérimenter le plaisir pris par la
délaison-reliaison en leur proposant de déconstruire des mots composés pour en reconstruire des
nouveaux.

Séance 2 : Comme base d’écriture, nous proposons l’expérience facilitatrice de création et
réutilisation de personnages dans une mise en liens des participants entre eux. Durant cette
construction, nous avons prêté notre propre capacité de rêverie en donnant des exemples de ce que
nous aimerions savoir sur ces personnages (détails physiques, métier, défauts, espoirs, ce qu’il
n’aime pas…).

Séance 3 : Face à la difficulté d’imaginer de Mr X en particulier, nous avons pensé à la proposition
d’objets insolites comme base d’appui pour la pensée. Le choix de ces objets a bien sûr fait appel à
ce que nous-mêmes pouvions imaginer à partir d’eux, suscitant ou non notre fantasmatisation.

Séance 4 : Mise en place de cadavres exquis afin de consolider la dynamique et la création groupale
malgré mon absence à cette séance.

Séance 5 : Suite à l’insistance de Mme MV sur sa volonté de faire des liens entre ses idées et ses
phrases, nous proposons un jeu de mise en commun de propositions éparses de personnages, objets
et animaux qui devront ensuite être mises en lien avec une des deux peintures présentées. Les
tableaux d’Angélus faisant tous les deux appel, dans notre imaginaire, à une réparation par la
religion (événement dramatique et espoir dans la prière) sont représentés de deux manières
différentes, à savoir peinture rurale de Millet et moderne de Dali. L’aspect religieux reviendra
d’ailleurs assez souvent dans les discussions par la suite dans sa fonction culturelle sublimatoire. Le
jeu consistait en une reliaison d’éléments bruts dits bêtas, en un tout unifié et construit (un récit ou
élément dit alpha car transformé), en étayage sur notre rêverie préalable dans le choix des peintures.

Séance 6 : Durant la séance précédente, Mr X a ressentit le besoin de marcher et Mme Y nous a
justifié son retour en séances par une motivation à ”se bouger”. Ces éléments nous ont poussé vers
une écriture basée sur l’expérience du déplacement, en étayage sur notre choix de musiques qui font
référence aux univers intéressants auxquels elles nous renvoient. Cela a d’ailleurs permis à Mme Y
de voyager dans le temps et l’espace.

Musique de cow-boys autour d’un feu un soir de veillée
musique de film d’aventure dans le futur
l’orient avec ses charmes et ses mystères

Séance 7 : L’idée d’une écriture à partir du poème Je voudrais pas crever de Boris Vian nous est
venue à partir des questions existentielles de Mme Zen autour de la mort sans réelle implication ; et
celle d’une écriture à partir de Je t’aimais d’André Chédid, suite à la problématique conjugale de
Mme Y qui l’a poussée à écrire une lettre à son mari dans le décours de sa thérapie individuelle.

Séance 8 : Suite à la construction d’un savoir commun autour de la maladie entre Mme Y et Mme
Zen par notre intermédiaire à la séance précédente, nous avons ici proposé un jeu en associations de
mots à plusieurs (avec feuilles tournantes) suivi d’un texte comprenant tous les mots évoqués dans
le groupe. Les éléments bruts et archaïques de l’association d’idées sont projetés dans le contenant
du groupe donnant ensuite une suite logique représentative du récit groupal que le sujet peut
transformer et métaboliser à son propre compte.

Séance 9 : A la séance 8, le vécu désorganisé de Mme MV face au groupe restreint nous suscite le
fantasme d’une réparation des enveloppements psychiques groupaux par la construction de lieux
communs (feuilles tournantes).

Séance 10 : Mr X nous appelant d’un ”je” personnifié dans son dernier texte, nous proposons un
scriptoclip des âges pour une implication subjective dans une scénarisation de leur histoire
personnelle en étayage sur la rêverie groupale d’un âge donné par chacun toutes les 5 minutes, donc
au cours même de l’écriture.

Séance 11 : Cette séance est la dernière pour Marine, les participants expérimentent la fiabilité de
divers supports d’écriture à l’image de la stabilité des contenants externes qu’ils peuvent trouver
chez d’autres soignants que nous.

Séance 12 : Les textes mythologiques et les contes sont des textes culturels sublimant des
mouvements internes prégnant chez l’être humain. Nous présentons de nombreux incipits
mythologiques qu’ils peuvent se réapproprier. En fonction des problématiques des écrivants que
nous avons pu recevoir et percevoir, nous souhaitons ainsi leur renvoyer des récits transformés et
métabolisés auxquels ils peuvent s’identifier puis singulariser à leur manière.
Les textes choisis sont :

– Histoire de Cérès qui perd sa fille en lien avec Mme MV qui n’a plus la garde de ses
enfants et avec les conflits de Mme Zen avec ses filles qui perdent leur fonction de bons
objets.
– Histoire de Romus et Romulus dans un défi fraternel en lien avec le complexe fraternel
manifesté par Mr X.
– Conte de la Petite Poucette qui subit un mariage et un exil imposé en lien avec le
mariage arrangé et l’immigration de Mme Zen.
– Histoire d’Arachne qui défie la déesse Vénus sur ses compétences de tissage de
tapisserie en lien avec le défi de Mme O-R, qui écrit beaucoup elle-même, à notre
adresse quant à l’animation de l’atelier.
– Conte de la Petite gardeuse d’oie qui égare le mouchoir offert par sa mère la rendant
vulnérable et qui perd alors son identité de princesse en lien avec le clivage de Mme Y
entre avant et après sa dépression à cause de laquelle elle pense avoir tout perdu.
– Histoire de Cronos qui mange ses enfants par crainte d’une rivalité en lien avec les
aspects inquiétants des imagos parentales retrouvés dans différents textes et l’évènement
groupal de rivalité avec l’imago paternel incarné par moi-même (remplissage des listes).
– Histoire d’Icare qui vole comme un oiseau en lien avec le rêve de liberté de Mr DT.
– Conte du Stoïque soldat de plomb qui met en scène la même attirance pour le similaire
évoquée par Mr DT et Mme O-R.
– Histoire de la vengeance de Melkor dans laquelle Melkor offre à Ungoliant de combler
sa faim dévorante en lien avec le besoin de remplir le vide manifesté par Mme Zen et
Mme MV.
– Histoire de Byblis et Caunus d’inceste fraternel en lien avec la mixité du groupe.
– Histoire de Pygmalion qui met en scène à la fois le processus de création et
l’infantilisation dans la contrainte que nous retrouvons chez Mme MV, Mme Zen, Mr DT
et Mme Y par rapport à leur sensation de subir leur vie ou leur maladie.

Séance 13 : L’importance de la représentation personnelle de chaque mot est mise en évidence par
le jeu des associations de mots en scriptoclip.

Séance 14 : L’écriture d’une lettre de séparation, dans un lien social (par la présence d’une réponse),
accompagne la fin de l’atelier.

Séance 15 : Relecture et réutilisation des textes et des listes mettant un terme au processus même de
l’atelier dans une relecture de ce qui s’y est produit.

Grâce à cette relecture du processus de notre point de vue, nous avons alors un aperçu du
cheminement de notre propre rêverie sur laquelle ont pu s’étayer les participants. Cette rêverie
proche de la rêverie maternelle, est venue réceptionner les difficultés, les incréés et les contenus
archaïques donc bêtas, pour les remâcher, les transformer ou les détoxifier et les renvoyer sous la
forme d’éléments alphas assimilables et utiles à la création subjective de chacun. Pour conclure,
Mme Zen nous a dit ”l’atelier était un moment de rêverie ; on retrouve quelque chose qui était partit,
du passé.”

3°/ L’écriture à la base du discours oral :

Les séances sont structurées de telle sorte que l’écriture précède le temps de lecture et de
discussion ; ainsi, pour ces patients pour certains inhibés dans leur expression ou bien en quête
d’une réappropriation du sens de leur histoire, l’écriture va pouvoir être une base sur laquelle se
construira le discours individuel et groupal.

Mme MV s’appuie souvent sur ses écrits dans son discours même quand elle ne les lit pas.
De manière plus spécifique, à la séance 8, elle évoque le mot sombre, avec lequel elle a eut du mal à
écrire, via ce à quoi ce mot la renvoie, à savoir, une angoisse de la nuit. Ainsi, par le recours au
somatique (et ses traces mnésiques plus ou moins élaborées) et ”à travers le mot qui se fait chose
dans la concrétisation de l’écriture”, la représentation de mot est articulée d’une autre manière ce
qui se ressent bien avec la réflexion verbalisée ensuite par Mme MV (MUNARI, 2004). Dans cette
même séance, Mme MV tient un discours particulièrement désorganisé sur le plan spatio-temporel
et difficile à comprendre de par le clivage qui l’anime. En revanche, son texte, qui doit réunir les
mots résultants de l’association d’idées en groupe, est bien lié et bien construit alors que c’est une de
ses difficultés dans l’écriture :

Un nouveau jour commence par l’apparution du soleil qui nous donne de la chaleur et de
l’énergie pour la journée _ Il fait également en été monter la température et éloigne pendant
la journée la maladie qui se fait à base de soins et de paracétamol. quand le sombre arrive
et que la nuit s’installe le jour passe plus vite alors que la nuit c’est pour dormir
paisiblement par la lumière de la lune dont nous sommes sur la planète et que le ciel est
étoilée et pleu (bleu?) nuit que la couleur verte change au fil de la nuit, et que chaque jour
Fasse en nous revenir l’espoir et de l’amitié.

Le plaisir du modelage de la langue dans la création littéraire est soutenu par la pulsion d’emprise.
Ici, alors que Mme MV semble désorganisée par la désintégration du groupe, il se pourrait que ce
besoin de reprise de contrôle sur la matière soit prédominant. Alors, la possibilité de redonner
naissance à des formes langagières, prépondérante dans l’écriture, peut être considérée comme un
point d’accroche à la fois sur le plan du discours oral que de la vie psychique en général tel une
”bouée de sauvetage dans un naufrage” (BROUSTRA, 2000)(14).

La discussion de la séance 14 est intéressante car, par la mise en scène de l’écriture d’une
lettre de séparation, ils ont pu mettre en représentations et en mots signifiants, les affects plus ou
moins douloureux qui accompagnent tout deuil. Mme MV reprend d’abord le texte de Mme Zen
pour aborder les diverses séparations à des âges particuliers ; ce à quoi Mme Zen répond que cela
laisse toujours un vide douloureux (cf son texte : ”de le mot seperation il existe une douleur
piquante. ceci est inevitable. un manque.”) mais que parfois la séparation est inévitable notamment
dans le cas de la naissance (cf son texte : ”à terme doit petre separer de sa maman. (…) Dans la vie
aussi nous sommes obligés de vivre la seperation Par une necessité ou par choix.”). Mr DT pense
que certaines séparations sont nécessaires pour grandir, en particulier la séparation avec les parents
(cf son texte : ”il est temps pour moi de me séparer de vous pour aller à l’université”) ce que
confirme Mme MV (cf son texte : ”maintenant je suis adulte et que cela implique le moment de la
séparation avec vous_”). Mr X nie cette réalité par le fait que lorsque l’on aime, on ne peut pas se
séparer et que la seule séparation est celle de la mort. Mme Zen évoque les dents de lait qui tombent
pour donner naissance à des dents plus fortes (cf son texte : ”Parfois ceci est sensé pour ameliorer
”la vie” ou une solution meilleur dans les circonstances.”). L’écriture a donc bien joué son rôle de
détoxification et de transformation des affects en représentations verbalisables.

Un peu plus loin dans cette discussion, Mr DT aborde le deuil de son frère aîné qui, nous le
savons, a été présent dans ses délires donc encore mal élaboré. L’écriture à propos de la séparation a
permis à Mr DT de verbaliser ce deuil et de le rattacher à son histoire. Ce même mouvement est
présent chez Mme O-R à la séance 3. Elle écrit un texte particulièrement bien sublimé sur la
différence entre les peuples et les guerres que cela provoque. Dans la discussion qui suit, Mme O-R
s’appuie sur ce conte pour évoquer ses propres difficultés et la cause de sa maladie qu’elle situe dans
le jugement des autres envers sa différence. La pacification de l’écriture lui permet de mettre en
mots dans le groupe ce qu’elle ne supportait pas d’aborder (ne voulait pas parler d’elle-même). Il est
intéressant aussi de rappeler le renversement de cette fiction vers son ”doublon narcissique” qui
annule les différences. L’écriture ”impose une autre organisation de la pensée, tantôt le processus
de transformation en écriture risque de mettre en lumière les lacunes, les incongruités, voire les
contradictions de notre pensée ; mais parfois il arrive que, précisément lorsque nous sommes en
train d’écrire, notre pensée aille au-delà, trouve d’autres voies, d’autres solutions, notamment
d’autres parcours” (MUNARI, 2004) ce qui est le cas avec Mme O-R bien qu’elle n’en prenne pas
conscience.

La séance 10 est éclairante quant à la réappropriation orale (et psychique bien sûr) de ses
souvenirs après une écriture autobiographique lacunaire (car en scriptoclip). Écrire sur soi a une
fonction de clarification ; cela permet de remettre de l’ordre dans ses souvenirs, de mettre en sens
les vécus anciens et actuels quant aux évènements évoqués. La proposition d’âges ultérieurs est
aussi porteuse du processus de création et de reprise de pouvoir quant à son avenir (et donc de sa
vie). En effet, l’écriture des souvenirs ”fait travailler la mémoire par rapport à l’histoire” de chacun
nous dira Mme MV à l’entretien final, notamment dans la recherche des bons mots pour décrire au
plus près à l’autre mais aussi à soi-même. Mr DT aborde l’âge de la maturité comme ”l’âge des
rêves” où tout est possible et où l’avenir reste encore à découvrir pour Mme MV. Selon Mme Y et
Mr X, l’époque de l’enfance est synonyme ”d’insouciance” ou de ”liberté” parce que l’on est ”bien
tout seul” pour Mme O-R, ou encore d’amour car l’on peut compter sur ses parents qui permettent de
”se sentir aimés et chéris” pour Mme MV. Enfin, l’avenir à 80 ans est le seul espoir de promesse de
bonheur pour Mme Zen. Ainsi, à l’oral, dans l’après-coup, ce ne sont plus les souvenirs en tant que
tels qui sont évoqués mais la représentation psychique et l’affect qui y sont attachés, dans une action
de reliaison prégnante pour la remise en sens de l’histoire propre.

Ces observations confirment l’action de détoxification et de liaison de l’écriture, qui peuvent
être à la base d’une remise en sens ou d’une évocation de nouveaux éléments dans un discours oral ;
d’où l’importance dans l’atelier d’avoir ces deux temps d’écriture et d’échanges ainsi qu’un espace
thérapeutique individuel dans lequel chacun peut explorer ce qu’il a mis à jour en séances.

4°/ Retour sur soi-même après la projection :

L’écriture induit une projection qui peut soit rester dans une décharge libératrice, soit évoluer
vers une détoxification des éléments projetés ; eux-mêmes susceptibles de servir de base à un
discours davantage lié et construit. Un des intérêts de l’écriture en atelier est la lecture de ses textes
au groupe après le temps d’écriture. Cette étape suppose de se relire, de reconnaître les éléments de
soi-même qui ont été projetés en passant par l’intermédiaire du regard ou de l’écoute de l’autre réel
ou de l’autre en soi.

– Réappropriation et mise en sens

Afin d’illustrer cette réappropriation de la problématique propre via l’écriture, nous allons
étudier le parcours de Mme Y dont la totalité des textes que nous allons évoquer tout au long de ce
paragraphe se trouvent en annexes (Annexe 7).

Dès la première séance, Mme Y reconnaît en elle des éléments informes qui doivent se
répéter, ne trouvant pas d’issue d’élaboration (”les mots se bousculent dans ma tête – sans cesse ils
se répètent”) car ”ce qui demeure incompris fait retour (…) il n’a pas de repos jusqu’à ce que soient
trouvées résolution et délivrance” (FREUD, 1909/2008). Deux références sont déjà faites aux
termes ”jour” ou ”journée” qui vont ponctuer tous ses textes de manière différente. Nous entendons
ce mot comme la survenue brutale de sa décompensation dont elle garde un souvenir vivace, proche
d’un événement traumatique. Dans son texte suivant (à la séance 5), elle met en scène un
personnage qui pourrait être perdu, terme qui peut aussi s’entendre comme ”avoir perdu quelque
chose”, ainsi qu’un couple qui espère des ”jours meilleurs” ; le jour est donc ici associé à un avenir
possible. Mme Y évoque donc, via ses personnages, deux éléments : à savoir la perte (mais dans une
acception détournée) et l’espoir d’un avenir moins stérile mais à distance, sans réelle prise de
position subjective. Sa production de la séance 6 démarre avec un questionnement autour des
solutions à trouver pour aller mieux, sans réponse énoncée. Elle évoque ensuite les occupations
plaisantes qu’elle a perdues sous la forme d’un ”il faudrait retrouver” peu porteur de désir propre
assumé. Après avoir mis en évidence le jour dans son aspect traumatique et le jour futur porteur de
possibilité, Mme Y utilise l’expression ”au jour le jour” mettant ainsi en lien les jours entre eux,
liant peut-être ainsi le passé, le présent et le futur. Dans le second texte de cette même séance, nous
relevons le premier ”Je” de Mme Y dans l’affirmation de ses pulsions libidinales ”j’aime”.

A la séance 7, elle écrit trois textes intéressants. D’abord, la construction d’un écrit sur la base de la
structure du poème ”Je voudrais pas crever” lui permet de se remettre à sa place de sujet avec un
”Je” bien affirmé dans l’expression de ses désirs tels que la découverte d’autres pays et d’autres
langues dans une mise en lien possible avec le monde extérieur, ou le désir de regarder vers le futur
(cf ”jours meilleurs”) d’autant plus que le ”jour” est associé ici au plaisir de vivre. Elle précise aussi
ce qu’elle a perdu non plus sur le plan matériel mais aussi psychique, de manière davantage
impliquée, la confiance en elle-même (”être à nouveau sûr de moi”). Ses enfants apparaissent dans
ce texte mais rattaché à la perte, au moment où ils ”devront partir”. Dans le texte suivant, Mme Y
semble décrire le bon objet, qui n’est d’ailleurs pas identifié. Il est certainement à la base de son
Idéal du Moi, de ce qu’elle souhaite atteindre avec la ”joie de vivre” et le ”courage à (se) battre”.

Le jour est ici clairement associé au plaisir et au futur par la reprise de l’expression ”les jours meilleurs
à venir” déjà amorcée à la séance 5 mais de manière plus distanciée car espérés par un couple de
personnages. Dans le troisième texte de cette séance, Mme Y reprend ce qu’elle a perdu (et qu’elle
aimerait retrouver) dans un même mouvement, à savoir les occupations et la confiance en ellemême.

Le texte écrit à la séance 8 est une belle sublimation de sa décompensation, qu’elle décrit
dans un clivage avant/après, avec l’avant proche d’un ”rêve” plein de ”bonheur” et l’après avec la
”douleur” et le ”médicament”. A la séance 10, son scriptoclip des âges donne à voir des souvenirs
positifs avec une enfance ”heureuse”, une vie de maman ”comblée” avec la présence d’un entourage
proche (amies, enfants, mari) et même la possibilité éphémère d’un avenir serein avec son mari qui
est rapidement annulé car barré. Le face à face avec le passé heureux est pour Mme Y difficile et
réactive le clivage entre un avant parfait et un présent figé et empli de pertes. Le ”jour” reprend sa
qualité traumatique accompagnant l’ennui et le vide. Ce retour au clivage semble important pour
une mentalisation et une mise en mot possible du traumatisme de la décompensation par
l’inscription du terme de ”dépression”. A la séance 13, Mme Y écrit ses deux derniers textes. Dans le
premier, elle reprend sa place de sujet actif, d’auteur de sa vie passée et future marquée de
libidinalité (”je voudrais pouvoir écrire tout ce que j’ai fait dans ma vie. Pouvoir écrire tout ce que
je voudrais faire”). Elle donne aussi une réponse partielle à la question qu’elle avait posé à la séance
6 avec la possibilité d’une aide apportée par l’entourage pour ”avancer” donc aller vers le futur. Dans
son dernier texte, Mme Y reprend le ”jour le jour” comme un éventuel bonheur dans un avenir
proche (”demain”). L’entourage est, pour terminer, accepté malgré ses manques dans ce qu’il peut lui
apporter (”ce n’est pas toujours comme on voudrait”).

Si nous reprenons le cheminement de Mme Y, nous pouvons relever différents changements.
D’abord, dans la réappropriation subjective de son vécu qui démarre par une mise à distance pour
terminer dans une affirmation de soi et de ses désirs. Ensuite, le clivage de Mme Y quant à sa
décompensation reste encore prégnant mais grâce à la répétition, certains aspects peuvent prendre
un sens pour elle alors qu’elle se sentait complètement démunie par son épisode de
dépersonnalisation. Enfin, sa relation avec sa famille prend progressivement une place
prépondérante pour finir par être, malgré la réalité du manque de toute relation, sa solution pour
aller mieux. Le parcours de Mme Y est plein de sens quant à l’intérêt du retour sur soi-même dans la
répétition d’un même thème mais qui prend une signification différente au fil des écritures.

– Répétition de la réparation en vue d’une introjection de l’objet

Nous avons déjà évoqué la théorie de l’objet de Mélanie Klein quant à la projection. Durant
la phase schizo-paranoïde, le nourrisson, sujet à des tensions internes et à la pulsion de mort,
projette ses pulsions agressives sur le monde extérieur qui devient menaçant et potentiellement
persécuteur. Les objets sont alors appréhendés par l’enfant comme morcelés en bons objets et
mauvais objets (résultant notamment de la projection et de la nécessaire frustration maternelle).

En plus de la projection, apparaît le mécanisme d’introjection qui est la mise en soi, par la modification
des frontières du Moi, essentiellement des objets procurant du plaisir au nourrisson. Plus le sujet
introjecte les objets, plus son monde psychique s’enrichit. Ce temps de clivage entre bons et
mauvais objets va prendre fin avec la phase dépressive qui donne naissance au processus de
réparation. L’enfant comprend que le bon-sein et le mauvais-sein forment tous les deux un tout uni
qu’est la mère à la fois bonne et mauvaise. Il craint alors d’avoir détruit la mère, et par là même le
bon objet, ce qui le pousse à tenter de la réparer.

Nous nous pencherons sur la répétition de la réparation présente dans les textes de Mme Zen
tout au long de l’atelier. Son premier texte personnel à la séance 2 pose la question de l’origine de la
maladie qu’elle place dans l’erreur d’Adam et Eve qui ”ont mangé la pomme interdite” suivie de la
punition divine avec les maladies, les souffrances et la mort. Mélanie Klein nous dit que
l’introjection précoce du sein détruit est à la base de l’aspect persécuteur du Surmoi (SEGAL,
1969/2011). Les frustrations et castrations que nous nous infligeons nous-même par l’intermédiaire
du Surmoi résulteraient donc des pulsions sadiques orales ayant détruit l’objet d’amour ; ce que nous
retrouvons chez Mme Zen dans la dévoration de la pomme. A cela s’ajoute bien sûr le renoncement
à l’objet d’amour interdit à la base du processus d’identification et d’autonomisation, laissant malgré
tout un goût de castration bien visible dans le fantasme de Mme Zen de subir la souffrance et la
maladie comme punition dans la satisfaction des pulsions orales sur l’objet d’amour interdit.

Dans denombreux textes, Mme Zen ponctue ses phrases par des ”dieu merci” qui semblent être un moyen
d’éviter la culpabilité. A la séance 7, dans son texte inspiré d’un poème connu, Mme Zen manifeste
des mouvements agressifs envers sa famille (”Je voudrais pas finir sans connaître (…) là grande
vraie amour sans attente ni egoisme sans connaitre la vraie comprehension, affection soutien de
toute ma famille”) ce qui est suivi d’une formation réactionnelle de dévouement envers ”les
personnes opprimés, seuls, malades et malheureux”. Dans son écrit suivant de la même séance
Mme Zen écrit : ”Je ne sais pas si je croirais encore à toi ou encore a mes reves. – Mais crois moi je
t’aimais” annulant d’abord l’objet d’amour pour ensuite le rassurer de son affection. Nous avons déjà
souligné le questionnement de Mme Zen sur l’énigmatique de la vie et de la mort, réflexion qui
devient plus explicite aux séances 7 et 8 avec un aspect légèrement morbide autour de la
décomposition, marquant ainsi un point de négatif non encore élaboré. Ce raisonnement prend la
forme d’une interrogation sur la différence entre vivre et seulement exister. Après la lecture des
textes, Mme MV a pu renvoyer à Mme Zen que son texte était très beau dans le plaisir de s’occuper
des enfants et Mme Y a insisté sur l’espoir qu’elle y voyait dans la différence entre exister ”comme
une pierre” ou vivre vraiment. Dans le remâchage du groupe face à ce qu’elle a pu projeter, Mme
Zen est surprise. A la séance suivante, Mme Zen écrit un très beau texte où règne la sérénité et le
bonheur avec l’entourage. Les incessants questionnements habituels n’ont pas leur place suite à
l’introjection de l’élaboration du groupe autour de son incréé. A la séance 11, Mme Zen est très
agitée suite à une altercation avec ses filles. Elle n’intervient que peu dans le groupe et ne lit pas ses
textes. A partir des divers supports d’écriture, Mme Zen décharge de manière brute ses pensées. Elle
semble envahie par la culpabilité contre laquelle elle tente de se défendre (”Tout est de ma faute ?

(…) Malgré moi malgré ma volonté malgré tout”). Le débordement pulsionnel qu’elle ne parvient
plus maîtriser se manifeste par : ”cacher comment les pensées. jouer comment la comédie
Impossible”. La projection des pulsions agressives entraîne une culpabilité d’avoir détruit le bon
objet (peut-être ses filles). Cette culpabilité est à la base du processus de réparation. Chez Mme
Zen, la réparation de l’objet passe alors par une destruction de soi-même (”Je suis désolée de Tout et
Pour tout (…) allez vas y cache toi la honte cache ton visage”) maintenant donc un clivage entre
bons et mauvais objets – ici le mauvais objet est introjecté (elle se parle à elle-même en utilisant le
”tu”, désignant ainsi le mauvais objet en elle) – ne donnant qu’une réparation défensive et peu
aboutie. Dans le texte d’après, elle écrit ”Comment faire re racomonoder les choses” qui témoigne
bien de ce besoin de réparation qui échoue. A la séance suivante, la réparation défensive que l’on
peut qualifier de maniaque (défense contre l’effondrement dépressif), permet malgré tout à Mme
Zen de mettre en place une identification projective positive. Elle projette dans le personnage de
l’araignée une femme qui ne vit que dans l’obscurité et qui a faim d’une autre vie, autrement dit une
part d’elle-même. Elle la sort de ses nimbes psychiques pour la pousser vers la lumière et une vie
meilleure, hors d’elle, protégeant par là même le bon objet de ses débordements pulsionnels
internes.

Alors, elle peut s’identifier à ce bon objet en vue de l’introjecter. Ce qu’elle fait quand elle
nous dira que si l’araignée était si mal que cela dans l’obscurité, elle serait venue au CMP. A la
séance suivante, Mme Zen tempère son idéalisation de la lumière par le fait que parfois le soleil
peut brûler et faire souffrir, entrant ici dans une possible ambivalence. L’unification de l’objet à la
fois bon et mauvais peut se faire dans son texte par l’intermédiaire des exigences du surmoi et donc
de la culpabilité (”Je doit quand même remercier le ciel”), par la nécessité des bons et des mauvais
côtés de l’objet pour devenir un être assuré donc stable et entier (”Le bon moral (induit pour elle par
le soleil) est la bonne pluie (avant toujours négative et à éviter) de nos Jardin d’esprit. l’assurance
est née avec ces deux.”). Alors qu’il est question de séparation, Mme Zen reconnaît d’abord la
”douleur piquante” et le ”manque” qu’elle induit mais par le biais de l’introjection de l’objet unifié,
peut faire le deuil de la séparation et la supporter tout en reconnaissant la réalité (ce qui est le
principe du deuil dans la position dépressive de Mélanie Klein) : ”Toi, tu es toujours ici dans notre
esprit. Il n’y a plus de seperation”.

Le cheminement de Mme Zen est une bonne illustration de la réparation qui peut aboutir
grâce à l’écriture en groupe. D’abord, elle exprime des mouvements agressifs envers ses objets
d’amour qu’elle n’assume pas, répétant ainsi sans cesse une réparation sous l’impulsion d’un Surmoi
castrateur qu’elle doit toujours satisfaire. Pour protéger le bon objet de sa destruction, Mme Zen
introjecte la partie mauvaise de l’objet qu’elle avait attaquée, s’attaquant alors elle-même dans une
dévalorisation aboutissant à une réparation maniaque de l’objet. Le clivage idéalisant qui en résulte
lui permet de mettre en place une identification projective renarcissisante. Ce n’est qu’à ce prix et à
celui de la culpabilité surmoïque qu’elle peut réparer l’objet dans sa totalité, raccommodant ses bons
et ses mauvais aspects ensemble pour reconstruire un objet entier qu’elle peut internaliser,
enclenchant un réel travail de deuil qui permet de supporter la séparation.

La répétition que l’on retrouve à la fois chez Mme Y et Mme Zen n’est pas un mouvement
uniquement mortifère car la trace laissée par cette répétition permet une réappropriation subjective.

”Écrire participe d’une construction identitaire : c’est revoir inlassablement des conceptions et
compréhensions du réel et de soi. C’est se transformer.” (VANHULLE & DEUM, 2006)(15).

1 BRUN, A. & TALPIN, J-M., sous la direction de. (2007). Cliniques de la création. Paris : De Boeck.
2 LEBRUN, J-P. (1999). Écrire comme un symptôme. In : JAMART, C., sous la direction de. (1999). Le corps et
l’écriture. Paris : L’Harmattan.
3 TREKKER, A. (2008). Écrire pour retracer son histoire de vie. In : De GAULEJAC, V. sous la direction de. Intervenir
par le récit de vie. France : Erès.
4 MUNARI, F. (2004). Processus d’écriture et processus psychanalytique dans l’écriture. Revue française de
psychanalyse, 68, 1773-1779.
5 GUIFFES, M. (2011). Lier, délier, la parole et l’écrit. Paris : L’Harmattan.
6 MIMMERSHEIM, A. (2009). Double regard clinique sur l’écriture : Approche psychanalytique et systémique d’une
pratique de psychologue en centre de jour pour adultes. Mémoire sous la direction de PEDINIELLI, J-L., Université de
Provence Aix Marseille I, France : Aix-en-Provence.
7 GLYKOS, A. (2009). Écriture et transmission. Le journal des psychologues, 272, 26-29.
8 SEGAL, H. (1969, éd. 2011). Introduction à l’oeuvre de Mélanie Klein. Paris : PUF.
9 FRANCOIS, R. (2009). Ce que la littérature apprend au psychanalyste. Revue française de psychanalyse, 73, 165-182.
10 ALI, S. (1970). De la projection : une étude psychanalytique. Paris : Payot.
11 BION, W. (1962, éd. 2003). Aux sources de l’expérience. Paris : PUF.
12 CADOUX, B. (1999). Écriture de la psychose. France : Aubier.
13 SOREANU, A. (2011). Singularité des effets cliniques de l’écriture en tant que médiation à visée thérapeutique. Le
journal des psychologues, 289, 38-42.
14 BROUSTRA, J. (2000). Abécédaire de l’expression. Psychiatrie et activité créatrice : l’atelier intérieur. Paris : Erès.
15 VANHULLE S., DEUM, M. (2006). L’écriture réflexive en formation initiale d’enseignants : entre réconciliation avec
l’écrit et apprentissage de la rigueur conceptuelle, Langage & pratique, 37, 6-19.

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