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IV– INTERACTIONS ENTRE RISQUES NATURELS

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Il existe une forme de connexité entre les divers risques naturels précédemment cités, précisément entre l’érosion des sols et les inondations, puis entre glissements de terrains et érosion des sols.

IV.1. Erosion des sols et inondations

L’érosion des sols participe à accroître l’occurrence des inondations dans certains sites de la ville. Ceci se justifie du fait que l’érosion se manifeste par des ravinements sur les pentes et des alluvionnements et colluvionnements dans les bas fonds. Dans les bas fonds, le problème concerne le colluvionnement de quartiers situés en contrebas des versants fortement urbanisés.

Les alluvions présentes en grande quantité réduisent le débit du cours d’eau en annihilant le degré d’inclinaison du chenal et en augmentant la charge aux déchets solides généralement présents. Lors de pluies torrentielles, le cours d’eau déborde plus rapidement de son lit obstrué par les produits issus de l’érosion.

C’est le cas dans le bassin versant de Ngoua où la forte activité érosive du plateau de Logbaba se matérialise par l’alluvionnement et le colluvionnement dans les bas fonds du quartier Carrière, d’où les débordements fréquents du Longmayangui. Les populations se trouvent contraintes à mener des activités visant à atténuer leur vulnérabilité aux inondations en procédant à l’extraction régulière des alluvions et colluvions. (Photo 14). A telle enseigne qu’il s’y développe une activité d’exploitation périodique des « mini carrières » de sable provenant de l’érosion.

La photo 14 présente d’une une stratégie de lutte contre les inondations par l’extraction des alluvions et colluvions issue de l’érosion. En effet, conscient du rôle de l’érosion dans les inondations, les populations s’attellent à extraire les sables présents, ceci essentiellement en saison des pluies.

Lutte contre les inondations par l’extraction des alluvions et colluvions au quartier Carrière

Photo 14 : Lutte contre les inondations par l’extraction des alluvions et colluvions au quartier Carrière © OLINGA 07/2010

IV.2. Mouvement de masse et érosion des sols

Dans la même logique, il existe également une étroite relation entre les mouvements de masse et l’érosion des sols. En cas de glissement, il se forme habituellement une niche de décollement à cause du déplacement vertical des matériaux de l’amont vers l’aval de la pente. La niche ainsi mise en place évolue désormais sous l’effet des mouvements lents et continus dû a l’action de l’eau de ruissellement sur la pente. C’est dans ces conditions que les habitations situées en amont de la niche de décollement initialement éloignées de l’escarpement peuvent se trouver quelques temps plus tard juché sur ce dernier.

C’est le cas à Bassa (PK 10), à l’entrée du camp Génie Militaire où l’évolution du ravin qui s’étend actuellement sur une distance de 150 m environ, avec une profondeur de 20 m et une largeur allant de 15 à 80 m menace de nombreuses maisons d’habitation riveraines sous l’effet de l’érosion. Toutefois, dans de pareilles circonstances, un autre mouvement rapide et brutal de la pente reste envisageable.

La photo 15 présente une technique de lutte anti-érosive par la stabilisation des pentes avec les pneus des voitures au quartier Carrière.

Lutte anti-érosive par la stabilisation des pentes avec les pneus des voitures au quartier Carrière

Photo 15 : Lutte anti-érosive par la stabilisation des pentes avec les pneus des voitures au quartier Carrière © OLINGA 07/2010

CONCLUSION PARTIELLE

Ce chapitre avait pour objectif de procéder à un diagnostic analytique des inondations, des mouvements de masse et de l’érosion des sols en identifiant leurs causes à partir des caractéristiques physiques et humaines de la ville.

D’une part, il en ressort que les inondations, les glissements de terrain, le ravinement et l’érosion des sols sont les principaux risques naturels dans la ville. Dans le cas de ces risques déclenchés hauteur, le débit et l’intensité des averses ne sont pas les seuls facteurs à mettre en cause dans la compréhension de la vulnérabilité de la ville de Douala. Il est admis que les changements climatiques ont un effet cumulatif, qui fera vraisemblablement que des précipitations extrêmes et des crues exceptionnelles surviendront plus fréquemment(12).

Néanmoins, dans la ville de Douala, il convient de souligner que toutes les vulnérabilités ne sont pas directement imputables aux effets des évènements climatiques, mais aussi et surtout aux actions anthropiques. Les évènements climatiques viennent accentuer la vulnérabilité d’une ville déjà fragilisée.

D’autre part, le constat de l’endommagement des éléments vulnérables montre que les préjudices sont essentiellement, les dommages directs aux personnes, aux enjeux économiques, aux infrastructures, aux services urbains en réseaux (endommagement des installations de distribution d’eau, d’électricité, relais de télécommunication, diminution de la collecte des ordures) et enfin au système d’assainissement. Ce constat ouvre une piste à l’analyse des facteurs qui dans la ville tendent à exacerber les vulnérabilités territoriales en y introduisant des nuances et des variétés.

« La vulnérabilité des choses précieuses est belle parce que la vulnérabilité est une marque d’existence. »

Simone Weil, La pesanteur et la grâce

12 Prévision du 3ème Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Source: IPCC. Climate change 2001: the scientific basis. Contribution of Working Group I to the Third Assessment Report. Cambridge, Cambridge University Press, 2001.

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