Institut numerique

2) Les demandes

La demande est un acte de langage directif. Le locuteur fait une demande dans le but que son interlocuteur la comprenne et réalise l’action qui en découle, ce qui indiquera que l’auditeur a pris en compte les intentions communicatives du locuteur à son égard. Searle et Vanderveken (1985) apparentent ainsi la demande à un acte social, car le locuteur l’utilise afin de faire réaliser l’action qu’il désire à son auditeur.

Bernicot (1992) distingue les demandes directes et le demandes indirectes. Les demandes directes expriment explicitement ce que désire le locuteur. Celui-ci signifie clairement ce qu’il veut à son auditeur. Dans les demandes indirectes, la forme de l’énoncé est détournée par rapport à sa signification dans la demande, c’est-à-dire que la composante locutoire ne correspond pas à la forme illocutoire. Elle estime que la compréhension des demandes indirectes existe à partir de 5 ans.

Bernicot et Legros (1987) relèvent l’importance des éléments textuels (forme linguistique, contenu) et contextuels (comme la relation existante entre les deux interlocuteurs) dans la compréhension des demandes. C’est ainsi qu’une demande indirecte pourra être interprétée en tant que demande directe lorsque ses caractéristiques linguistiques seront trop stéréotypées (Exemple : « Est-ce que vous avez des mouchoirs ? »). Une fois considérée comme une demande conventionnelle par l’auditeur, elle sera traitée comme une demande, sans influence du contexte. Quant aux demandes non conventionnelles, c’est-à-dire considérées comme indirectes, l’interprétation en tant que demande ou non se décidera par rapport au contexte dans lequel l’énoncé est produit.

Dardier nous précise que pour Grice (1979) et Searle (1979), les énoncés indirects, de par le décalage de leurs composantes locutoires et illocutoires, impliquent un processus de traitements inférentiels plus sophistiqués que pour les énoncés directs.

Selon Searle (1979), l’interprétation du langage non littéral, c’est-à-dire indirect, s’effectue par trois étapes consécutives : l’interprétation des données littérales (textuelles), l’analyse du contexte et l’évaluation de la pertinence de l’ensemble. L’individu réalise une inférence pour rechercher le sens non littéral de l’énoncé, lorsqu’il juge sa première interprétation comme non pertinente.

Gibbs (1979), en désaccord avec Searle, affirme que le traitement littéral n’est pas toujours nécessaire dans la compréhension du langage non littéral, lorsque les indices contextuels sont suffisants à la compréhension. Il en conclut que le sens illocutoire d’un énoncé peut être compris plus rapidement que son sens locutoire lorsqu’il se situe dans le contexte adéquat.

Bernicot et Legros (1987) démontrent dans une étude réalisée auprès d’enfants de trois à six ans que lorsque le contexte est suffisant, il est privilégié pour la compréhension des énoncés. Lorsqu’il est ambigu, se sont les indices textuels qui priment.

Page suivante : VI. Méthodologie

Retour au menu : VALIDATION QUALITATIVE DU TOPL-2