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Introduction générale

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L’état des ressources naturelles dans le monde, du fait des menaces qui pèsent sur elles, est au cœur des préoccupations mondiales. Parmi les plus essentielles, c’est l’eau qui fait le plus cruellement défaut dans certaines régions du monde. Certaines espèces sont victimes de la déforestation ou de la surexploitation. Certains métaux deviennent rares.

L’OCDE (2001) posait très clairement les enjeux liés à la gestion de nos ressources naturelles.

Le rapport disait ceci: «On observe une réduction des ressources naturelles, ainsi que des phénomènes de pollution, qui touchent à l’évidence la plupart des pays et constituent un danger de plus en plus menaçant pour la qualité de l’eau, du sol et de l’air. Les modes de production et de consommation actuels et le changement climatique à l’échelle planétaire sont autant de facteurs qui conduisent à se demander si la base de ressources naturelles de la planète va rester suffisante pour subvenir aux besoins d’une population mondiale de plus en plus nombreuse et citadine».

Des quantités importantes parmi les composantes de notre capital naturel mondial auraient été consommées en 2007(1) :

• 3,9 milliards de tonnes de pétrole,
• 2,4 milliards de tonnes équivalent pétrole de gaz,
• 6,3 milliards de tonnes de charbon,
• 1 milliard de tonnes de minerai de fer,
• Quelques milliers de tonnes à quelques centaines de milliers de tonnes d’autres minerais,
• 10 à 15 millions d’hectares de forêts (sur une superficie mondiale qui fait à peu près 3,6 milliards d’hectares).

Selon un rapport du Conseil national de renseignements des États-Unis paru en décembre 2008 analysant les tendances mondiales pour 2025 (NIC, 2008), il est probable que dans vingt-cinq ans le monde se heurtera à des pénuries d’eau et de vivres et à une concurrence vive en matière d’énergie.

Dans son rapport Planète vivante (WWF, 2012), le Fonds mondial pour la nature a livré une estimation de l’état des écosystèmes naturels de la planète, notamment forestiers, aquatiques et marins : en 30 ans, nous avons perdu près de 30 % de tout ce qui vit sur Terre(2).

Encadré 1 : Situation des ressources naturelles au Sénégal et dans la région de Kaolack

A. Au Sénégal, les ressources naturelles sont pour l’essentiel composées des ressources en eau, des ressources pédologiques des ressources végétales des ressources animales des ressources énergétiques et minières.

– Les ressources en eau sont relativement importantes et variées malgré la précarité des conditions climatiques.

Pour l’essentiel, le réseau hydrographique est tributaire des bassins des fleuves Sénégal (long de 1.770 km, son bassin versant s’étend sur 337 000 km2 dont 60 000 dans le territoire national) et Gambie (long de 1.150 km dont 477 km se trouvent en territoire sénégalais). A côté de ces deux grands fleuves, il existe quelques petits cours d’eau comme la Casamance, la Kayanga, l’Anambé, le Sine, le Saloum et des bassins côtiers dont les écoulements sont intermittents. Un certain nombre de lacs et de mares complètent ce réseau hydrographique (lac de Guiers(3), bolongs des zones estuaires et les mares de la région des Niayes).

Par ailleurs, le pays comporte des zones humides qui sont, le plus souvent, associées au réseau hydrographique fonctionnel ou dégradé.

Le potentiel des ressources en eau de surface annuellement exploitable est estimé à 7 milliards de m3 dont l’essentiel provient du fleuve Sénégal

En matière de ressources en eau souterraines, quatre nappes sont identifiées: (i) les nappes superficielles (50 à 75 milliards m3 et renouvellement de 5 milliards m3/an), (ii) les nappes semi-profondes (10 milliards m3), (iii) la nappe profonde du Maestrichtien (300 à 400 milliards m3 et potentialités renouvelables de 200 millions m3/an) et (iv) la nappe de la zone du socle dans la partie Est du pays (50.000 m3/an mobilisables).

Ces ressources, mal distribuées dans l’espace et dans le temps, sont menacées qualitativement et quantitativement par l’accroissement des prélèvements. (PAGIRE, 2007), les intrusions salines et la pollution des eaux (LPSEN, 2003).

– Les sols du Sénégal présentent une diversité inhérente à la dynamique géomorphologique et pédoclimatique. Leur évolution est surtout fonction aujourd’hui des facteurs anthropiques.

Les grandes unités pédologiques sont :

La zone du sud-est qui présente des sols caillouteux sur les plateaux de grés des contreforts du Fouta-Djalon. Sur les plaines argileuses et sur les bassins versants traversés par la Basse Falémé se sont formés des vertisols. Par endroits se rencontrent des sols ferrugineux généralement lessivés sur les cuirasses ferrugineuses des collines.

La zone des plateaux du bassin sédimentaire où se succèdent :

• des sols bruns et bruns-rouges sur les plateaux et les dunes fixes, du Ferlo septentrional à l’Ouest du lac de Guiers,
• des sols ferrugineux non lessivés formés des dunes fixées, du Cayor au Ferlo central,
• des sols ferrugineux lessivés du Sine-Saloum,
• des sols ferralitiques des bas plateaux du Saloum et de Basse Casamance.

La zone de la vallée du Sénégal et les régions littorales, sous influence de facteurs hydrologiques, comporte une accumulation de sables fins et de limons, alluvions portant des sols hydromorphes, halomorphes, alluviaux et vertisols.

En Basse Casamance et au Sine-Saloum on trouve des sols de mangrove gris-noir. En Casamance et au Sine-Saloum, s’étendent des tannes, sols de mangroves dégradés et salés.

La presqu’île du Cap-Vert est couverte par des sols ferrugineux non lessivés. Au niveau des Niayes apparaissent des sols hydromorphes sur les anciens cordons dunaires

Les ressources en sol sont dégradées; elles sont en général fragiles du fait de la salinisation, de l’acidification, de l’érosion éolienne ou hydrique. (CSE, 2000)

Les sols du Sénégal

Carte 1 : Les sols du Sénégal

Source : CSE, 2000

– Les ressources végétales sont constituées pour l’essentiel des ressources forestières, de la flore microbienne et des ressources phyto sous-marines.

Les ressources forestières sont composées de steppes arbustives (2,160 millions d’ha), de steppes arborées (3,200 millions d’ha), de savanes arbustives (0,5 million d’ha), de savanes arborées (4,600 millions d’ha), de forêts claires (2,250 millions d’ha), de forêts-galeries et forêts denses (0,040 million d’ha). Ces formations ligneuses couvraient au total environ 12,700 millions d’ha en 1980.

La flore microbienne est très mal connue malgré son importance pour la fertilité des sols en particulier Les ressources phyto sous-marines sont aussi très mal connues malgré une importante population algale et des prairies marines.

(MEPN, 2007)

Le tableau suivant montre les zones éco géographiques et les types de végétation.

Tableau 1 : Principaux Types de végétations

Principaux Types de végétations

Source : CSE, 2002

Le tableau suivant montre l’état de l’occupation des sols avec la part des ressources forestières.

Tableau 2 : Occupation des sols et distribution des types de végétation au Sénégal

Occupation des sols et distribution des types de végétation au Sénégal

Source : CSE, 2002

Dans l’ensemble du pays, il existe une dégradation des formations forestières et de leur potentiel de production. Celle-ci se déroule à une allure très rapide, avec des pertes annuelles engendrées par diverses pressions, estimées à 60 000 hectares de forêt pendant la période 1981-2000, contre 40000 ha pour la période 1981-2000 Les superficies boisées diminueraient de 1 200 000 hectares en 20 ans, soit une perte de 11 % (MEPN, 1982).

Des menaces importantes pèsent ainsi sur les ressources forestières au Sénégal. Elles sont liées entre autres :

. aux activités anthropiques : feux de brousse (toutes les régions du Sénégal sont touchées), activités cynégétiques (chasse, captures d’animaux sauvages et braconnage), coupes des espèces ligneuses pour le bois d’énergie, le bois de service et le bois d’œuvre, défrichements agricoles, surpâturage, urbanisation etc.
. aux phénomènes naturels (sécheresse et ses corollaires comme l’érosion éolienne, la salinisation, l’acidification, etc.);

– Les ressources animales sont pour l’essentiel constituées par le cheptel domestique, les ressources halieutiques et la faune sauvage.

Le cheptel domestique est dominé par la volaille avec environ 11 millions de têtes suivie par les bovins (zébus), ovins (“toubabir“, “peulh-peulh”) et caprins (chèvres du Sahel), les chevaux, les ânes, les dromadaires avec environ 9 millions de têtes. (MEPN, 2007).

Avec ses 700 km de façade maritime et ses phénomènes d’upwellings, le Sénégal est l’un des pays le plus poissonneux du globe et il détient ainsi plusieurs records du monde. A titre d’exemple, les résultats de la pêche maritime en 2008 étaient de 426 528 tonnes contre 421 910 tonnes en 2007 (DPM, 2008). a faune sauvage est relativement importante grâce à la diversité des biotopes. Les vertébrés que sont les mammifères, oiseaux, les amphibiens, ou batraciens, les reptiles sont les seuls animaux qui soient relativement bien connus. Ils comptent environ 1 400 espèces avec probablement des synonymes. Les grands mammifères se trouvent essentiellement de nos jours dans les zones protégées(4) (parcs et réserves) et leurs alentours.

La plupart des espèces sont peu abondantes à très rares. D’autres espèces ont disparu(5).

Les Oiseaux composés de granivores et de migrateurs paléarctiques (400 espèces) constituent le groupe le plus diversifié avec 623 espèces.

Les Reptiles (crocodiles, serpents et tortues) qui comptent 100 espèces, réparties entre 20 familles, sont menacés pour différentes raisons dont l’exploitation de leurs peaux pour usage commercial. (MEPN, 1998).

La faune a suivi la même tendance de détérioration que son habitat. Cette dégradation est due à plusieurs décennies de sécheresse, combinées à une pression démographique galopante, à des pratiques de gestion inadaptées et reposant sur une mauvaise connaissance du potentiel existant. (MEPN, 1997) Les ressources halieutiques en particulier sont caractérisées par leur raréfaction. Elles diminuent assez fortement sous l’effet conjugué de la surcapacité de pêche et de surpêche (Banque Mondiale, 2008)

– Le Sénégal dispose de potentialités énergétiques importantes.

Le potentiel en biomasse est estimé à 331,3 millions de mètres cubes, principalement assurés par les régions méridionales du Sénégal (Tambacounda, Kolda et Ziguinchor) (Sarr S., 2005 ; ENEFEBIO, 2007).

Le Sénégal dispose de pétrole lourd à travers le gisement du Dôme Flore, dans la zone maritime commune partagée avec la Guinée Bissau. Malgré le niveau élevé des réserves estimées à un milliard de barils(LPDSE, 2008), l’exploitation pose encore problème.

Le potentiel en hydroélectricité n’est pas négligeable puisque le Sénégal détient une part dans la production hydroélectrique du barrage de Manantali6 : 234 gigawatt heure en 2006 (10 % de la production totale d’électricité du Sénégal contre 267 gigawatt heure en 2005 Le potentiel solaire et éolien est considérable (Tableau 3).En effet, le Sénégal dispose en moyenne de 3 000 heures d’ensoleillement annuel. L’énergie solaire reçue est estimée à 2 000 kilowatt heure par mètre carré et par an (YOUM et al, 2000).

L’énergie éolienne est disponible, avec des vitesses de vent comprises entre 3 et 5 mètres par seconde et un potentiel journalier extractible estimé à 1,5 kilowatt heure par mètre carré), est sous exploitée (YOUM et al, 2000 ; CAMBLONG et al, 2009).

Enfin, le gaz naturel et le charbon minéral constituent d’autres sources d’énergie, même si leurs contributions à l’approvisionnement énergétique du pays restent souvent négligeables. Les potentialités en gaz naturel étaient estimées à 400 millions de mètres cubes en 2007. Il existe un grand site d’exploitation dans la zone de Diamniadio. En outre, le pays détient quatre turbines à gaz d’une puissance totale de 88 gigawatts heure (LPDSE, 2008),

Tableau 3 : Types, localisation et potentialités des ressources énergétiques du Sénégal

Types, localisation et potentialités des ressources énergétiques du Sénégal

Source : ENDA ENERGIE, 2005 ; ENEFIBIO, 2007

– Le sous-sol du Sénégal offre une grande diversité de substances minérales comprenant des métaux précieux (or et platinoïdes), des métaux de base (fer, cuivre, chrome, nickel), des minéraux industriels (phosphates, calcaires industriels, sels, barytine etc.) des minéraux lourds (zircon et titane), des pierres ornementales et matériaux de construction etc.

L’offre de produits miniers est relativement plus développée dans :

1– LES PHOSPHATES :

Dans la zone de Thiès-Lam Lam, il existe d’importantes réserves de phosphates alumino-calciques (environ 80 millions de tonnes) valorisables dans les filières engrais naturels et alimentation animale.

Dans la partie Nord-est du bassin, dans la région de Matam, a été confirmée depuis 1984, l’existence d’un important gisement de phosphates avec des réserves prouvées de l’ordre de 40 millions de tonnes et un potentiel de plus de 100 millions de tonnes de phosphate de chaux de très grande qualité. Une partie de ce gisement est exploitée à l’échelle d’une petite usine de production de fertilisants naturels pour l’industrie agricole au Sénégal.

2- LES CALCAIRES INDUSTRIELS :

La partie Centre-Ouest du bassin sédimentaire recèle d’importantes ressources en calcaires et marnocalcaires. Il existe d’importants gisements de calcaires paléocènes situés entre Mbour au Sud et Pout au Nord. Des calcaires paléocènes hautement titrés dans leur horizon supérieur (+95% CaCO3) sont trouvés à Bandia, Thiès et Pout.

3– L’OR :

Les ressources exploitables de la mine d’or de Sabodala (région de Kédougou) exploitée sont estimées à 1,63Moz d’or, avec des ressources de 3,55Moz.

Au Sud du gisement de Sabodala, un important potentiel aurifère de 3Moz a été découvert dans la zone de Massawa.

4– LE MINERAI DE FER :

Les gisements de fer localisés au Sud du pays sont estimés à 750 millions de tonnes.

5– L’ATTAPULGITE :

Des gisements d’attapulgite sont trouvés à Allou Kagne, Sébikotane, Mbodiene, Nianing, et Warang.

6– LES MINERAUX LOURDS :

Le Sénégal possède la quatrième mine de zircon du monde située sur une bande de 50 km de sables.

7- AUTRES RESSOURCES :

Le lithium, l’étain et le molybdène: Les granites paléo-protérozoïques de la fenêtre de Kédougou contiennent une importante concentration de lithium, d’étain et de molybdène.

Le cuivre et le chrome: la couverture géophysique aéroportée et des études géochimiques du sol ont identifié des indices de cuivre et de chrome dans la zone de Gabou et Diabal.

Nickel – cuivre et platine: Une anomalie Cu-Ni ainsi que des traces de platinoïdes ont été découverts en 1978.

Marbre: Le Sénégal oriental recèle d’importantes réserves de marbre de bonne qualité estimées à plusieurs millions de mètres cubes. Ces marbres sont localisés principalement au Sud Est du pays à Ndébou, Bandafassi et Ibel.

Des sables extra siliceux sont trouvés à Malika et à Diogo sur la zone côtière.

Enfin, le Sénégal compte des accumulations de barytine à Kidira, de kaolin à Kouroudiako, de l’amiante à Nangare Bassaris, ainsi que des indices de zinc, plomb, tungstène dans les roches Birimienne (APIX, 2010).

Malgré leur importance et leur diversité, les ressources énergétiques et minières sont peu exploitées.

B. Dans la région de Kaolack, le rapport du PRDI (2000) de la région résume les problèmes de gestion des ressources naturelles en ces termes :

– appauvrissement des sols,
– baisse de la qualité des eaux,
– réduction du couvert végétal,
– régression de la faune sauvage, etc.

– L’appauvrissement des sols

Les sols ont subi différentes agressions ayant entraîné la baisse de leurs aptitudes à certaines activités de production.

Les facteurs dégradants les plus importants sont :

– la longue pratique de systèmes de production inappropriés : la monoculture arachidière et l’abandon progressif de la jachère ont entraîné la baisse de fertilité des sols.
– la salinisation des terres causée entre autres par la baisse de la pluviométrie et l’insuffisance des actions de conservation.
– les érosions hydriques et éoliennes : les sols sont décapés et leur texture détruite par les actions néfastes des vents et / ou les eaux de ruissellement.

C’est ainsi que d’importantes pertes de terres arables ont été constatées dans les villes de Nioro, NGanda, Birkelane, Médina Sabakh et Sibassor.

– La baisse de la qualité des eaux

Deux phénomènes en sont à l’origine :

– La salinisation :
• La salinisation des eaux de surface dans le département de Nioro où le Baobolong, jadis propice à la riziculture est devenu saumâtre.
• La salinisation des eaux souterraines dans le département de Kaolack dont Gandiaye constitue un exemple.
– La pollution industrielle des eaux provient des effluents liquides rejetés dans le fleuve Saloum par les unités industrielles implantées à Kaolack (SONACOS devenue SUNEOR) et à Kahône (SOTEXKA, SENELEC, SODEFITEX, etc.). Cette forme de pollution est moins maîtrisée du fait de l’inexistence d’études d’impact pour l’évaluation du niveau de dégradation des eaux.

– La réduction du couvert végétal

La région de Kaolack présente des ressources végétales variées et abondantes, mais qui ont été affectées ces dernières années par des cycles de sécheresse, combinés aux actions anthropiques dont :

– les feux de brousse non maîtrisés(7),
– l’exploitation abusive des ressources ligneuses,
– la gestion irrationnelle de l’espace rural,
– la dégradation des terres,
– les faibles résultats des actions de reboisement.

Les conséquences de l’exploitation abusive de nos ressources naturelles sont entre autres :

– Changements climatiques ;
– Destruction de la couche d’ozone ;
– Perte biodiversité ;
– Pénurie d’eau.

Il semble que le problème de gestion des ressources, ou plus exactement l’incapacité des classes dirigeantes à prendre la mesure du problème, ait été un élément important de la plupart des disparitions de civilisations dans le passé (Diamond J., 2005).

Dès le début du XXe siècle, des inquiétudes se sont fait jour sur la pérennité des ressources.

En 1908 le président Théodore Roosevelt déclarait dans un discours « Nous nous sommes enrichis de l’utilisation prodigue de nos ressources naturelles et nous avons de justes raisons d’être fiers de nos progrès. Mais le temps est venu d’envisager sérieusement ce qui arrivera quand nos forêts ne seront plus, quand le charbon, le fer et le pétrole seront épuisés, quand le sol aura été appauvri et lessivé vers les fleuves, polluant leurs eaux, dénudant les champs et faisant obstacle à la navigation ».

Après la Seconde Guerre mondiale et avec la reconstruction, la protection des ressources n’est pas à l’ordre du jour, mais dès 1964, dans Avant que nature meure, (Dorst J., 1964) tire denouveau la sonnette d’alarme : « L’homme moderne dilapide d’un cœur léger les ressources naturelles (non renouvelables), combustibles naturels, minéraux, ce qui risque de provoquer la ruine de la civilisation actuelle».

Une des premières études les plus médiatisées sur les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connaît alors le monde est celle commandée par le Club de Rome(8) au Massachusetts Institute of Technology. Les conclusions de cette étude ont été publiées sous le titre The Limits To Growth en anglais, littéralement « Les limites à la croissance », également connu sous le nom de rapport Meadows, publié en France en 1972 sous le titre Halte à la croissance ? (Meadows et al., 1972)

Dès la conférence de Stockholm en 1972, la protection des ressources apparaît comme un impératif pour tous les pays de la planète.

Les ressources naturelles ont maintenant pris, dans les consultations entre gouvernements, la place que justifie leur importance, en tant que base essentielle de la vie et des richesses.

Aujourd’hui, l’utilisation abusive tant décriée des ressources naturelles est au cœur d’un vaste débat intellectuel.

Certains font valoir que la croissance économique effrénée conduira inévitablement à l’épuisement des ressources et à la dégradation de l’environnement. D’autres estiment au contraire que la croissance économique et le progrès technologique peuvent aider à gérer les ressources rares et à trouver des solutions de remplacement.

Mais quelle que soit la théorie, il semble certain que la durée d’utilisation des ressources naturelles ne peut être allongée qu’en modérant leur consommation notamment par une utilisation plus efficace de la ressource.

Paradoxalement les besoins ne cessent de s’accroitre du fait de l’augmentation de la population mondiale. D’ici à 2025, la population mondiale devrait passer à 7,9 milliards d’habitants. Plus de 80 % des habitants de la planète vivront dans des pays en développement. Pour nourrir cette population, il faudrait que la production céréalière à elle seule augmente de 52 % (Banque Mondiale, 2003).

Quoi qu’il en soit un établissement de l’état des lieux précis des ressources naturelles à tous les niveaux (mondial, national et local) est une étape importante pour conforter toute thèse ou décision.

Aujourd’hui, il est admis que les ressources naturelles doivent être gérées de manière raisonnable pour éviter leur disparition et de compromettre ainsi l’existence de l’humanité.

Dès lors, l’évaluation des ressources naturelles dans le temps et dans l’espace constitue une étape indispensable avant d’engager toute action ou décision politique.

L’engagement des Etats à unir leurs forces à travers des chartes et conventions visant à mettre en place des cadres et systèmes de gestion des ressources naturelles du fait de leur caractère communautaire, doit être soutenu par des informations précises.

En effet, les orientations en matière d’amélioration de la gestion des ressources naturelles exigent d’intégrer des politiques bien conçues.

Une meilleure connaissance de l’état des ressources naturelles permettrait de mieux définir les règles de leur gestion c’est-à-dire les processus et les pratiques de leur affectation et utilisation pour satisfaire les besoins de subsistance actuels, tout en maintenant et en améliorant le stock et la qualité des ressources naturelles pour les générations futures.

En général, la gestion durable d’une ressource repose sur la capacité de surveiller l’évolution des stocks, de surveiller leur évolution, de contrôler leur exploitation, de définir des règles adéquates de leur gestion et de prendre des mesures correctives si l’on observe une dégradation ou un déclin important.

Cependant, les renseignements et les connaissances sur les ressources naturelles font généralement défaut pour permettre d’assurer une connaissance fondamentale nécessaire à la conception des mesures appropriées de prévention, de restauration ou de protection des ressources naturelles et à leur mise en œuvre.

Il y a certes de plus en plus de tentatives d’études d’évaluation des ressources naturelles. Cependant, certaines parmi elles aboutissent à dessein ou pas à des résultats sous-estimés ou surestimés. Selon la FAO (1992), « les estimations sur l’étendue de la dégradation des terres et/ou celle de leur production peuvent être fortement exagérées (…) ».

L’évaluation des ressources naturelles en général pose problème : d’abord le problème des outils de cette évaluation. On sait aussi les difficultés que l’on rencontre pour fonder une comptabilisation des ressources naturelles, compte tenu de la connaissance que l’on peut avoir du milieu et de ses équilibres.

En outre, l’évaluation dépend des techniques d’exploitation que l’on connaît à l’instant de cette évaluation, leur accessibilité. L’extrapolation est délicate : c’est dire toute la part d’aléa que pourra comporter toute opération de ce type.

Aussi, le fait que certaines études soient basées sur un ou quelques facteurs moins significatifs, non déterminants, fait qu’il sera difficile d’apprécier véritablement les phénomènes de dégradation et de pouvoir décider en toute connaissance de cause des actions à entreprendre. Par conséquent l’identification de paramètres de mesure appropriés est déterminante dans l’appréciation de l’état des ressources naturelles.

Aussi, les problématiques de gestion de l’environnement et de l’évaluation des ressources naturelles sont complexes et multidisciplinaires. Tous les domaines de la recherche sont concernés. D’où la recherche de méthodes simples et reproductibles pour combiner des données de différentes sources permettant de décrire les phénomènes environnementaux et évaluer leurs impacts.

Une autre contrainte majeure a été aussi, jusqu’à présent, le manque d’une procédure harmonisée d’évaluation des ressources naturelles ou d’une ou plusieurs de ses composantes au niveau national ou international, afin de pouvoir comparer les évaluations au sein d’un pays ou entre différents pays et différentes périodes de temps.

Face à cette situation, toute approche technique qui tienne compte des fonctionnalités offertes par les outils informatiques actuels, permettant de localiser une ressource, et de décrire son état serait opportune.

Cela pourrait permettre d’aller au-delà des généralisations et d’arriver à une évaluation plus précise de la dégradation des ressources.

Tous les niveaux de prise de décision en trouveraient un appui technique considérable pour l’analyse des vulnérabilités de nos territoires et dans leurs choix en matière de Gestion des Ressources Naturelles et la protection de l’Environnement (GRNE).

Fort heureusement, ces outils sont de plus en plus accessibles aux pays du Sud qui jusque-là disposaient de peu de moyens pour produire et gérer des informations spatiales sur de vastes territoires.

Parmi ces outils techniques, il y a la Télédétection spatiale et les Systèmes d’Information Géographique qui constituent des moyens adéquats pour répondre aux besoins d’informations nécessaires à une gestion des ressources naturelles. Ils offrent ainsi des solutions d’analyse et de diagnostic des ressources naturelles et les méthodes techniques qui y sont appliquées sont efficaces pour identifier et caractériser les entités spatiales et leurs relations temporelle et spatiale.

Bien que cette étude soit désignée sous le titre de «Application de la Télédétection aérospatiale pour l’évaluation de la dégradation des Ressources Naturelles (…) », elle ne prend pas en compte toutes les ressources naturelles. Les ressources à étudier sont les ressources terrestres; et elle ne traite que les questions liées à leur degré de dégradation.

Ce manuscrit est organisé en cinq chapitres.

Le chapitre 1 est consacré à des généralités :

– définition des ressources naturelles,
– situation de la dégradation dans le monde en Afrique et au Sénégal,
– le cadre politique et de gestion de l’environnement au Sénégal ;

Le chapitre 2 rappelle :

– quelques définitions de base,
– les applications de la Télédétection spatiale,
– les méthodes de travail en Télédétection spatiale ;

Le chapitre 3 décrit :

– la méthodologie utilisée pour l’évaluation de la dégradation des terres dans la région de Kaolack au Sénégal ;

Le chapitre 4 présente :

– les résultats et discussions.

Le chapitre 5 présente :

– les difficultés rencontrées.

1 Statistiques citées par Jean-Marc Jancovici sur www.manicore.com.
2 Ce chiffre de 30 % sur 30 ans est une moyenne. Pour les écosystèmes d’eau douce, la perte est de 50 %, pour les écosystèmes forestiers, elle est de 10 %, pour les écosystèmes marins, 30 %.
3 Le volume du lac de Guiers est estimé à 601 millions de m3. Il est alimenté par le fleuve Sénégal à partir du canal de la Taouey. Ce lac constitue un écosystème particulièrement vital pour toute la partie Nord-Ouest du pays, mais aussi une réserve d’eau douce permanente très importante. Aujourd’hui, il existe une forte compétition entre les différents usagers de cette ressource (villages riverains, agro-industrie, irrigation, adduction d’eau potable, etc.)
4 Le réseau d’aires protégées : Parc National du Niokolo-Koba, Parc National de Basse Casamance, Parc National du Delta du Saloum, Parc National des Oiseaux du Djoudj, Parc National de la Langue de Barbarie, Parc National des Iles de la Madeleine, Réserve ornithologique de la pointe de Kalissaye, Réserve de faune Ferlo-Nord, Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul, Réserve Spéciale de Popenguine, Réserve Spéciale de Faune du Ndiaël, Réserve cynégétique de Maka Diama.
5 Il s’agit de la girafe, du damalisque, de l’oryx algazelle et de la gazelle dama. Ces deux dernières espèces ont été réintroduites au Nord du Sénégal dans la Réserve de Gueumbeul
6 Barrage régulateur et centrale hydroélectrique édifié sur le Bafing (affluent du Fleuve Sénégal) pour produire 800 millions kilowattheures d’énergie hydroélectrique ; ouvrage commun au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal.
7 Ces 10 dernières années, les feux ont détruit en moyenne dix mille (10.000) hectares par an pour environ 800 hectares reboisés.
8 Créé en en 1968, le Club de Rome est un groupe de réflexion, réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.

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