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5.4. Les Organisations humanitaires dans les conflits armés en Afrique

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Les CA en AFSS entraînent la perpétration des viols et violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants. Ils obligent des centaines de milliers de populations à se déplacer tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs territoires. Les guerres dans le monde provoquent environ vingt six millions de déplacés internes dont plus de 5,8 millions se trouvent dans un pays africain, le soudan, et sur les quinze millions de réfugiés près de 20% se trouve en Afrique(213). Ce phénomène est de plus en plus utilisé par les parties en conflits pour se servir comme objectifs militaires, menant à la stratégie du nettoyage ethnique. À l’échelle africaine comme mondiale, on compte deux fois plus de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) du fait d’un conflit que de réfugiés. Au regard de cette statistique, peut-on dire qu’il est justifié de voir la communauté internationale se mobiliser pour apporter des solutions idoines face aux sérieux défis qui se présentent sur ce continent.

L’étude menée par l’Union Européenne, consacrée aux « défis contemporains de l’action humanitaire dans les situations de conflit » (214), permet aux observateurs et analystes des conflits en Afrique, de s’apercevoir de la manière par laquelle le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) et les agences humanitaires avec comme chef de file, le Comité international de la croix rouge et du croissant rouge (CICR), s’activent pour soulager les souffrances infligées aux civils innocents, contraints de vivre dans la restriction du fait des violences des conflits qui entrainent la destruction des infrastructures socio-économiques.

L’aide que portent les agences humanitaires aux populations victimes des conflits, se fait sous pressions des parties en conflit, qui font des restrictions voire qui s’opposent à la réalisation d’une action humanitaire. Cette attitude compromet la sécurité autour de la mission des agences qui voient parfois leur personnel pris dans la spirale de la violence souvent de façon expresse et organisée.

Dans l’accomplissement de leur mission, les humanitaires et leur cadre de travail sont soumis à des incidents violents qui influent quotidiennement leurs activités. Des structures sanitaires aux installations économiques ou culturelles ouvertes au profit des victimes des conflits armés, aucun site n’est épargné par les affrontements entre les forces gouvernementales et les rebellions, les agents humanitaires n’étant pas épargnés. Dans un rapport de la Croix Rouge publié en 2011, environ 1.834 personnes composées de travailleurs sociaux et autres personnes ressources sont tuées ou blessées au cours des conflits armés en Afrique(215).

A propos de la mission des agences humanitaires, il est à noter que l’élément fondamental desdites missions est d’abord, la confiance qui se traduit par le dialogue établi avec toutes les parties au conflit, qu’il s’agisse d’autorités gouvernementales ou d’ acteurs non étatiques. Cette étape permet aux ONG d’exercer en toute impartialité et indépendance leurs activités qui se traduisent par la protection des populations civiles contre les déplacements forcés, l’appui humanitaire aux communautés confrontées au problème des déplacements, la question des camps de personnes déplacées ainsi que leur retour. Face aux attaques perpétrées par les groupes armés contre les maisons d’habitation, les installations sanitaires, éducatives et infrastructures économiques, et dans le but d’atténuer les effets de représailles contre les populations civiles, la fourniture des secours et d’assistance nécessaires aux victimes, se fait dans le cadre de textes juridiques, le droit international humanitaire (DIH) (216). Ces attaques perpétrées contre les humanitaires se font en violation des dispositions des droits en la matière, principalement les conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels I et II de 1977.

Par ce motif, les ONG s’efforcent aussi dans leur démarche à prévenir le déplacement de la population, en rappelant aux autorités leur responsabilité première, celle d’assurer un soutien et une protection efficaces à la population sur l’ensemble du territoire placé sous leur contrôle.

5.4.1. Les agences humanitaires au chevet des communautés d’accueil

Les personnes déplacées internes (PDI) quand bien même restées à l’intérieur de leur pays, subissent les effets de l’insécurité, des violations graves des droits de l’homme, le manque de logement et font face à l’accès difficile aux services de santé de base ; les enfants en payent les frais par manque de structures socio-éducatives.

Devant la nécessité d’offrir un cadre approprié pour traiter des questions touchant aux PDI lors des conflits armés, la communauté internationale a mis en place dans les années 90, la Commission des NU sur la protection des droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, suivi de la désignation du Représentant du Secrétaire Général pour les droits de l’homme en charge de ce dossier(217). Sachant que la Convention de 1951 sur les réfugiés et son protocole additionnel de 1967 ne s’appliquent pas à cette catégorie de personnes déplacées, la communauté internationale s’est attribuée la responsabilité de disposer des instruments adéquats, pour assumer ce rôle provoqué par les nouvelles formes de conflits. Ainsi, un document sur les droits et les obligations des gouvernements en matière de prise en charge des PDI est élaboré(218). Par ce document, la communauté internationale réaffirme son attachement aux missions confiées aux agences humanitaires au profit de cette catégorie de victimes de conflits armés en Afrique.

Toutes ces démarchent rejoignent les principes d’impartialité et de neutralité, deux des principes du CICR(219) adoptés par toutes les ONG humanitaires. En pratique, l’action d’une agence humanitaire s’intéresse à tous ceux et à toutes celles dont les besoins et les problèmes auxquels ils font face, produisent des effets immédiats, à moyen ou à long terme sur leurs conditions d’existence.

A l’évidence, l’appartenance à une catégorie de groupe ou de personnes, n’influe pas sur les missions humanitaires qui participent à aider les membres des communautés d’accueil et les déplacés eux-mêmes, à rester unis dans une solidarité intercommunautaire pour qu’avec la dynamique interhumaine, les liens se resserrent afin d’éviter la discrimination qui pourraient créer des tensions, susceptibles de compromettre l’action humanitaire.

5.4.2. De l’aide aux déplacés internes à la mise en place du camp des réfugiés

Dès qu’un conflit éclate, les personnes s’organisent avant tout pour se mettre à l’abri, ensuite elles cherchent à se rendre dans un camp des déplacés pour obtenir de l’aide, nécessaire à leur survie. Ce cycle dépend en partie de la décision et de l’engagement de la communauté internationale qui doit attester la nécessité pour un groupe de populations déplacées, à bénéficier d’une aide humanitaire. En attendant, ces personnes se retrouvent dans la nature, en pleine lune ou dans des familles d’accueil dont les conditions de vie paraissent déjà difficiles, caractérisées par le manque ou l’insuffisance de ressources.

La mise en place d’un camp avec la qualité des services offerts, attirent les déplacés et la communauté qui s’empressent pour l’intégrer(220). L’aide accordée aux premiers arrivants, va attirer par la suite de nombreux sujets qui sont touchés par les évènements. Cet afflux massif en un temps record, se répercute immédiatement sur le budget des organisations humanitaires ; les ressources restent toujours maigres face aux besoins qui s’accroissent. Des témoignages recueillis auprès des agences humanitaires, de nombreux donateurs seraient réticents à faire face à certains besoins qui n’ont pas d’effet visibles dans l’immédiat.

Au regard des dispositions juridiques relatives aux déplacés en période des conflits, le rapatriement des réfugiés, ne peut se faire qu’avec leur consentement, lorsque la situation sécuritaire dans le lieu de résidence habituelle est favorable et, les conditions de retour réunies ; toutefois, la situation des déplacés ne doit pas non plus être allongée. Dans le fait, ce souci ne trouve pas de réponse précise car une fois le conflit éclaté, les raisons qui l’ont motivées dépassent le cercle humanitaire ; ce qui complique à la communauté internationale voire aux autorités gouvernementales, la tâche de mettre terme en un temps record à ces déplacements forcés.

Le retour, l’intégration locale ou la réinstallation des déplacés internes qui cherchent une solution de longue durée, relève de la compétence des autorités gouvernementales qui doit les aider à recouvrer leurs propriétés et leurs biens, de prendre des dispositions pour les indemniser au besoin, pour des pertes enregistrées. Comme dans le cas du programme DDR, la fin d’une crise ouvre aux personnes déplacées, la perspective de retourner dans leur communauté et de l’intégrer, d’être aidées à se réinstaller dans un milieu sain et sécurisé. Cependant, l’enjeu reste dans la capacité des personnes déplacées elles mêmes à faire le choix entre les informations fiables et complètes sur les risques qu’elles encourent si elles décident un retour dans leurs lieux de résidence et, le soutien spécifique au rétablissement de leurs conditions de vie, prévalant avant la crise. Les ONG mettent tout en œuvre pour renforcer la capacité des communautés affectées, à effectuer des choix volontaires, dans la sécurité et la dignité pour les personnes touchées. L’une des missions des agences humanitaires et de la communauté internationale reste à développer un programme d’assistance, qui consiste à promouvoir l’autonomie des communautés et des personnes touchées par les conflits armés sur le contient.

Dans le contexte des crises complexes que traverse l’Afrique aujourd’hui, les agences humanitaires mettent l’accent sur la nature et les modalités de l’aide qu’elles portent, à savoir les soins de santé, l’éducation de base ou encore, la promotion des structures socio économiques. L’objectif final recherché vise à redonner vie et espoir à toute une communauté perdue dans la fumée des canons comme certains déplacés se souviennent : « le jour de l’arrivée des humanitaires parmi nous était comme l’apparition d’une étoile dans la nuit.» (221)

Dans certains conflits en Afrique, particulièrement en Somalie, le contexte dans lequel se trouve la population est d’une extrême gravité. Environ trois millions de personnes vivraient dans des conditions de vulnérabilité accrue(222) ; ce qui constitue encore un défi majeur pour les acteurs humanitaires et l’ensemble de la communauté internationale.

213- Personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, Publication CICR 2007 réf.0867. p. 14 ; http://www.icrc.org/web/fresitefre0.nsf/html/p0867 .- UNHCR, les réfugiés en chiffre, http://www.unchr.fr
214- Pierre APRAXINE et al, Humanitaire et conflits armé, les défis contemporains, Institut d’études de sécurité Union Européenne, CICR, Paris juin 2010, pp. 13-33.
215- Christophe ONAMBELE, l’intégration du droit humanitaire dans les accords de paix en Afrique : cas de la RDC, master en droits de l’homme et action humanitaire, Université catholique de Yaoundé, 2007 –
– Sécurité : défi humanitaire lié aux conflits armés, avril 2012, http://www. afriquejet.com/sécurité
216- Convention IV de Genève du 12 août 1949, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre et ses protocoles additionnels I et II du 08 juin 1977.
217- Haut Commissariat des NU aux droits de l’homme, Rapporteur spécial sur les personnes déplacées dans leur propre pays. http://www.ohchr.org
218- Convention de l’Union Africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala), Kampala (Ouganda) , 22 octobre 2009
219- Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), 1996, Réf. 0513
220- Médecins Sans Frontières (MSF), prise en charge d’un camp de réfugiés/déplacés, Strasbourg, mars 2006- http://www.uds.med.u-strasbg.fr
221- Hubert, un déplacé interne à Ngoundaye, au nord ouest de la République Centrafricaine, entretien au cours d’une mission des NU auprès des ex combattants, octobre 2009.
222- Sécurité: Défi humanitaire lié aux conflits armés – http : //www.afriquejet.com/securité-defi humanitaire.

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