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3. La théorie psycholinguistique textuelle

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«On peut définir la psycholinguistique comme l’étude expérimentale des processus
psychologiques par lesquels un sujet humain acquiert et met en oeuvre le système
d’une langue naturelle ».(1)

Par cette définition de CARON J., on peut comprendre le rapport étroit qui existe
entre la psychologie et la langue. En effet, la psycholinguistique, en plus des éléments
linguistiques et extralinguistiques, rend compte des éléments psychologiques relatifs
aux actes de paroles, écrits et oraux.

En d’autres termes, la psycholinguistique tâche d’interpréter les usages
linguistiques en se référant à l’aspect psychologique de l’énonciateur. Dans notre
étude, nous nous focalisons essentiellement, sur la progression logique et thématique
dans une chaine parlée ; c’est-à-dire sur la connexion et les connecteurs.

Les connecteurs ont fait l’objet d’étude de plusieurs approches avec plusieurs
méthodes, telle la logique(2) et la linguistique(3), ce n’est qu’aux années 1980 que s’est
développé la recherche psycholinguistique avec les travaux de Townsend (1983),
Tomeh et Verdret (1987), Caron (1988)(4)

Si dans la grammaire traditionnelle le mot « connecteurs » renvoie aux mots de
liaison, qui joignent les unités inter et intra phrastiques, la psycholinguistique ne
s’arrête pas à cette signification. En effet, M. Favart et J.-M. Passerault affirment que
les fonctions des connecteurs ne se limitent pas au simple fait de lier les énoncés ; ils
ont un rôle plus étendu :

« […] le rôle des connecteurs, trop souvent restreint à la seule mise en relation, ne se
limite pas à cette simple fonction. »(5).

M. Favart et J.-M. Passerault(6), en se basant sur la définition de Fayol et Abdi et en
s’inspirant de la classification d’Halliday et Hasan, dégagent une typologie des
connecteurs, qui est la suivante :

+ Le connecteur « et ».
+ Les connecteurs chronologiques et temporels.
+ Le connecteur « mais ».
+ Les connecteurs causaux.
+ Les connecteurs de but.
+ Les marqueurs d’intégration linéaire.
+ Le connecteur « et » :

D’après ces mêmes auteurs, le connecteur « et » est le premier à apparaitre dans le
langage enfantin, il est le connecteur commun entre toutes les langues et le plus usité à
l’oral.

Le « et » est tellement ambigu qu’il peut être utilisé à la place de différents
connecteurs, et pour exprimer diverses relations sémantiques. Un désaccord autour de
ce connecteur, crée une grande polémique sur sa fonction, mais la majorité s’accordent
à dire que le « et » a une fonction de coordination additive.

Parmi les rapports qui sont confondus avec le rapport exprimé par le « et » on trouve :

– La relation temporelle (puis).

– Les relations de causalité (donc, parce que).

– La relation adversative (mais).

+ Le connecteur « mais » :

La fonction du « mais » est adversative(7), c’est-à-dire qu’il introduit une information
« qui surprend le lecteur par rapport au déroulement attendu des évènements […]
Marquant une rupture dans le continuum événementiel du texte, MAIS est un
connecteur de choix pour signaler la survenue d’un obstacle statique tel que la
compilation du récit.» (8)

Lorsque le connecteur « mais » lie deux propositions, il fait d’elles des
composantes indissociables les unes des autres.

+ Les connecteurs chronologiques :

Ce sont des outils qui marquent, dans un texte, le passage d’un propos à un autre,
d’une séquence à une autre, d’un événement à un autre. Ils sont souvent placés entre
deux énoncés introduisant une relation chronologique. Parmi les connecteurs
chronologiques M. Favart et J.-M. Passerault évoquent : « puis »,
« après », « ensuite ». Ces connecteurs, d’après eux, isolent complètement les
séquences précédentes de celles qui les précédent.

+ Les connecteurs temporels :
Ils sont divisés en deux catégories :(9)

– Les rupteurs : « soudain », « tout-à-coup », marquent une cassure dans
l’enchaînement des évènements

– Les à-chroniques : « quand », « lorsque », « pendant que », indiquent une
simultanéité des actions.

+ Le connecteur « alors »:

Il introduit une nuance d’emphase et thématise la position qui le suit il est comme
« et » multifonctionnel, c’est-à-dire que, dans un récit, il peut avoir une valeur causale.
Comme « soudain » et « tout-à-coup », il introduit aussi une rupture forte dans la
continuité.

+ Les connecteurs causaux :

« Car » et « parce que », introduisent la cause, et souvent utilisés dans le récit, et
de manière plus forte dans l’argumentation.

+ Les connecteurs de but :

Monique Favart et Jean-Michel Passerault, classent les connecteurs de but dans le
cadre hiérarchique du texte procédural1.Le but est introduit par « pour » et « afin de ».

+ Les marques d’intégration linéaire :

Ils ont le rôle de marquer la linéarité et l’organisation d’un texte, parmi eux on
distingue :

– Les marques spatiales : « d’une part…d’autre part », « d’un côté…de l’autre ».

– Les marques temporelles : « dans un premier temps », « dans un second temps »

– Les marques additives : « d’abord,…puis,…ensuite,…enfin ».

1 CARON J., Précis de psycholinguistique, PUF, Paris, 1997, page 13.
2 Parmi ses partisans on citera : Grize, 1982; Gerbiers et Icart-Seguy, 1987.
3 Parmi ses précurseurs en citera : Halliday et Hassan, 1976; Ducrot, 1980, 1983 ; Ducrot, Bourcier, Bruxelles
et Dillier, 1980 ; Moeschler, 1983,1989, 1992; Charolles, 1985.
4 FAVART M., PASSERAULT J.-M., Aspect textuel du fonctionnement et du développement des connecteurs :
approche en production, l’année psychologique, 1999, Page 150.
5 CARON J., déjà cité, page 149.
6 Ibid., page 150.
7 Classification de Halliday et Hasan, 1976.
8 FAVART M., PASSERAULT J.-M., déjà cité, Page 151.
9 Ibid., page 150.

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