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Question 2 : Quels souvenirs gardez-vous de votre arrivée ou des premiers moments vécus en prison ?

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Pour la deuxième question, nous désirions écouter leurs premiers instants, qui à nos yeux, devaient déjà décrire certains moments pathiques importants.

Woody avec une longue description, a surtout parlé de tout le monde qui regarde, des barreaux partout, des portes métalliques fermées à clé, des portes qui claquent ainsi que le bruit des clés qui vous poursuit encore longtemps après la détention.

De plus, Woody dit : « (…) alors ça a été le premier choc en arrivant et en voyant toutes ces cages d’escaliers avec toutes ces portes, tous ces trucs. J’ai fondu en larmes, j’étais cassé (…) c’était l’horreur. ». Ce qui nous permet d’entrevoir déjà la suite des expériences vécues avec émotions.
En effet, Woody par la suite insiste sur le fait qu’il a été choqué à de nombreuses reprises.

Quant à Charles, il parle essentiellement de la peur de l’inconnu. Il raconte qu’il se sentait perdu.

Comme Woody, il est choqué par toutes ces portes de sécurité et le nombre impressionnant de gardiens présents.

Dans un premier temps, Charles reste concis quant à la description de ses émotions lors de son arrivée en détention.

Pour Doe, la réalisation de son entrée en prison, s’est effectué le lendemain de son arrivée. Une fois qu’il s’est réveillé. En effet, il dit : « (…) quand je me suis réveillé, avec tous les matons qui ouvrent la cellule pour aller faire la promenade à 7h00 alors que ça caille. Ouais, c’est le lendemain matin que où j’ai vraiment tilté… Le jour même, pas vraiment tilté. C’est le lendemain matin, au réveil, qu’on réalise où on est ».

Pour Doe, il lui a été également difficile de parler de ses émotions mais après quelques questions de relance de notre part, il précise également que le bruit des portes et des clés ainsi que le bruit qui règne dans la prison l’ont marqué. Puis, il précise comme Woody et Charles : « (…) on ne fait pas un mètre sans être surveillé (…) ».

Selon Raphael pour sa première entrée en prison, il ne décrit pas ses premiers instants, il raconte que c’était supportable car il est arrivé avec plusieurs amis, « (…) on était soudé (…) ». Il savait que sa copine du moment le soutenait.

De plus, il précise que le fait de ne pas savoir la durée de la peine lui a permis de garder espoir de sortir rapidement.
Par contre, lors d’autres incarcérations, il était seul et là il dit : « (…) c’est différent (…) ».

En effet, à la deuxième incarcération il se définit comme « parano ». Il précise qu’il s’est isolé par peur d’un complot contre lui. Il dit : « (…) j’étais vraiment mal (…), j’allais me promener sur le toit de la maison d’arrêt, ouais là, j’étais vraiment pas bien. C’était tout à fait différent, ouais, ouais. ».
Ainsi, Raphael reste très factuel quant à sa première arrivée en détention.

En résumé, trois personnes ont plutôt décrit des moments d’expérience sensible et des lieux sensibles.

De cette question, nous constatons que l’arrivée en prison à l’air des plus difficiles. La peur de l’inconnu, tout le monde regarde, les gardiens qui surveillent. Les portes sont toutes fermées à clé et elles claquent. L’univers semble froid.

Certaines expriment des émotions fortes comme le fait d’être « cassées ».

En ce qui concerne Raphael, il raconte dès le début de l’entretien, plus particulièrement l’expérience de sa deuxième détention, celle où son espace thymique apparaît le plus.

En effet, ce témoignage, illustre, le concept de Binswanger ou l’on voit que c’est la personne qui donne un sens aux mécanismes qui lui arrivent. Pour rappel Binswanger (1998) pense que les pathologies cérébrales ou psychiques sont des modes palliatifs visant à sauvegarder l’intégrité, l’intériorité de ce rapport-au-monde de la personne.

Raphael nous a expliqué son espace thymique du moment. Il est mal, il va se promener sur les toits de la prison.

Son espace thymique, lors de sa deuxième détention, a orienté son investissement à « habiter » son corps. Les personnes vivant avec une psychose ont souvent des descriptions de leurs expériences en les « habillant » avec des mots qui illustrent les hauts et les bas vécus. Raphael décrit un comportement de retrait sur lui. Le fait de grimper sur les toits et peut-être d’en tomber témoigne de la part de Raphael une chute envisageable à ce moment-là.

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