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Section 1 : Evolution de la croissance économique du Bénin au cours de la période 2000-2004 et analyse des inégalités de revenus

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Il s’agit dans cette section, de jeter dans un premier temps un regard rétrospectif sur la dynamique de la croissance économique au Bénin en s’intéressant particulièrement à la période 2000-2004 ; puis de s’atteler dans un second temps à l’analyse des inégalités de revenus au sein de la population ces dernières années en s’appuyant d’une part sur la structure de l’inégalité au Bénin en 2002 et d’autre part sur la répartition en déciles des dépenses en équivalent adulte pour cette même année.

Paragraphe 1 : Evolution de la croissance économique du Bénin au cours de la période allant de 2000 à 2004(10)

Après la décennie 1980, marquée par une crise économique et sociale sans précédent, le Bénin s’est engagé dans un processus de restructuration de l’économie. Les efforts déployés dans le cadre de la mise en œuvre des différents programmes de réformes économiques ont permis d’enregistrer, depuis le début des années 90, des progrès notables dans la réduction des déséquilibres intérieurs et extérieurs, l’amélioration de l’environnement économique et la relance de la croissance. Dès lors, la situation économique s’est significativement améliorée dans l’ensemble. En effet, le taux de croissance réel du PIB a atteint 5,0% en moyenne par an sur la période 1995-1999 contre 3,6% sur la période 1990-1994 et 2,0% durant la décennie 1980. Sur la période 2000-2004, on note que le taux de croissance économique réelle est en moyenne, ressorti à 4,5% dans un contexte où le taux moyen de l’inflation mesurée à travers l’indice des prix à la consommation s’est élevé à 7,7%. Cette croissance a reposé sur un taux d’investissement de l’ordre de 19,6% en moyenne, que le faible niveau d’épargne nationale représentant 12,1% du PIB n’a pas suffi à financer. L’évolution du taux de croissance du PIB réel au Bénin sur la période 2000-2004 est représentée à travers le graphique 6 ci-dessous :

Graphique 6 : Evolution du taux de croissance du PIB à prix constants au Bénin

Evolution du taux de croissance du PIB à prix constants au Bénin

Source : Réalisé par les auteurs à partir des données de l’INSAE

Ce graphique illustre une tendance baissière de la croissance économique au Bénin depuis 2002. En effet, hormis la hausse conjoncturelle exceptionnelle observée en 2001, le taux de croissance du PIB réel s’est généralement maintenu en dessous de 5,0% avec une évolution défavorable sur les trois dernières années.

Ce constat met en exergue les limites des politiques économiques mises en œuvre jusque-là et qui ne parviennent pas à conduire le pays vers la réalisation d’un taux de progression du PIB plus élevé, de 7,0% à 8,0% sur le long terme, nécessaire pour une amélioration notable des conditions de vie des populations et le recul de la pauvreté. Ainsi, malgré l’organisation en 2001 d’un forum national consacré à la recherche des voies et moyens d’une accélération de la croissance économique, le pays continue d’enregistrer une progression de son PIB à un rythme insuffisant pour réduire la pauvreté. Cette situation est, dans une certaine mesure, le reflet de l’essoufflement des moteurs de la croissance, singulièrement le coton dont les performances ont marqué le pas depuis la réorganisation inachevée des circuits de distribution des intrants et de collecte du coton-graine, à la suite de la suppression du monopole de la SONAPRA.

En outre, les nombreux chocs exogènes portant entre autres sur une baisse des cours mondiaux du coton, une flambée des cours du baril de pétrole sur le marché international et un tassement des activités de réexportation lié à la mise en œuvre par le Nigeria d’une politique commerciale plus restrictive, ont contribué en grande partie à ce ralentissement de l’économie béninoise.

Même si, ce diagnostic de la santé économique du Bénin, a révélé une croissance mitigée au cours de la période 2000-2004, les taux de croissance économique enregistrés sont restés toujours positifs et témoignent d’un accroissement des richesses. Alors, la question est de savoir, si, la répartition de ces richesses est faite, de sorte à profiter, au même titre, à toutes les couches de la population.

Paragraphe 2 : Analyse des inégalités de revenus

Les analyses sur les inégalités ont connu un renouveau important ces dernières années. La raison de cet engouement peut se trouver dans certains facteurs objectifs d’évolution des sociétés africaines révélées par de nombreuses observations où les enquêtes mettent en évidence l’augmentation tendancielle des inégalités depuis quelques années.

En effet, le Bénin, à l’instar d’autres pays de la sous-région a connu au cours des années 90 des programmes d’ajustement structurel qui ont permis de rétablir les grands équilibres macroéconomiques et d’enregistrer des scores inédits de croissance économique. Cependant, cette performance en matière de croissance a paradoxalement renforcé les inégalités au plan social car les richesses générées au cours de cette période ont connu une répartition inégalitaire. Ainsi, on observe qu’une franche infime de la population se taille la part du lion lors du partage, contraignant de fait la majorité des béninois, pour la plupart intervenant dans les secteurs agricole et artisanal, à la portion congrue.

Mais, en vue d’une analyse plus approfondie de la situation, il nous paraît important de donner une idée de l’intensité de l’inégalité au Bénin à partir des données de l’enquête Quibb 2002 réalisée par l’INSAE.

En effet, il existe une gamme d’instruments pour mesurer et comparer dans le temps et dans l’espace l’inégalité de revenus : courbe de distribution et de répartition des revenus, et des coefficients comme celui de Gini, d’Atkinston, de Theil et la variance logarithmique. Mais, depuis Pareto, la courbe de Lorenz demeure l’un des instruments les plus féconds de mesure de l’inégalité à travers l’indice de concentration encore appelé indice de Gini ; ce qui explique son adoption dans le présent travail. Une estimation de cet indice à partir des données de l’enquête Quibb 2002 donne les résultats suivants :

Tableau 1 : Structure de l’inégalité au Bénin selon les zones en 2002 et en 2004

Structure de l’inégalité au Bénin selon les zones en 2002 et en 2004

Note : Les chiffres entre parenthèses représentent les écart-types

Source : Calculés par les auteurs à partir des données de l’enquête Quibb 2002, INSAE en utilisant le logiciel DAD

Au vu de ces résultats, il apparaît clairement que l’inégalité des revenus sévit au Bénin, mais constitue plus un phénomène urbain. En effet, la valeur de l’indice de Gini est élevée pour l’ensemble des zones considérées, mais elle l’est encore plus en milieu urbain où l’indice s’établit à 45,95% contre seulement 34,60% en zone rurale et 41,68% pour l’ensemble du pays. Ce niveau est toutefois proche de celui de l’Afrique subsaharienne qui est en moyenne de 43,50% pour les années 1990. Ces résultats élevés sont également doublement confirmés par une estimation faite par la Banque mondiale en 2002, qui fixait l’indice de Gini à 46% au niveau de tout le Bénin d’une part, et la répartition en déciles des dépenses de consommation issue de l’enquête Quibb 2002 d’autre part. Cette répartition indique que plus de la moitié de la population se partage le quart du revenu total et 60% le tiers. Si cette tendance est la même pour l’ensemble du pays, cela pourrait expliquer logiquement l’anachronisme entre la croissance économique et l’accroissement de la pauvreté.

Tableau 2 : Répartition en déciles des dépenses en équivalent adulte en 2002

Répartition en déciles des dépenses en équivalent adulte en 2002

Source : Tableau établi par les auteurs à partir des données de l’enquête Quibb 2002, INSAE

Par ailleurs, les résultats des estimations indiquent des indices de Gini identiques pour 2002 et 2004, quelle que soit la zone de résidence. Il en résulte que les inégalités dans la répartition des revenus sont restées relativement stables entre 2002 et 2004 à l’intérieur des différentes zones de résidence considérées, indépendamment des variations considérables du revenu global qui auraient été certainement enregistrées sur cette période.

10 Les chiffres utilisés dans ce paragraphe pour apprécier l’évolution de la situation économique du Bénin, sont des moyennes calculées à partir des données de l’INSAE et de la BCEAO (voir “Perspectives économiques des Etats de l’UEMOA en 2005 – Pour un développement durable.”).

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