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II.1.4. La réhabilitation respiratoire

Selon l’European Respiratory Society (ERS) en 2006, la réhabilitation respiratoire est « la prise en charge multidisciplinaire d’un malade chronique conçue de manière individualisée pour qu’il atteigne et maintienne un niveau optimal sur le plan fonctionnel, assurant au mieux son indépendance et son insertion dans la société et améliorant au quotidien sa qualité de vie. » La Société de Pneumologie de la Langue Française (SPLF) [35] rajoute à la définition un but de diminution des coûts de santé.

La réhabilitation respiratoire comprend généralement deux grandes modalités : la réadaptation pulmonaire (approche purement kinésithérapeutique) et le réentraînement à l’effort [7]. Une réhabilitation effective prend son sens au sein d’une prise en charge pluridisciplinaire où l’optimisation d’un traitement médical est liée avec un enseignement thérapeutique ainsi qu’un support psychologique et social. Le sujet BPCO possède aussi un rôle car il doit passer par un sevrage tabagique afin de pouvoir bénéficier au mieux des bénéfices d’une prise en charge pluridisciplinaire. Au sein de cette réhabilitation respiratoire, l’éducation thérapeutique tient une place à part entière qui est sensée impliquer le patient dans sa réhabilitation. Cette éducation thérapeutique est réalisée par chaque thérapeute à leur niveau.

Le réentraînement à l’effort reste la pierre angulaire de la réhabilitation respiratoire qui doit continuer à évoluer selon les besoins des patients [4-7]. L’entraînement musculaire via les activités physiques possède un rôle central pour contrecarrer les méfaits induits par la sédentarité et l’inactivité.

Les exercices analytiques au niveau de membres supérieurs et inférieurs, ainsi que les exercices sur ergocycles à jambes, ou sur tapis roulant font partie du tronc commun des activités proposées lors de prise en charge de patients MRC [36,37]. Cette action thérapeutique de gain de masse musculaire, de force et d’endurance sont associés à une meilleure tolérance à l’exercice, à une diminution de la sensation de dyspnée [38] contribuant ainsi à une durée de vie plus importante [39]. La force maximale des muscles squelettiques des patients BPCO s’améliore d’environ 15%, et ce après un entrainement générale en endurance [40]. Le temps d’exercices en endurance augmente également durant la prise en charge de plus de 50% [41].

Le dysfonctionnement musculaire des sujets BPCO a été, et est source de plusieurs recherches sur différents types de programme de réentraînement. Après un entraînement par les activités physiques, la demande ventilatoire est largement diminuée et la survie des patients BPCO est augmentée [42]. Les sujets BPCO supportent ainsi, mieux les exercices physiques et sont capable de gérer des intensités de travail beaucoup plus importantes, même s’ils possèdent une fatigue plus importante au niveau de membres inférieurs comparé à de sujets sains de même âge [43]. Les exercices sur ergocycles à jambes sont cependant mieux supportés au niveau des échanges respiratoires comparé à des exercices de marche [44].

Les exercices intermittents et les exercices continus possèdent les mêmes améliorations sur les performances et la qualité de vie des sujets. Même si certains remarquent une diminution plus importante de la lactatémie, du VCO2, de la fréquence cardiaque (FC) ainsi qu’une augmentation du pic de force en gain de travail en intermittent face à un travail en continue [45-46]. Ces résultats sont cependant contestés [36]. Néanmoins les exercices intermittents sont mieux tolérés [47].

Les gains de force au niveau des membres inférieurs et supérieurs sont significativement supérieurs lors d’exercices de force face à un entrainement en endurance [48]. Cependant cet entrainement ne possèdent pas d’effet significatif sur l’évolution de la qualité de vie, sur la fatigabilité des patients, ni sur les performances au test de marche de 6 minutes [49,50]. Il est ainsi important d’associer des exercices d’endurance et de force, afin de permettre aux patients de bénéficier d’une réhabilitation la plus complète possible [4,51]. Les exercices de fortes intensités possèdent des résultats plus importants concernant la sensation de dyspnée et l’endurance des patients [52], que des exercices avec des intensités plus faible. Malgré cela les études ne sont pas encore suffisamment développées [53]. L’entraînement des muscles inspirateurs possède des effets bénéfiques sur la sensation de dyspnée, sur la force et l’endurance de ces muscles, même si cet entraînement doit encore faire ses preuves [54].

Il est cependant préférable de réaliser une réhabilitation supervisée et individualisée par rapport aux capacités du patient et non une standardisation de différents protocoles de rééducation. [36,55]. Cette réhabilitation doit aussi tenir compte des besoins, des envies et des possibilités futures d’exercices des différents patients [50]. Le niveau d’activité physique journalière est aussi à prendre en compte car c’est un paramètre indépendant de l’atteinte pulmonaire basée sur le VEMS. Même si le VEMS reste une valeur fiable pour évaluer l’atteinte, elle ne permet pas d’objectiver un niveau d’activité physique [56]. Cependant l’importance de la limitation respiratoire [4] conditionne les améliorations de l’état de la personne MRC.

La durée de prise en charge du sujet possède une place importante. La plupart des études sont faites sur le court terme [56], pour un total moyen de 36 séances, et l’on observe des améliorations après 12 séances [57]. Les gains obtenus sont fonction du temps de réhabilitation [58]. Plus il est long, plus ces gains sont important. Une période de 8 semaines avec 3 prises en charge par semaines serait suffisante pour atteindre un plateau de qualité de vie et de distance au TM6. [59]

Les améliorations acquises grâce à la réhabilitation restent stables avec la poursuite d’une activité physique [60] dans le cas contraire, le patient se déconditionne.

La problématique se pose donc lors de la sortie des patients, après leur période de réhabilitation. [61]. Quelle prise en charge mettre en place pour potentialiser au maximum la période de rééducation ? Quelles sont les stratégies à mettre en oeuvre afin de permettre la continuité des exercices physiques et la pérennisation des acquis obtenus lors des périodes de rééducation ? Les réseaux de santé respiratoire semblent être une solution pour le suivi de ces patients [6]. Ces réseaux ont pour but de coordonner différents intervenants autour du patient dès sa sortie, permettant un suivi sur le long terme efficace afin que le patient devienne acteur de sa santé. Plus la réhabilitation respiratoire se diversifiera, en terme d’activités physiques, plus elle sera susceptible de toucher les patients souffrant d’une MRC, pour les pousser à poursuivre une activité physique en sortie.

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