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5.3 Effets statiques de la privatisation sur la productivité des entreprises

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Les premiers résultats de calcul des moyennes trois années avant et cinq années après la privatisation des ratios de productivité de chaque entreprise ainsi que les représentations graphiques de l’évolution du ratio SPE et des tests effectués sur les deux indicateurs de productivité sont illustrés dans les paragraphes suivants.

Tableau 14: Comparaison de la productivité des entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur privatisation (t = -3 à +5, variante 1)

Comparaison de la productivité des entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur privatisation

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

Légende

SPE : Sales Per Employee ou productivité commerciale (= Ventes Réelles / Nombre d’Employés).
IPE : Income Per Employee ou bénéfice par employé (= Bénéfice net / Nombre d’employés).
MOYa : moyenne « after privatization », après privatisation
MOYb : moyenne « before privatization », avant privatisation

Au seul vu de ces chiffres, on peut dire qu’il y a une amélioration notable de la productivité des entreprises après leur privatisation. Ceci vient corroborer les allégations théoriques de Kikeri et al. (1994) ; Boyko et al. (1996), pour qui à la suite de la privatisation, les entreprises sont amenées à utiliser de manière plus efficace leurs ressources technologiques, humaines et financières, étant donné leur nouvel objectif de maximisation des bénéfices et la réduction et/ou la disparition des subventions publiques dont elles bénéficiaient.

En effet, lorsque nous observons par exemple le ratio Ventes/Effectifs qui donne l’efficience de la main d’œuvre en rapport aux ventes, nous constatons, en ce qui concerne la SONEL, qu’il passe de 0,890 à 0,996 soit une amélioration en moyenne de 0,106 qui peut être due à l’augmentation du capital de la société après sa privatisation. Notons quand même qu’en ce qui concerne la SONEL, l’augmentation du volume d’investissement a tardé à suivre le mouvement de privatisation de la société ce qui peut du reste expliquer les nombreux délestages qu’ont connu les populations camerounaises même après la privatisation de la SONEL, situation caractéristique d’une insuffisance de l’énergie électrique produite par rapport aux besoins de l’économie toute entière.

On note en ce qui concerne le rapport Bénéfices Nets/Effectifs qu’il est passé en moyenne de -2,143 à 5,958 ce qui traduit une hausse considérable pouvant être due au fait que, la SONEL, ayant des dettes énormes avant sa privatisation, sans compter la vétusté de ses infrastructures qui ne lui permettait pas de répondre aux besoins des populations et grandes entreprises consommatrices d’énergie, et donc faisant ainsi face à une faiblesse de la production d’énergie électrique a dû, après sa privatisation, intégrer dans sa fonction d’objectifs, des exigences de rentabilité et de productivité, ce qui s’est traduit par quatre augmentations successives des tarifs basse et moyenne tension au cours des quatre premiers exercices qui ont suivi sa privatisation à savoir : une augmentation de 5% en année 1 et 7,65% pour les années 2, 3 et 4. Mais il faut dire que ces augmentations étaient faites sous le contrôle de l’ARSEL qui est l’autorité de régulation chargée de préserver les intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique.

En ce qui concerne la REGIFERCAM, nous constatons que le ratio Ventes/Effectifs est passé de 2,996 à 4,506 tandis que le ratio BN/Effectifs est passé de -1,155 à 0,456 traduisant ainsi une amélioration de la productivité de la société après sa privatisation. On est néanmoins en droit de se demander si cette amélioration de la productivité n’est pas le fait de la coïncidence entre la privatisation de la société et le début des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun dont le transport des matériaux a en majorité été assuré par la CAMRAIL ; et non le fait juste de la privatisation de la société. En effet, cette préoccupation est d’autant plus pertinente que l’investissement, après la privatisation de la REGIFERCAM n’a pas suivi les bons résultats que la société a enregistrés au niveau de la productivité ; en témoigne du reste la formation d’une commission parlementaire en 2003 pour étudier avec la société les modalités d’une aide de l’Etat afin que celle-ci (CAMRAIL) puisse augmenter ses investissements.

L’évolution des ratios de productivité de HEVECAM, CDC, CHOCOCAM, SEPBC SOCAMAC et SOCAPALM traduit également une amélioration de la productivité de ces entreprises après leur privatisation mais, nous devons souligner que ces résultats doivent être pris avec beaucoup de prudence car des événements contingents peuvent très bien avoir influencé favorablement ces résultats et si tel était le cas, on ne pourrait plus dire que l’amélioration de la productivité de ces entreprises est le fait de leur privatisation. Toutefois, on peut souligner que même si la privatisation n’est pas la raison directe de l’amélioration de la productivité de ces entreprises, elle n’y est pas tout à fait étrangère ne serait-ce que pour les bénéfices en amont qui résultent des nombreuses restructurations qui sont opérées au sein de l’entreprise à l’annonce ou à l’aune de sa privatisation.

5.3.1 Présentation graphique des évolutions du Sales Per Employee (SPE) et tableaux des tests

Pour l’indicateur SPE, nous faisons au préalable une analyse graphique de l’évolution de ce ratio sur une période de neuf ans pour les 8 entreprises privatisées de notre échantillon. Ensuite, pour tester la significativité de nos résultats, nous parcourons les étapes du test non paramétrique de Wilcoxon pour les deux indicateurs de productivité (Sales Per Employee et Income Per Employee).

« Pour des raisons sociales les noms des entreprises ont été retirés »

Présentation graphique des évolutions du  Sales Per Employee (SPE) et tableaux  des tests

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

Les graphiques ci-dessus présentent l’évolution du ratio SPE de chacune des huit (8) entreprises de notre échantillon sur une période de neuf (9) ans. Ainsi pour ce qui est de cet indicateur, nous pouvons constater que la privatisation a eu un effet positif considérable sur la performance pour cinq (5) entreprises de l’échantillon (CAMRAIL, CDC, CHOCOCAM, SEPBC et SOCAMAC). En effet, si nous prenons l’exemple de la CAMRAIL nous observons une augmentation de la productivité de l’entreprise pendant les six (6) années consécutifs (de 1996 à 2001). Ceci peut être du à l’augmentation du capital de la société et à des multiples restructurations qui ont été effectuées au sein de celle-ci pour améliorer ses performances. Il en va de même pour la SOCAMAC et la SEPBC. Il faut remarquer que la SEPBC est la seul entreprise de notre étude qui a connu une augmentation globale de sa productivité pendant neuf (9) ans.

Pour ce qui est de la CDC, on note une amélioration de la productivité pendant les trois premières années qui ont précédé sa privatisation. Cependant, la productivité retombe légèrement en 2002, probablement à cause d’une baisse des effectifs employés qui sont passés de 14712 en 2000 à 13982 en 2002 (source : données fournies par l’INS). Toutefois, la privatisation de la CDC s’est accompagnée d’une remontée du niveau des effectifs employés qui est passé à 16053 en 2007. C’est la seule entreprise privatisée de notre étude qui a connu une hausse de ses effectifs employés après la privatisation.

S’agissant de la CHOCOCAM, l’entreprise connait une détérioration de sa productivité trois années avant la privatisation. Cependant lors de la privatisation l’entreprise connait une hausse de sa productivité qui s’accentuera les (5) années précédant la privatisation. Les trois autres entreprises (AES-SONEL, SOCAPALM et HEVECAM ont du mal à améliorer leur productivité post privatisation après que ceux-ci aient connu une hausse trois années avant. HEVECAM connait même une productivité presque stable les cinq (5) années qui ont suivis sa privatisation.

Pour l’AES-SONEL, l’amélioration de la productivité trois années avant sa privatisation est significative des réformes qui ont été opérées au sein de l’entreprise dans le but de valoriser ses actifs avant sa mise en vente. Il faut dire que juste après la privatisation d’AES-SONEL c’est-à-dire en 2002, la productivité décroît légèrement (elle est passée de 0,93 en 2001 à 0,87 en 2002 pour remonter à 0,96 en 2004) avant de connaitre à nouveau une hausse jusqu’en 2005, date à laquelle les performances pour la société ont été bonnes, ceci s’est du reste justifié par une aide à hauteur de 240 millions d’euro accordée à la société par l’AFD pour le compte du programme d’investissement 2005-2009.

– Présentation du test du Sales Per Employee (SPE)

Il s’agit de recourir aux cinq étapes du test non paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la significativité de nos résultats obtenus sur le ratio SPE.

Tableau 15 : Test du SPE

Test du SPE

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

Pour les huit entreprises concernées par le calcul de cet indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne 36 (2+8+4+3+7+6+1+5) soit T+) du TABLEAU 15 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une somme de 0 soit T-) du même tableau. Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite soit T= 0.

– Présentation du test de l’Income Per Employee (IPE)

Il s’agit de recourir aux cinq étapes du test non paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la significativité de nos résultats obtenus sur le ratio IPE.

Tableau 16 : Test de l’IPE

Test de l’IPE

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

Pour les huit entreprises concernées par le calcul de cet indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne 36 (8+7+3+6+2+5+4+1) soit T+) du TABLEAU 16 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une somme de 0 soit T-) du même tableau. Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite soit T= 0.

Les tests ainsi effectués sur les deux indicateurs de productivité, Nous pouvons ainsi cerner globalement les effets statiques de la privatisation sur la productivité

Tableau 17 : Synthèse des Résultats

Synthèse des Résultats1

Source : l’auteur sur la base des données reçues de l’ARSEL, CTR, SNI et INS

*** Test rejetant l’hypothèse nulle d’absence de différence de médiane au seuil de 1%

La productivité des entreprises privatisées dans le cadre de cette recherche a été examinée en fonction de deux indicateurs de performance: la productivité commerciale (SPE) et le bénéfice net par employé (IPE). Les résultats de notre analyse nous indiquent que de façon globale, les huit (8) entreprises faisant partie de notre échantillon ont pu améliorer leur performance en termes de productivité car nous observons une augmentation des moyennes et médianes des ratios de productivité des entreprises privatisées trois ans avant et cinq années après leurs privatisations (tableau 17).

Par exemple, la productivité commerciale (SPE) passe en moyenne de 1,796 (3 ans avant) à 1,194 (5 ans après). Les résultats issus du test statistique Z de Wilcoxon (grâce notamment au test de significativité) indiquent que l’augmentation de la performance des diverses entreprises privatisées en termes de productivité est significative. Enfin, la proportion d’entreprises ayant le signe d’évolution attendu (i.e. amélioration de la rentabilité) est de 100%.

Cette analyse, cependant, présente des limites déjà évoquées plus haut, nous avons alors adopter toujours la deuxième approche consistant à découper en deux sous-périodes l’analyse et a comparer les différences de moyennes et de médianes des ratios des entreprises privatisées pour les périodes avant les privatisations (t = -3 à 0) et après les privatisations (t = 0 à +5). Toutefois, pour pouvoir attribuer l’évolution constatée à la privatisation, il faut que le ratio soit significatif sur la période 0/+ 5.

5.3.2 Analyse de l’effet de la privatisation sur les différents indicateurs de productivité (t = -3 à 0 et t=0 à +5)

Il s’agit maintenant de tester l’effet de la privatisation sur nos deux indicateurs de productivité sur une période de neuf ans découpées en deux sous-périodes (t = -3 à 0 et t = 0 à +5). Ceci dans le but de savoir si l’effet de la privatisation a été plus forte et significative dans la période post privatisation et de conclure sur une amélioration de la productivité attribuée à la gestion privée.

Tableau 18 : Comparaison de la productivité des entreprises publiques trois ans avant et au moment de leur privatisation(t = -3 à 0, variante 2)

Comparaison de la productivité des entreprises publiques trois ans avant et au moment de leur privatisation

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

** Test rejetant l’hypothèse nulle d’absence de différence de médiane au seuil de 5%.

Tableau 19 : Comparaison de la productivité des entreprises publiques au moment de leur privatisation et cinq ans après leur privatisation (t = 0 à +5, variante 2)

Comparaison de la productivité des entreprises publiques au moment de     leur privatisation et cinq ans après leur privatisation

Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI

*** Test rejetant l’hypothèse nulle d’absence de différence de médiane au seuil de 1%.

En comparant les ratios calculés trois ans avant la privatisation avec ceux de l’année de l’évènement (tableau 18), nous trouvons une hausse dans les moyennes ainsi que dans les médianes des ratios de productivité.

On observe les mêmes tendances (tableau 19), lorsqu’on compare les ratios calculés l’année de la privatisation avec ceux calculés cinq ans après. Ces résultats sont en partie conformes aux résultats obtenus lors de la comparaison des mêmes ratios trois ans avant et cinq ans après la privatisation.

L’examen des tableaux 18 et 19 montre que l’amélioration des indicateurs de performance est plus forte et significative pour la période postérieure à la privatisation (t = 0 à +5). Cela justifie la meilleure performance de la gestion privée par rapport à celle du public.

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