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1-3-REVUE DES TRAVAUX

La lutte contre le tabagisme à travers le présent projet éducatif en faveur des élèves fumeurs, vise à obtenir l’arrêt du tabagisme chez lesdits élèves. Ainsi, plusieurs auteurs se sont investis dans la recherche de solutions à ce phénomène. Il s’agit de travaux théoriques portant sur l’intervention environnementale, sur la thérapie médicale, et de travaux portant sur la thérapie cognitivo-comportementale ou psycho-thérapie qui se déclinent en travaux théoriques et empiriques.

L’intervention de l’environnement comme solution à l’arrêt du tabagisme est au cœur des travaux de RAW (1987). Pour cet auteur, les campagnes médiatiques des ONG, la législation interdisant de fumer en milieu scolaire, les politiques fiscales d’augmentation du prix de la cigarette, l’interdiction de la vente de cigarette aux jeunes… sont les éléments de l’environnement qui ont des répercussions positives sur l’arrêt du tabagisme chez les jeunes. Ces restrictions conduisent les jeunes qui perçoivent la conduite tabagique comme socialement normale, à savoir qu’elle est défendue par la société. Ce qui les amène à arrêter de fumer. Aussi la pression de la famille et des pairs non-fumeurs concoure-t-elle à permettre au jeune d’abandonner la cigarette.

L’influence de la famille est positive dans l’arrêt du tabac, en ce qu’elle exerce le premier contrôle social sur le jeune fumeur. Ainsi, les jeunes venant de foyers où aucun adulte ne fume et où les parents désapprouveraient cela, sont moins enclins à devenir fumeurs. Les jeunes fumeurs ayant des amis non-fumeurs, il convient pour RAW (op.cit.) de renforcer leur capacité à exercer la pression sociale de l’abandon de la cigarette sur leurs copains fumeurs. S’il est vrai que les facteurs sociaux ci-dessus évoqués favorisent l’arrêt du tabagisme, il n’en demeure pas moins qu’il existe des traitements médicaux.

Au nombre des traitements médicaux, figurent les travaux de PERRIOT (2007). Ainsi, en consultation initiale il conseille aux acteurs sanitaires après l’identification de l’élève fumeur et son accord pour le sevrage, de commencer par recueillir l’histoire du tabagisme du patient (ancienneté, tentative d’arrêt, existence de maladies associées au tabagisme etc.). Il faut après cela, évaluer la situation tabagique avec les tests appropriés par l’évaluation de la dépendance (test de FAGESTRÖM), de la motivation, de l’état anxio-dépressif (test de HAD).

Ces informations permettent alors de débuter la prise en charge du sevrage avec les Traitements Nicotiniques de Substitution (TNS). Le médecin généraliste peut alors opter pour une stratégie de réduction quotidienne de la consommation de la cigarette jusqu’à un arrêt complet.

Si la réduction n’a pas été obtenue après six semaines de traitement, il convient de prendre conseil auprès d’un spécialiste du sevrage (Tabacologue, pneumologue etc.). Dans le cas d’une tentative d’arrêt complet, si au-delà de neuf mois la tentative d’arrêt échoue (cas d’élèves fumeurs fortement dépendants, c’est-à-dire ceux dont le test de FAGESTRÖM est supérieur à 7, ou d’élèves fumeurs à échecs répétés) recours doit être fait au spécialiste du sevrage.

Les travaux sus-mentionnés, sont d’un apport dans la prise en charge des élèves fumeurs. En effet, selon l’Educateur Spécialisé de la croix bleue Côte d’Ivoire, les TNS sont des facilitateurs de l’arrêt du tabagisme. Toutefois, leurs limites peuvent tenir à un détournement de l’usage des médicaments prescrits par le médecin (augmentation de la dose par exemple par le fumeur pour rechercher d’autres effets), ce qui pourrait accentuer sa dépendance au lieu de la diminuer. Ils peuvent également s’avérer limités en raison de l’insuffisance de la préparation psychologique du fumeur pendant la pré-cure. Le succès du traitement médical est donc fonction de la volonté de l’élève fumeur d’arrêter la cigarette ; volonté qui peut être stimulée par la thérapie cognitivocomportementale dans laquelle s’inscrit la présente étude. Le choix de cette thérapie se justifie par le fait que le rôle de l’éducateur spécialisé, est de modifier le comportement des élèves fumeurs en vue de l’arrêt du tabagisme.

S’agissant de la thérapie cognitivo-comportementale, référence peut être faite aux travaux théoriques de AUBIN et al. (2000). Pour eux, le programme de thérapie cognitivo-comportementale doit être mis en œuvre par le thérapeute progressivement. Pour ce faire, ce dernier doit effectuer un travail préparatoire à la date de l’arrêt. Il s’agit de faire le bilan du fumeur à un double niveau physiologique (test de dépendance nicotinique) et psychologique (motivation à l’arrêt, mise en confiance du sujet dans sa capacité d’auto-contrôle, face aux facteurs déclenchant le comportement fumeur, recherche de comorbidités psychiatrique et addictive). Le thérapeute peut procéder par la suite, à un apprentissage progressif ensemble avec le fumeur de la gestion de l’envie de fumer. Ce travail porte sur l’axe cognitif-émotionnel du fumeur, pour obtenir une abstinence dans une perspective de détente émotionnelle évitant la violence du sevrage. Il organise en plus de cela, le soutien des proches du fumeur et les temps libres de ce dernier afin qu’il évite les situations récidivantes.

De ces travaux, l’on peut retenir qu’autant la dépendance tabagique est la résultante d’un apprentissage, le maintien de l’abstinence tabagique requiert pareillement un apprentissage, facilité par des stratégies cognitives et comportementales de gestion des situations à haut risque par le thérapeute.

Bien que ces travaux renseignent sur les actes à accomplir dans la prise en charge cognitivo-comportementale du fumeur, ils présentent une insuffisance. En effet, ils manquent de faire l’expérience pratique avec des groupes de fumeurs. Cela est comblé par certains travaux empiriques sur la question. Il s’agit des travaux réalisés par SISSOKO (2008), et NIABA (2010).

Pour freiner la consommation de cigarette chez les élèves, SISSOKO (op.cit) a effectué la prise en charge de cinq élèves du Lycée Moderne d’Anyama (commune du district d’Abidjan). Cette prise en charge comportait trois types d’activité à savoir : les commentaires d’images sur les maladies liées au tabagisme, les causeries relatives au rôle destructeur de la nicotine, et les micro-enseignements relatifs à l’impact du tabac sur les conditions de vie des élèves. Cela a permis aux élèves d’identifier eux-mêmes les maladies causées par la cigarette, et de déterminer l’impact du tabac sur leurs conditions de vie. Au terme de son projet, SISSOKO (op.cit) a pu percevoir chez les élèves fumeurs une motivation à cesser de fumer : l’un présentait une forte motivation tandis que les quatre autres étaient moyennement motivés. Elle a pu noter chez eux une réduction constante de la dépendance physique et psychique à la cigarette. L’auteur en a déduit que les jeunes pouvaient diminuer leur consommation de cigarette et parvenir à arrêter de fumer, étant désormais informés et sensibilisés sur les dangers du tabac.

Quant aux travaux de NIABA (op.cit.), ils ont été effectués avec un groupe de 06 élèves fumeurs au Lycée Moderne 2 d’Attécoubé (commune du district d’Abidjan). Ce projet était axé sur l’hypothèse selon laquelle, les activités de communication contribuent à la lutte contre le tabagisme en milieu scolaire. Pour vérifier cette hypothèse, l’auteur a eu recours à un exposé sur la connaissance du tabagisme, à des causeries sur les dangers liés à la consommation du tabac et au renforcement des capacités des élèves en qualité de pairs éducateurs. A terme, l’auteur a observé chez les élèves l’acquisition de connaissances relatives au tabagisme. Ils ont pu expliquer les dangers liés à la consommation du tabac, et ont pris conscience des méfaits du tabagisme en se résolvant à cesser de fumer la cigarette. In fine, ils se sont érigés en pairs éducateurs pour servir de modèles à suivre par les élèves fumeurs.

Comme on peut le constater, les projets de SISSOKO et de NIABA (op.cit) se rejoignent en ce qu’ils visaient à permettre aux élèves fumeurs de mettre un terme à la cigarette. Mais ils divergent au niveau des stratégies utilisées pour y parvenir, dans la mesure où SISSOKO a eu recours à une prise en charge psychoéducative, alors que NIABA a fait usage d’activités de communication. Aussi nos deux prédécesseurs ontelles ignoré de mettre en exergue l’impact du tabagisme sur le rendement scolaire.

Une autre approche de la thérapie cognitivo-comportementale selon TREMBLAY et BEN (2007) constitue le counseling qui peut être individuel, téléphonique, ou de groupe. Cette technique consiste à permettre au fumeur par des échanges lors de rencontres avec les services sociaux, d’amorcer sa réflexion sur une démarche de renoncement au tabac. Selon FIORE et al. (2000), le taux d’abandon par exemple à au moins 5 mois de l’intervention de counseling de plus de 10 minutes du clinicien, entraîne un taux de cessation tabagique de 21,1% à un intervalle de confiance de 95%. Ainsi, plus la discussion avec le fumeur est personnalisée, et l’intervention est de longue durée, plus l’efficacité de l’intervention augmente. L’efficacité du counseling est démontrée par STEAD et al. cités par TREMBLAY et BEN (op.cit.). Pour ces auteurs, les fumeurs qui reçoivent l’aide téléphonique augmentent de 50% environ leur chance de cesser de fumer. Quant aux counseling de groupe, il est deux fois efficace que le counseling individuel selon les travaux de STEAD et LANCASTER cités par TREMBLAY et BEN (op.cit.).

La présente étude se situe dans le prolongement des deux derniers travaux de SISSOKO et NIABA (op.cit.), car nous agissons tous en vue de changer le comportement des élèves vis-à-vis de la cigarette.

Mais, elle se rapproche plus particulièrement de celle de SISSOKO (op.cit.) du point de vue de la stratégie utilisée, bien qu’il y ait des différences au niveau des activités. Aussi sa différence fondamentale est qu’elle met un accent particulier sur la relation entre la consommation du tabac et la baisse du rendement scolaire, pour une prise de conscience rapide des élèves fumeurs des dangers de leur comportement sur ledit rendement. D’ailleurs, la relation consommation du tabac et baisse du rendement scolaire était au cœur du message du PNLTA à la télévision nationale de Côte d’Ivoire, (GBLA, 2012). Cette relation était également au centre du message de la Ministre de la santé de Côte d’Ivoire, à l’endroit des élèves lors de la célébration officielle de la journée mondiale sans tabac tenue à l’aéroport international Félix Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire le 08 juin 2012.

Le présent projet éducatif utilise alors les activités psychoéducatives, comme stratégie de lutte contre le tabagisme en milieu scolaire. Cette étude vise à terme à amener les élèves fumeurs à arrêter le tabagisme.

Il s’en dégage, une hypothèse générale assortie d’hypothèses opérationnelles susceptibles d’être vérifiées à travers un microenseignement sur le tabagisme, une projection de film sur les conséquences du tabagisme en milieu scolaire et un entretien sur les méthodes d’arrêt de la cigarette.

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