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INTRODUCTION GENERALE

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Suite au « soulèvement populaire du 26 mars 1991 » en réponse à la crise entre le sud Mali, plus riche et d’avantage considéré par le gouvernement et le nord Mali, désertique et pauvre, une nouvelle constitution a été mise en place le 25 février 1992 (D. TRAORE, 2007). Grâce à cette nouvelle constitution un processus de décentralisation est entamé au Mali, ce qui a permis de donner plus d’autonomie aux régions. Ce processus de décentralisation a donné lieu à un nouveau découpage administratif. C’est de cette nouvelle logique administrative qu’est né le cercle de Kati dans la région de Koulikoro.

Carte du Mali

Figure 1 : Carte du Mali (source : United Nations cartographic section)

Le cercle de Kati a pour chef-lieu Kati, une ville qui est située à environ quarante kilomètres de Bamako, la capitale. « Autrefois très lié à la filière du coton et à celle de l’arachide, son développement a connu les mêmes perturbations que les marchés ont traversés. Les familles paysannes ont été entraînées dans un cycle de décapitalisation, avec parfois au bout de la dynamique une faillite totale » (SOS SAHEL, 2006). L’alternative principale trouvée par les ruraux pour pallier à cette crise fut la coupe et la vente de bois de chauffe afin d’alimenter les besoins en bois des foyers de Bamako, toujours plus nombreux en conséquence d’un exode rural massif. Cette coupe massive de bois favorise grandement la dégradation des terres et le risque de désertification.

Bamako

Dans ce cadre SOS SAHEL International France est intervenue pour répondre à un double problème : « Comment améliorer durablement les conditions de vie des populations, dans le strict respect de l’environnement ? En d’autres termes : comment développer les filières agricoles productives, pourvoyeuses d’emploi rentables et respectueuses du milieu naturel » (SOS SAHEL, 2006).

L’intervention de SOS SAHEL International France s’est traduite par la mise en place d’un projet « Appui aux activités économiques alternatives à la coupe de bois sur trois communes du cercle de Kati (1)» qui s’est déroulé entre 2006 et 2009 avec entre autre l’appui au développement d’une faitière paysanne, la BEN BA. Dans le programme du BEN BA, il y avait aussi la promotion de la filière karité.

Le karité est un arbre soudano sahélien, il est présent dans seize pays, du Sénégal et de la Guinée jusqu’en Ethiopie. Cette ressource très localisée et appartenant strictement à cette région du continent africain est considérée comme de « l’or blanc » pour les femmes qui utilisent les amandes issues du fruit pour produire un beurre de karité. L’amande de karité très riche en matière grasse est travaillée pour produire un beurre qui est utilisé comme cosmétique. Il est très hydratant pour la peau et les cheveux, mais aussi il peut être utilisé comme graisse végétale en cuisine, comme produit de santé (vertus antiseptiques…) et comme substitut du beurre de cacao dans la fabrication du chocolat. Une des grandes particularités du karité réside dans le fait que la production de beurre et l’exploitation de la ressource sont traditionnellement opérées par les femmes.

Trois coopératives productrices de beurre de karité ont donc été constituées et regroupées autour d’une union : l’union YIRIWASSO à Sanankoroba. Les trois coopératives concernées sont à Sanankoroba, Dialakoroba et Bougoula. Elles furent équipées et des formations ont été données pour passer d’une production de beurre traditionnelle à un beurre amélioré. Dès lors, la structuration de la filière karité a changé pour l’Union de YIRIWASSO. Nous sommes passés d’une structure de filière avec un nombre important d’intermédiaires à un circuit court qui permet de valoriser directement les savoir-faire des femmes productrices et de gagner une marge plus importante sur la vente des produits favorisant ainsi l’amélioration de leurs conditions de vie.

Situation initiale de la filière karité au Mali

Figure 2 : Situation initiale de la filière karité au Mali (MATTE & TRAORE, 2002)

Structuration de la filière au niveau de l’union après intervention de SOS SAHEL

Figure 3 : Structuration de la filière au niveau de l’union après intervention de SOS SAHEL (SOS SAHEL, 2006)

Malgré la réussite globale du projet, certains points ont attiré l’attention de SOS SAHEL. L’évaluation finale a permis de mettre en avant l’abandon de la coupe de bois au profit d’autres activités génératrices de revenu, cependant des problèmes de commercialisation et d’atteinte des marché en général touchent l’union YIRIWASSO, ce qui est très préjudiciable aux objectifs fixés à long terme dans le projet Kati. C’est dans ce cadre que l’ « Etude filière karité au Mali » a été mise en place. Les acteurs de cette étude furent l’équipe de terrain au Mali, un stagiaire au Mali et un stagiaire en France avec des déplacements ponctuels en Afrique de l’Ouest. En tant que « stagiaire France », mes missions étaient l’étude du marché du karité en Europe, l’étude du marché dans les sous-régions et plus particulièrement au Sénégal, l’analyse de la filière et la mise en place d’une stratégie pour un futur projet de développement.

Ce stage intervient dans une logique de filière, le premier projet Kati a été mis en place avec les outils communément développées par les ONG mais n’a pas été l’objet d’une réelle analyse de filière. Dès le début, nous nous sommes donc penchés sur cette question de l’analyse ex ante des filières et de son intérêt pour les ONG dans le cadre de projets agricoles au Sud puis nous avons développé la réflexion sur la mise en oeuvre de projets dans cette logique de filière(2).

En d’autres termes, quel est l’Intérêt de l’analyse des filières comme outil pour le développement de projets dans le Sud par les ONG ?

Afin de pouvoir répondre à cette question, nous commencerons par une partie théorique sur les filières. Cette partie nous permettra d’avoir une définition des filières, de connaître la méthodologie d’étude à mettre en avant et les différents éléments essentiels à prendre en compte dans leur analyse. Une deuxième partie permettra de mettre en avant les logiques d’actions que peuvent avoir les ONG suite à l’analyse de ces filières et enfin une troisième partie nous permettra de mettre en avant l’intérêt de l’analyse de filière dans les projets ou programmes développés au Sud par les ONG à travers le cas du karité au Mali.

L’union de coopératives soutenue par SOS SAHEL présente quelques problèmes liés à son insertion dans le marché. Outre des problèmes d’organisation, de gestion et de gouvernance inhérents à l’union, nous nous sommes rendus compte que le problème venait aussi de la filière karité au Mali dans son ensemble, nous faisons donc face à des problèmes aussi bien internes, qu’externes. Ces problèmes de filière ne sont pas l’apanage seul du karité, nous les retrouvons dans d’autres secteurs comme la filière mangue, la filière boeuf au Burkina-Faso… Afin de répondre à la question que nous nous posons, un cadrage théorique s’impose.

1 Projet financé par l’union européenne, référence : « ONG-PVD/2005/113-176 »
2 L’IRAM nous apporte quelques éléments sur les enjeux des filières dans le développement agricole. http://www.iram-fr.org/politiques-filieres.php

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