Gagne de la cryptomonnaie GRATUITE en 5 clics et aide institut numérique à propager la connaissance universitaire >> CLIQUEZ ICI <<

Introduction

Non classé

A l’heure actuelle, environ une espèce d’amphibien sur trois est menacée d’extinction dans le monde, soit plus de 2000 espèces sur les 6020 connues à ce jour(1). Parmi les menaces qui pèsent sur ces espèces, on peut citer : la pollution, les incendies, l’introduction d’espèces invasives, le commerce ou encore l’émergence de maladies. Toutefois, la menace principale réside dans la perte d’habitat (cf. Annexe I), qui est principalement due aux activités humaines. De ce fait, les hotspots de biodiversité représentent des territoires qui retiennent particulièrement l’attention puisque ces zones biogéographiques où la biodiversité est la plus riche, sont également celles où elle est le plus menacée avec déjà plus de 70% de l’habitat originel détruit.

A Madagascar, l’un des 34 hotspots de biodiversité, on recense 242 espèces d’amphibiens soit 4% de la diversité totale des amphibiens de la planète, ce qui lui confère le 12e rang mondial des pays regroupant le plus d’espèces (cf.. Annexe I, 2). Mais ce classement pourrait être largement sous-estimé en raison des 182 espèces potentielles retrouvées sur l’île qui sont actuellement en cours de détermination (Andreone & Randriamahazo, 2008; Vieites & al, 2009).

Par ailleurs, sur les 242 espèces retrouvées à Madagascar, 240 (plus de 99%) sont endémiques de l’île, c’est-à-dire uniques au monde (cf. Annexe I, 3) du fait de sa séparation du continent africain voilà plus de 165 millions d’années.

De plus, la déforestation, qui a déjà provoqué la perte de 90% de la couverture forestière originelle de Madagascar, continue chaque année de détruire près de 20 000 km² de la forêt tropicale (Andreone & al., 2007) constitutive de l’habitat de la majorité des amphibiens de l’île. Seules quelques rares espèces sont capables de s’adapter à la perte de leur habitat (Andreone & al., 2006).

Une étude a d’ailleurs montré que la taille des patchs de forêt de type tropicale humide agissait directement sur la diversité et la densité des populations d’amphibiens (Vallan, 2000).

L’étude et la protection des amphibiens de Madagasar représentent donc un enjeu majeur de conservation de la biodiversité à l’échelle nationale voire mondiale.

En ce sens, un programme de conservation, le Sahonagasy Action Plan (SAP), a été élaboré en 2008 (Andreone & Randriamahazo, 2008). Entre autres, ce plan d’action souligne la nécessité : (1) de la mise en place d’un suivi des amphibiens sur le long terme et (2) de l’implication de tous les acteurs concernés dont les Organisations Non Gouvernementales (ONG).

C’est suite au constat de la dégradation de l’environnement et de la perte de biodiversité de Madagascar liées à la situation économique, que l’Etat malgache – sous la pression d’institutions internationales pour la protection environnementale (WWF, IUCN…) – met en place le Plan National d’Action Environnement (PNAE) financé intégralement sur 15 ans par la Banque Mondiale et d’autres bailleurs de fonds internationaux (Union Européenne, United States Agency for International Development ou USAID, Coopération Suisse…).

Celui-ci permet à l’Etat, jusqu’alors seul gestionnaire des ressources naturelles du pays, de décentraliser son action en s’appuyant sur les ONG et associations, afin d’améliorer la qualité de l’action de protection de l’environnement au niveau local. Ces structures travaillent en effet sur des secteurs géographiques ponctuels (un village par exemple), où elles mettent en place des projets de développement durable et réalisent des études de faisabilité, des diagnostics écologiques et socioéconomiques…

Toutes ces structures dépendent de fonds internationaux (Banque Mondiale), de bailleurs étrangers (le WWF Madagascar est ainsi en majorité financé par la coopération allemande), de donateurs privés ou d’autres organisations de protection de la nature.

Ainsi, l’action des ONG fait partie intégrante de la politique environnementale de Madagascar, et en ce sens, comme le souligne le SAP (Andreone & Randriamahazo, 2008), celles-ci ont un rôle à jouer en ce qui concerne la connaissance scientifique.

C’est précisément dans le cadre du SAP que s’inscrit la présente étude. L’ONG l’Homme et l’Environnement (MATE pour Man And The Environment) met en place des projets pour le développement durable (actions de conservation de l’environnement, écotourisme, commerce équitable…) et souhaite, pour ce qui concerne la protection des amphibiens, mettre au point un suivi des populations sur le long terme dans l’un de ses sites : la réserve expérimentale de Vohibola.

En effet, suite à la déforestation qui sévit dans le pays, la réserve de Vohibola constitue l’un des derniers fragments de forêt littorale humide de la côte Est de Madagascar. De ce fait, elle représente un écosystème qu’il est primordial de préserver, tant pour les amphibiens que pour l’ensemble de la biodiversité associée à ce biotope.

Selon le SAP (Carpenter & al. in Andreone & Randriamahazo, 2008), les objectifs d’un suivi amphibien sont les suivants : (1) évaluer la composition spécifique des sites, obtenir des données sur la structure de la communauté (abondance relative), la distribution des espèces dans un site et (2) obtenir des données quantitatives permettant une comparaison de l’état des populations par sites dans le temps afin de permettre la prévention de certains risques futurs.

Afin d’avoir les moyens de mener à bien cette surveillance, les rédacteurs du SAP proposent la formation de personnels de terrain spécialisés, la participation des herpétologistes, la formation de guides locaux et la collecte de toutes les observations de terrain (espèce observée, individus morts…). Ensuite, dans un but de compréhension et d’appropriation des mesures de conservation de la diversité des amphiens malgaches par la population locale, ils préconisent des campagnes d’information et des invitations à participer à certaines actions.

L’objectif de ce rapport est de permettre la mise en place d’un suivi sur le long terme, à la fois de la diversité spécifique, et des populations d’amphibiens de Vohibola. Il s’agit ici de dresser l’inventaire des espèces présentes dans la réserve de Vohibola et de mettre en évidence des sites riches en amphibiens (dits hotspots) ainsi que tous les éléments qui permettraient un suivi régulier et efficace. Les sites sélectionnés seront alors rééchantillonnés et les résultats obtenus comparables dans le temps. Ce rapport fait d’ailleurs office de précurseur pour le suivi sur le site de Vohibola.

Les données pourront alors servir de point de départ (T0) et donc de base de travail pour les futures études.

Après une présentation de MATE et de ses objectifs puis une contextualisation des enjeux de la conservation des amphibiens à Vohibola, une description détaillée de la méthodologie suivie lors de cette étude sera présentée. La partie suivante résumera alors les résultats issus des données ainsi obtenues et la dernière partie s’attachera à leur analyse critique et aux recommandations qui en découle. Enfin une réflexion sera menée sur la politique de valorisation des ressources naturelles en tant que vision du développement durable.

1 Données IUCN disponible sur : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/red-list-status

Page suivante : I Présentation de la structure d’accueil

Retour au menu : Mise en place d’un suivi amphibien à Vohibola, l’une des dernières forêts humides de la côte Est de Madagascar