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A. Les moyens de promotions

Tout film dispose d’au moins une bande-annonce et une affiche. Selon une étude du CNC datant de 2000, le succès d’un film dépend largement des supports promotionnels utilisés(163). Le film doit donner envie et être compris par la cible potentielle en une seule image pour les affiches et en un court montage de quelques minutes pour les bandes annonces. Ces dernières se situent dans un registre classique qui a pourtant évolué au fil du temps. Les premiers trailers de Toy Story(164) et Shrek(165) premiers du nom reposaient sur un fonctionnement que le CNC qualifie de « dire » américain(166). Toute la bande-annonce est accompagnée d’une voix off qui vient expliquer le déroulement de l’histoire. La voix nous guide en nous racontant le film. Les séquences choisies ne sont que des illustrations de ce que dit le narrateur. Mais plus que l’histoire, le caractère des protagonistes tout comme leurs relations sont traitées. Cette technique n’est cependant pas utilisée avec les suites des films puisque les personnages et l’univers sont déjà connus du grand public. Ainsi, les bandes annonces de Toy Story et Shrek présentaient les personnages un par un pour laisser progressivement place à l’action du film. Il s’agit de poser un schéma générique identifiable par le public sans pour autant résumé la trame du film. Cependant, quand le trailer de Shrek montre clairement l’orientation comique du film, ce n’est pas le cas de celui de Toy Story. En effet, cette bande-annonce est particulière et loin de ce que nous avons pu voir par la suite.

Elle nous dévoilait un univers sombre accompagné d’une musique inquiétante. La rivalité de Buzz et Woody y était l’élément fort et entraînait de l’action, du suspense et de la tension. On ne sait pas exactement à quel genre ce film appartient. A première vue il s’agit d’un dessin animé traditionnel pourtant l’histoire semble être plus adulte. La voix off nous précise tout de même qu’il s’agit du premier film réalisé en images de synthèse. Il s’agit de marquer une
transition entre le dessin animé classique et le film en prises de vue réelle. Le but est évidemment de toucher le plus large public possible. Quand les jouets s’adressent directement aux enfants, le côté plus sérieux intéresse les adultes.

Toy Story, en tant que premier film d’animation 3D devait marquer ce renouveau et il n’était plus besoin d’utiliser ce côté sérieux avec les prochains films. Une fois la cible des films en images de synthèse désignée soit un très large public, chaque studio apporte sa touche. Ainsi, DreamWorks se focalise davantage sur l’humour en mettant en avant un maximum de gags quand Pixar reste plus basique en présentant l’histoire tout en ajoutant une dose d’humour. Les bandes annonces sont le reflet des films et se présentent au public tels qu’ils sont. Cependant, DreamWorks dispose d’autres particularités. L’une réside dans la mise en valeur des noms et l’autre dans la bande sonore.

Dans cette dernière, nous avons ce que le CNC qualifie de « saturation sonore »(167). Il y a la voix off, les sons des extraits (dialogues et bruitages) et une musique supplémentaire, généralement une chanson déjà connue sans rapport aucun avec le film. Il s’agit d’impliquer physiologiquement le spectateur dans le film et le captiver. Pour les noms, il n’est pas rare de les voir apparaître en plein milieu des bandes annonces ou à la fin de celles-ci. Ben Stiller, Will Smith ou Eddie Murphy sont des acteurs réputés dans leurs styles et sont un très bon moyen de donner envie au public de voir le film. Un cas très similaires aux affiches. Il est en effet très courant de voir ces mêmes noms sur les affiches des films de DreamWorks afin d’inciter des spectateurs adolescents et adultes plus intéressés par les célébrités que les enfants.

Les enfants, pour leur part, ne s’intéressent que très peu aux acteurs, préférant les personnages eux mêmes comme le souligne Tom Hanks dans une interview disponible dans les bonus du DVD de Toy Story. C’est peut être une des raisons pour lesquelles Pixar ne mentionne que très rarement ces noms et se contente mettre en avant son univers. Les affiches mettent donc les personnages en action dans une scène clé du film ou une même scène reprenant grosso-modo son univers. L’approche est différente dans les suites. En effet, cellesci mettent en avant les personnages désormais connus de tous les spectateurs, ou presque. Les sagas Toy Story et Shrek en sont le parfait exemple. Les affiches des premiers films montrent les héros en pleine action. Woody et Buzz sont en train de s’envoler hors de la chambre d’Andy et Shrek et ses compagnons sont en pleine fuite face à un dragon crachant du feu. Cet aspect disparaît très rapidement dans les autres épisodes. Ainsi, les décors et les mises en situations s’effacent pour laisser entièrement la place aux personnages du film.

Illustration 18 : Shrek, Toy Story et leurs suites.

Il existe également des phrases d’accroches afin d’accompagner les affiches, méthode très courante dans la promotion des films. Celles-ci sont utilisées aussi bien par Pixar et DreamWorks que de nombreux autres films. Il s’agit d’une méthode promotionnelle basique.

Toujours selon le CNC(168), ces taglines « ont un aspect polysémique et jouent généralement sur plusieurs registres de façon simultanée. » Grâce à ces phrases, il est possible de découvrir quel est le genre du film. On trouve ainsi des phrases d’accroches faisant références à des succès antérieurs. Par exemple, une phrase débutant avec la formule « Par les créateurs de… » se retrouve complétée par le titre d’un ou plusieurs anciennes réussites de chaque studio. Ainsi, pour promouvoir Le Monde de Nemo, l’affiche était accompagnée de la tagline « Par les créateurs de Monstres & Cie », plus gros succès de Pixar à l’époque.

DreamWorks procède de la même manière et pour son film Dragons, la phrase renvoyait vers Shrek et Madagascar. De ce fait, le style du film est rapidement identifiable tout comme son public.

L’appel à la culture cinématographique n’est cependant pas la seule méthode utilisée et il n’est pas rare de voir des détournements de phrases ou expressions. Ainsi, une phrase particulière accompagnée Shrek lors de sa promotion : « The Prince isn’t charming. Princess isn’t sleeping. The sidekick isn’t helping. The ogre is the hero. Fairy tales will never be the same again. » DreamWorks ici joue sur plusieurs registre. Le studio montre à première vue un contre de fée d’un nouveau genre dans lequel tous les codes sont transformés mais fait également un pied de nez à Disney et ses contes de fées très sages. Il s’agit ici d’attirer un nouveau public non intéressé par les productions Disney. Cependant, ces types de tagline ne sont pas les seules et il en existe d’autres qui sont utilisées dans la promotion mondiale. Elles consistent tout simplement à faire des jeux de mots. En France, par exemple, pour la sortie de Toy Story 3, il était possible de voir des taglines comme « Puisqu’on Woody qu’il revient » ou « le Buzz de l’été ». Cette méthode concerne cependant la grande majorité des films d’animation aujourd’hui dont les productions DreamWorks. Ainsi, sur des affiches de la promotion de Shrek 4 mettant en scène les personnages, on pouvait retrouver « un petit crin de folie » accompagnant l’âne ou encore « un vrai dur à cuire » pour Petit biscuit. Tant de phrases à double sens qui montrent clairement le côté drôle et familial des films Pixar et DreamWorks. Mais la promotion ne s’arrête pas aux simples bandes annonces et affiches.

Pour ces films d’animation, elles débutent très longtemps avant, parfois même plusieurs années.

C’est lors de petites conférences que les studios d’animations tels Pixar et DreamWorks annoncent leurs projets en cours sur les prochaines années. Il est très fréquent d’annoncer un film jusqu’à trois ans avant sa sortie en salles. Le processus de création s’étalant en règle générale sur quatre ans et les sorties de chaque studio étant assez régulières, il est compréhensible que les films soient présentés avec une telle avance. On dévoile donc un logo, le titre du film, peut être une image puis le silence autour du film se fait durant plusieurs mois. La dernière conférence de Pixar date du 25 avril 2012(169) et a permis de préciser les dates de sortie des prochains films tout en confirmant un titre. The Good Dinosaur(170) est ainsi prévu pour le mois de mai 2014 tandis qu’en 2015 sortiront un projet encore sans nom ainsi qu’une production intitulée temporairement Untitled film that takes you inside the mind(171). Ici, le but consiste, en premier lieu, à rassurer les actionnaires de DreamWorks d’un côté et de Disney de l’autre. Le spectateur, quant à lui, a rapidement oublié le film à cause du manque d’information communiqué autour des nouveaux projets. Puis, les premières informations font leurs apparitions au compte-goutte sous formes de concepts arts, affiches teasers jusqu’aux vidéos sous formes de pré-bande-annonce ou bande annonce quelques mois avant la date de sortie.

Généralement, la méthode est la même et consiste autant à rassurer les actionnaires qu’à faire monter une attente autour du film. Les images n’en disent pas trop, laissant un certain mystère. Il arrive souvent que les pré bandes annonces soient d’ailleurs des scènes crées spécialement pour l’occasion et qui ne figurent pas dans le produit final. Il faut faire monter la curiosité, l’envie. Ainsi, afin de présenter le troisième volet de Toy Story, on découvre les personnages déjà connus en train de créer le logo du nouveau film alors que dans Kung Fu Panda 2, une vidéo se focalise sur le panda, héros du film, qui s’adresse directement aux spectateurs en leur proposant de le fixer sans cligner des yeux. Dans le premier exemple, Pixar s’adresse directement aux personnes conquises par les premiers épisodes de Toy Story, le teaser de Kung Fu Panda s’adresse directement aux enfants grâce à l’interaction du héros du film avec les têtes blondes à l’aide de ce petit jeu. Chacun dispose donc de son style mais n’hésite pas à viser les enfants, probablement la cible la plus simple à conquérir. Un enfant est au moins accompagné d’un adulte, il est du coup facile d’augmenter les recettes.

Un autre point fort de la promotion est le casting vocal. DreamWorks n’hésite pas à faire de ses films une réunion d’acteurs réputés. Entres autres on trouve Mike Myers, Cameron Diaz, Eddy Murphy ou Antonio Banderas dans la saga Shrek. Nous trouvons Ben Stiller, Sacha Baron Cohen et Chris Tucker dans Madagascar. Jack Black, Dustin Hoffman ou encore Angelina Jolie « jouent » dans les Kung Fu Panda et la même Angelina est en compagnie de Will Smith et de Robert de Niro dans Gang de requins sans oublier Woody Allen, Sylvester Stallone et Sharon Stone dans Fourmiz. La liste de cette « méthode Katzenberg » est bien plus longue et s’amplifient films après films. Plus qu’une façon de créer les films, il s’agit d’un excellent moyen de promotion que Katzenberg a mis en place alors qu’il était chez Disney. Ces acteurs connus du grand public peuvent ainsi promouvoir le film lors d’interviews et autres évènements. Dès lors, il est difficile de ne pas entendre parler de la nouvelle production des studios. De plus, la diversité des acteurs fait qu’il y a un fort pourcentage de chance qu’un des acteurs choisis soit apprécié par une partie du public. La méthode est très efficace et les résultats du box-office peuvent confirmer cela(172), les productions DreamWorks bénéficiant d’un casting vocal quatre étoiles sont les plus vus et il n’est pas rare de voir les noms de ces acteurs mis en avant dans les bandes annonces et affiches.

Disney et DreamWorks sont de très importantes entreprises dont la moitié du chiffre d’affaire se fait outre-Atlantique. C’est le cas de tous les films américains à gros budget destinés à une exportation mondiale. Tous les moyens sont donc mis en oeuvre pour faire une promotion digne de ce nom dans tous les pays. La « méthode Katzenberg » revient ici et s’adapte aux différents pays. Ainsi, en France, les célébrités du moment sont choisies afin de remplacer les voix des acteurs américains. Alors que les comédiens de doublages officiels de ces acteurs étaient sollicités lors des premiers films d’animations 3D, la donne a très vite changé avec l’arrivée de Shrek. Ainsi, l’ex Nul Alain Chabat est venu prendre la place du doubleur français de Mike Myers, Emmanuel Curtil. Les voix francophones de Cameron Diaz et Eddy Murphy ont pour leur part été sollicitées.

Mais, plus que sa voix, Alain Chabat prête ses propres blagues. Par exemple, il est courant que l’acteur-réalisateur ait recourt à l’improvisation et même à des phrases ou expressions qui l’ont fait connaître alors qu’il était sur Canal Plus. Par exemple, dans Shrek le Troisième, le personnage de Merlin fait une référence directe à un sketch des Nuls en disant « Je suis la mouche qui pète », référence à un sketch des Nuls et destiné en priorité aux adultes, les plus jeunes n’y voyant qu’une scène absurde. Shrek est cependant une exception et les autres doublages se permettent moins de liberté même s’ils utilisent toujours plus de célébrités ayant eu un récent succès dans leur domaine respectif. On trouve donc des acteurs mais aussi des comiques, des chanteurs et parfois des animateurs qui prêtent leurs cordes vocales aux personnages animés. Il n’est plus question d’avoir recours aux doubleurs officiels et encore moins de choisir un même timbre de voix ou un physique similaire au doubleur original. Will Smith laisse ainsi sa place à Eric Judor dans Gang de requin tandis que le quatuor de Madagascar interprété par Ben Stiller, Chris Rock, David Schwimmer et Jada Pinkett Smith est remplacé par José Garcia, Anthony Kavanagh, Jean-Paul Rouve et Marina Foïs.

L’animateur et comique Manu Payet prend lui la place de Jack Black dans Kung Fu Panda quand Ian McShane est remplacé par Marc Lavoine, Dustin Hoffman par Pierre Arditi et Angelina Jolie par Marie Gillain. Parmi la liste des autres célébrités utilisées dans les productions DreamWorks, nous retrouvons Kad Merad, Jenifer Bartoli, Tomer Sisley, Julien Doré, Jean Reno, Gad Elmaleh, ou encore Patrick Timsit et Laurent Gerra. Certains sont des habitués comme Patrick Timsit (Hercule, Atlantide, Gang de requins ou Azur et Asmar) et Jean Reno (Le Roi Lion, Porco Rosso, Atlantide ou Souris City) dont le timbre de voix particulier se prête bien à ce genre d’exercice tandis que d’autres font leurs débuts dans le métier. Ils sont ainsi choisis pour leur diversité et leurs succès.

Jenifer est par exemple très populaire auprès d’un jeune public féminin et est donc susceptible de convaincre ses fans de venir voir le film dans lequel elle prête sa voix. Kad Merad, lui, avant Megamind jouait dans de nombreuses comédies populaires tandis que Laurent Gerra peut entrainer avec lui bon nombre de personnes convaincues par ses imitations. Comme pour le choix des acteurs américains, des personnes de tous horizons visant toutes tranches d’âges sont choisies. Chez Pixar, la liste est plus courte mais tout aussi hétérogène avec Guillaume Canet, Charles Aznavour, Lorie, Franck Dubosc et Amanda Lear. A côté d’eux, des comédiens de doublage professionnel sont sollicités. Ce travail de localisation est très important pour plusieurs raisons dont les principales sont de faire intervenir des personnes connues et, de ce fait, toucher un public plus large mais aussi, et surtout, un moyen de promotion plus efficace pour les studios. Dès lors, il est inutile de faire voyager les acteurs originaux aux quatre coins du globe, leur équivalent étranger pouvant s’en charger.

La promotion d’un film ne repose cependant pas que sur les seuls acteurs. De nombreux évènements permettent aux films de se faire connaitre. Parmi ceux-ci, le festival de Cannes, festival cinématographique international, est un parfait atout. Jeffrey Katzenberg saisit l’occasion d’y présenter ses prochains films chaque année. « Être sélectionné à Cannes c’est un immense honneur, l’équivalent d’une nomination aux Oscars. C’est évidemment essentiel pour les affaires mais également la preuve que nous réalisons des films de qualité. »(173) Madagascar 3, est le cinquième film de DreamWorks à fouler le célèbre tapis rouge. Il succède aux deux premiers Shrek alors en compétition officielle en 2001 et 2004 mais aussi à Nos voisins les hommes et Kung Fu Panda dans la catégorie hors compétition du festival(174). Jeffrey Katzenberg a un lien particulier avec ce festival qu’il qualifie de « plus prestigieux du monde. »(175) C’est même lui qui a ramené les films d’animation sur la croisette dans les années 1990 avec ses productions Disney parmi lesquelles La Petite Sirène et La Belle et la Bête. Ce n’est que dix ans plus tard, avec la sélection de Shrek, que la donne a changé.

Illustration 19 : Dustin Hoffman (à gauche) et Angelina Jolie (à droite) accompagnent Jack Black qui met toute son énergie dans la promotion de Kung Fu Panda 2.

Dès lors, il n’était plus rare de trouver des films d’animation en sélection. Mais lorsque DreamWorks ne fait pas partie de la sélection, cela n’empêche pas Katzenberg de promouvoir ses films lors d’évènements organisés en marge du festival. Cannes est en effet un très bon moyen de promouvoir ses films dans le monde entier. Katzenberg parle de « tribune médiatique incomparable, puisque la presse et les médias de tous les pays sont présents. » (176) Gang de requins en 2004, Bee Movie en 2007 ou plus récemment Kung Fu Panda 2 et Le Chat Potté ont bénéficié de cette promotion.

Katzenberg peut ainsi des dévoiler les premières minutes de ses prochaines productions ou inviter les acteurs/doubleurs de ses films. Pixar, de son côté, même s’il est beaucoup moins présent devant le palais des festivals, a tout de même eu la chance de présenter Là-haut en ouverture du festival de Cannes 2009, une première pour un film d’animation. Là-haut, est aussi le seul film à ce jour des studios Pixar à avoir été présenté au festival et laisse, de ce fait, la place libre à DreamWorks. Le studio de John Lasseter préfère organisé l’avant-première mondiale de ses films au célèbre cinéma El Captain Theatre à Hollywood(177). En Europe, les avant-premières des films Pixar tout comme Disney ont lieu à Disneyland Paris. Le Gaumont du parc se met ainsi aux couleurs du film projeté et de nombreuses célébrités, en rapport ou non avec le film, se réunissent lors de cet événement spécial(178). Mais les parcs Disney ne servent pas uniquement à présenter les nouveaux films du studio.

Illustration 20 : Toy Story Playland, parc entièrement dédié à Pixar.

Au nombre de cinq, on retrouve des parcs à thèmes Disney aux États-Unis dans les états de Californie et Floride mais aussi en Europe, à Paris et en Asie dans les villes de Tokyo et Hong Kong. Un nouveau parc est actuellement en construction à Shanghai et ouvrira ses portes en fin d’année 2015(179). Ces parcs permettent de promouvoir les films toute l’année et donnent aux films une vie hors des écrans. Depuis son rachat par Disney, Pixar fait partie intégrante des parcs et dispose d’une partie entière consacrée à ses films : Toy Story Playland(180). Exclusivité pour Disneyland Paris au départ, il est intéressant de constater qu’il a été inauguré en été 2010, soit en même temps que la sortie de Toy Story 3. Il s’agit d’un moyen de promotion bénéfique aux deux parties. En effet, les personnes ayant aimé les films de la franchise voudront essayer ces nouvelles attractions et les personnes qui ont apprécié leur expérience dans le parc auront peut être l’envie de découvrir le film projeté dans le cinéma du parc. Mais il ne s’agit d’une promotion éphémère. Il s’agit de vendre tous les grands classiques de la firme aux visiteurs toujours plus nombreux. Disneyland Paris a ainsi vu son record d’affluence d’octobre 2010 à septembre 2011 avec 15,6 millions de visiteurs(181).

Un score qui a atteint, en 2010, 120,6 millions de visiteurs(182) dans tous les parcs Disney du monde et autant de spectateurs potentiels qui peuvent aller par la suite voir les films au cinéma ou les acheter en vidéo. Comme le rapporte Robert Iger, actuel PDG de Disney, le parc est un lieu « Where we make the closest emotional connection with consumers as millions of them experience first-hand the magic of Disney. »(183) Le savoir-faire Disney, mis en place depuis des dizaines d’années, trouve ici toute son efficacité et donne envie aux gens de tous âges de découvrir ou redécouvrir les films disponibles en DVD et Blu-Ray dans de nombreuses boutiques des parcs. DreamWorks, studio trop récent, n’a pas pu mettre en place ses propres parcs à thème. Un accord a donc été signé avec les parcs Universal Studios présents en Amérique et Asie et dont le nombre de visiteurs atteignait les 26,3 millions de visiteurs en 2010(184). Ce contrat, permet à Universal de posséder les droits de distribution des films, vidéos et musiques des productions DreamWorks sans oublier l’utilisation des personnages dans les parcs et ce, jusqu’en 2016(185).

Des films DreamWorks possèdent également leur propre attraction et, ici aussi, Universal et DreamWorks sont tous deux gagnants dans l’affaire. En effet, le public de Shrek peut avoir l’envie d’aller dans le parc pour découvrir la toute dernière attraction aux couleurs de l’ogre tandis que les visiteurs du parc peuvent découvrir Shrek sur place. Mais DreamWorks ne souhaite pas faire de la figuration dans les parcs Universal Studios et désire créer son parc à thèmes. Dubaïland, complexe de loisir en pleine construction à Dubaï, a été choisie en 2008 afin d’héberger ce parc mais aussi des hôtels et autres restaurants(186). Un accord a été signé entre DreamWorks et la société Tatweer, filiale de la société d’investissement publique Dubaï Holding. DreamWorks Studios Theme Park partagera ainsi la vedette avec d’autres parcs présents ou en construction au même endroit comme Warner Bros. Movie World, Legoland Dubaï, Marvel Superheroes Theme Park ou encore Universal Studios ainsi l’un des plus importants parcs d’attractions de Dubaï tandis que la ville en fort développement y voit le moyen d’attirer de nombreux touristes.

DreamWorks s’étend petit à petit dans le monde et après Dubai, la Chine est le prochain territoire à conquérir. L’importation cinématographique est très rare dans ce pays afin de ne peut pas rivaliser avec les oeuvres locales. Seuls une vingtaine de films par an sont sélectionnés auxquels s’ajoutent une quarantaine de films indépendants (187) . Avatar (188) , Transformers 3(189) ou encore Harry Potter(190) ont eu la chance de franchir les frontières.

DreamWorks ne souhaite pas faire parti d’une sélection et désire implanter son propre studio en Chine(191) afin d’y développer des films pour ce marché de plus d’un milliard de spectateurs potentiels. Officialisé en février 2012, Oriental DreamWorks se concentrera sur la création de films destinés au seul marché chinois mais exercera également « son activité dans les domaines du spectacle vivant, des parcs à thèmes, de la téléphonie mobile, de l’internet et des jeux vidéos. »(192) DreamWorks court un risque mais celui-ci peut s’avérer très payant sur ce territoire de plus de 1,3 milliards d’habitants. Quelques mois après cette annonce, Disney a fait lui aussi part de son souhait de se développer sur ce même marché chinois(193). Après le lancement de la création d’un nouveau Disneyland à Shanghai, Disney a signé un contrat avec le groupe public China Animation et Tencent, spécialiste de la communication sur internet. Il ne s’agit pas de voir des films Disney-Pixar créés spécialement pour un marché chinois mais de produire des films d’animation aussi importants que les films d’animations américains sur ce marché asiatique et destinés également à être exportés dans le monde. Le territoire chinois et donc très prisé et peut permettre d’étendre une domination déjà très grande pour chacun.

Que ce soit avec Pixar ou DreamWorks, de nombreux moyens sont mis en place afin de promouvoir leurs films aux États-Unis mais aussi et surtout dans le reste du monde. Chacun part ainsi à la conquête des continents comme il le peut. Ainsi, quand DreamWorks se sert du Festival de Cannes pour présenter ses films dans le monde entier, Pixar bénéficie des très nombreux parcs à thèmes Disney pour promouvoir ses films sur la durée. Tous deux souhaitent être vus et entendus afin d’attirer un maximum de spectateurs. Cependant, la promotion ne s’arrête pas là comme le montre leur utilisation des nouveaux médias.

163 http://www.qualiquanti.com/pdfs/affetbafilmsword.pdf. p. 3. Consulté le 12 avril 2012.
164 http://www.youtube.com/watch?v=KYz2wyBy3kc. Consulté le 17 avril 2012.
165 http://www.youtube.com/watch?v=W37DlG1i61s&feature=related. Consulté le 17 avril 2012.
166 http://www.cnc.fr/web/fr/publications/-/ressources/19778;jsessionid=DA37FE685D47A0320A8D35866C302501.liferay. p. 60. Consulté le 9 mars 2012.
167 Ibid., p. 64.
168 Ibid., p. 53.
169 http://www.disneypixar.fr/news/2012/04/25/pixar-annonce-les-dates/. Consulté le 25 avril 2012.
170 Bob Peterson, The Good Dinosaur, 2014.
171 Pete Docter, Untitled film that takes you inside the mind, 2015.
172 Annexe A.1 : Graphique 1.
173 Emmanuèle Frois, « “Kung Fu Panda“ s’offre Jackie Chan et Angelina Jolie. », Le Figaro, 15 mai 2008.
174 http://www.festival-cannes.fr/fr/theDailyArticle/56019.html. Consulté le 12 mars 2012.
175 http://www.lexpress.fr/culture/cinema/kung-fu-panda-2-l-animation-a-cannes_1002091.html. Consulté le 12 mars 2012.
176 Ibid ibidem.
177 http://www.disneypixar.fr/news/2011/06/20/premiere-mondiale-pour-cars-2/. Consulté le 3 avril 2012.
178 http://www.disneygazette.fr/avant-premiere-toy-story-3-disneyland-paris-news-381.html. Consulté le 21 avril 2012.
179 http://en.shanghaidisneyresort.com.cn/en/about/. Consulté le 22 avril 2012.
180 http://parcs.disneylandparis.fr/parc-walt-disney-studios/lots/toon-studio/attractions/toy-storyplayland.xhtml#. Consulté le 22 avril 2012.
181 http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/record-d-affluence-chez-disneyland-paris-mais-descomptes-dans-le-rouge-09-11-2011-1710565.php. Consulté le 22 avril 2012.
182 http://www.themeparktourist.com/news/20110617/4236/universal-closes-gap-disney-2010-theme-parkattendance-figures. Consulté le 22 avril 2012.
183 http://www.thisislondon.co.uk/business/markets/disney-goes-transmedia-for-ipad-generation-6442426.html. Traduction proposée : « Où nous établissons une connexion émotionnelle très proche avec les consommateurs dont des millions d’entres eux vivent leur première expérience avec la magie de Disney. » Consulté le 22 avril 2012
184 http://www.themeparktourist.com/news/20110617/4236/universal-closes-gap-disney-2010-theme-parkattendance-figures. Consulté le 22 avril 2012.
185 http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20081014.OBS5734/dreamworks-conclut-un-accord-dedistribution-avec-universal.html. Consulté le 10 avril 2012.
186 Ali Jaafar, « DreamWorks hits Dubai », Variety. 20 janvier 2008.
187 http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/La-Chine-veut-importer-plus-de-films-americains-3125814.Consulté le 10 avril 2012.
188 James Cameron, Avatar, 2009.
189 Michael Bay, Transformers 3 :la face cachée de la lune, 2011.
190 David Yates, Harry Potter et les reliques de la mort – partie 2, 2011.
191 http://www.lexpress.fr/culture/cinema/dreamworks-animation-fait-ami-ami-avec-des-studios-d-animationchinois_1084290.html. Consulté le 23 mars 2012.
192 http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/etats-unis-dreamworks-animation-cree-un-studio-en-chine-avecdes-groupes-locaux_1083923.html. Consulté le 23 mars 2012.
193 http://cinema.nouvelobs.com/articles/17875-disney-se-positionne-en-chine. Consulté le 18 avril 2012.

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