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III- Choix des variables et Méthodologie d’estimation

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1- Choix des variables

a- Indicateur institutionnel

Quant aux institutions politiques, elles ont fait l‟objet d‟un travail de classification considérable de la part de D. Kaufmann et de la Banque Mondiale depuis plusieurs années : le programme « Governance matters » fixe ainsi six indicateurs institutionnels dans le domaine politique :

* La stabilité politique et la violence (Political Stability PS) :

Cet indicateur mesure la probabilité de changements violents de régime ou de gouvernement, ainsi que de menaces graves à l’ordre public, y compris le terrorisme. Plus il est élevé, plus la stabilité politique est grande. Il est expliqué par les aspects suivants :

– Les conflits armés.
– Les coups d‟Etat.
– Les troubles sociaux.
– Les menaces terroristes et la violence politique.
– Les tensions ethniques.
– Le fractionnisme du spectre politique.
– Les mesures coercitives pour conserver le pouvoir.
– Les changements constitutionnels.

* Expression et responsabilité démocratiques, (Voice and Accountability, VA) :

Cet indicateur mesure les droits politiques et individuels dont jouissent les citoyens.

Cette variable « Démocratie » représente un méga-indicateur elle regroupe des facteurs relatifs à la qualité de l‟environnement institutionnel telle que :

– Les changements au niveau du gouvernement, les transferts ordonnés.
– La transparence et l‟honnêteté du système légal.
– Le degré de la liberté civile : la liberté d‟expression, de religion, celle de la presse, de manifester, ….
– Les droits politiques : ce sous-indicateurs renseigne sur la pluralité des parties politiques, sur la qualité des processus électoral (si les élections sont libres et équitables), et informe, sur la présence au niveau des pays en question, d‟un groupe dominant (ainsi ce sous-indicateur revoie au degré des compétitions politiques).
– Le degré d‟interventionnisme militaire dans la vie politique.
– La transparence : ce sous-indicateur informe si le gouvernement communique avec succès ses intentions, c’est-à-dire si les intentions du gouvernement sont véritablement acceptées de la part de la société civile.

* L’efficacité de la gouvernance publique (Government effectiveness GE) :

Il s’agit d’une mesure de la compétence de la bureaucratie publique et de la qualité des services publics. Cette variable est expliquée essentiellement par les aspects suivants :

– La qualité des politiques gouvernementales.
– La qualité du personnel gouvernemental.
– Les retournements de situation pouvant affecter la qualité du personnel gouvernemental.
– L‟habilité du gouvernement à concevoir des nouveaux programmes.
– La probabilité que lorsqu‟un agent du gouvernement enfreint les règles, un autre agent peut aller à un autre agent(ou à un supérieur) et obtienne la correction de cet acte irrégulier.
– L‟étendue de la durée du temps passée par les agents économiques auprès des bureaucrates ; soit les délais bureaucratiques.
– La qualité des services fournit par l‟Etat.
– La prévisibilité des changements au niveau des règles et des lois.
– La transparence au niveau des décentralisations.
– La compétence du personnel du secteur public relativement aux compétences du personnel appartenant u secteur privé.
– Le gaspillage au niveau des dépenses gouvernementales.
– Le degré d‟exposition des services publics aux interférences politiques.

* La qualité de la règlementation administrative (Quality of Regulation RQ) :

Cet indicateur mesure les entraves règlementaires aux fonctionnements des marchés, il comprend les aspects suivants :
– Le degré de l‟interventionnisme du gouvernement dans l‟économie.
– Le contrôle des prix et des salaires.
– Les politiques commerciales(les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce).
– La qualité de la réglementation financière et son appui à l‟investissement domestique et étranger.
– L‟efficacité des mesures régulatrices qui s‟appliquent aux exportations.
– Le contrôle des prix.
– La libéralisation des prix.
– Les régulations concernant le commerce extérieur.
– Les politiques des concurrences.
– Le degré de dominance des entreprises publiques sur l‟activité économique.
– L‟efficacité de la politique fiscale.

* La qualité des procédures légales, Etat de droit (Rule of law, RL) :

Cet indicateur mesure la qualité du respect des contrats légaux par le système judiciaire ou par la police, en tenant compte du recours à la violence privée et de sa répression. Il est expliqué aussi par plusieurs aspects telle que :

– L‟applicabilité des contrats privés.
– L‟étendue du marché noir.
– La protection des droits de propriété.
– L‟efficacité des polices à protéger la sécurité des individus.
– La prévisibilité du système judiciaire.
– L‟efficacité du système judiciaire lors de son appui aux transactions commerciales.
– L‟indépendance du système judiciaire.
– La probabilité de gagner un cas de justice dresse contre le gouvernement.

* Le contrôle de la corruption (Control of Corruption, CC) :

Cet indicateur mesure l’usage des prérogatives du pouvoir à des fins personnelles, en particulier l’enrichissement des individus disposant d’une position de pouvoir. Il est expliqué par les aspects suivants :

– L‟efficacité des initiatives anti-corruption.
– La corruption au niveau de l‟administration publique.
– La corruption au niveau du système politique comme entrave à l‟investissement étranger.
– La fréquence des « paiements additionnels » pour obtenir un service.

Ces six indicateurs, même s’ils peuvent être effectivement liés à la “gouvernance”, terme vague quoiqu’évocateur, ne portent pas sur les mêmes dimensions de l’action publique. Le contrôle de la corruption et la qualité des procédures légales renvoient à la pratique de l’action publique et gouvernementale.

L’efficacité de l’action publique et la qualité de la règlementation portent sur le résultat de l’action publique. Enfin, la stabilité politique et les capacités revendicatives et d’expression renvoient à la manifestation et l’expression des positions et orientations politiques.

En fait, ces indicateurs sont obtenus par moyenne pondérée à partir de ces autres indicateurs, calculés plusieurs organisations publiques ou non-gouvernementales. Les indicateurs prennent des valeurs entières, de -2,5 à +2,5. Une valeur élevée pour un pays donné à une date donnée est un indice de bonne qualité des institutions.

b- Les indicateurs macroéconomiques

Par ailleurs, nous avons constitué une base de données proprement macroéconomique, à l’aide des séries macroéconomiques internationales disponibles dans World Development Indicators (WDI 2006). Nous avons retenu dans notre étude différents indicateurs de performance macroéconomique tels que :

_ PIB g/ téte: C‟est le logarithme du PIB réel par habitant. A partir de cette variable nous calculons la variable expliquée, à savoir le taux de croissance réel par tête, en soustrayant le logarithme du PIB à l‟instant (t-1) au logarithme du PIB de l‟instant (t).

_ Icg_qog : C‟est le logarithme du niveau de consommation du gouvernement en pourcentage du PIB.

_ lpop: Cette variable correspond, au logarithme du nombre de la population totale du pays (i) à l‟instant (t).

_ Ouv: A l‟instar de Berthélemy et Varoudakis (1998)(10), on introduit le logarithme du coefficient d‟ouverture commerciale, mesuré par la somme des importations et des exportations en pourcentage du PIB. Une ouverture commerciale accrue accélère la croissance économique et par conséquent le signe attendu de cette variable est alors positif.

_ IDE: C‟est les flux nets d‟investissement directs étrangers. L‟introduction de cette variable est justifiée par l‟abondante littérature qui stipule que l‟investissement direct étranger exerce un impact positif sur la croissance économique tel N. Fosto qui prouve que les transferts technologiques issus des IDE agissent positivement sur la croissance. Ainsi le signe attendu de cette variable est donc positif.

_ KH: C‟est le stock de capital humain, mesuré par le ratio d‟inscription à l‟enseignement tertiaire.

_ linvest: C‟est le logarithme des investissements domestiques mesuré par le pourcentage de la formation brute du capital fixe par rapport au PIB.

Dans la suite de cette étude, nous sommes en mesure de donner des indications précieuses sur les liens existants entre l’économie d’un pays et ses performances, et la structure institutionnelle telle qu’appréhendée par les indicateurs synthétiques de gouvernance.

c- L’indicateur institutionnel :

-IQG: indice de qualité de gouvernance : « ICRG indicator of qualty of govermenemt: The mean value of ICRG variables “Corruption”, law and order” and bureaucracy quality”.

. Statistiques descriptives de l’IQG

Après le calcul de l‟indice de la qualité de la gouvernance, nous allons présenter des statistiques descriptives de cet indicateur synthétique :

Statistiques descriptives de l’IQG

L‟indice de la qualité de la gouvernance est composés essentiellement des six indicateurs réalisés par Kaufman D. Kraay A.et Mastruzzi M. (2003), qui sont :

* Les capacités revendicatives et d’expression, (VA).
* La stabilité politique et la violence (PS) ;
* L‟efficacité de l’action publique (GE) ;
* La qualité de la règlementation (RQ) ;
* La qualité des procédures légales (RL) ;
* Le contrôle de la corruption (CC) ;

Selon la définition Kaufman D. Kraay A.et Mastruzzi M. (2003), la qualité de la gouvernance est un facteur important pour la croissance d‟un pays. Or, la gouvernance est un concept qui est composé de plusieurs variables institutionnelles.

Au totale, l‟indice de la qualité de la gouvernance est calculé par :

IQG

Avec a, b, c, d et e représentent les proportions liées à l‟importance de chaque indicateur dans la mesure de l‟indice de la qualité de la gouvernance.

. Si l‟IQG est supérieur à 50, alors on peut conclure que le pays est caractérisé par une bonne gouvernance.
. Si l’IQG se trouve entre 40 et 50, on dit que le pays a une moyenne gouvernance (modeste gouvernance).
. Si l’IQG est inférieur à 40, alors un tel pays a une faible gouvernance (mauvaise gouvernance).

1- Analyses descriptives :

a- Statistiques descriptives des variables

Les statistiques descriptives de la variable endogène et des variables explicatives ainsi que les corrélations entre les différentes variables sont présentées dans les tableaux suivants :

Tableau 1 : Statistiques descriptive des données

Statistiques descriptive des données

En vue de détecter une éventuelle relation entre les différentes variables, nous allons présenter les différents coefficients de corrélation dans le tableau suivant pour tester la corrélation entre ces variables.

– Un coefficient de corrélation élevé (proche de 1en valeur absolu) indique une forte corrélation entre les variables utilisées.
– Un coefficient de corrélation faible (proche de 0) indique une faible corrélation entre les variables utilisées.

Tableau 2 : les corrélations entre les variables

Les corrélations entre les variables

Généralement, les valeurs qui sont supérieurs ou égale à 0.5 indiquent que les variables sont fortement corrélés positivement ou négativement selon l‟effet de variable en considération sur l‟autre.

D‟après le tableau qui représente les différents coefficients de corrélation, on remarque une forte corrélation positive entre linvest et Kh de (0.6994), et d‟autres corrélations qui sont faiblement corrélés par exemple PIB_ tête et lpop de (0.1080). Aussi, il existe des corrélations négatives entre les variables dépendants et indépendantes.

b- Résultats et commentaires

La relation entre le capital humain et la croissance économique dans un contexte d‟ouverture a suscité un grand intérêt dans la littérature économique depuis plusieurs années.

Dans cette section, nous allons analyser cette articulation en s‟attachant à étudier l‟impact des variables structurelles et institutionnelle sur la croissance économique dans les différentes régions tout en mettant l‟accent sur la région MENA et ceci moyennant une étude en données de panel dynamique pour l’équation classique de croissance sur un échantillon de100 pays pendant la période 1988-2006.

D‟abord, nous allons effectuer des estimations pour l‟échantillon dans sa totalité. Par la suite, les estimations sont faites en introduisant des variables dummy-régionales, et sur lesquels on effectue les mêmes régressions.

Ceci va nous permettre de vérifier si les effets des variables explicatives (institutionnelles et économiques) sur la croissance ont les mêmes effets dans les différentes régions.

* Présentation des résultats

Nous procédons, tout d‟abord, par l‟estimation de l‟équation de croissance de base incluant les variables explicatives habituellement utilisées dans les travaux antérieurs avec notamment les variables lpop , l investi , Kh et louv

Ensuite, nous allons introduire dans les régressions une variable suivante : indicateur de la gouvernance (IQG), puis nous introduisons les variables synthétiques (IQGKh, IQGIDE).

Enfin, nous introduisons aussi les autres variables synthétiques à savoir VA-région, et RQ-région pour faire une analyse comparative entre les régions en considération.

Tableau 3 : Effets des variables structurelles, institutionnelle et du capital humain sur la croissance économique de l’échantillon totale et aussi sur certaines régions : MENA, Afrique, Asie et Amérique

Effets des variables structurelles, institutionnelle et du capital humain sur la croissance économique de l’échantillon totale et aussi sur certaines régions

. La variable dépendante est le taux de croissance du PIB réel par tête.
. Les termes entre parenthèses correspondent à t-Student .
. ***, **, * : significatif à un seuil de 1%, 5% et 10% respectivement.

3- Interprétation des résultats :

a- Régression pour la totalité de l’échantillon :

* La première régression :

D‟après la première régression nous remarquons que toutes les variables utilisées dans l‟estimation de l‟équation standard de la croissance économique ont toutes des signes qui corroborent avec la littérature théorique et elles sont en général significatives : l‟investissement direct étranger (IDE), le capital humain (KH), l‟ouverture commerciale (louv) sont positivement corrélés avec la taux de croissance de PIB par tête et significative respectivement de 1% et l‟investissement domestique (linvest) est positivement corrélé avec la taux de croissance de PIB par tête et significative de 5%.

Pour les deux variables le logarithme de la population (lpop) et la consommation du gouvernement (Icrg_qog), ils sont négativement corrélés avec la croissance économique et non significative pour la population et significative de 5% pour la consommation du gouvernement.

L‟effet du niveau de la consommation gouvernementale sur la croissance économique est négatif, ce qui corrobore avec les résultats de Barro et Sala-i-Martin (1995).

* La deuxième régression :

Dans la deuxième régression, nous avons introduit l‟indice de la qualité de la gouvernance (IQG), nous remarquons que cet indice a un effet positif (0.01%) et significatif de 10% sur la croissance économique, ce qui confirme les travaux de Kaufman D., Kraay A.et Mastruzzi M. (2003)(11).

Pour les variables macroéconomiques, elles restent significatives sauf la population qui a un effet négatif et non significatif sur la croissance économique.

* La troisième régression :

Dans la troisième régression, nous avons inclut l‟indice de la qualité de la gouvernance par région pour voir ses différents effets.

D‟abord, nous constatons que l‟introduction de l‟(IQG), a un effet positif de 0,34% sur la croissance économique et significative de 5%. Alors que son effet par région est négativement corrélé à la croissance économique et significative de 10%, 5%, 10% respectivement pour les pays d‟Afriques Sub-saharienne, l‟Amérique Latine et les pays de l‟Est et South-Asiatiques. Alors que pour les pays de MENA, l‟effet de l’IQG sur la croissance est non significative.

Pour les coefficients des variables macroéconomiques, ils ont le signe prévu, positif pour les variables IDE, louv, linvest, KH et négatif pour les variables (Icrg_qog) et lpop.

Les paramètres associés au capital humain KH et lpop ne sont pas significatifs. En fait, dans plusieurs travaux utilisant une approche en données de panel, l‟effet direct du capital humain sur la croissance est difficilement constaté, l‟effet du capital humain sur la croissance n‟est pas très robuste.

* La quatrième régression :

Dans la quatrième régression, on inclut les pays de l‟OCDE à la place des pays de l‟Est et Saouth-Asiatique, on remarque que l‟effet de l’IQG sur la croissance économique pour tous les ragions (Afriques Subsaharienne, Amérique Latine et MENA) change et devient positifs mais non significatif au lieu d‟un effet négatif et significatif dans la troisième régression, ainsi que l‟effet de l’IQG pour tous l‟échantillon devient non significative.

Dans cette régression, seulement pour les pays de l’OCDE que l‟effet de l’IQG est positif de 0,27% et significative de 10%.

* La cinquième régression :

Dans la cinquième régression nous remarquons que tous les variables macroéconomiques ont les signes prévu et ils significatifs sauf la population et le capital humain qui sont non significatif.

D‟après le résultat de la régression, on remarque que la variable synthétique IQGKh mesure l‟impact de la qualité de la gouvernance sur le capital humain ainsi que sont effet indirect sur la croissance économique. Or d‟après la régression, nous constatons un effet non significatif de cette variable IQGKh sur la croissance économique, portant la gouvernance a un effet direct positif de 0,34% sur la croissance économique et significative de 5%, alors que son effet indirect est négatif et non significatif.

* La sixième régression :

Dans la sixième régression, l‟inclusion de la variable synthétique (IQGKh) qui mesure la qualité de la gouvernance sur le capital humain ainsi que son effet indirect sur la croissance, ainsi que l‟IQG qui mesure l‟effet direct de la gouvernance sur la croissance rend les variables macroéconomiques (linvest) et (lpop) non significatives, alors que la variable (KH) devient positivement corrélé à la croissance et significative de 5%.

D‟après les résultats, on remarque que l’IQG a un effet direct positif de 0,56% sur la croissance et significative de 1%, alors que l‟effet indirect de la variable synthétique IQGKh sur les différentes régions a un effet négatif et significatif de 5% pour les pays de l‟Afrique Subsaharienne, l‟Amérique Latine, OCDE, Est et South-Asiatique.

* La septième régression :

La variable synthétique IQGIDE mesure l‟impact de la qualité de la gouvernance sur l‟investissement direct étranger qui a un effet indirect sur la croissance économique à long terme, et d‟après cette régression on remarque que cette variable synthétique IQGIDE a un effet positif et significatif de 5% sur la croissance économique c’est-à-dire que l‟investissement direct étranger joue un rôle important dans la croissance économique dans un pays.

En incluant cette variable dans les différentes régions de notre échantillon, on remarque qu‟elle est significative de 1% pour les pays d‟OCDE alors qu‟elle n‟est pas significative pour les autres régions (MENA, Amérique Latine, Afrique Subsaharienne et Est et South-asiatique).

* La huitième régression :

Dans la huitième régression, on remarque que la démocratie (VA) est positivement corrélée et significative de 10% pour la croissance économique dans l‟ensemble de l‟échantillon, ce qui corrobore avec les travaux de Mankiw, Romer et Weil (1992), la démocratie constituerait, par le biais de la scolarisation, un facteur favorable à la croissance économique.

L’adoption de la démocratie correspond aussi à une prise de position égalitaire. Nous s’attendons ainsi à ce qu’un tel choix favorise l’accès à la décision de la partie la plus pauvre de la société et entraîne une certaine redistribution des revenus au sein de l’économie.

Et puisqu’il semble que l’inégalité des revenus et la croissance soient corrélées négativement (Alesina et Perotti, 1996), la démocratie devrait de nouveau, par ce canal, affecter la croissance de manière positive.

* La neuvième régression :

Dans la neuvième régression, l‟introduction de la variable synthétique démocratie dans les différentes régions, rend l‟effet de la variable (VA) négatif et non significatif, alors que son effet par région est positif de 1,16% sur la croissance dans les pays d‟Afrique Subsaharienne et significatif de 10%. Dans les pays MENA et Est et South-Asiatique, la démocratie a un effet positif respectivement de 1.55% et 1.21% et significatif 5%. Sauf, pour les pays d‟Amerique Latine que l‟effet de la démocratie est non significatif.

Or, si nous se référons aux travaux de Dornbusch et Edwards (1991), les pays d’Amérique du Sud ont connu principalement des formes de démocratie spécifiques, définies comme populistes. Plusieurs traits distinctifs font que le populisme est souvent associé à de mauvaises performances économiques.

Ces auteurs démontrent aussi, sur la base d’exemples pris à l’Argentine, au Brésil et au Chili que la démocratie plus que les régimes de type autoritaire a été propice au développement de pratiques populistes. Leurs arguments à ce propos rejoignent ceux mis en avant par Alésina et Rodrik (1991), puisqu’ils soulignent le caractère peu influençable des régimes forts (qui recherchent peu la légitimité populaire). D’après eux, les démocraties transitoires (c’est-à-dire succédant à des régimes autoritaires) constituent les types de pouvoir les plus vulnérables (horizon temporel des décideurs court, pays très demandeur de réformes économiques et sociales…). Ils montrent ainsi que les pays d’Amérique Latine, dont la tradition démocratique est peu ancrée, sont particulièrement soumis à ces tentations populistes.

Il se peut donc que la forme de démocratie adoptée par les pays d’Amérique Latine ait été particulièrement préjudiciable à leur croissance économique. Cela recoupe l‟impression générale d‟une faible confiance accordée aux institutions démocratiques en Amérique Latine, notamment au sein de pays tels que l‟Argentine et le Brésil, et d‟une recherche de stabilité et de développement économique par la voie de régimes autoritaires.

* La dixième régression :

Dans la dixième régression, on introduit la variable stabilité politique (PS) qui a un effet direct positif de 0.38% sur la croissance économique et significative de 10%. Ses effets sur la croissance par région sont tous non significatifs.

De nombreuses publications ont trouvé des données attestant d‟un effet positif de la stabilité politique. Barro (1991) et Barro et Sala–i–Martin (1995) incluent une mesure des révolutions et assassinats politiques, mais elle n‟est pas toujours significative. Alesina et al. (1996) analysent l‟effet des coups d‟État et concluent qu‟il est négatif pour les pays et périodes où de tels changements inconstitutionnels de gouvernement se sont produits. Alesina et Perotti (1996) étudient l‟influence d‟une mesure composite de l‟instabilité politique sur l‟investissement et constatent l‟effet négatif attendu. Svensson (1998) observe un effet négatif de l‟instabilité sur l‟investissement.

* La onzième régression :

Dans cette régression, l‟introduction de la variable « efficacité de la gouvernance » (GE) nous donne un effet positif de 0.33% sur la croissance économique et significative de 1%. C’est-à-dire un pays qui a une gouvernance efficace (la bonne qualité des services fournit par l‟Etat, la compétence du personnel du secteur public, le non gaspillage au niveau des dépenses gouvernementales) influe positivement sur la croissance économique. L‟effet de l‟efficacité de la gouvernance par région donne des résultats non significatifs.

10 Berthélemy et Varoudakis (1998) : »L’interaction ouverture économique – capital humain dans le processus de croissance économique”
11 KAUFMANN, D., KRAAY, A, ET MASTRUZZI, M., 2003, ‘Governance Matters VII: Aggregate and Individual Governance Indicators, 1996-2007’, World Bank Policy Research Working Paper no. 4654

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