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C. Les valeurs communes au monde de la santé ?

1. Un monde atypique, entre passion et raison

Le monde de la santé est un secteur passionnant. Les personnes qui travaillent dans ce monde, voir autour ont un point commun, des valeurs communes, et surtout une éthique particulière : toute leur activité tourne autour de l’HUMAIN. Ce n’est pas vendre un stylo, ou auditer une entreprise de stock option. Il s’agit d’un monde ou le vecteur patient-santé-bien-être passe avant tout. Le portail crée par le ministère de la santé : www.sante.gouv.fr a pour but de présenter les métiers de la santé, par famille et par formation. Le texte d’introduction est clair et en lien avec le thème abordé ici :

« S’engager aujourd’hui dans le secteur de la santé, c’est avoir la perspective d’un emploi durable, avec des valeurs fondées sur l’humain, au service de la communauté. Tous les domaines de la santé sont concernés : le soin, le médico-technique, le technique, le social, l’administratif, le management, l’ingénierie, la recherche… De nouveaux métiers apparaissent et continuent de se développer, confirmant ainsi que le secteur de la santé est dynamique, moderne et capable de s’adapter aux évolutions de la société. »

Ce qui revient de façon récurrente si l’on pose la question aux personnes travaillant de près ou de loin dans le secteur de la santé c’est bien cela : le vecteur humain, social, utile. Travailler au quotidien en sachant que ce que l’on invente, crée, produit, fournit touche ou touchera un patient ou encore contribuera au fonctionnement d’un établissement de santé permet de donner un sens professionnel particulier à ces divers métiers. Quand l’on interroge Monsieur Merlière Nicolas, directeur adjoint audit et contrôle interne au sein de l’Etablissement Français du Sang (EFS) sur les raisons de son choix pour le secteur de la santé après un parcours de finance, voici ce qu’il répond : «un secteur d’avenir et une entreprise avec des valeurs fortes qui me correspondent».

Il existe évidemment de nombreux métiers dans lesquels chacun peut s’épanouir mais il paraît primordial de souligner que ceux touchant à la santé se concentrent autour d’une même force productive : l’altruisme. Le but de toutes ces personnes, personnels soignants ou non est finalement le même : préoccupation pour l’humain, pour le patient. On parle souvent de « passion », « vocation » pour ce milieu, vocabulaire qui se retrouve dans plusieurs discours. Toutefois, et là se trouve l’enjeu le plus complexe, ce secteur doit faire face à des problématiques qui vont bien au-delà de l’enjeu humain. En effet passion doit rimer avec « raison ». Le secteur de la santé est un secteur qui coûte cher. Financer le fonctionnement des établissements de santé est une question majeure qu’il ne faut pas prendre à la légère. Lors d’un cours de management de la santé animé par Mr Bailleul directeur de l’hôpital de Gennevilliers et ancien élève de Rouen Business School, les élèves n’oublieront jamais cette question posée : « J’ai un patient qui a une maladie rare et l’unique médicament pour faire reculer l’échéance (et non le guérir) me coute 100 000euros, somme avec laquelle je pourrais soigner 1000 patients d’une autre maladie, je fais quoi ? Comment décider, des dépenses dans de tels cas ? »

Là est tout l’enjeu financier qui vient surplomber l’enjeu humain. Que faire ? Comment arbitrer les dépenses de santé, allouer des budgets ? Cette question restera sans réponse. Porter un tel jugement ne pourrait être que personnel et non objectif.

En revanche il est intéressant de noter la réflexion de nos voisins Suisses à ce sujet qui comparent le coût de l’opération à la valeur financière des années de vie gagnées si l’opération a lieu :

Ils font le calcul suivant : par exemple un malade a un cancer de l’intestin, l’intervention coute 72000 euros et permet de faire gagner 4 ans d’espérance de vie à ce patient. Le cout d’une année vie est estimé à 25 000 euros. 25 000 *4(années qu’elle pourrait gagner si on l’opère)= 100 000 euros -> Conclusion : L’opération à 72 000 vaut moins cher que le gain des années vie donc on opèrera ce patient.

Il faut juste savoir que la complexité de ce milieu ressort d’une corrélation entre des notions rationnelles et irrationnelles telles que la passion et la raison.

2. Des profils variés voir opposés pour faire face à des enjeux divers

Les enjeux soulevés dans ce secteur sont aussi nombreux que les profils professionnels qui travaillent à l’intérieur.
Prenons le cas particulier des établissements de santé, organisés de façons différentes selon le directeur.

Exemple d’organigramme hiérarchique (source : l’Hôpital de Revel) :

On voit que chaque unité de soins est organisée hiérarchiquement entre les soignants, les cadres et les directeurs. Chaque « maillon » est utile au fonctionnement général. Au-delà de l’organisation de la dispensation de soins il y a de nombreux autres métiers organisés autour de la santé.

Le ministère de la santé distingue 8 « sous-secteurs »(4) professionnels correspondant à des familles de métiers exercés au sein du secteur de la santé :

– Soin : il regroupe 19 métiers de personnels soignants tels que les IADE, IBODE, ASH etc.
– Médico-technique : il regroupe 6 métiers : ambulancier, brancardier, assistant dentaire, manipulateur en électroradiologie, préparateur en pharmacie et technicien d’analyse en biologie médicale
– Rééducation/appareillage : il regroupe 14 métiers tels que audioprothésiste, orthophoniste, orthoprothésiste ; orthoptiste, pédicure podologue etc.
– Recherche/innovation : il regroupe 9 métiers comme par exemple assistant de recherche clinique, bio statisticien, ingénieur biologiste hospitalier etc.
– Social Educatif : il regroupe 23 métiers tels qu’assistant social, auxiliaire de vie sociale, éducateur sportif, enseignant auprès de déficients auditifs ou visuels etc.
– Technique/Logistique : il regroupe 58 métiers divers au sein des Etablissement de santé, il peut s’agir de responsable des transports, responsable magasin, responsable des achats, menuisier agenceur, jardinier, ingénieur en restauration, ingénieur biomédical, gestionnaire de stock, agent de blanchisserie, agent de maintenance etc.
– Qualité /hygiène : il regroupe 13 métiers tels que agent de bio-nettoyage, agent de stérilisation, responsable qualité, gestionnaire des déchets, spécialiste en hémovigilance etc.
– Management/ Administratif : Ce sous secteur est le plus large et il regroupe 66 métiers tels qu’agent d’accueil, agent administratif, archiviste, cadre gestionnaire de pôle, chargé du développement des ressources humaines, comptable analytique, contrôleur de gestion, directeurs des services techniques, directeurs des soins, directeur d’établissement etc.

Tous ces métiers doivent cohabiter. Ils représentent des profils très variés (allant de bac à bac +13) et des fonctions très différentes mais se déroulent dans le même secteur de la santé avec toujours un but final : faire fonctionner le système de santé en apportant son savoir-faire et son savoir être à chaque étape du parcours.

4 Source http://www.sante.gouv.fr/management-administratif.html

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