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III. LES FACTEURS CONTINGENTS DE VULNERABILITE

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Les facteurs contingents de vulnérabilité sont liés aux dysfonctionnements temporaires et/ou imprévisibles susceptibles d’agir sur les dommages. Pour Thouret et D’Ercole (1996), les facteurs contingents désignent la coïncidence entre les caractéristiques spatio-temporelles de l’impact et l’émergence des dysfonctionnements hypothétique ou aléatoire, internes ou externes qui provoque et/ou accentuent l’effet soudain, violent et dommageable de l’aléa. Dans la ville de Douala, il s’agit des dysfonctionnements urbains connus, mais imprévisibles et liés au fonctionnement même de la ville.

III.1. Embouteillages et vitesse moyenne de circulation dans la ville

Du fait de l’étalement urbain et de la concentration des fonctions de la ville dans certains pôles prioritaires (Centre administratif de Bonanjo, et centre économique d’Akwa), l’on fait face à d’importants mouvements pendulaires quotidiens. Douala enregistre de nombreuses difficultés quotidiennes de circulation, notamment la congestion des transports. Compte tenu du fait que la mobilité et l’accessibilité sont devenues considérablement difficile du fait de l’état de la voirie (réseau pas assez maillé et faiblement entretenu), et de l’insuffisance de l’offre de transports urbains eu égard de la croissance démographique que connaît la ville, ces mouvements de la population sont producteurs d’embouteillages. Ce qui a un important impact sur le temps de parcours et la vitesse moyenne de circulation dans la ville. Dans ces conditions de difficulté de la mobilité dans la ville, en cas de crise, les effets dommageables sont susceptibles d’être exacerbés. D’autant plus que certains itinéraires tels que ceux desservant les quartiers péricentraux concentrent les mouvements pendulaires les plus importants. Pour l’exemple d’une opération d’urgence en direction de ces itinéraires, la capacité d’intervention des acteurs de la Protection Civile s’en trouvera endiguée.

Le rapport de la Mission 2 réalisée par la Consultant (Louis Berger SAS) retenu par la Communauté Urbaine de Douala (CUD) pour l’élaboration d’un Plan de Transport et de Déplacements de la ville de Douala, révèle que des embouteillages peuvent plus que doubler le temps de traversée de certains points centraux de la ville et retarder l’accès aux périphéries. Des mesures de temps de parcours sur cinq itinéraires dans et à proximité du centre ville de Douala ont été réalisées à plusieurs heures de la journée. Les itinéraires concernés et leurs distances sont les suivants :

Tableau 33 : Récapitulatif des itinéraires, distances et temps de parcours

Récapitulatif des itinéraires, distances et temps de parcours

Source : CUD, Juillet 2010

Les vitesses moyennes varient de 8 à 36 km/h, pour un temps moyen de parcours de 18 min et un temps moyen d’attente de 15 à 31 min. Cependant, des mesures faites sur une plus longue période pour l’itinéraire 3 montrent par exemple que la traversée du pont sur le Wouri peut prendre jusqu’à 90 minutes dans le cas le plus défavorable. Les causes générales de cette situation sont :

• La mauvaise conception, ou la mauvaise gestion de carrefours et des ronds points : compte tenu des niveaux de trafic observés à Douala, ces intersections fonctionnent mal en raison du cisaillement des flux de trafic, de l’absence ou du non fonctionnement de feux de signalisation dans certains carrefours et de l’étroitesse des voies d’accès et de sortie.
• La mauvaise coordination de la circulation sur un même axe qui ne permet pas un écoulement continu des flux importants de circulation sur les voies principales
• Le stationnement ou l’arrêt, des véhicules de transport en commun sur les carrefours et les axes principaux ; dû à l’indiscipline des conducteurs et à l’absence de parkings réservés à cet effet.

Ces embouteillages constituent des blocages temporaires et parfois durables des voies de communications, interrompant le trafic et provocants parfois la panique généralisée des usagés.

Comme ce fut le cas le 27 juillet 2010 sur le pont du Wouri, alors qu’une canalisation du réseau de distribution d’eau de la Camerounaise des Eau (CDE) alimentant Bonaberi s’est rompue en plein embouteillage en endommageant la chaussée. En somme, la capacité à se déplacer au sein d’une agglomération est fondamentale pour les pratiques sociales, le déroulement habituel des activités urbaines mais aussi et surtout durant les périodes de crises, particulièrement pour l’accès des services de secours et l’évacuation des sinistrés.

III.2. Faible intervention de la mass média

Dans la gestion des risques naturels, l’information et la communication occupent une place centrale. Cette information joue un rôle déterminant sur la réaction des populations en temps de crise. En ce sens, les media ont une fonction stratégique et à forte responsabilité dans la gestion des risques naturels. La transmission de l’information pourrait faire intervenir de nombreux acteurs qui par leurs actions conjuguées sur le terrain réduiraient l’ampleur de dommages.

Ainsi, en absence d’une stratégie préventive efficace, d’un système d’alerte et de gestion des catastrophes, les médias locaux (Radio, chaînes de télévision, presse local et systèmes d’information en ligne) devraient servir le relais d’information afin de réduire l’effet de panique habituellement observé et minimiser les dommages. Par contre, lors de la survenance d’un évènement dommageable, la plupart des média locaux cherchent plus à faire des scoops qu’à véhiculer les informations réelles. Ici, c’est le caractère équivoque et pluriel des messages et informations à sensation transmises en exclusivité qui sont mis en cause car ils influencent négativement le comportement et les réponses individuelles et collectives des populations. Dans la plupart des cas, l’aléa naturel est excentré au bénéfice d’autres débats plus sensationnels. Or c’est autour des média que pourrait s’organiser les plans interventions en cas de catastrophe.

CONCLUSION PARTIELLE

L’objectif de ce chapitre était de caractériser la vulnérabilité de la ville de Douala, face aux risques naturels à travers l’analyse des facteurs qui tendent à les faire varier. La prise en compte de ces facteurs inhérents au fonctionnement de la ville et aux contraintes géographiques s’insère inextricablement dans la compréhension des vulnérabilités territoriales aux risques naturels en milieu urbain. Un accent particulier fut porté à la cartographie des zones à risque. A ce sujet deux types d’espaces peuvent être désignées comme dangereuses et particulièrement vulnérables dans la ville de Douala : Les vallées à fonds plats et les secteurs quasi monotones parfois investis par un habitat spontané et précaire sont l’apanage des crues et des inondations quasi permanentes. Alors que les pentes convexes sont généralement liées aux glissements de terrains, à l’érosion des versants, à des ravinements et à des effondrements. Ces vulnérabilités sont accrues par le contexte socio-économique de pauvreté qui dicte l’occupation de l’espace en proie à l’anarchie qui résulte elle-même de l’absence d’outils réglementaires de planification urbaine. Cependant, les facteurs contingents bien que difficiles à prévoir doivent également être considérés dans la gestion préventive des risques naturels. Cette constatation nous conduit à l’évaluation des stratégies locales de développement urbain durable mise en place.

« Gérer la crise est d’un certain point de vue une contradiction dans les termes. On ne gère pas le tourment, le trouble ; on s’efforce d’éviter qu’il se produise, d’en minimiser les effets ou de rétablir l’ordre »

Jean-François Girard et al.

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