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a- La cour de récréation : espace de visibilité

Les cours de récréation sont des lieux révélateurs de ségrégations sociales entre
groupes ethniques. En effet, il suffit de se rendre dans les deux établissements scolaires les
plus proches du quartier El Cerezo(43) pour s’apercevoir que les différents jeunes restent entre
groupe de même origine géographique. “C’est le reflet de l’éducation qu’ils ont à la maison”
(Tania, péruvienne, volontaire Acoge). Les enfants se mélangent peu car leurs parents ont, en
règle générale, de faibles contacts avec les différents groupes ethniques du quartier.

Mais cela dépend bien souvent du travail que les parents exercent. En effet, beaucoup de femmes
travaillent dans l’aide et l’assistance à la personne et peuvent être perçues comme des
personnes “aux services des espagnols dans des situations d’infériorité”. Cette perception de
Tania fait partie de son imagerie, et donc de ses perceptions. Sa réponse expliquerait les
motifs de mise à l’écart entre autochtones et immigrés dans des situations de
dominant/dominé. Cela est bien évidemment le constat d’une personne et ne peut donc pas
être généralisable.

Par ailleurs, pour Demba (médiateur culturel, Cepaim) “il existe un phénomène de ségrégation
visible durant la récréation au collège José Obrero”. C’est pourquoi une de ses actions est de
lutter contre cela en mettant en place des activités d’interactions ouvertes à tous les élèves. En
revanche, pour Aziz (médiateur culturel, ACCEM) qui intervient lui aussi dans ce collège, “il
n’y a pas de groupes de jeunes qui forment des groupes par nationalité”.

Nous avons donc ici deux avis qui divergent dans la description d’un même lieu. Cela
signifie que leurs représentations des attitudes sociales des enfants dans cet espace sont
influencées, autant par leur imagerie que par leur profession ainsi que par le désir d’influencer
et de créer de la multiculturalité. C’est seulement en se rendant dans l’école primaire San Jose
Obrero pendant la récréation qu’il est possible de remarquer des regroupements
communautaire entre enfants. Bien que, de nouveau d’après Aziz, les enfants jouent entre eux
sans “différence ethnique, les jeunes ne forment pas de groupes par nationalité”. Suite au
constat que nous avons pu faire il est évident que son avis est n’est pas neutre.

D’après lui, rechercher à tisser des liens avec des personnes de son groupe ethnique, concerne
principalement les mineurs non accompagnés(44), sans repère familial, ce qui ne concerne pas
les enfants de cette école. En effet, les jeunes se regroupent davantage pour leur goûts
sportifs, musicaux, vestimentaires, etc. De plus, toujours selon Aziz, “la diversité culturelle
n’est pas dans les gènes” ce serait propre à chaque individu par rapport “aux croyances, aux
goûts, à la composition familiale, aux revenus” etc. En cela les enfants n’ont pas ou peu de
préjugé concernant les différences culturelles. “Les enfants ont des amis de différents pays
avec qui ils jouent sans problème” (Elena, espagnole). Il n’y aurait alors pas de conflits directs
entre jeunes en lien avec leurs origines. Nous ne pouvons pas en dire davantage puisque
l’enfance et l’adolescence sont de vastes sujets dont certains raccourcis seraient malvenus.

A l’indifférence des jeunes vis-à-vis de la diversité culturelle, s’ajoute le désintérêt de
certains habitants de quartiers multiethniques aux difficultés des autres, “les gens ne
s’intéressent aux problèmes de discrimination que quand cela les concerne personnellement”
(Tania, volontaire Acoge). Sensibiliser les individus aux discriminations et au “vivre
ensemble” apparaît alors comme un défi où il importerait que chacun trouve un intérêt
personnel.

De plus, dans ces quartiers “le racisme existe mais il n’est pas flagrant même s’il y
a des problèmes d’exclusion sociale” (Esteban, coordinateur Acoge). Il est possible de
distinguer une mise à l’écart de certains groupes ethnique par les autochtones, ce qui créée de
l’exclusion sociale dans certains lieux tel des bars ou encore des salons de coiffure. Le but des
interventions de différents acteurs associatifs dans les établissements scolaires est bien de
créer une cohésion entre les jeunes, principalement durant les temps de récréations pour ainsi
lutter contre d’éventuelles mises à l’écart. Intervenir dans les écoles est une forme d’action
sociale et de sensibilisation pour éviter l’exclusion.

Il n’en reste pas moins que cela ne concerne pas seulement les enfants. La médiation
interculturelle avec les voisins de différentes origines est également une façon d’aider à créer
du “vivre ensemble” de la part des membres des associations (Cepaim, ACCEM et Acoge).

43 Ces deux établissements sont l’école San Jose Obrero dans le quartier El Rocio et le lycée Miguel Cervantes
dans le quartier Leon XIII
44 Selon la legislation de l’Union Européenne, un mineur non accompagné est un ressortissants de pays tiers
âgés de moins de dix-huit ans qui vit dans un territoire dont il n’est pas originaire sans être accompagnés d’un
adulte qui soit responsable de lui, de par la loi ou la coutume.

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