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3.4. Les actions des rébellions sur le terrain

Dans un contexte historique où l’État en Afrique est perçu comme une réalité imposée aux populations ou surimposée à des structures endogènes jouissant encore d’une certaine légitimité, les dispositifs de sécurité restent fragiles. Les forces armées constituées au lendemain de l’indépendance, ne disposent pas d’équipements nécessaires ni de professionnalisme pour accomplir efficacement leur mission, laissant libre champ aux rebellions armées qui se constituent.

3.4.1. Les objectifs

En menant leurs actions, les rébellions armées cherchent à imposer leur loi dans les zones sous leur contrôle. Pour se montrer crédibles, elles tentent de mettre en place une branche politique, qui fait office d’interface avec le monde politique, prête à mener des missions de négociation avec le gouvernement central ou toutes missions de médiation. Sur place, elles se substituent à l’Etat, en nommant les autorités administratives locales, établissent des règles de bonne conduite. Pour gagner la confiance des populations, elles organisent des opérations de nettoyage pour des délits mineurs (vol, querelles…). Elles pourchassent, interpellent des bandits de grands chemins et les jugent au cours d’un procès public. Ces actions finissent par devenir grandissantes et humiliantes pour l’armée nationale qui ‘pour une raison quelconque n’a pas effectué une telle opération.

L’autre fait marquant qui fait contradiction avec la première action, une fois leurs actions déclenchées, les rebelles ont pour cibles, les infrastructures administratives se trouvant loin des centres urbains, zones difficiles d’accès. Ils s’attaquent aux villages, aux plantations, enrôlent de force les enfants dans leur rang pour en faire des combattants. Ils constituent des otages pour en faire des mains d’œuvre ou des esclaves sexuels, prennent de force les vivres dans les zones où ils opèrent. Ces groupes armés qui sont variés, vigiles – rebelles aux groupes rebelles actifs, en passant par des chasseurs traditionnels, sont généralement instables dans leurs motivations et leurs objectifs. L’étendue de leurs opérations change souvent d’un temps à un autre. Les rebellions armées ont tendance à s’éterniser afin d’avoir une part sur l’échiquier politique, n’hésitent pas à reprendre les hostilités au moindre désaccord apparu dans les négociations avec le pouvoir central(110).

3.4.2. Les modes d’action des rébellions

Dans la course à la conquête du terrain, les rebelles n’hésitent pas à infiltrer les milieux gouvernementaux, civils comme militaires. Des combattants, composés en majorité des ressortissants du village, de la commune ou de la région, collectent des informations sur les modes de vie des forces de sécurité gouvernementales fixées dans une localité donnée et, les transmettent au commandement de la rébellion. Le jour, ils sont rebelles, la nuit ils chefs de ménages. Cette stratégie conduit à des attaques perpétuelles contre les forces gouvernementales sur qui elles récupèrent des matériels militaires et roulants, détruisent les installations officielles des forces publiques, exécutent les éléments de forces gouvernementales.

Par manque de renseignements fiable, l’armée gouvernementale désemparée, se livre à une bataille aveugle parce qu’elle se croit être trahie, espionnée au profit de l’ennemi, par les populations qu’elle a la mission de protéger; d’où l’expression « on ne sait pas qui est qui ». La force acquise par la rébellion lui donne le pouvoir de faire de blocus sur une partie du pays ; cela prouve, que sa capacité de nuisance est puissante face aux forces gouvernementales qu’elle est prête à décimer. C’est une véritable guerre asymétrique qu’entretient la rébellion.

110- Une menace constante, les groupes armés en Afrique de l’Ouest. Small Arms Survey 2006 : Résumé du 10e chapitre. www.smallarmssurvey.org/Small-Arms-Survey-2006-Ch10

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