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Partie 2 : L’évolution du football français

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IV. L’ histoire du football en France

La connaissance du passé permet de comprendre le présent et ainsi mieux préparer l’avenir. Ce sera le fil conducteur de cette partie ou nous traiterons de la naissance du football français jusqu’à sa forme et son organisation actuelle.

7) Fin 19ème/ début 20ème : les prémices d’un sport populaire

L’activité physique et sportive en France a été influencée dès la seconde moitié du 19ème siècle par la défaite de Sedan en 1870 où l’on s’est aperçu que les capacités physiques des français face aux prussiens qui pratiquaient activement la gymnastique, étaient limitées. On a donc commencé l’incitation à la pratique sportive en France sur le modèle allemand de la gymnastique et de la discipline du corps. Mais l’influence anglaise s’est assez vite fait ressentir. Elle prônait notamment l’amateurisme et les vertus sociologiques du sport. L’aristocratie et la bourgeoisie se réunissait au sein de clubs multisports. Cette pratique s’est diffusée en France par le biais de la haute société parisienne alors largement anglophile. On peu évoquer l’effet « d’anglomanie »(17), pour décrire la rapidité avec laquelle se sont développés les clubs et les sports « anglais », qui ont peu à peu supplanté les sports « allemands ». On peut toutefois évoquer une spécificité française : le cyclisme, qui va connaître un développement important.

Seulement la France n’est à cette période « qu’un grand corps inerte » d’après une citation de Pierre de Coubertain. Car le développement de la pratique sportive n’est jusqu’alors dû qu’à des initiatives privées, (Jeux Olympiques, Tour de France, apparition des premiers clubs comme Le Havre Athletic Club en 1872, dont le nom montre bien l’influence anglaise et le caractère multisports) avec des compétitions nationales et internationales. La pratique régulière d’un sport reste marginale et non coordonnée. Même si les chiffres divergent selon les sources, on estime à près de 350000 le nombre de licenciés en 1914 soit moins de 1% de la population (plus de 40 millions selon l’INSEE en 1914) contre plus de 26.5% de nos jours (17.4 millions de licenciés en 2010 pour une population de 65.35 millions, chiffres INSEE).

Il existe en effet à cette époque de nombreuses fédérations multisports qui manifestent du caractère spontané d’une organisation du sport à l’initiative des pratiquants. On peut citer comme l’USFSA (Union des sociétés françaises des sports athlétiques) qui préfigure en quelque sorte le CNOSF avec la présence en son sein de la plupart des sports de l’époque et où l’on suit le modèle anglais de l’amateurisme. Cette fédération compte qui compte 180 000 membres dont 300 clubs de football, la FGSPF (Fédération gymnastique et sportive des patronages de France) qui comprend 350 clubs de football, la FCAF (Fédération cycliste des amateurs français) dont 50 clubs de football.(18)(19)(20)

Mais si le développement de la pratique sportive c’est fait de façon chaotique et non coordonnée, certains sports ont très tôt connu un engouement populaire important et des enjeux financier ont commencé à apparaître. Ainsi en Angleterre, dès 1863 plusieurs clubs de football ont créé la Football Association (FA), qui demeure encore aujourd’hui afin de bénéficier d’un contrôle sur l’élaboration de règles et sur le développement de ce sport. Très tôt les clubs ont commencé à s’intéresser aux recettes liées à la billetterie et au recrutement des meilleurs joueurs en leur offrant des rémunérations. Ceci est lié au fait qu’avec le succès considérable du football, nous sommes passé d’une pratique réservée à l’élite qui a rapidement laissé la place à un sport de masse, populaire avec de nombreux joueurs mineurs, ouvriers, qui devaient bénéficier de dédommagements car la pratique du football se faisait souvent au détriment de leur travail rémunéré. Pour plus de transparence et afin d’éviter toute hypocrisie sur une pratique couramment utilisée, la FA a autorisé le football professionnel dès 1885. Cette mesure va bien sûr à contre-courant de l’ethos amateur développé par la haute société anglaise qui considérait « la possible rémunération des joueurs comme inélégante, voire vulgaire »(21). Le fait que le rugby à 15 ne soit devenu professionnel dans les pays anglo-saxon qu’en 1995 malgré son grand succès montre bien cet attachement de la bourgeoisie pour l’amateurisme.

8) Structuration de la pratique du football et apparition du professionnalisme

Par ricochet en France entre fin 19ème et début 20ème, l’USFSA a tenté de freiner l’expansion du football et de ses compétitions afin de conserver un certain élitisme et un amateurisme au non de principes identiques à ceux exposés par la haute société anglaise. Pourtant, la pratique du football dans des clubs unisports semble avoir débutée dès 1894 au Havre et peu de temps après dans l’agglomération parisienne. Et on recense aussi des fédérations unisport comme la LFA (Ligue de football association) avec 36 clubs de football affiliés. A cette époque le développement non coordonné des fédérations ainsi que leur volonté de contrôler la pratique d’un sport donné provoque des luttes de pouvoir. Et le football n’échappe bien sûr pas à la règle… L’USFSA, alors toute puissante, met tout en oeuvre pour freiner le développement de compétitions de football.

En 1904, le français Jules Rimet créé la FIFA (Fédération internationale de football association), dans le but de permettre la promotion du football au niveau international. Cette instance ne reconnaît toutefois qu’une fédération par sport et par pays et c’est l’USFSA qui va obtenir le droit d’organiser le développement du football dans un premier temps. Puis c’est au tour de la CFI (Comité français interfédéral, dont l’USFSA deviendra membre) et en 1919 de la FFF d’avoir les faveurs de la FIFA. Mais il n’existe pas encore à cette époque de compétition au niveau national, mise à part la Coupe de France (Coupe Charles Simon) créée en 1917.

Alors qu’en Angleterre le passage au professionnalisme est assez rapide presque sans heurt, la situation n’est pas la même en France. Alors que les rémunérations non déclarées et autres avantages en nature étaient courant dans le football français au début du 20ème siècle, l’accès au professionnalisme est officiel seulement en 1932. De plus, contrairement aux clubs anglais, les clubs français n’ont pas structuré leur budget de fonctionnement et optimisé leurs recettes de façon à supporter des charges salariales. Ils sont alors peu nombreux à obtenir le statut professionnel et certains redeviennent même amateurs par la suite. Un peu plus tard, « Le régime de Vichy, très attaché à l’amateurisme et jugeant le métier de footballeur professionnel décadent et immoral met un terme à cette première expérience du football professionnel »(22).

Après la Seconde Guerre Mondiale un groupement des clubs autorisés se créé, dont les membres ont le statut professionnel et sélectionnent les eux-mêmes les nouveaux arrivant. Il y a donc à cette époque une véritable coupure entre le monde amateur et professionnel. En 1961, afin d’être mieux représenté et surtout pour tenter d’avoir un pouvoir de négociation plus élevé (les joueurs sont liés à leur club obligatoirement par un contrat à vie) Eugène N’Jo Léa et Just Fontaine (footballeurs), aidés d’un juriste, créent l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP). C’est encore le syndicat actuel de tous les footballeurs. En 1970 les clubs amateurs pourront intégrer la ligue professionnelle grâce aux résultats sportifs, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Mais c’est aussi en 1973 que vont être créé les centres de formation et une forte incitation de la part de la DTN pour faire jouer des footballeurs formés au club va apparaître. Une façon de reprendre le contrôle sur les nouveaux joueurs mais aussi de combler une absence de structure d’insertion alors que le professionnalisme est développé depuis de nombreuses années.

C’est au cours de cette décennie que des changements importants vont avoir lieu au niveau de la structure juridique des clubs professionnels. Ils vont annoncer d’une certaine façon l’intégration de plus en plus importante de la sphère économique dans le monde du football.

V. A partir des années 70 : trois changements majeurs

Les profonds bouleversements qui ont eu lieu depuis les années 70 ont eu des impacts sur la structure juridique même des clubs de football, sur leurs recettes et aussi sur leurs charges d’exploitation. Ces trois conséquences vont constituer les prochains axes de réflexion.

9) Le statut juridique des clubs

Malgré un passage au professionnalisme qui a commencé en 1932, ce n’est qu’en 1975 que les clubs ont pu changer leur statut juridique d’association de « loi de 1901 » en société d’économie mixte locale (SEML) de façon à pouvoir bénéficier d’actionnariat public et privé. Cette nouvelle loi avait pour but de permettre au clubs professionnels de pouvoir mieux gérer l’apparition d’enjeux financier devenus de plus en plus important et laisser une place plus important à l’économique en se rapprochant du modèle de l’entreprise, avec toutefois des spécificités mais qui vont s’atténuer au fil du temps.

En 1984, devant le dépassement d’un seuil financier définis par la loi, les clubs ont l’obligation de créer une société anonyme à économie mixte (SAOS) ou une société d’économie mixte sportive locale (SEMLS). Si la loi de 1987 permet de pouvoir conserver le titre d’association à statut renforcé, en 1999, tous les clubs professionnels ont l’obligation de devenir des sociétés anonymes. Une modification du code du sport en 2004 permettra plus de flexibilité. « Une société sportive peur prendre trois formes : une société à responsabilité limitée ne comprenant qu’un associé, dénommée entreprise unipersonnel à responsabilité limitée (EUSRL), une SAOS ou une société anonyme sportive professionnelle (SASP). »(23)

L’objectif final lié à ces possibilités de changement de statut est de permettre aux clubs une meilleure adaptation à l’économie de marché. En effet, si le cadre d’EUSRL et de SAOS est assez contraignant (pas de versement de dividendes, l’association « loi de 1901 » support doit détenir au minimum un tiers du capital social, titres nominatifs pour les SAOS), celui de SASP est très proche des entreprises classiques (versement de dividendes, possibilité de rémunérer les dirigeants, titres non nominatifs, pas de capital minimum à détenir pour l’association support) et est beaucoup plus attractif pour les investisseurs. En France, sur la saison 2008-2009, 19 clubs sur 20 de Ligue 1 étaient des SASP et 18 sur 20 de Ligue 2 l’étaient aussi. En Ligue 1, seul l’AJ Auxerre (aujourd’hui relégué en Ligue 2) avait le statut de SAOS, détenus à 99% par l’association AJA Football ; et en Ligue 2 l’AC Ajaccio (aujourd’hui en Ligue 1) était une EUSRL et le club de Bastia (aujourd’hui en Ligue 1) une SAOS.

La quasi totalité des clubs se sont donc structurés en société anonyme avec pour objectif final la maximisation du profit, ce qui n’est pas le cas d’une association, et cela a des répercussions sur le management du club. Tout comme la présence d’investisseurs extérieurs au club ou la cotation du club en bourse comme cela est le cas pour l’Olympique lyonnais et Football Club Istres. Comme presque toutes les équipes professionnelles françaises sont donc, au moins en partie, détenues par des investisseurs extérieurs. Il convient alors de définir les types de propriétaires que l’on retrouve régulièrement à la tête des clubs et de connaître leurs motivations pour mieux comprendre la politique de formation, de recrutement, la stratégie commerciale…

Le football a rapidement été un sport populaire pratiqué par les ouvriers et mineurs. Cette population, souvent venue des campagnes a utilisé ce sport collectif comme moyen d’intégration. Cela explique la forte présence de clubs dans les villes manufacturières et minières, et aussi que « au début de l’air professionnelle, tous les clubs étaient adossés à de grandes entreprises industrielles »(24). Car très tôt celles-ci ont tenu à contrôler et développer les clubs locaux d’abord par le biais de subventions quand il n’existait que le statut d’association, puis ensuite sous forme de prise de participation directe quand la forme juridique le permettait. L’objectif premier était d’acquérir une notoriété au niveau national pour la firme comme pour la ville.

L’exemple du FC Sochaux-Montbéliard est très évocateur : le club de football a été fondé par Jean-Pierre Peugeot, directeur commercial du groupe en 1929 de façon à faire connaître l’enseigne Peugeot et la région reculée de Montbéliard. En instaurant la coupe Peugeot de 1930 à 1932, qui regroupe les meilleures équipes françaises, il va être à l’origine du championnat de France professionnel créé en 1932. Outre la notoriété, un club de football, s’il obtient de bons résultats, peut être un excellent vecteur pour l’image de marque. Dans le nord et l’est notamment l’approche des grands patrons était paternaliste et l’objectif caché de la création de clubs étai aussi de pouvoir avoir un contrôle sur les employés, de les occuper, de les distraire, de façon à apaiser les tensions sociales. A Lens par exemple, les joueurs étaient des mineurs et les ingénieurs des Mines étaient présents dans la majeure partie des postes à responsabilité du club.

Si la vision paternaliste des de la première moitié du 20ème siècle a disparu, l’objectif d’acquérir une plus fort notoriété et une meilleure image de marque est demeuré pour les entreprises qui peuvent depuis 1975 être propriétaire de clubs. C’est le cas pour Peugeot ou le Groupe Nicollin (propriétaire du club de Montpellier) par exemple avec en plus une volonté de mieux associer leurs employés à la culture d’entreprise. Mais aussi pour des multinationales qui peuvent être inconnues en France comme cela a été le cas pour Index Corporation au GF38. Ces très firmes transnationales ont très fortement investi dans le monde du football ces dix dernières années, au point même de changer le nom des clubs ou d’en créer de toute pièce. Avec la montée en puissance du monde de la finance a eu aussi des effets sur la propriété des clubs français. En 2006, le PSG à en effet été racheté par des fonds d’investissement (acteurs rares mais qui tendent à être plus présents) américains, dont l’objectif est la recherche de rendements financier.

C’est cette même année que l’autorisation de cotation en Bourse des clubs a été effective en France (alors qu’elle est courante en Angleterre, au Danemark, en Turquie). « L’intérêt principal que peut avoir une introduction en Bourse pour un club de football professionnel est donc celui du financement d’un projet ».(25). Il s’agit du recrutement de joueurs ou de l’acquisition d’un stade comme le veut l’Olympique lyonnais afin de générer des revenus plus réguliers, moins soumis à l’aléa sportif. Le deuxième club à avoir tenté l’expérience en France est celui d’Istres. Selon Aglietta M., Andreff W., Drut B.(26) l’introduction en Bourse des clubs pose un problème de valorisation. En effet, le bilan de la plupart des clubs est constitué en grande partie par des actifs intangibles, les contrats des joueurs. Le problème est que la valeur de ces contrats est très volatile et ce déprécie rapidement. Ainsi le cours des actions d’un club est soumis à de fortes variations, qui peuvent être indépendantes des résultats sportifs. L’ouverture aux marchés financiers est donc synonyme d’apports en capitaux mais aussi d’une plus grande instabilité. Des montages sous la forme d’OPA peuvent aussi être réalisés et créer de fortes dettes malgré de très bons résultats sportifs comme cela est le cas depuis la famille Glazer a racheté le club de Manchester United.

Cette famille milliardaire, qui a mis en difficulté financière un club qui n’était pas endetté, est clairement un contre exemple d’un tout nouveau type d’acteur entré sur le marché du football professionnel : les multimillionnaires ou les milliardaires. Le nombre de propriétaires de clubs possédant ce statut a fortement augmenté ces dernières années. La majorité d’entre eux ne sont pas motivés par des gains financiers mais poursuivent plutôt un objectif de notoriété ou d’amélioration de leur image lorsqu’ils ont fait l’objet de scandales ou que leur enrichissement est du à des activités peu louables. Ils ont donc souvent l’allure de mécènes car ils injectent des sommes colossales pour construire un nouveau stade, de nouveaux équipements, pour recruter les meilleurs joueurs… mais ils savent qu’ils ont peu de chance d’avoir un retour sur investissement, et ils s’en moquent.

Mais cette arrivée de fonds presque illimitée sur le marché des transferts a pour effet une forte augmentation des prix des joueurs (et de leur salaire !). Du moins ceux qui ont la faveur des milliardaires. L’impact est aussi notable sur l’ensemble d’un championnat. En France, François Pinault, président du Stade rennais ne possède pas la folie dépensière, ce n’est pas le cas pour les nouveaux propriétaires qataris du PSG qui ont déjà investis environ 200 millions d’euros en un an. Notons aussi que Dimitri Rybovlev, le nouveau propriétaire de l’AS Monaco (Ligue 2) déjà dépensé en une demi-saison 20 millions d’euros pour le recrutement du mercato d’hiver soit plus que le budget annuel que la plupart des clubs de Ligue 2 !

Nous avons ainsi évoqué le passage progressif de clubs au statut d’association de type « loi de 1901 » à celui de société anonyme avec à leur tête des acteurs privés très différents. L’intégration progressive du football professionnel dans l’économie de marché et la ressemblance de plus en plus forte entre le club et l’entreprise traditionnelle induit de procéder à une étude des recettes et de leur éventuelles évolutions.

10) L’explosion des droits télévisuels

En l’espace de 30 ans, « comme l’expliquent Andreff et Staudohar (2000), les clubs sont passés d’un modèle « spectateur-subventions-sponsors » à un modèle « média-corporate-merchandising-marchés-globalisés » »(27).

Cette assertion est une bonne manière de résumer de profonds changements qui ont eu lieu dans le monde du football et qui ont eu un impact important sur les recettes des clubs professionnels. Les chiffres le prouvent : pour la saison 1970-1971 les revenus des clubs de première division français étaient composés à 81% par la billetterie, 18% de subventions municipales et 1% de sponsoring(28) alors que pour la saison 2008-2009 les droits télévisuels représentaient 57%, 20% était lié aux sponsors, 13% à la billetterie, 4% en subventions et 6% autres (reprises de provisions, transfert de charges et divers)(29) (voir en annexes 2). Dans le même temps une très forte augmentation du chiffre d’affaires des clubs professionnels a eu lieu. Pour les clubs de Ligue 1(30), nous sommes ainsi passés d’un budget moyen hors taxe de 13 millions d’euros en 1995-1996 à un peu plus de 50 millions d’euros en 2009-2010. Au total les revenus globaux des clubs de Ligue 1 étaient de 274 millions d’euros en 1995-1996 contre 1.20 milliards d’euros en 2006-2007, avec par exemple un taux de croissance moyen de 17% entre 1995 et 2000.

La principale cause de ces bouleversements dans les revenus des clubs est l’explosion télévisuelle qui a débutée dans les années 80. A partir de 1984, d’un régime semi-concurrentiel en matière d’audiovisuel, la France a progressivement ouvert à la concurrence son réseau à la concurrence (Canal+ en 1984, TF1 en 1987…). La LFP, qui détient le monopole des droits de retransmission des matchs des équipes de Ligue 1 et de Ligue 2, a alors opté pour un mécanisme d’enchère pour vendre les droits au plus offrant.

Progressivement un modèle offreur unique, demandeurs multiples s’est installé : avec l’augmentation progressive des chaînes de télévision et leur intérêt croissant (notamment les chaînes payantes) pour les matchs de football, alors que dans le même temps la LFP était en position de monopole, le pouvoir de négociation des chaîne s’est fortement réduit et les prix ont flambé. Et ce phénomène n’a cessé de s’amplifier avec une diversification du paysage audiovisuel (apparition des chaînes payantes, des chaînes sport mais aussi de la retransmission internet ou via mobile…).

Alors que le montant total des droits TV étaient de 0.8 million d’euros en 1983-1984 et ne représentaient qu’une part infime des revenus des clubs professionnels, le taux est passé à 31% en 1995-1996 et à 58% en 2008-2009 avec un montant total de 680 millions d’euros annuels. Il est loin le temps ou l’on pensait que la télévision allait « tuer » le football en vidant les stades ! Celle-ci est même une véritable manne financière. Sur les 680 millions, 594 (soit 87%) sont attribués aux clubs professionnels dont 534.6 (90% du montant attribué aux clubs professionnels) aux clubs de ligue 1 et 59.4 (10% du montant attribué aux clubs professionnels) aux clubs de ligue 2, le reste étant répartis entre la taxe « Buffet » (34 millions d’euros, 5% du total), les frais de fonctionnement de la LFP et les subventions au football amateur (52 millions d’euros, 8% du total).(31)

L’explosion des droits télévisuels a donc été un formidable vecteur de développement du football professionnel par les ressources financières apportées mais aussi grâce à une meilleure visibilité. La médiatisation des compétitions permet une hausse du nombre de licenciés et surtout elle a contribuée a fortement augmenter les recettes en sponsoring qui représentent désormais la 2ème ressource des clubs professionnels français. On note aussi une certaine interdépendance et une convergence des objectifs entre football et chaîne TV : « la réussite commerciale des premiers est conditionnée par l’attractivité des seconds, elle-même nourrie par la redistribution des droits de retransmission télévisuels »(32). Au point que les chaîne investissent fortement pour détenir des actions des clubs (Canal+ au PSG avant l’arrivée de fonds qataris, M6 au girondins de Bordeaux). Ce phénomène est très poussé outre-manche notamment.

Seulement cette forte dépendance (les revenus des droits TV représentent près de 60% du chiffre d’affaires des clubs professionnels français) est aussi inquiétante car certaines chaînes TV ont déjà fait faillite et les montants semblent stagner depuis quelques années. De plus, la LFP a été obligé de procéder à un 2ème tour d’enchère en 2008 lorsqu’il s’agissait de la vente des droits télévisuel pour les quatre prochaines années car le premier montant n’était pas assez élevé. Heureusement la somme espérée par la LFP (et les clubs professionnel) a été atteinte au 2ème tour (668 millions d’euros annuel). Mais l’achat d’une partie des droits TV pour 4 ans par Al Jaazira lors de la dernière enchère de la LFP a permit de lever les inquiétudes pour quelques années du moins. Cette chaîne de télévision est le symbole, avec les propriétaires qataris du club du PSG ou le millionnaire russe de l’AS Monaco, d’un nouveau type d’acteur possédant des ressources quasi illimitées, une volonté d’exister sur la scène internationale et un engouement pour le football. Ces véritables mécènes, au comportement économique souvent irrationnel auront surement un rôle de plus en plus important dans les années à venir.

Avec la forte augmentation de leurs revenus, les clubs professionnels français ont adopté un modèle organisationnel proche de celui des grandes entreprises. Afin d’être plus compétitif, ils ont pu aussi attirer les meilleurs joueurs en proposant des indemnités de transfert élevées et de hauts salaires. Mais comme l’explosion des droits de retransmission télévisuels a eu lieu dans toute l’Europe, les clubs européens se sont donc livrés à une surenchère au profit des joueurs de talents, qui ont vu leur valeur augmenter. Un autre élément a aussi participé à l’accroissement des indemnités de transfert à des niveaux à peine imaginables pour un sportif. Ces changements auront des impacts significatifs sur les charges des clubs professionnels.

11) Une libéralisation du marché du travail

Jusqu’en 1995, les règles concernant le marché du travail des footballeurs professionnels était émises par les instances dirigeantes du football. Elles étaient spécifiques au sport et possédaient des clauses spéciales (ont dit que les lois spéciales dérogent aux lois générales) qui pouvaient être très différentes de celles présentes en droit commun. On peut citer notamment la possibilité pour un club de réclamer des indemnités de transferts pour les joueurs en fin de contrat, une limitation à 3 joueurs étrangers ressortissant de l’Union Européenne par club plus deux dits « assimilés », c’est-à-dire résidents en France depuis plus de 5 ans dont 2 années dans les équipes de jeunes. Ces dispositifs ont été mis en place pour tenter de maintenir un équilibre compétitif en évitant que les talents ne se retrouvent au sein d’une même équipe. Mais ils étaient aussi un frein à la mobilité des joueurs et leurs laissaient un pouvoir de négociation assez restreint (pas de négociation collective possible).

Mais la situation va être bouleversée en 1995 par l’arrêt Bosman, qui va faire disparaître le nombre maximum autorisé de joueurs étrangers et de façon plus progressive, les indemnités de transfert pour les joueurs en fin de contrat. Cette décision fait suite à une bataille juridique entre Jean-Marc Bosman et le club du RFC liège. Avant le début de la saison 1989-1990, le joueur belge refuse une prolongation de contrat qui prévoyait une diminution de son salaire de 75% pour l’année 1990-1991, ce qui le place sur la liste des transferts. Malgré une offre proposition de l’US Dunkerque conforme au prix fixé, le RFC Liège refuse de laisser partir Bosman et celui-ci, après un an de suspension de football du fait du désaccord, saisit l’affaire au tribunal. Le motif invoqué est le suivant : « les règlements relatifs aux transferts et aux clauses de nationalité sont incompatibles avec les règles du Traité de Rome en matière de concurrence et de libre circulation des travailleurs. »(33)

C’est donc la Cour de justice européenne qui est saisie de l’affaire et elle donne raison au joueur lors de son arrêt du 15 décembre 1995 dit « arrêt Bosman ». « Il s’agit d’un arrêt de principe par excellence… D’abord en ce qu’il qualifie le football professionnel d’activité économique ».(34) La Cour de justice européenne ne possédait pas dans son champ de compétence le domaine sportif, a donc d’abord jugé que le football était une activité économique pour justifier son intervention. Cette décision « a pour conséquence majeure, et c’est à ce second titre que l’arrêt constitue un arrêt de principe, l’assujettissement du monde du football professionnel aux règles du droit européen applicable aux activités économiques ordinaires »(35). Il n’y a donc plus « d’exception footballistique », on réduit le pouvoir des instances dirigeantes du football aux simples règles du jeu, au profit d’une stricte application des lois économiques.

De récents arrêts (Malaja, Kolpak, Simutenkov) ont même permis d’élargir aux membres de l’Espace économique européen, à la Suisse, la Russie, et les 79 pays ACP l’absence de limitation du nombre de joueurs dans un effectif au non des accords entre l’UE et ces pays (bilatéral pour la Suisse, accord de Corfou pour la Russie, accord de Cotonou pour les pays ACP) portant sur le principe de non-discrimination sur la nationalité. Jusqu’à présent l’UE ne n’était jamais intervenu pour légiférer dans le domaine du sport, mais avec l’arrêt Bosman et les accords suivants, elle considérait le football comme une activité économique normale, soumise à la libre circulation (ici des joueurs). Cette intervention a bouleversé l’organisation du marché du travail du football professionnel. Dans un premier temps, du fait d’un élargissement du marché de l’offre, avec un marché des joueurs de football au niveau européen (dérèglementation, décloisonnement), la théorie prévoyait une baisse des coûts salariaux, ou du moins une augmentation moins rapide que les revenus des clubs, car l’offre très abondante devait s’adapter à une demande en théorie inchangée.

Mais c’est au contraire une explosion des indemnités de transfert et des salaires qui a été enregistré. En analysant les saisons après « arrêt Bosman », on peut trouver nombre d’exemple évocateurs : « Les salaires et charges sont passés de 8 à 24,5 millions d’euros en moyenne par club, entre 1995-1996 et 2001-2002. » Sur la période 1995-2001, « l’augmentation annuelle des charges d’exploitation a avoisiné 19% contre 17% pour les recettes »(36). Dans le même temps, si l’on étudie le classement des 20 transferts les plus couteux,(37) on s’aperçoit qu’ils ont tous été réalisé après 1995 avec des périodes d’euphorie puisque 11 transferts ont été réalisés entre 1999 et 2002. Le tableau suivant permet aussi de mieux se rendre compte des montants croissants des indemnités de transferts :

Les recettes liées aux transferts en Ligue 1

Plusieurs explications sont à retenir pour expliquer ces fortes hausses des salaires et des indemnités de transfert. Tout d’abord, une multiplication des opérations de transfert a eu lieu ce qui signifie une forte demande de la part des clubs. En conséquence les prix des joueurs ont augmenté selon le mécanisme d’ajustement de l’offre à la demande. L’étude 2009 de l’Observatoire des joueurs professionnels (PFPO), montre que les joueurs ont désormais une fréquence de transfert de 3.14 (moyenne pour les défenseurs) à 4.15 (moyenne pour les attaquants) sur 10 ans. Ensuite, afin de conserver leurs joueurs de talent, les clubs ont fortement allongé la durée des contrats. Les acheteurs potentiels devaient donc, en plus de payer la valeur intrinsèque du footballeur, racheter les années de contrats restantes ce qui a fait augmenter le prix final.

Cette dernière stratégie est toutefois très risquée. Entre 2002 et 2005, lorsque l’euphorie « après Bosman » s’est estompée et que l’offre de joueurs s’est avérée supérieure à la demande, les clubs vendeurs ont du céder leur joueurs à prix cassés du fait de contrats en cours encore très long. La solution du prêt, qui fait toujours débat sur son adéquation avec le code du travail est alors apparue. Un prêt signifie qu’un joueur soit cédé à un autre club gratuitement, à condition que ce soit la nouvelle équipe du footballeur qui paye son salaire. Ils peuvent être assortis d’option d’achat à terme. C’est une manière d’alléger la charge salariale pour l’un et de ne pas avoir à payer d’indemnités de transfert pour l’autre partie.

Malgré l’augmentation spectaculaire des revenus du football professionnel, la problématique des charges salariales élevées a perduré. Il apparaît alors que la hausse des droits de retransmission télévisuels a été utilisée principalement pour compenser une forte croissance de la rémunération (salaires et coûts afférents, charges sociales notamment) des joueurs, et non pour réaliser des investissements d’avenir. En effet, d’après le Rapport Besson de novembre 2008(38), les dépenses de salaire en pourcentage du budget étaient de 69% en 1997-1998 pour les clubs professionnels français et de 64% en 2006-2007. (voir annexes 3) Il s’agit donc du poste de dépense le plus important, et de loin. Comme nous l’avons observé en amont, une dérèglementation du marché du travail aurait du conduire à une baisse des rémunérations des joueurs, or cela fut l’inverse. Ce phénomène s’explique par un marché du travail spécifique au football professionnel et par de nombreux effet induit par « l’arrêt Bosman ».

Premièrement, il apparaît que le marché du travail du football professionnel est fortement segmenté. Autrement dit chaque salarié ne possède pas le même pouvoir de négociation, ni la même valeur en terme de capital humain. C’est-à-dire qu’il est nécessaire de découper le marché du travail en plusieurs catégories pour mieux l’analyser. Certains spécialistes retiennent une triple catégorisation : les vedettes, les « intermédiaires », les « porteurs d’eau ».

D’autres opèrent avec un double niveau d’analyse : un segment primaire à deux niveaux (primaire inférieur et primaire supérieur) et un segment secondaire. Le tableau en annexes 4, portant sur marché joueurs permettra une meilleure compréhension.

Ainsi nous sommes donc dans la situation d’un marché imparfait, où le cloisonnement est lié au talent et aux retombées économiques potentielles des joueurs (sponsoring, capacité à attirer un public nombreux dans les stades) et non aux barrières géographiques. Toute tentative de dérégulation ne peut donc obtenir les mêmes effets que lorsque l’on est en présence d’une concurrence pure et parfaite. Trois marchés différents, qui coexistent, sont donc à isoler :

-Un quasi-monopole (concurrence presque nulle/très forte demande) pour les vedettes
-Un oligopole (assez peu de concurrence/assez forte demande) pour les « intermédiaires »
-Un oligopsone (forte concurrence/faible demande) pour le « porteur d’eau ».

Le cloisonnement du marché explique donc l’envolée des indemnités de transfert mais principalement pour la catégorie des vedettes. Pour comprendre l’évolution dans son ensemble, on peut évoquer l’effet de contagion, signe qu’un lien est toutefois présent entre les différents types de marché. Tout d’abord, l’augmentation de la rémunération des joueurs stars nécessite aussi une hausse de des salaires des autres footballeurs de l’équipe pour assurer une meilleure cohésion. Ensuite, la catégorie des vedettes semble s’être élargie car les clubs ont utilisé leur nouvelle manne financière issue des droits télévisuels pour conserver leurs joueurs ou en recruter d’autres en augmentant leur rémunération. Des équipes de niveau moyen, possédants quelque bons éléments, préfèrent pratiquer une hausse de leur charges salariale plutôt que laisser partir leurs meilleurs élément et être obliger de débourser de fortes sommes pour attirer des joueurs extérieurs talentueux, peu enclin à évoluer dans des équipes moins prestigieuses. Enfin, la globalisation du marché a entrainé un accroissement des salaires en France, car les clubs devaient désormais s’aligner sur les standards européens, mieux dotés financièrement, concernant les diverses catégories de joueurs.

Les joueurs « vedettes » profitent donc largement de leur position dominante : dans un marché où ils ne sont pas substituables, où le développement de la technologie de l’information et de la communication permet de valoriser davantage le talent, il n’est pas étonnant de voir que ces stars captent une grande partie du montant total des salaires des footballeurs. De par leur médiatisation ils peuvent aussi en profiter pour obtenir des contrats publicitaires et de sponsoring très lucratifs. Mais pour les autres joueurs la situation est beaucoup plus délicate avec un chômage qui est devenu largement plus élevé que la moyenne nationale. Cela s’explique tout d’abord par une offre d’emploi particulièrement rigide. En effet, les clubs professionnels limitent en moyenne à 25 joueurs environ leur effectif et la recherche de nouvelles recrues est presque uniquement conditionnée par des départs (retraite, recrutement par un autre club).

Ensuite, pour faire face au poids très important des rémunérations des « vedettes » et éviter les frais de recrutement, ils essayent d’avoir recours aux centres de formation en élevant le nombre de stagiaires afin de favoriser la concurrence. Et ce sont les joueurs « moyens » qui sont les plus touché. Ils subissent déqualification (départ pour un club de moins bon niveau, ou de division inférieure) et chômage. « Très circonscrit jusqu’aux années 80 (16 en 1988), le chômage touchait en 1996 de 100 à 120 joueurs, soit un taux de 11 % ».(39) Au 30 juin 2010, on dénombrait même 245 joueurs libres de tout contrat sur la liste de l’UNFP. Sur effectif total d’environ 1000 professionnels (40 équipes ayant en moyenne 25 joueurs) le taux de chômage est donc 24.5% à cette période! En 2009, un peu plus de 100 footballeurs n’avaient toujours pas trouvé de club à la mi-saison soit plus de 10% de chômeurs de longue durée.

Nous avons observé dans cette partie que le poids des charges salariales est demeuré très important, malgré la forte hausse des revenus des clubs. Dans le même temps les transferts se sont multipliés et le montant des indemnités s’est aussi élevé, pour atteindre des sommes mirobolantes (94 millions d’euros pour le transfert de Christiano Ronaldo au Real de Madrid). Ces phénomènes ont été rendu possibles par une nouvelle législation en matière de contrat de travail en 1995. Avant 1972, les joueurs étaient liés à leur club jusqu’à l’âge de 35 ans et ne pouvait donc pas changer d’équipe au cours de leur carrière. Du contrat « à vie », forme d’esclavage dénoncée par Kopa (alors vice-président de l’UNFP) dès 1963, les footballeurs professionnels, après une grève en décembre 1972, obtiennent le « contrat à temps » qui est un contrat à durée déterminée.

En 1995, avec la libre circulation des joueurs au sein de l’Union Européenne et l’instauration d’une limite maximale de 5 ans de contrat, les transferts de footballeurs d’un club à un autre se sont multipliés. Par ce mécanisme, une équipe désireuse de recruter un joueur doit racheter auprès de son employeur (un autre club) son contrat actuel en versant une somme que l’on appelle indemnité de transfert. Le montant du transfert peut toutefois largement excéder le total de l’ancien contrat, si la demande pour un footballeur est très forte. Cela se passe notamment pour les « vedettes ». Ainsi, le contrat de travail est considéré comme un actif à part entière, dont le montant se déprécie à mesure que la durée de contrat diminue. Etant donné la faible durée de ceux-ci, on comprend mieux la forte volatilité du prix des actions des clubs professionnels actions, car ce sont les contrats des joueurs qui sont utilisés comme actif de référence principal. Un joueur libre de tout contrat peut par contre être recruté gratuitement si l’on excepte les frais inhérents au transfert comme la rémunération de l’agent du joueur.

Cette profession consiste à servir d’intermédiaire entre les clubs professionnels de façon à faciliter le transfert des joueurs. Selon la FIFA, ils étaient 277 fin septembre 2010 en France. Ne sont comptabilisés que les agents possédants une licence de la FFF renouvelée tous les trois ans. Leur rémunération est assurée par le club qui a sollicité la venue du joueur (mandateur de l’agent) selon un pourcentage défini en lors du mandat qui ne doit pas dépasser 10% du contrat conclu (montant du transfert du footballeur). Sur les 94 millions de Ronaldo en 2009, on a une meilleure idée du montant que son agent a ainsi pu gagner! Leur rôle est justifié par la présence d’asymétrie d’information sur le marché du travail.

Pour les joueurs il n’est pas aisé de connaître les salaires très divers des autres footballeurs, ni celui auquel il peut prétendre compte tenu de son talent. Face à la multitude de clubs, il n’est pas évident non plus d’être parfaitement informé sur la qualité du management, sur la santé financière de ceux-ci. Pour les clubs, il est difficile d’avoir des informations sur le joueur (caractère, capacité d’adaptation, sérieux…). Grâce à leur connaissance du milieu du football, de par leurs relations, leurs réseaux, les agents réduisent les asymétries d’informations ce qui facilite les transferts. Ils sont aussi amenés à négocier divers autres contrats (sponsoring, publicitaires…) pour les joueurs. De très nombreux footballeurs acceptent donc de laisser ces agents « gérer leur carrière » au point que de véritables « écurie se forment ».

Avec la multiplication des transferts suite à l’arrêt Bosman les charges d’exploitation des clubs professionnels ont fortement augmenté mais le développement de la profession d’agent de joueurs a aussi joué un rôle dans cette hausse. En effet, le poste de dépense « autres services extérieurs, qui comptabilise les honoraires des agents de joueurs, aurait « plus que doublé entre 1997-1998 et 2001-2002 pour se situer,… à 93.3 millions d’euros » (40). Si leur poids dans le poste des dépenses semble être redevenu moins important ces dernières années (3% des charges totales des clubs de Ligue 1 soit 33.9 millions d’euros en 2008-2009)(41). Cela est surement dû à la baisse du nombre de transfert car leur commissions moyennes sont très confortables : 360000 euros en moyenne (94 transferts pour un montant total de 33.9 millions d’euros).

Outre la hausse de la masse salariale, des frais liés aux agents de joueurs, la multiplication des transferts a aussi eu pour rôle d’augmenter le poids des charges des clubs professionnels. De 1997 à 2002, les charges résultant des achats de joueurs ont augmenté de 50% (de 156.3 millions d’euros en 1997 à 243.6 millions d’euros en 2002) pour les équipes de Ligue 1.(42). Elles représentaient environ 11% des charges totales des clubs de Ligue 1 en 2007-2008 selon la DNCG.

De profonds changements, au niveau de la structure juridique des clubs professionnels, de plus en plus adaptée à l’économie de marché ; concernant les recettes, dont le montant s’est fortement accru grâce aux droits télévisuels ; mais aussi sur le marché du travail avec un mouvement de libéralisation qui a fortement augmenté les charges d’exploitation du fait d’une hausse conjuguée des salaires et des indemnités de transferts. Mais au-delà de ces évolutions, synonyme d’une entrée de plus en plus importante de la variable économique dans le monde du football, ce sont les stratégies des clubs, acteurs majeur du système qui ont été totalement bouleversées.

17 Michel Brousse, professeur agrégé à la Faculté des Sports de l’Université de Bordeaux II
18 Selon le site de l’UFR STAPS de Toulouse : http://www.f2smhstaps.upstlse.fr/tp/fichier/UE16/CM4_5_et_6_Fin_1880_1914.pdf p 46
19 http://www.ballon-football.com/football-en-france/fffa.php
20 http://www.arena-stadium.eu.org/2500-ans-histoire/4-contemporain/1-les-debuts.html
21 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
22 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
23 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
24 Cianferani S., Marteau J-F., 2008, « Quel avenir pour le football ? », Objectif 0-0, l’Harmattan, Paris
25 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
26 2008, « Bourse et football, Revue d’économie politique, vol 118, n°2
27 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
28 Chiffres : Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
29 Chiffres Rapport Besson, « accroître la compétitivité des clubs de football professionnels français », novembre 2008,
30 Chiffres htpp://lfp.fr
31 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
32 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
33 www.afsp.msh-paris.fr/archives/archivesgroupes/…/magnette.pdf
34 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur
35 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur
36 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur
37 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
38 Chiffres Rapport Besson, « accroître la compétitivité des clubs de football professionnels français », novembre 2008
39 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur
40 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur
41 Drut Bastien, Economie du football professionnel, édition La Découverte, Paris, 2011
42 Le Sénat, rapport d’information n°336, Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin 2004, Par M. Yvon COLLIN, Sénateur

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