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5.10.4 L’art (délicat) de partir ou de rester

Un autre héros national n‘imagine pas que les évènements qui ont démarré le 25 janvier 2011 et qui ont fait de la place Tahrir, où des milliers d‘Egyptiens se rassemblaient quotidiennement pour exiger son départ, seront le cimetière politique de Moubarak. Outre son ministre de l‘Intérieur qui aurait minimisé l‘ampleur de la révolte à ses débuts, la fin de son règne, Hosni Moubarak la doit, semble-t-il, à celui qui devait être son héritier à la présidence. Gamal, le fils cadet, a eu également une mauvaise lecture des aspirations de la rue.

Il serait à l‘origine de la modification du discours enregistré de son père diffusé le 10 février 2011. Moubarak prône la fermeté, se raccroche au pouvoir alors que ses compatriotes et ses alliés attendent sa démission. « Tu as pourri le pays quand tu as ouvert la voie à tes copains (des milieux d‟affaires) et voici le résultat. Au lieu que ton père soit honoré à la fin de sa vie, tu as oeuvré pour salir son image », accuse l‘aîné Alaa, selon le journal Al Akhbar cité par Le Monde.

Les deux frères se disputent violemment après l‘enregistrement de l‘allocution de leur père, et leur mère, Suzanne Moubarak, s‘évanouira à deux reprises à cause de leur altercation. De son côté, Gamal aurait reproché à ses parents d‘avoir compromis son avenir dans le pays. Il semble néanmoins que l‘idée de quitter l‘Egypte n‘ait jamais effleuré la famille Moubarak bien qu‘elle ait mis ses avoirs à l‘abri. L‘exil est donc égyptien et il s‘appelle Charm-El-Cheikh.
Entre Moubarak et Ben Ali, Laurent Gbagbo est celui qui n‘a jamais tranché entre les conseils de ses collaborateurs et ceux de son entourage familial, notamment sa femme Simone Gbagbo. Pascal Affi N‘Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, et son ancien ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé sont de ceux qui auraient milité pour la reddition du chef de l‘Etat quelques jours avant sa chute. Alcide Djédjé avait entamé des négociations avec le camp adverse pour une sortie honorable de Laurent Gbagbo.

Ces deux hommes ont d‘ailleurs trouvé refuge auprès des forces françaises Licorne. L‘indécision de Laurent Gbagbo pourrait bien être à l‘origine de sa capture par les Forces républicaines de Côte d‘Ivoire, soutien militaire de son rival. Car a contrario de ses adversaires et de ses homologues tunisien et égyptien, l‘ancien président ivoirien avait anticipé la crise postélectorale qu‘allait connaître son pays : son discours avant les élections et les caches d‘armes découvertes en témoignent. Depuis le début de la crise le 2 décembre 2010, il a résisté de toutes ses forces à l‘installation de son successeur, Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de la présidentielle du 28 novembre dernier.

Laurent Gbagbo a contenu la pression financière imposée par l‘arrêt des activités de la Banque centrale des Etats de l‘Afrique de l‘Ouest (BECEAO) en Côte d‘Ivoire, réclamé le recomptage des voix, rejeté toutes les médiations et balayé les ultimatums d‘un revers de la main. Son acharnement est aussi celui de Simone, évangéliste, convaincue que son époux est “l‘élu de Dieu” pour la Côte d‘Ivoire et le résistant aux forces anticolonialistes françaises. En Terre d‘Eburnie, le peuple semble avoir grondé dans les urnes, peu dans les rues où les deux camps se sont livrés bataille militairement jusqu‘au 11 avril 2011, date de l‘arrestation de Laurent Gbagbo.

La présence militaire française intégrée dans la force de l‘ONU serait finalement venue à bout de Laurent Gbagbo. Ce jour-là, il s‘est rendu sans opposer aucune résistance. Aujourd‘hui détenu à Korhogo dans le Nord de la Côte d‘Ivoire, il n‘aurait le droit de parler que cinq minutes par semaine à son épouse également prisonnière dans un endroit différent. L‘ancien chef de l‘Etat serait inquiet pour sa mère et les siens arrêtés le même jour que lui.

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