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Introduction

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« Le crime ne s’observe pas seulement dans la plupart des sociétés de telle ou telle espèce, mais dans toutes les sociétés de tous les types… sans doute, il peut se faire que le crime lui-même ait des formes anormales ; c’est ce qui arrive quand par exemple, il atteint un taux exagéré»(1), disait DURKHEIM.

En d’autres termes, la criminalité est un phénomène sociologique normal, puisqu’elle s’observe dans toutes les sociétés. Aujourd’hui, la criminalité demeure un phénomène universel, elle s’observe partout sur notre planète, dans les contrées les plus reculées et se manifeste sous des formes aussi diverses que diversifiées. La criminalité a atteint des proportions inquiétantes même dans les pays comme le Japon, jadis considérés comme des havres de sécurité(2). La situation dans les autres pays du globe, à l’instar de l’Afrique du Sud est tout aussi alarmante(3).

Ce sont là quelques exemples de faits criminels et délictuels qui alimentent l’actualité hors de la Côte D’Ivoire. Dès lors, notre pays ne demeure pas en marge d’une telle situation qui a pris diverses formes et ne cesse de croître depuis la période des indépendances.

Ce pays, de par ses potentialités économiques et ses richesses naturelles : importante façade maritime, ressources minières et pétrolières… ; de par sa position géographique, a fait l’objet non seulement de vagues successives d’immigrants venus de la sous-région, mais aussi d’un exode massif des jeunes des milieux ruraux vers la capitale économique qu’est Abidjan, à la recherche de revenus substantiels.

Cependant, dès les années 1980, la crise économique qui est survenue, s’est accentuée dans les années quatre-vingt-dix (90). L’Etat n’arrivant plus à faire face à toutes ses obligations, a procédé à la privatisation de plusieurs sociétés étatiques et à la mise en place de Programmes d’Ajustement Structurel (P.A.S). Cela, en collaboration avec les bailleurs de fonds (Fond Monétaire International, Banque Mondiale…). Les difficultés économiques vont s’aggraver encore plus, avec la dévaluation du Franc CFA survenue en 1994.

En outre, les profondes mutations politiques et sociales des années 1990 marquées non seulement, par l’instauration du multipartisme et la libéralisation de la presse écrite, mais aussi par des contestations et revendications violentes, ont modifié toute la sphère sociale de notre pays avec des répercussions sur la jeunesse.

Ainsi, une frange significative de cette jeunesse en mal de repères sociaux, éprouvée par les difficultés économiques et animée par l’esprit du gain facile, va se lancer dans la délinquance et la criminalité sous toutes ses formes.

Le climat d’insécurité instauré alors, est conforté non seulement par le putsch du 24 décembre 1999 mais aussi et surtout, par l’insurrection armée du 19 septembre 2002. Ces deux événements majeurs vont contribuer fortement à la circulation et la prolifération d’armes légères en Côte d’Ivoire ; situation de prédilection pour les criminels de tout acabit.

De plus, les systèmes traditionnels de sécurité (numéros d’appel d’urgence, commissariats de police, brigades de gendarmerie, patrouilles, postes d’observation…) devenus défaillants, n’arrivaient plus à faire réellement face aux nouvelles formes de criminalité commises avec des armes de plus en plus sophistiquées. Ainsi, L’insécurité à Abidjan est devenue telle que même les organismes de défense des droits de l’homme n’en sont pas épargnés. C’est le cas du siège de la Ligue Ivoirienne des Droits de L’homme (LIDHO), qui a fait l’objet d’un cambriolage dans la nuit du 14 au 15 Mai 2008(4). Parfois, les gangsters opèrent avec la complicité de certains agents des Forces de Défense et Sécurité censés assurer la sécurité des biens et des personnes. L’un de ces gangs récemment démasqué par la Police Criminelle est celui constitué par les sieurs Guiro Kevin, Arthur, et le MDL Lathe N’guessan Hervé en poste au Commandement Supérieur de la Gendarmerie. Ces derniers étaient spécialisés dans les prises d’otages(5).

C’est pourquoi, face à cette recrudescence de la criminalité : vols, braquages de véhicules, attaques de commerces, de sociétés, homicides etc. à Abidjan, le Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, a décidé de la création d’une unité spéciale de lutte contre le grand banditisme et la criminalité urbaine : le Centre de Commandement des Opérations de Sécurité (CeCOS).

Cependant, force est pour nous de constater que les forces de l’ordre en général, mais précisément les agents du CeCOS, investis de la mission de sécurisation de la société, sont souvent présentées comme source d’insécurité.

En effet, ils sont parfois l’objet de critiques récurrentes, acerbes et virulentes de la part de certaines couches de la société.

Après quatre années d’activités du CeCOS, l’on s’interroge sur les opinions, attitudes et comportements des commerçants qui constituent une population qui semble se plaindre, face aux actions de lutte menées par le CeCOS contre la criminalité à Adjamé.

Dès lors, la logique de la démarche pour répondre à une telle préoccupation implique que nous traitions dans un chapitre préliminaire de la présentation de la commune d’Adjamé et du CeCOS. Dans une première partie, nous traiterons les manifestations facteurs et conséquences de la criminalité dans cette commune. Dans la seconde partie, nous analyserons les opinions, attitudes et comportements des commerçants de la commune à l’égard des actions du CeCOS. Enfin, nous ferons des propositions allant dans le sens de l’amélioration de la lutte contre la criminalité et dans celui de l’amélioration des relations commerçants-CeCOS à Adjamé.

1 Emile DURKHEIM (1937), Les règles de la méthode sociologique, Paris, Quadrige/PUF, 11e édition, pp.65-66.
2 Asia Times, cité par, Réveillez-vous! N°2 février 2008, p.3.
3 Patrick Burton cité par Financial Mail, in : Réveillez-vous ! N°2 février 2008, p.3.
4 Ahou Nazaire KIKIE, « Banditisme les locaux de la lidho attaqués», in : Soir Infos, 16 Mai 2008, p.16.
5 Lanciné FOFANA (03 juin 2008), Prise d’otage, in : journal télévisé 20 heures, Abidjan : productions RTI 1ere chaîne, Emission télévisée : 30 minutes.

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