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Partie 3 : Projet

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PROJET

VII] L’INGENIERIE DE FORMATION

1) Introduction

L’article L322-4-17-3 du code du travail, promeut que « toute personne de 16 à 25 ans révolus, rencontrant des difficultés particulières d’insertion sociale et professionnelle, peut bénéficier d’un contrat d’accompagnement dénommé « contrat d’insertion dans la vie sociale » conclu avec l’Etat (88) ». Ainsi cette loi impose aux structures concernées un accompagnement envers les jeunes de 16 à 25 ans permettant ainsi l’insertion professionnelle. De ce fait, il a été mis en place un contrat d’insertion dans la vie sociale dit CIVIS ainsi que des établissements permettant l’accueil des jeunes et leur accompagnement.

Les Restaurants du Cœur ont constaté que depuis la crise économique, l’augmentation du chômage et la fermeture de nombreuses entreprises, ils sont confrontés à une forte hausse du taux d’inscriptions des jeunes de 18 à 25 ans. Face à cette inflation si subite, les Restaurants du Cœur restent démunis d’aides à l’insertion sociale et professionnelles vis-à-vis des jeunes, souligne les bénévoles. La responsable des Restaurants du Cœur, ainsi que la plupart des bénévoles ne connaissent pas le contrat d’insertion dans la vie sociale. Pour pouvoir apporter une aide aux jeunes, l’équipe doit connaître les principes de ce contrat et les enjeux qu’il implique. L’équipe sera amenée à faire des recherches sur la loi du 18 janvier 2005 du plan de cohésion social et à s’interroger sur l’établissement du contrat d’insertion dans la vie sociale au sein de la structure.

A la suite d’entretiens avec la responsable et les bénévoles, j’ai pu constaté que ce qui pourrait faire peur à l’équipe des Restaurants du Cœur et qui mettrait un frein à l’établissement du projet, serait un nouvel investissement de leur part.

C’est pourquoi, l’importance de mettre en place un partenariat avec les établissements d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes, pourra engendrer une nouvelle aide apportée par les Restaurants du Cœur et permettre une baisse du nombre de jeunes inscrits comme bénéficiaires.

Suite aux résultats de mes enquêtes, ainsi que des données théoriques étudiées, je propose de mettre en œuvre le contrat d’insertion social en direction des jeunes bénéficiaires des Restaurants du Cœur avec l’aide de la responsable et des bénévoles.

Dans un premier temps, j’expliquerais la création et le cadre règlementaire du contrat d’insertion dans la vie sociale. Je me pencherais sur l’ingénierie de formation qui m’aidera dans la mise en place de mon projet. Projet qui aura pour objectif de faire évoluer les jeunes dans la société actuelle, aussi bien socialement que professionnellement.

2) Approche historique du programme CIVIS

La notion de contrat d’insertion dans la vie sociale dit CIVIS, a vu le jour en janvier 2005 dans le cadre du plan de cohésion social annoncé par Jean-Louis Borloo (89).

C’est le sociologue Bertrand Schwartz, qui suite à la demande du premier Ministre des années 80, Pierre Mauroy a mis en place des missions locales pour pouvoir qualifier professionnellement les jeunes, réduire les inégalités de chances à l’origine et d’utiliser les capacités créatrices des jeunes et de les préparer à une qualification sociale (Bregeon, 2008, p.95) (90). L’idée principale de Schwartz est de « garantir une qualification professionnelle et sociale pour tous les jeunes et de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes (91)».

L’objectif du contrat d’insertion dans la vie sociale est de définir avec les jeunes un projet professionnel et les étapes pour y arriver (Ministère du travail, de l’emploi et de la santé, 2010). A terme, ils doivent trouver un emploi durable, créer ou reprendre une activité non salariée.

3) Cadre règlementaire du CIVIS (92)

Le contrat d’insertion dans la vie sociale s’adresse aux jeunes âgés entre 16 et 25 ans, mais prioritairement à ceux sans projet de formation et sans emploi. Il est signé entre le jeune et l’Etat et dure un an. Tout jeune, voulant prétendre au CIVIS, doit obligatoirement avoir la nationalité française, avoir une maîtrise correcte de la langue française et être inscrit auprès d’une mission locale ou auprès du pôle-emploi.

Le contrat peut être renouvelé plusieurs fois jusqu’à l’aboutissement d’un emploi. Les jeunes qui signent un CIVIS sont automatiquement affiliés à la sécurité sociale. Durant toute la période du contrat, le jeune bénéficie d’une allocation de 5 à 10 euros par jour, dans la limite de 300 euros par mois et de 900 euros par an.

Le contrat d’insertion dans la vie sociale peut prendre fin si le bénéficiaire ne respecte pas ses engagements. Il se termine automatiquement, à la fin d’une période d’essai débouchant sur un emploi d’au moins 6 mois, 6 mois après la création ou la reprise d’une activité non salariée ou au 26ème anniversaire du bénéficiaire.

4) Approche théorique de l’ingénierie de formation

La mise en œuvre de mon projet m’a amené à me questionner sur le concept de l’ingénierie de formation. L’ingénierie de formation est « une démarche dont le principe est la prise en compte du maximum de variables possibles dans le but de créer un système d’action, en réponse à une demande de formation » (93). C’est « un moyen qui, pour être pleinement utilisé, est découpé en plusieurs parties : prévoir et analyser les besoins, construire des actions en fonction d’un plan, et enfin évaluer (94)». C’est « un ensemble de démarches méthodologiques cohérentes qui s’appliquent à la conception de systèmes d’actions et de dispositifs de formation pour atteindre efficacement l’objectif fixé » (Bernard, M. 2005, p.58) (95). Cette notion apparaît en France au cours des années 60 (Latchoumanin, M. 2005, p.20) (96). Trois facteurs y contribuent : « les demandes de pays nouvellement indépendants, l’entrée des ingénieurs dans le domaine de la formation et la législation sur la formation continue » (97).

L’ingénierie de formation va me permettre de me projeter dans la mise en œuvre de mon projet, d’anticiper mais également d’analyser. L’ingénierie de formation se décline en quatre temps : l’analyse de la demande, la conception du projet, la réalisation et l’évaluation.

L’ingénierie pédagogique est « une fonction d’étude, de conception et d’adaptation des méthodes et/ou des moyens pédagogiques » (Maragnani, A. 2009, p.186) (98). C’est « un ensemble de procédures, de principes et de tâches permettant la construction de séquences ou d’outils pédagogiques adaptés à un public-cible avec des objectifs pédagogiques clairement définis » (Paquette, G. 2002, p.7) (99).

VIII] Conception du projet

1) Cahier des charges

1.1) Le contexte

Le problème d’accès à l’emploi des jeunes à faible niveau de qualification est préoccupant. L’offre, sur le marché du travail, pour les jeunes sans qualification n’existe quasiment plus. Ils subissent de plein fouet les conséquences de trente années d’une autre crise, moins spectaculaire mais permanente, et de désindustrialisation. Les jeunes sans qualification sont les premiers à subir la crise de l’emploi. Chaque année, les jeunes sont près de 150 000 à sortir du système scolaire sans qualification et sans aucun diplôme.

Face aux politiques d’insertions des jeunes, les professionnels ainsi que les structures d’accueil concernées doivent adapter leurs modes d’interventions à ces nouveaux problèmes prenant une grande ampleur au sein de notre société.

Pour faire face à ces changements et à cette inflation du nombre de jeunes sans emploi, faute de qualification, les structures d’aides sociales doivent s’appuyer sur la loi du 18 janvier 2005 du plan de cohésion sociale, notamment sur le chapitre 2 concernant l’insertion des jeunes. En effet, l’accès à l’emploi, pour ces jeunes sans qualification, demande un travail plus global et personnalisé d’accompagnement, pour les aider à prendre confiance en eux, préparer leur recherche d’emploi, construire leur projet professionnel ou reprendre une formation. Dans le cadre de ma démarche, je vais m’appuyer sur les dispositifs créés par cette loi pour mettre en œuvre mon projet d’intervention.

Des prises en charge d’aides sociales sont déjà mises en place au sein des Restaurants du Cœur depuis de nombreuses années. Ces aides sont globales, s’adressent aux personnes de tous âges mais ne sont pas forcément ciblées pour les jeunes de 18 à 25 ans. C’est pourquoi, face à cette globalité, il est difficile de venir en aide et de s’adapter aux problèmes des jeunes. Dans la démarche de projet, ces jeunes, qui devraient démarrer dans leur vie professionnelle et sociale, vont pouvoir être aidés à devenir indépendants.

1.2) Les objectifs du projet

Mes recherches m’ont conduite à penser la mise en place, au sein des Restaurants du Cœur pour les jeunes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle, d’un contrat d’insertion dans la vie sociale ou CIVIS. Cette idée a émergé de mon enquête exploratoire faite en première année de Master et de mes enquêtes réalisées sur le terrain auprès de diverses personnes. J’ai pu poser ainsi des constats qui m’ont permis de visualiser une mise en œuvre du projet.

La loi du 18 janvier 2005 a pour intérêt d’impliquer les jeunes dans leur projet de vie à vouloir se former et trouver un emploi. Elle permet également d’impliquer les professionnels à mettre en valeur les compétences et les capacités de ces jeunes. Dans le cadre de mon projet d’intervention, il s’agira de permettre aux Restaurants du Cœur, de saisir l’enjeu qu’il y a à mettre en place un contrat d’insertion dans la vie sociale afin de permettre le développement des connaissances individuelles ou collectives des jeunes.

Schéma de planification des objectifs du projet

Schéma de planification des objectifs du projet

1.3) Les modalités pédagogiques

Les mesures mobilisées au sein du contrat d’insertion dans la vie sociale, permettent aux jeunes de construire leur parcours d’insertion professionnelle (orientation, qualification, expérience professionnelle) et sociale (mobilité, santé, hébergement…).
Cet accompagnement s’inscrit dans le cadre d’un engagement contractuel et formalisé, afin de les responsabiliser. Un tel accompagnement nécessite l’engagement de professionnels mais également l’engagement des jeunes.

1.4) Coût de l’action

Le contrat d’insertion dans la vie sociale se déroule sur une année et peut être renouvelé jusqu’à ce que les jeunes trouvent un emploi. Les « Restos du Cœur » ainsi que le centre de formation n’ont pas de frais car ces contrats sont payés par l’Etat. L’Etat débourse plus de 143 millions d’euros chaque année pour ces contrats.

1.5) Liste des personnes pressenties

Afin que le projet aboutisse, je souhaite solliciter des professionnels de l’accompagnement pour les jeunes. C’est pourquoi, j’ai pris contact avec une école de la seconde chance, qui est spécialisée dans les CIVIS et qui est reconnue dans le domaine de la prise en charge des jeunes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle.

1.6) Tableau récapitulatif du cahier des charges(100)

Tableau récapitulatif du cahier des charges

2) Méthodologie du projet d’intervention

Afin de pouvoir mieux vous expliciter ma démarche, je vous présenterais les modalités d’intervention grâce auxquelles j’ai pu mener à bien ce projet ainsi que la stratégie d’action que j’ai utilisée.

2.1) Modalités d’intervention

Pour pouvoir élaborer mon projet sur la mise en place d’un contrat d’insertion dans la vie sociale au sein des Restaurants du Cœur, j’ai définis des cycles de travail comportant plusieurs étapes. Pour cela, je me suis inspirée du schéma d’Hugues Bazin :

Modalités d’intervention

2.2) Stratégie d’action

Ma stratégie d’action contient plusieurs étapes à réaliser.

Ces étapes sont les suivantes :

- Observer et trouver une problématique liée au sujet de mon étude
- Construire des supports théoriques en lien avec la problématisation
- Etablir une méthodologie d’action
- Elaborer des pistes d’action
- Choisir la piste d’action la plus pertinente

2.3) L’organigramme du projet

Il permet d’organiser clairement chaque intervenant afin qu’il puisse assurer en temps utile ses responsabilités. Il permet, aussi, de définir précisément le rôle de chaque acteur, et permet que toutes les fonctions nécessaires à la conduite d’un projet soient respectées. L’ensemble des acteurs peut donc avoir une vision globale du dispositif organisationnel du projet.

LES ACTEURS DU PROJET

Trois groupes d’acteurs concernés :

– L’équipe-projet : ce sont les responsables du projet, les contributeurs responsables des tâches, les intervenants ponctuels, ainsi que les experts extérieurs.
– L’équipe hiérarchique : la hiérarchie du responsable projet, la hiérarchie des contributeurs et la direction.
– Les clients : les clients du projet et les futurs bénéficiaires du projet.

La structure matricielle est par définition selon Michel Monereau, « une structure par fonctions combinée avec une organisation par projets » (Monereau, M. 2008, p.28) (102).

2.4) L’organigramme humain du projet

L’organigramme du projet nous permet d’identifier clairement l’ensemble des intervenants et les responsabilités qu’ils pourraient exercer au sein du projet. Ce document donne une vision globale du projet en matière d’organismes partenaires et d’individus. Il permet de définir le rôle de chacun ainsi que de s’assurer que toutes les fonctions nécessaires à la conduite du projet sont faites.

L’organigramme humain du projet

IX] LE PROJET D’INTERVENTION

« Rendre les jeunes indépendants »

1) Mise en œuvre du CIVIS

1.1) Présentation de la démarche

Le CIVIS m’est apparue le dispositif le plus approprié à mettre en œuvre au sein des Restaurants du Cœur en faveur des jeunes. L’aide à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes propose de « garantir une qualification professionnelle et sociale pour tous les jeunes de 18 à 25 ans (103) ». Nombreux CIVIS sont proposés par, notamment, les Ecoles de la Deuxième Chance dit E2C.

Les Ecoles de la Deuxième Chance, qui proposent le contrat d’insertion dans la vie sociale, vont « suivre les jeunes pendant leur période de formation ; vont les aider à construire un itinéraire d’insertion sociale et professionnelle et vont en assurer le suivi ».

Marc Martin (104), directeur d’une Ecole de la Deuxième Chance, explique : « Notre objectif est de proposer des parcours individualisés aux jeunes. Nous ne sommes pas dans une logique de cours magistraux, mais dans une démarche pédagogique et éducative, alternant stages pratiques en entreprise suivis par des tuteurs ». Chaque élève à l’intérieur de l’école est suivi par un référent avec qui il peut s’entretenir de ses problèmes tant pédagogiques que personnels.

Cette démarche de mise en place du CIVIS dans quelconque structure, permet d’aider le jeune à comprendre le monde dans lequel il évolue. Elle permet également d’aider le jeune à se situer dans la société actuelle et à comprendre les mécanismes. Pour cela, le jeune va avoir l’occasion d’agir au sein du système économique, dans l’entreprise ainsi que de côtoyer les salariés.

Les dispositifs pédagogiques, souples et innovants, sont flexibles, individualisés et laissent une part importante à l’outil informatique. L’alternance est au cœur du dispositif qui a pour objectif de privilégier la maîtrise des savoirs de base comme lire, écrire, compter, notions d’une langue étrangère, pratique de l’informatique, tout en faisant découvrir au jeune le monde du travail.

Le dispositif CIVIS comprend 3 volets :

→ Un volet « accompagnement vers l’emploi ». Le public visé est celui qui est suivi dans le cadre du programme TRACE pour des jeunes pas ou peu qualifiés ayant un niveau de formation très faible et qui sont les plus en difficulté. Un contrat est alors signé entre l’Etat et le jeune.

→ Un volet « accompagnement vers la création et la reprise d’entreprise ». Le CIVIS doit permettre de soutenir le projet de jeunes désireux de créer ou de reprendre une
entreprise par un accompagnement personnalisé en amont des dispositifs existants.

→ Un volet « emplois d’utilité sociale ». Des emplois d’utilité sociale dans les associations réservés à des activités dans le domaine social, culturel et sportif pourront être proposés aux jeunes.

Pour permettre au jeune, une bonne appréhension et compréhension de son temps de formation, l’action se déroulera en trois phases.

1.2) Déroulement du contrat d’insertion dans la vie sociale

Le projet que je souhaite mettre en œuvre permettra l’insertion sociale et professionnelle des jeunes mais ne sera pas une finalité en soi. Le jeune devra y mettre toute sa volonté et son ambition pour pouvoir s’en sortir et ne plus être dépendant de structures d’aides.
L’ingénierie de formation se construit autour d’un plan de formation qui repose sur des stratégies, des besoins, des méthodes et aussi sur une diversité d’actions de formation visant à l’acquisition d’un certain nombre d’apprentissages.
L’Ecole de la Deuxième Chance a bien saisit ce concept et propose sa formation en trois phases :

PHASE A : Accueil et découverte

La phase A est une phase de dynamisation et de mobilisation. Elle a pour objectif intermédiaire la valorisation du jeune et sa remise en confiance. Elle est faite d’activités, d’ateliers et de chantiers. Cette phase dure 8 semaines de 33h soit 260h en centre et 4h en entreprise en travail accompagné.

A l’issu de cette première phase, le jeune doit être capable :

→ D’apprendre à s’investir,
→ De prendre conscience de son intelligence et de son potentiel,
→ De s’adapter aux contraintes de base du travail en équipe.

PHASE B : Projection et choix

La phase B se déroule en centre de formation et en entreprise. Durant les premières semaines, les stagiaires sont en entreprise le matin et en centre l’après-midi pour continuer des activités telles que le sport, le multimédia, l’élaboration de leur projet professionnel et leur évolution du stage en entreprise. Cette phase dure 12 semaines.

A l’issu de cette phase, le jeune doit être capable :

→ De définir un projet professionnel,
→ De valider ce projet de stage en entreprise,
→ De mesurer l’effort de formation à faire, pour se qualifier dans son choix professionnel,
→ De s’adapter aux contraintes de base de l’entreprise.

PHASE C : Qualification

A l’issue du parcours, le jeune peut être en contrat d’alternance, en formation qualifiante ou à nouveau demandeur d’emploi. Il est invité à accepter la continuité du suivi par l’Ecole de la Deuxième Chance. Ce suivi constitue la phase C du parcours de formation.

Comme, nous pouvons le constaté dans ces trois phases, le jeune est au cœur de l’action et de l’élaboration de son projet professionnel. Il fait ses propres choix mais reste cependant sous l’aile d’un référent. Un comité de pilotage va être mis en place pour s’assurer de l’évolution du projet.

1.3) Comité de pilotage

Un comité de pilotage devra être constitué pour l’élaboration du projet. Comme toute action de formation et de dynamique, il devra réunir plusieurs acteurs et d’éventuels partenaires. En ce qui concerne la mise en place du contrat d’insertion dans la vie sociale à destination des jeunes, le comité sera composé de la responsable des « Restos du Cœur », des chefs de service, des chargés de projet, du chercheur, et du représentant des jeunes.

Ce comité de pilotage se réunira une fois par mois et aura pour objectif de coordonner les actions mises en œuvre, de s’assurer des bonnes conditions d’organisation et de suivi de l’action ainsi que de l’évaluation, durant son déroulement et à son terme.

1.4) Intervenants extérieurs

Ayant longuement réfléchi aux professionnels et structures qui viendront soutenir et s’investir dans le projet lancé, j’ai décidé de faire appel à l’organisme reconnu en matière d’aides aux jeunes dans le Haut-Rhin, il s’agit de Sémaphore. Cette association génère une Ecole de la Deuxième Chance. J’ai ainsi contacté la responsable de cette école avec laquelle j’ai pu obtenir un entretien pour pouvoir lui parler de ma démarche (106). Mon projet lui paraît pertinent et elle a accepté de s’associer avec les Restaurants du Cœur.

1.4.1) Historique de l’Ecole de la Seconde Chance

L’idée de créer des Ecoles de la Deuxième Chance (E2C) date de 1995 et revient à Edith Cresson, alors Commissaire européenne à l’éducation. « Cela correspond à une absolue nécessité ». Le Réseau E2C France accueille aujourd’hui plus de 7 000 jeunes et se déploie sur 62 sites, dans 14 Régions et 33 Départements. Une des écoles est implantée dans le Haut-Rhin, elle se situe sur Mulhouse.

L’école de Mulhouse a été créée en mars 2000 afin d’aider les jeunes de 16 à 25 ans en difficultés sociales et professionnelles à s’insérer (107). J’ai donc pris contact avec la responsable de l’école de la seconde chance située à Mulhouse qui est prête à s’associer à ce projet. Il est maintenant nécessaire de décliner des hypothèses de déroulement de l’intervention.

1.5) Management de projet

Afin de suivre les différentes étapes du projet et de mesurer son évolution, j’ai établi un certain nombre d’outils ainsi que des fiches (108).

Cadrer le projet est la première action à effectuer en planifiant l’ensemble des actions à mener avant le projet. Ensuite, il faut conduire le projet ce qui permet, une fois le projet lancé, de gérer les aléas et contretemps éventuels. Enfin, il s’agit de conclure le projet en créant des outils d’évaluation.

2) Contenus de l’action

2.1) Les conditions pour la réussite du projet des jeunes

Nous évoluons dans une société où l’insertion des jeunes en difficultés sociales et professionnelles est de plus en plus difficile. Les jeunes sont envahis d’inquiétudes, de doutes quant à leur avenir professionnel. Pour affronter l’incertitude, il faut avoir des repères, ce qui complexifie la situation pour des jeunes en manque de repères. Pour éviter de basculer du projet existentiel au projet opérationnel, il faut suivre les cinq étapes développées par J.P. Boutinet (109) : Sujet, Objet, Rejet, Trajet et Surjet.

Tout projet implique qu’il faut cerner au départ le client ainsi que ses attentes. « Le chef de projet doit ensuite s’assurer de la faisabilité du projet, pour se faire il doit faire une première estimation de la durée du projet (110) ». Avant la mise en place du projet, il est très important de conduire un travail de conceptions et d’études détaillées du projet pour pouvoir le découper en plusieurs tâches.

Ces paronymes du projet accompagnent toute conduite de projet mais entretiennent avec elle des relations d’opposition sur le mode de paradoxes.

Le projet implique un sujet

Le projet renvoie à son auteur-sujet « qui montre sa capacité à concevoir et à réaliser ses propres intentions » (Boutinet, 2011, p.85) (111). De ce fait, le projet exprime une intention plus ou moins abstraite qui est produite par un sujet concret. Elaborer un projet renvoie à recourir à son auteur qu’il soit individuel ou collectif (Boutinet, 2011, p.85).

Elaborer un projet amène également à se poser des questions sur le coût, sur l’appartenance du projet ainsi que ce qu’il va apporter au sujet (Boutinet, 2011, p.85)

Le projet vise un objet

« Pas de projet sans un objet visé » (Boutinet, 2011, p.86). L’objet visé peut appartenir à l’une ou l’autre catégorie:

→ Un objet visé existant mais à réhabiliter : le projet de réforme ou le projet de rénovation.
→ Un objet existant mais hors d’atteinte, momentanément inaccessible: le projet d’exploration spatiale, le projet de recherche, le projet de vacances dans un pays lointain.
→ Un objet inexistant à façonner : le projet de dispositif technique, le projet d’architecture, le projet de vie.

Le projet travaille sur le rejet

En privilégiant l’objet visé, « le sujet-auteur exclut d’autres objets » (Boutinet, 2011, p.86). Son choix procède souvent par élimination, « en jetant de côté les objets qui n’entrent pas actuellement dans le champ de ses intentions » (Boutinet, 2011, p.86).
Le rejet est à envisager à un triple niveau:

→ Rejet en amont d’opportunités, de situations, d’expériences réalisées considérées les unes et les autres comme momentanément non significatives.
→ Rejet momentané des objets considérés comme non consonants avec les intentions actuelles de l’auteur.
→ Rejet différé en aval de projets prématurément vieillis, concrétisés dans des objets devenus obsolètes et encombrants.

Le projet s’intègre dans un trajet

Tout projet s’inscrit dans une trame historique fait d’une suite d’expériences jetées par l’auteur dans le temps. « Expériences qui se renforcent, se contredisent, s’opposent, s’ignorent… Au sein d’une conduite à projet, deux trajets se constituent ainsi qui restent à articuler en permanence » (Boutinet, 2011, p.87) (112) :

→ Un trajet en amont, celui de l’histoire personnelle de l’auteur ou de son organisation de rattachement. Ce trajet intègre à sa façon une pluralité de trajectoires, chaque trajectoire récapitulant une histoire bien précise, celle de l’auteur ou des acteurs concernés, celle de l’organisation ou de l’équipe-projet, celle aussi du produit ou de l’objet sur lequel porte l’innovation… (Boutinet, 2011, p.87)
→ Un trajet en aval qui esquisse à l’aide d’une ou deux trajectoires anticipées les étapes envisageables pour réaliser le projet en cause (Boutinet, 2011, pp.87&88).

Le projet génère un surjet

Le projet génère des surjets, des liens avec d’autres projets, d’autres acteurs. « Le surjet soulève le problème de la validation sociale des projets pour leur éviter de se laisser prendre à la dérive de prétentions narcissiques ou de perceptives irréalistes » (Boutinet, 2011, p.88).

Ces 5 paronymes font partie d’une méthodologie du projet et « permettent d’appréhender des composantes essentielles » (Boutinet, 2011, p.89).

Schéma explicatif des cinq paronymes évoqués par Jean-Pierre Boutinet(113)

paramètres méthodologiques constitutifs du projet

3) Présentation des séquences

Par la suite, je mettrais des séquences de travail (114) en place mensuelles, ciblées sur le sujet du contrat d’insertion dans la vie sociale. Ces séquences vont s’appuyer sur des grilles de travail que je mettrais également en place. Elles porteront essentiellement sur la notion du CIVIS ainsi que sur la loi du 18 janvier 2005.

Le premier atelier portera sur la notion du CIVIS avec tout d’abord les bénévoles ainsi que la responsable des Restaurants du Cœur.
Le deuxième atelier portera sur la loi du 18 janvier 2005.

Les autres séquences porteront sur la mise en place du CIVIS au sein des Restaurants du Cœur, sur le rôle de chaque bénévole et intervenants extérieurs.

Un projet ne peut se conclure sans une évaluation.

X] L’évaluation

Tout projet mené comporte à la fin de son lancement, une évaluation. Elle permet au chef de projet ainsi qu’à son équipe de voir ce qui a fonctionné, ce qui est à refaire, ce qu’il faut garder.
Selon Marc-Henry Broch et Françoise Cros (115), l’évaluation de projet est considérée comme :

« Un acte social, inséré dans un tissu fait d’individus travaillant dans le même organisme ;
Un acte méthodologique en ce qu’il nécessite des compétences dans l’élaboration et l’utilisation d’instruments pertinents dans un ensemble cohérent de procédures et de processus ;
Un acte stratégique qui s’inscrit dans une relation entre le commanditaire et les acteurs du projet ;
Un acte décisionnel comme l’évaluateur choisit la manière dont il va conduire l’évaluation du projet et il va négocier avec les différentes instances de l’entreprise, y compris avec le commanditaire ».

1) Phases d’évaluation

Ces étapes sont fondamentales puisqu’elles vont permettre d’évaluer, de corriger, de réajuster, d’élaborer autre chose au sein de la structure.
Pour établir une bonne évaluation sept phases vont être nécessaires :

→ Définir les limites des actions et objectifs évalués,
→ Définir le niveau d’évaluation dans lequel on se situe. Ex ante ou ex post,
→ Vérifier la qualité de nos objectifs,
→ Construire des critères d’évaluation pertinents,
→ Déterminer les indicateurs d’évaluation,
→ Sélectionner les données essentielles afin d’alléger le processus,
→ Déterminer les moyens de collecte et de traitements des données,
→ Utiliser de façon adéquate les résultats de l’évaluation.

2) Modalités de l’évaluation

L’évaluation du projet mis en œuvre se déroulera dans un premier temps en milieu de formation avec les jeunes, les intervenants ainsi que l’équipe projet lors d’une rencontre. Puis, dans un second temps, l’évaluation se déroulera au terme de la formation afin de savoir si le projet a été pertinent. L’évaluation ne s’arrêtera pas à la fin de la formation, mais continuera par la suite.

L’ensemble des étapes nécessaires à l’élaboration d’un projet a été présenté et décrit. Je terminerais ce travail de recherches par une conclusion.

88 Loi du 18 janvier 2005 du code du travail sur le plan de cohésion sociale, www.legifrance.gouv.fr, visité le 23 mars 2011.
89 Revue Point.ML. Lettre d’information du Conseil National des missions locales, n°3, avril 2005, p.3.
90 Bregeon, P. (2008). A quoi servent les professionnels de l’insertion ? L’Harmattan, p.95.
91 Schwartz, B. (2007). Rapport sur l’insertion professionnelle et sociale des jeunes, Apogée, p.33.
92 Site du ministère du travail, de l’emploi et de la santé.
93 Pain, A. (2003). L’ingénierie de la formation : état des lieux. L’Harmattan, p.7.
94 Boutinet, J.P. (2001). Anthropologie du projet. Paris. PUF.
95 Bernard, M. (2005). Le e-learning : la distance en question dans la formation. L’Harmattan, p.58.
96 Latchoumanin, M. (2005). L’éducation et la formation dans les Sociétés multiculturelles de l’océan indien. Karthala, p.20.
97 Maragnani, A. (2000). Ingénierie des dispositifs de formation à l’international. Educagri, p.23.
98 Maragnani, A. (2009). Formation professionnelle et développement rural. Educagri, p.186.
99 Paquette, G. (2002). Ingénierie pédagogique : pour construire l’apprentissage en réseau. Presses de l’Université du Québec, p.7.
100 Tableau in C. Parmentier, op.cit, p 133.
101 Bazin, H. (2006). Espaces populaires de créations culturelles, enjeu d’une recherche action situationnelle. Jeunesse éducation territoires.
102 Monereau, M. (2008). Managements des organisations touristiques, Bréal, p.28.
103 Schwartz, B. (2007). Rapport sur l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Apogée.
104 Directeur de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille
105 Phases de l’Ecole de la Deuxième Chance de Mulhouse
106 cf Annexe 1 : mail de réponse de N. JEKER WASMER.
107 Données recueillies sur le site de Sémaphore Mulhouse.
108 Cf Annexes 2 à 11.
109 Boutinet, J.P. Texte issu des « Cahiers de l’actif ». N°266/267 Dossier : « Le projet en quête de sens ».
110 Cours de Management du projet de Madame Ben-Abid
111 Boutinet, J.-P. (2011). Psychologies des conduites à projet, Que sais-je ? Puf, pp.85&86.
112 Boutinet, J.-P. (2011). Psychologies des conduites à projet, Que sais-je ? Puf, pp.87-89.
113 Boutinet, J.-P. (2011). Psychologie des conduites à projet, Que sais-je ? Puf, p.89.
114 Cf Annexes 12 à 28
115 Broch, M.- H. & Cros, F. Evaluer le projet de notre organisation, Lyon, Chronique sociale, p.27.

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