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Section 2 : Relation entre pauvreté, inégalité et croissance

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Cette section est consacrée à l’exploration du lien qui existe entre la croissance économique, l’inégalité et la pauvreté. Il existe en effet une interrelation entre la croissance, l’inégalité et la pauvreté.

Bourguignon (2003) a pu fournir une analyse rigoureuse des rapports existants entre ces trois concepts. En effet, il a démontré que la croissance modifie la distribution de revenus, qui elle-même détermine en partie la croissance, sa nature, son niveau et son impact sur la pauvreté. Une variation dans la distribution de revenus peut être décomposée en deux effets. Le premier effet se manifeste par un changement proportionnel dans le revenu, la distribution de ce revenu étant inchangée (effet de croissance). Le deuxième effet se traduit par un changement dans la distribution du revenu relatif, qui par définition est indépendant du revenu moyen (effet distributionnel).

Paragraphe 1 : Effet de croissance et effet de distribution sur la pauvreté

La densité de la distribution des revenus, sur le graphique 2, représente le nombre d’individus pour chaque niveau de revenu sur une échelle logarithmique.

Elle définit l’incidence de la pauvreté comme l’espace situé en dessous de la courbe de densité à gauche de la ligne de pauvreté (1$/jour).

Graphique 2 : Effet de croissance

Effet de croissance

Source : Bourguignon F., (2003)

Le déplacement de la courbe de distribution vers la droite se traduit par une simple translation horizontale de la courbe initiale. En maintenant une échelle logarithmique normale et en considérant la distribution des revenus relatifs inchangée, ce déplacement correspond à un accroissement proportionnel similaire du revenu de la population (revenu moyen plus élevé) ou de la croissance. Il représente ainsi le « pur effet de la croissance ». Cet effet se manifeste par une moindre incidence de la pauvreté (il y a moins de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté).

Cependant, en considérant le revenu moyen inchangé, un déplacement de la courbe initiale de distribution vers la droite se produit par un changement dans la distribution des revenus relatifs et représente ainsi «un effet de distribution ».

En d’autres termes, pour une croissance économique donnée (constante), l’effet de distribution sur la pauvreté entraîne un changement dans la redistribution des revenus relatifs (c’est-à-dire la plupart des revenus se sont concentrés autour du revenu moyen et donc, ceci diminuera le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté). (Graphique 3)

Graphique 3 : Effet de distribution

Effet de distribution

Source : Bourguignon F., (2003)

Dans la plupart des cas, avec un niveau d’inégalité initial constant, on peut observer le changement dans la courbe de distribution et son effet sur la pauvreté en combinant les deux effets (croissance et redistribution).

Paragraphe 2 : Effet simultané de croissance et de distribution sur la pauvreté

Dans une économie moderne, toute création de richesse s’accompagne nécessairement d’une redistribution. Il est donc plus réaliste d’étudier les effets simultanés plutôt que séparés, de croissance et de distribution. Cette situation considère généralement qu’un taux de croissance élevé induit une hausse du revenu moyen. Avec une inégalité moindre, il contribue à une réduction rapide de la pauvreté (moins de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté) d’un côté. De l’autre côté, la redistribution accroît la part relative dans la distribution du revenu national des plus pauvres et donc une réduction plus rapide de l’extrême pauvreté. On peut résumer les résultats dans le graphique suivant (Graphique 4).

Graphique 4 : Effet de croissance et de distribution

Effet de croissance et de distribution

Source : Bourguignon F., (2003)

A partir de la relation définie ci-dessus du lien entre croissance et distribution des revenus, il existe une certaine dépendance de trajectoire dans cette décomposition. Au lieu de se déplacer d’abord à droite, puis en haut et en bas comme dans le graphique 5, il aurait été possible de se déplacer en premier en haut et en bas, ensuite l’emmener à se déplacer à droite.

Vraisemblablement ces deux trajectoires ne sont pas nécessairement équivalentes excepté les variations infinitésimales. Ainsi, il est intéressant de considérer que tous les changements sont suffisamment faibles pour la trajectoire de dépendance.

Graphique 5 : Décomposition du changement de la distribution en effet de croissance et effet de distribution

Décomposition du changement de la distribution en effet de croissance et effet de distribution

La décomposition ci-dessus correspond à une identité de la pauvreté. Celle-ci explique les changements dans la pauvreté comme une fonction du revenu moyen et de la distribution des revenus relatifs. Elle peut être interprétée comme suit(9) :

Changement dans la pauvreté

Elle démontre que la croissance et l’élasticité inégalitaire de la pauvreté sont des fonctions croissantes du niveau du développement et des fonctions décroissantes du degré d’inégalité du revenu relatif. Cependant, l’identité de cette décomposition permet d’observer les étapes de la croissance pour chaque niveau de distribution donné.

Deux enseignements majeurs peuvent être tirés des travaux présentés ci-dessus :

Premièrement, la croissance économique et les changements dans l’inégalité jouent un rôle important sur le niveau de la pauvreté. L’impact de ces deux phénomènes dépend du niveau initial du revenu et d’inégalité.

Deuxièmement, les effets de ces deux phénomènes sont relatifs et peuvent différer selon les caractéristiques de chaque pays.

Pour mieux illustrer ces hypothèses Bourguignon (2003) insiste sur l’idée de maintenir la redistribution comme un élément complémentaire de la croissance afin d’atteindre une baisse remarquable du niveau de la pauvreté sur le court et le long terme. Il explique que cette redistribution doit se faire de façon directe ou indirecte afin d’inciter les personnes des classes aisées de contribuer progressivement dans l’accroissement des potentialités humaines des personnes défavorisées.

8 Deininger K. et L. Squire (1998) ‘‘New ways of looking at old issues: inequality and growth’’. Journal of Development Economics N°57 (1998): 259-287.
9 L’expression complète de cette fonction est dans Bourguignon (2003).

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