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SECTION II : ANALYSES DES RESULTATS D’ESTIMATION ET SUGGESTIONS

Non classé

PARAGRAPHE I : PRESENTATIONS ET ANALYSES DES RESULTATS

A-Présentations des résultats

I- Résultats des tests préliminaires

a-Test de stationnarité

Les résultats des tests de racine unitaire sont présentés dans le tableau ci après.

Tableau N° 1 : Résultats des tests de stationnarité en panel de l’IPS

Tableau Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 1

Source : réalisé à partir des résultats obtenus sous Ewies 5.1

NB : Nous faisons l’hypothèse d’un modèle avec une constante et trend.

La règle de décision veut qu’on rejette l’hypothèse H0 (toutes les séries sont
non stationnaires) si p-values sont inferieures à 5%.

Les résultats de ce test montrent que la quasi-totalité des variables sont
stationnaires en niveau (seules les variables TCR, TE, FF ne le sont pas) ; par contre
elles sont tous stationnaires en différence première. Ainsi, on peut avancer que dans
une relation d’équilibre de long terme, entre le TCR et ses fondamentaux, il est
requis que ces variables ne doivent pas s’éloigner l’une par rapport à l’autre.

b- Résultats des tests de spécifications

b- 1-Test de Fisher : sur modèle à effet fixe

Le test de Fisher effectué sur le modèle à effet fixe nous montre ce résultat :

F test that all u_i=0: F(7, 144) = 4.34 Prob > F = 0.14502

En utilisant la table de fisher, on retrouve un seuil de 1.94 ; car (n-1) = 19 et
(T-n-k) = 144. F*> F(lu) ; car 4.34 > 1.94 et donc, l’on accepte l’hypothèse d’absence
d’effet fixe. De même son p-valeur est > à 5% (0.1450 > 0.05), ceci vient confirmer
l’hypothèse d’absence d’effets fixes.

b-2- Test de Breusch and Pagan

Ce test réalisé sur le modèle à effets aléatoires donne le résultat ci après :

Résultat sorti du logiciel :

Chi2(1) = 13.02
Prob > chi2 = 0.0003

Si la p-value associée au test vaut 0, on accepte l’hypothèse H1 de présence
d’effets aléatoires. Dans ce cas, p-value = 0 (0.0003) ; alors, on accepte
l’hypothèse de présence d’effets aléatoires.

Conclusion des tests de spécification : le modèle à effets aléatoires
semble être le plus adéquat pour expliquer le TCR par ses fondamentaux d’après le
modèle de NATREX.

B – Présentations et analyses des différentes estimations

I- Estimation de la relation de long terme du TCR

a- Résultat de l’estimation de long terme

La relation du TCR avec ses déterminants a été effectuée par MCG du
modèle à effets aléatoires et peut se réécrire sous la forme :

Formule Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 6

La statistique de Wald qui suit une loi de Chi2, permet de tester la
significativité globale de la régression. La p-valeur est < 5% [ Prob > chi2= 0.0000];
ceci étant, l’on accepte que le modèle est globalement significatif. Les variables
explicatives du modèle expliquent à 60% la dynamique du TCR toute chose égale
par ailleurs (confère tableau 1 ; annexe I).

b-Analyses des résultats du modèle à effets aléatoires

Les résultats suggèrent que la part de la variabilité inter-individuelle du TCR
expliquée par ses fondamentaux est de 60% (R2 Between) ; par contre la contribution
des effets aléatoires par pays au modèle du TCR est de 24% (R2 Within). Par
ailleurs, cette estimation montre que, le TCR est influencé par les variables du
modèle à l’exception de la préférence pour le présent car les probabilités (p-valeurs)
qui leur sont associées sont toutes < à 5%.

o TCR et effet Balassa-Samuelson

Nos estimations montrent que la croissance de la productivité a une incidence
positive sur l’appréciation du TCR dans l’espace UEMOA. En effet, une
augmentation de 10% du taux de croissance de la productivité génère toute chose
égale par ailleurs à une appréciation du TCR à l’ordre de 0.1%. Ce qui correspond à
une perte de compétitivité de l’UEMOA à hauteur de 0.1%. Le canal par lequel la
croissance de la productivité affecte le TCR peut être appréhendé par le schéma
suivant : à la suite de la création de la richesse supplémentaire au sein de la zone
(croissance de la productivité), les agents économiques sont plus incités à
consommer les biens importés (demande d’importation qui dépend positivement du
revenu) ; lesquels sont issus du secteur des biens échangeables à prix relativement
faible par rapport à ceux du secteur des biens non échangeables. De ce fait, l’on
observe que la productivité du secteur des biens échangeables tend à croître plus
rapidement que celle du secteur des biens non échangeables. Cet écart génère une
appréciation du TCR telle que le prédit la théorie de l’effet Balassa-Samuelson.

S’il est vrai que l’incidence de l’effet Balassa-Samuelson sur l’appréciation dans
cette étude est très faible (voir insignifiant), les résultats de cette étude corroborent
ceux trouvés par B. Sène, (2005). Toutefois, ce résultat confirme l’idée selon laquelle
les fondamentaux internes concourent à expliquer le niveau de distorsion du TCR
courant. Par ailleurs, si l’incidence de l’effet Balassa est faible, cela peut s’expliquer
d’une part par la faiblesse du taux de croissance de l’économie de l’UEMOA et
d’autre part par la structure de la consommation (dépense plus orientée aux biens
d’importations échangeables très compétitives par rapport aux biens issus du secteur
protégé). Ces deux facteurs méritent une attention particulière dans la résorption de
cette appréciation du TCR synonyme de perte de compétitivité.

o TCR et Balance courante cumulée

La position extérieure nette de la zone UEMOA à travers le solde de la balance
courante cumulée affecte négativement le TCR. L’on retient que la balance courante
cumulée contribue à déprécier le TCR. En effet, un accroissement du déficit du solde
de la balance courante de 10%, engendre une dépréciation du TCR à l’ordre de
0.4%. Ce qui correspond à une amélioration de la compétitivité de 0.4% toute chose
égale par ailleurs. Ce résultat vient confirmer une fois de plus, l’idée de Borowski et
Couharde, (2000) selon laquelle « plus une économie a accumulé de déficit dans le
passé à cause de son niveau d’endettement, plus sa PEN est faible, plus son TCR
est déprécié ». Toutefois, remarquons qu’il y a un paradoxe dans la relation
existante entre le solde de la balance courante cumulée et la dépréciation du TCR.

Alors que la prédilection du modèle nous renseigne d’une dépréciation du TCR voire
un gain de compétitivité suite à un accroissement du déficit de la balance courante
cumulée, il est évident de constater que l’UEMOA est soumise à une perte de
compétitivité et donc une appréciation du TCR. Une tentative d’explication de ce
paradoxe peut être justifiée par les diverses mesures d’allègements de la dette
(Initiative PPTE etc…) ; dont les économies ont bénéficié au cours de ces dix
dernières années (depuis 1996). En effet, si les ressources supplémentaires
générées par les différents programmes d’allègement sont orientées vers les biens
d’importation (biens échangeables à prix relativement faible par rapport aux biens
protégés), on aboutit de toute évidence à une appréciation du TCR et donc une perte
de compétitivité. Ce résultat nous ramène encore à la problématique de la structure
de la consommation énoncée plus haut. En somme, sans pour autant infirmer la
théorie, retenons que l’accroissement du déficit de la position extérieure nette de la
zone impacte son TCR.

o TCR et Flux financiers extérieurs

Cette étude a révélé que les Flux financiers extérieurs à travers l’afflux des IDE
et des APD contribuent à apprécier le TCR de l’ordre de 1.4% suite à une hausse
des flux extérieurs de 20%. Dans ce cas, cet afflux engendre une perte de
compétitivité de l’UEMOA à hauteur de 1.4 % toute chose égale par ailleurs.

Le vecteur de transmission de l’impact des flux financiers sur l’appréciation du
TCR se résume de la façon suivante. Quand les flux financiers extérieurs
augmentent durablement, ils engendrent dans un premier temps une augmentation
de la demande de monnaie locale. Ce qui s’accompagne par une élévation du prix
des biens non échangeables et des salaires, qui renchérissent à leur tour le coût de
production des biens échangeables. D’où la tendance à une appréciation du TCR.

Ce résultat vient confirmer les critiques faites aux flux financiers extérieurs selon
lesquelles « les ressources externes (APD et IDE) auraient pour conséquence
fâcheuse de renchérir les biens du système productif local par élévation du prix des
biens non échangeables et des salaires qui renchériraient alors le coût de production
des biens échangeables ». Ceci vient ainsi corroborer la thèse du syndrome
Hollandais ou la maladie hollandaise qui stipule que l’abondance relative de
ressource dans une économie, engendre parfois un fléchissement de la croissance
économique. Si l’essentiel des FF (notamment les APD) sont constitués en réserves
banque centrale, il n’y a aucune raison qu’elle entraîne une appréciation du TCR.

Une telle appréciation dépend de la capacité des flux financiers à améliorer la
productivité dans le secteur des biens non échangeables. A cet effet, il y a nécessité
de se soucier de la manière d’éviter que les FF entraînent une surévaluation des
TCR d’autant plus que cette dernière est source de perte de compétitivité et parfois
de crises de change dans les PED .

o TCR et les termes de l’échange

Les TE sont considérés comme étant l’un des déterminants principaux du
TCR. Cette étude a révélé que cette variable a une incidence significative dans la
distorsion du TCR. En effet, à la suite d’une amélioration des TE de l’ordre de 10%,
le TCR se déprécie à hauteur de 7% toute chose égale par ailleurs. Ou encore, il est
possible de dire que dès lors que les TE vont se détériorés de 10%, le TCR
s’apprécierait de 7 %. Ce qui correspond ainsi à une perte de compétitivité à hauteur
de 7%. Ce résultat corrobore la situation que vivent les pays de l’UEMOA au regard
de l’évolution de ses TE. En effet, les termes de l’échange, de l’UEMOA ont connu
une détérioration sur la période d’étude. Cette détérioration persistante des TE peut
s’expliquer par la structure de l’économie de la zone. La zone est fortement tributaire
du commerce des matières premières exportées (phosphate, du café, du cacao ou
du coton) qui subissent la loi du commerce international. Cette situation est à mettre
à l’actif de la qualité de la spécialisation et de la diversification des économies.

o Effets de la politique monétaire et du développement financier

Même si l’effet de la politique monétaire sur l’appréciation du TCR est faible,
cette étude a révélé l’importance du différentiel entre la croissance de la masse
monétaire et celle du PIB de l’année antérieure dans l’appréhension des
phénomènes de distorsion du TCR. En effet, l’on note qu’un excès de 10% de la
croissance de la masse monétaire en circulation par rapport à celle du PIB au cours
de l’année précédente, engendre une appréciation du TCR à hauteur de 0.01% et
par ricochet une perte de compétitivité. Remarquons qu’à la suite d’une croissance
de la masse monétaire plus rapide que celle de la demande de monnaie, l’on aboutit
à un accroissement de la demande de biens échangeables (car les prix des biens
issus du secteur exposé baissent relativement à ceux du secteur protégé). Ce qui
tend à apprécier le TCR et parfois crée des pressions à la surévaluation réelle de la
monnaie.

Par ailleurs, cette étude a montré que le niveau du développement financier
affecte la distorsion du TCR. En effet, à la suite d’une amélioration du niveau de
développement financier à hauteur de 10%, le TCR se déprécie à l’ordre de 3,3%.
Ce qui constitue une amélioration de la compétitivité de l’économie. Toutefois, il est
possible que ce développement financier génère une appréciation du TCR par le
canal d’une instabilité financière. Ceci fait penser à un seuil au-delà duquel, le
développement financier émousserait la compétitivité d’une économie.

Sur ce, l’on ne saurait réfuter la thèse de Baldwin et Krugman, (1989) selon
laquelle « la politique économique menée peut influencer la trajectoire du TCR ». De
même, ce résultat vient confirmer celui réalisé par Yougbare, (2009). Au regard de
cet enseignement, une attention particulière doit être portée sur la promotion de la
compétitivité par le canal de la politique monétaire sous peine d’émousser la
réalisation des performances de l’espace.

Notons tout de même que l’analyse des effets croisés notamment entre le
développement financier et le comportement d’épargne à travers l’indicateur PP de
l’UEMOA nous permet de soutenir l’idée d’existence d’une relation positive entre ces
agrégats. En effet, lorsque le niveau de développement financier s’améliore, la
préférence pour le présent de l’UEMOA augmentera. Ce qui engendrerait une
appréciation du TCR toute chose égale par ailleurs.

II- Estimation du taux de change réel d’équilibre

a-Présentation du résultat de l’estimation

Les différents tests de spécification réalisés sur ce modèle révèlent que le
modèle à effet fixe est plus robuste que celui à effet aléatoire [le test de Hausman
Prob = 0.0453 < à 5%]. Ainsi, l’on obtient l’équation estimée du taux de change réel
d’équilibre comme suit :

Formule Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 7

Les variables explicatives du modèle expliquent à 71% le taux de change réel
à l’équilibre toutes choses égales par ailleurs (Confère tableau 4 ; Annexe I).

b- Interprétation économique du modèle du TCR d’équilibre

Selon les résultats de l’estimation du taux de change d’équilibre, le TCR se
déprécie à l’équilibre suite à une hausse durable des flux financiers reçus au seuil
de 10%. Ainsi, dès que les flux financiers augmentent de 10%, l’on assiste à une
dépréciation du TCR de l’ordre de 10 %, toute chose égale par ailleurs. Nous
trouvons également que la politique monétaire, le développement financier et la
croissance de la productivité exercent un effet sur le taux de change réel d’équilibre
de l’UEMOA. A la suite d’un excès de la croissance de la masse monétaire par
rapport à celle du PIB de l’année antérieure, d’un accroissement du ratio crédit à
l’économie sur PIB et d’une hausse de l’effet Balassa de 10%, le TCR s’apprécie à
l’équilibre respectivement à hauteur de 0.07%, 2,6% et 0,3%. Cependant, il est à
noter qu’une accumulation du déficit de la balance courante à hauteur de 10% et une
amélioration des TE engendrent une dépréciation à l’équilibre du TCR à l’ordre de
0.4% et 0,7%.

III-Estimation des effets du mésalignement sur les fondamentaux du TCR

La distorsion est l’écart du TCR courant à son niveau d’équilibre rapporté à son
niveau d’équilibre. Les résultats sont consignés dans le tableau ci-après et les
valeurs des distorsions sont en pourcentage.

Tableau N°2 : Evolution du TCR courant et d’équilibre puis de leurs distorsions

Tableau Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 2

Source : réaliser à partir des résultats de l’estimation

Toutefois, les résultats consignés dans ce tableau méritent par ailleurs
quelque interprétation. En effet, durant la période d’étude, l’on retient qu’en 1995 la
distorsion du TCR est nulle. Ce qui stipule que le TCR courant correspond à son
niveau d’équilibre de long terme. De ce fait, l’on dira que la politique de change
adoptée a permis de ne générer ni une perte de compétitivité (surévaluation), ni un
gain de compétitivité (sous-évaluation). Ceci permet de conclure qu’en 1995 ; une
politique de change optimale est menée au sein de l’UEMOA. Ce résultat obtenu en
1995 pourrait être mis à l’actif de la dévaluation et des mesures correctives prises
en 1994, dont les effets ont été sentis un an après notamment du fait du délai
d’ajustement de l’économie.

En outre, une estimation du modèle de la distorsion est faite. L’objectif
poursuivi dans cette nouvelle régression est de pouvoir détecter les variables qui
accentuent plus le mesalignement du TCR qu’il soit une appréciation ou une
dépréciation. Ainsi, l’on pourrait en déduire une batterie d’indicateurs de vulnérabilité
à une crise de change spécifique au PED notamment l’UEMOA.

A cet égard les tests de spécification nous permettent de retenir le modèle à
effets aléatoires (Test de BP prob = 0.0052< 5%). Ainsi, cette régression donne le
résultat ci-après :

Formule Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 8

La statistique de Wald (p-valeur 0.0005 < 5%) permet de conclure que le
modèle du mésalignement est globalement significatif. Les variables explicatives du
modèle expliquent à 59% les distorsions du TCR expliquées par ses fondamentaux
(confère tableau 5 ; annexe I).

Au regard des résultats de cette estimation, l’on admet que la croissance de la
productivité, les flux financiers et la politique monétaire contribuent à accentuer la
distorsion du TCR en termes de d’appréciation au seuil de 5%. En revanche, il est à
noter que le développement financier, les termes de l’échange et la position
extérieure nette de l’UEMOA n’ont aucune incidence sur la persistance de la
distorsion. Par ailleurs l’analyse graphique de la dynamique de la distorsion nous
permettra de mettre en exergue la tendance de la distorsion avant et après
dévaluation. De façon globale, l’on pourra déduire si les phases d’appréciation du
TCR l’emportent sur celles de dépréciation tout au long de la période d’étude. La
conclusion nous permettra de confirmer ou d’infirmer la thèse de Hoarau (2006).

Graphique N° 6 : Evolution du mesalignement du TCR de l’UEMOA

Graphique Taux de change réel d’équilibre et évolution de ses fondamentaux dans l’UEMOA 6

Source : réalisé par l’auteur à partir des données de l’estimation (en moyenne pondérée)

de ce graphique nous renseigne sur le niveau de distorsion du
TCR de l’UEMOA. Pour rappel, l’on parlera de surévaluation lorsque le
mesalignement est positif. Par contre, il y aura sous-évaluation dès que la distorsion
est négative. Ainsi, ce graphique nous renseigne que :

1- de 1980 à 1992, nous constatons que le TCR est en période de sous évaluation
(M <0);
2- remarquons que de 1993 à 1995, le TCR a connu une phase de surévaluation (M
>0). Toutefois, dès 1995, la zone UEMOA a repris avec une sous -évaluation de
son TCR jusqu’en 1999 ;
3- de 1999 à 2003, l’on retrouve une nouvelle phase de surévaluation (M >0). Notons
que dès 2004 à 2008 la tendance à une sous-évaluation semble se confirmer.

De façon globale, il est aisé de constater que les phases de sous-évaluation
(synonyme de gain de compétitivité), dominent toute chose égale par ailleurs celles
de surévaluation (confère Tableau ci-dessus ; Σ M = -6.59 < 0 ; ce qui signifie une
sous-évaluation). Ce qui suppose que l’UEMOA est globalement en phase
d’amélioration de sa compétitivité sur la période d’étude. Ce qui n’est pas évident au
regard des performances économiques (surtout celle commerciale) de la zone. Ceci
fait penser à l’existence des contraintes structurelles pesantes sur les économies et
qui handicapent l’amélioration significative et dynamique de sa compétitivité.

Notons que, ce résultat nous permet d’infirmer la thèse de J-F Hoarau (2006)
selon laquelle, les changes fixes seraient propices à la surévaluation de leur TCR.

Toutefois, contrairement aux études antérieures qui surestiment le degré de
surévaluation du TCR, cette étude a révélé une distorsion modérée du TCR sur la
période d’étude [respectivement + 4.5% et – 4% au maximum de surévaluation et de
sous-évaluation]. Néanmoins, ce résultat doit être pris avec beaucoup de réserve.

En effet, l’estimation du mésalignement ne tient compte que de la distorsion
courante. Elle ne permet pas de prendre en compte les écarts possibles de ces
derniers par rapport à leur sentier de croissance potentielle ; ce qui évacue ainsi une
source non négligeable de déséquilibre.

Toutefois, la distorsion modérée du TCR que révèle cette étude peut être
imputée au mécanisme de contrôle de change instauré au sein de l’UEMOA au
lendemain de la dévaluation du Franc CFA. Ce qui a atténué le niveau de distorsion
par rapport aux études antérieures.

PARAGRAPHE II : EVIDENCE EMPIRIQUE DES RESULTATS ET SUGGESTIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

A- Pertinence des résultats et évidence empirique antérieure

Les résultats de cette étude peuvent être comparés à ceux obtenus par
Hoarau (2006) ; Yougbare, (2007) ; Djoufelkit , (2007) ; Yamb , ( 2008).

Ces auteurs trouvent que la zone Franc CFA notamment l’UEMOA avait
connu une surévaluation de son TCR entre 1986 et 1993. Nos résultats infirment
partiellement cette idée, car la surévaluation s’est observée ici en début 1992 à
1993. De même, outre les phases récurrentes de distorsions relevées dans l’après
dévaluation, la sous-évaluation l’emporte. Ce résultat infirme ainsi l’idée
généralement admise selon laquelle les changes fixes seraient propices à une
surévaluation de leurs TCR. Au-delà de ce résultat, remarquons tout de même que la
différence entre ces études et la nôtre réside sur l’ampleur voire la persistance de la
distorsion.

Pour tirer quelques conclusions d’un exercice dont nous percevons à la fois
l’intérêt et les limites, la zone UEMOA ne semble pas extrêmement surévaluer de
manière significative qui accréditerait un besoin de réajustement de la parité envers
l’euro. Nous rejoignons là, les conclusions des études menées par Djoufelkit (2007)
et Abdih et Tsangarides, (2006). Toutefois, cette prise de position est à nuancer
pour deux raisons. Il s’agit du choix du modèle économétrique de détermination du
taux de change d’équilibre et la méthode de calcul du TCR ( le système de
pondération des partenaires dans le calcul) qui devraient produire plus de sensibilité
sur les résultats.

B -Suggestion de politique économique et extensions

I- Implication de politique économique

Comme précédemment évoqué, la distorsion et le niveau d’équilibre du TCR
au sein des pays de l’UEMOA sont sensiblement affectés par les variables
macroéconomiques que sont : la croissance de la productivité, la position extérieure
nette, les flux financiers extérieurs, les termes de l’échange, le développement
financier et la politique monétaire. S’il est admis que ces distorsions impactent la
performance économique de l’Union, il est opportun que les autorités en charge de la
gestion de la politique monétaire et de change de la zone veillent à un certain
nombre d’indicateurs.

Remarquons que les études empiriques ont permis de soutenir l’idée selon
laquelle, l’évolution du TCR est souvent dictée par ses fondamentaux. Pour plus de
stabilité des TCR, les Etats sont appelés à intensifier les politiques allant dans le
sens d’un renforcement des fondamentaux de l’économie. S’inscrivant dans cette
démarche, les suggestions de politiques économiques seront axées sur les variables
qui ont une incidence significative sur la distorsion du TCR. A cet effet, nous
regroupons ces mesures autour de quelques axes.

► Cette étude a révélé que la croissance de la productivité fait apprécier le TCR
synonyme de perte de compétitivité. Le canal par lequel cet indicateur affecte le TCR
est la forte attractivité des agents économiques à consommer les biens importés à
forte productivité (demande d’importation qui dépend positivement du revenu) ;
lesquels sont issus du secteur des biens échangeables. Une politique de soutien
aux entreprises produisant des biens non échangeables pourrait inhiber cette
distorsion. Il s’agit de mettre en place des mécanismes de facilitation à la production
et à la consommation des biens domestiques (accord de crédit aux conditions
avantageuses, soutien aux exportations à travers la maitrise des normes du
commerce international).

► Les flux financiers contribuent à l’appréciation du TCR. S’il est vrai que
l’économie de l’UEMOA a besoin de ressources externes pour son financement, son
accumulation au-delà de ses capacités d’absorption pourrait contribuer à émousser
ses performances. Par ailleurs, notons que l’une des principales hypothèses qui
entraîne l’appréciation du TCR due aux FF, était le fait que l’offre était contrainte
dans les PED .Ceci donne une première piste de réflexion sur les moyens d’éviter le
syndrome hollandais qui serait de « libérer » les contraintes d’offre par des
investissements publics en infrastructures ou personnels qualifiés. Ainsi, la politique
fiscale incitative du gouvernement apparaît être un instrument décisif pour lutter
contre une telle appréciation du TCR. Le second axe de réflexion vient du fait qu’il y
aurait appréciation du TCR parce que l’aide entraîne une expansion des biens
échangeables à prix relativement faible par rapport aux biens du secteur protégé
dans l’économie au détriment des biens non échangeables. Un moyen d’éviter ceci
est de favoriser l’importation de biens riches en capitaux ce qui peut augmenter à
terme la productivité des biens du secteur protégé par rapport à ceux du secteur
exposé (McKinley, 2005).

En outre, une réorganisation des FF de sorte à éviter qu’elle surévalue les
TCR s’impose. Il s’agit en fait d’améliorer la productivité du secteur protégé de sorte
que les prix des biens échangeables augmentent relativement à ceux des biens non
échangeables. Soulignons tout de même que la manière dont les FF impactent le
TCR ou tout autre facteur, dépend principalement de la manière dont elle est utilisée.
Sur le long terme, l’impact des FF dépend de sa capacité à améliorer la productivité
des biens issus du secteur protégé et à libérer les contraintes d’offre (Barder, 2006).

► Les termes de l’échange affectent la distorsion du TCR d’après nos résultats.
Une politique de diversification des cultures de rentes s’impose aux économies de
l’UEMOA dans le but d’inhiber l’effet des chocs externes sur la compétitivité de la
zone. De même, une spécialisation des économies à l’intérieur de la zone basée sur
les avantages comparatifs devrait être encouragée.

► La politique monétaire à travers une croissance de la masse monétaire plus
rapide que celle du PIB au cours de l’année précédente fait apprécier le TCR. A cet
égard, nous réitérons le principe selon lequel, la croissance de la masse monétaire
doit autant que possible suivre celle du PIB de l’année antérieure dans la conduite
de la politique monétaire.

► Le développement financier à un effet positif sur la compétitivité d’après nos
résultats. A cet effet, nous suggérons d’une part ; un assainissement du secteur
financier à travers les reformes visant à prémunir la zone des crises financières et
d’autre part la promotion à l’accès à la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières) de l’UEMOA.

Au-delà de ces propositions, il est nécessaire d’assurer un renforcement de la
transparence des marchés de change dans le but d’unifier les TC officiels et
parallèles. En outre, l’augmentation des prix intérieurs et la baisse des prix étrangers
(en monnaie locale) concourent inévitablement à l’appréciation du TCR. Sur ce, la
stabilité du prix à travers la lutte contre l’inflation est à privilégier dans la gestion des
distorsions du TCR.

Par ailleurs, à la lumière des enseignements issus des causes de la
distorsion (selon l’approche du mesalignement(28).), la politique de change d’ancrage
nominal (PM qui vise à rompre avec une forte inflation) fait apprécier le TCR. Ceci
engendre ainsi une perte de compétitivité qui se traduit à son tour par une
détérioration de la balance des transactions courantes. Sur ce, nous admettons à
l’instar de Mihigo, (2004) ; Ondo Ossa, (2002) et Koulibaly, (2005) l’idée d’une
réorientation de la politique de change vers un régime de la zone cible dotée d’une
bande de fluctuation des cours de change au sein des PAZF. Ceci, pour permettre
une autonomisation de la politique de change et amoindrissement de la persistance
voire la dégradation du solde de la balance courante.

II- Extension de la problématique

Au-delà des effets différenciés des distorsions du TCR sur ses fondamentaux
au sein d’une zone monétaire (ZM), la question fondamentale qui se pose aux pays
membres d’une ZM est celle de la gestion des chocs asymétriques, de la
convergence des économies dépourvues des clubs de convergence.

De même la question de distorsion du TCR synonyme de gain ou de perte de
compétitivité peut être nuancée au regard de l’approche développée par les
fondamentalistes sur cette thèse. Pour ces auteurs, une hausse du TCR n’est pas le
signe d’une distorsion et n’est pas non plus une perte de compétitivité mais d’une
appréciation du TCR d’équilibre. Une détérioration du solde de la balance des
transactions courantes n’est pas due à une appréciation du TCR mais elle est due à
des changements structurels des fondamentaux du TCR et ceux de l’économie
(productivité technologie) ; notamment à des changements du taux d’épargne et
d’investissement. Ce faisant, vouloir appréhender les déterminants du changement
structurel des fondamentaux de l’économie(ou du TCR) aura un regain d’intérêt
dans la maitrise des écarts entre le taux d’épargne et celui d’investissement.

Conclusion

L’évaluation empirique de la relation entre le TCR et ses fondamentaux a fait
l’objet de nombreuses études comme on peut le remarquer dans la revue de
littérature. Somme toute, malgré les tumultes que connaît la littérature sur le concept
d’équilibre et sa méthodologie d’estimation, la tendance générale qui se dégage, est
qu’il existe une relation de long terme entre le TCR et ses fondamentaux. Les
résultats que nous avons obtenus à l’issue de nos estimations montrent que le TCR
est influencé à l’équilibre par les variables que sont : la croissance de la
productivité, la position extérieure nette, les flux financiers extérieurs, le
développement financier, les termes de l’échange et la politique monétaire. En outre
cette étude a montré que la croissance de la productivité, la politique monétaire et les
flux financiers contribuent à accentuer la distorsion du TCR en termes d’appréciation.

Ce qui constitue ainsi entre autres les variables d’alertes à une crise de change. En
revanche, nos résultats infirment l’idée généralement admise selon laquelle les
changes fixes seraient propices à une surévaluation de leurs TCR. Au-delà de ce
résultat, remarquons tout de même que la différence entre ces études et la nôtre
réside sur l’ampleur voire la persistance de la distorsion. Alors que les études
antérieures surestiment l’ampleur de la distorsion, la nôtre dénote une distorsion
nettement moins prononcée que chez ces auteurs. Ce résultat suggère inopportun
un besoin de réajustement de la parité entre le Franc CFA et l’euro. La distorsion
modérée du TCR que révèle cette étude peut être imputée au mécanisme de
contrôle de change instauré au sein de l’UEMOA au lendemain de la dévaluation du
Franc CFA. Ce qui a atténué le niveau de distorsion par rapport aux études
antérieures. Au regard, de ce qui précède, nos suggestions touchent à une
réorientation de la politique fiscale puis à une redéfinition de la politique de
spécialisation. A cet effet, une politique fiscale incitative, de diversification et de
spécialisation sont à souhaiter. Les mesures visant à « libérer » les contraintes
d’offre par des investissements publics en infrastructures ou personnels qualifiés
sont à encourager. En outre, il s’agit de porter une attention particulière sur les
mesures visant à favoriser l’importation de biens riches en capitaux ce qui peut
augmenter à terme la productivité dans le secteur protégé. Au-delà de ces
propositions, il est nécessaire d’assurer un renforcement de la transparence des
marchés de change dans le but d’unifier les TC officiels et parallèles.

28 Confère Berthomien et Al, (2001)

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