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II.2 Présentation et analyse des résultats.

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Les résultats du calcul des moyennes de ratios avant et après la privatisation pour chaque entreprise sont consignés dans le tableau ci-dessous :

Tableau 5 PRIVATISATIONS ET PERFORMACE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES

Source : l’auteur à partir des données de la CTR et ARSEL.

Tableau V : Moyennes des ratios de productivité pré et post privatisation.

Au seul vu de ces chiffres, on peut dire qu’il y a une amélioration notable de la productivité des entreprises après leur privatisation. En effet, lorsque nous observons par exemple le ratio Ventes/Effectifs qui donne l’efficience de la main d’œuvre en rapport aux ventes, nous constatons, en ce qui concerne la SONEL, qu’il passe de 0,897 à 1,005 soit une amélioration en moyenne de 0,108 qui peut être due à l’augmentation du capital de la société après sa privatisation. Notons quand même qu’en ce qui concerne la SONEL, l’augmentation du volume d’investissement a tardé à suivre le mouvement de privatisation de la société ce qui peut du reste expliquer les nombreux délestages qu’ont connu les populations camerounaises même après la privatisation de la SONEL, situation caractéristique d’une insuffisance de l’énergie électrique produite par rapport aux besoins de l’économie toute entière.

On note en ce qui concerne le rapport Bénéfines Nets/Effectifs qu’il est passé en moyenne de -2,142 à 8,966, ce qui une hausse considérable pouvant être due au fait que, la SONEL, ayant des dettes énormes avant sa privatisation, sans compter la vétusté de ses infrastructures qui ne lui permettait pas de répondre aux besoins des populations et grandes entreprises consommatrices d’énergie, et donc faisant ainsi face à une faiblesse de la production d’énergie électrique a dû, après sa privatisation, intégrer dans sa fonction d’objectifs, des exigences de rentabilité et de productivité, ce qui s’est traduit par quatre augmentations successives des tarifs basse et moyenne tension au cours des quatre premiers exercices qui ont suivi sa privatisation à savoir : une augmentation de 5% en année 1 et 7,65% pour les années 2, 3 et 4. Mais il faut dire que ces augmentations étaient faites sous le contrôle de l’ARSEL qui est l’autorité de régulation chargée de préserver les intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique.

En ce qui concerne la REGIFERCAM, nous constatons que le ratio Ventes/Effectifs est passé de 3 à 4,51 tandis que le ratio BN/Effectifs est passé de -1,20 à 0,43 traduisant ainsi une amélioration de la productivité de la société après sa privatisation. On est néanmoins en droit de se demander si cette amélioration de la productivité n’est pas le fait de la coïncidence entre la privatisation de la société et le début des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun dont le transport des matériaux a en majorité été assuré par la CAMRAIL ; et non le fait juste de la privatisation de la société. En effet, cette préoccupation est d’autant plus pertinente que l’investissement, après la privatisation de la REGIFERCAM n’a pas suivi les bons résultats que la société a enregistrés au niveau de la productivité ; en témoigne du reste la formation d’une commission parlementaire en 2003 pour étudier avec la société les modalités d’une aide de l’Etat afin que celle-ci (CAMRAIL) puisse augmenter ses investissements.

L’évolution des ratios de productivité de HEVECAM et CDC traduit également une amélioration de la productivité de ces entreprises après leur privatisation mais, nous devons souligner que ces résultats doivent être pris avec beaucoup de prudence car des événements contingents peuvent très bien avoir influencé favorablement ces résultats et si tel était le cas, on ne pourrait plus dire que l’amélioration de la productivité de ces entreprises est le fait de leur privatisation. Toutefois, on peut souligner que même si la privatisation n’est pas la raison directe de l’amélioration de la productivité de ces entreprises, elle n’y est pas tout à fait étrangère ne serait-ce que pour les bénéfices en amont qui résultent des nombreuses restructurations qui sont opérées au sein de l’entreprise à l’annonce ou à l’aune de sa privatisation. Ainsi donc établis les effets statiques de la privatisation, il est important que nous nous appesantissions sur effets dynamiques qui sont mis en exergue ici par la représentation graphique issue de l’analyse en composantes principales que nous avons faite.

Il faut avant tout préciser que le principe d’analyse de l’évolution des entreprises tout au long de la période d’étude est le même que celui présenté dans le chapitre II sauf qu’ici, nous analysons le déplacement des entreprises par rapport aux ratios de productivité qui sont Ventes/Effectifs et BN/Effectifs. Lorsque nous observons le graphique IV.5, nous remarquons de façon générale que le déplacement des entreprises se fait dans le sens des ratios de productivité ce qui traduit une amélioration de la productivité des entreprises à la suite de leur privatisation corroborant ainsi les résultats par Megginson et Van Randenborgh (1994) ainsi que ceux obtenus par Ehrlich et al. (1994) dans le cadre d’une étude portant sur l’impact de la privatisation sur la productivité de certaines entreprises dans le secteur des transports aérien.

Figure 5 PRIVATISATIONS ET PERFORMACE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES

Graphique IV.5 : Evolution par rapport aux ratios de productivité, des entreprises privatisées.

En effet, lorsque nous observons le comportement de HEVECAM, nous remarquons qu’à trois années avant la privatisation, la société se trouve à l’opposé du ratio BN/Eff ce qui s’explique du reste par un bénéfice net négatif de -2606 millions de F CFA (source : rapport d’activité, 92/93) réalisé cette année par l’entreprise. Mais à partir de 1994, 1995, c’est-à-dire deux années et une année avant la privatisation de l’entreprise, on note une amélioration non négligeable de la productivité de cette entreprise ce qui s’illustre sur le graphique par un déplacement de celle-ci dans le sens des ratios de productivité et en l’occurrence dans le cadran du ratio Ventes/Effectifs signifiant ainsi une influence positive beaucoup plus accentuée sur ce ratio.

En ce qui concerne la société CAMRAIL, on observe que les trois premières années qui ont précédé sa privatisation ont été marquées par de mauvais résultats (cela s’illustre du reste sur le graphique par l’opposition de l’entreprise pendant cette période aux ratios de productivité) mais, on note quand même un niveau élevé des effectifs employés pendant cette période par rapport à la période qui a suivi la privatisation de la société. En effet, en 1996, l’effectif des employés à la REGIFERCAM (devenue CAMRAIL après la privatisation en 1999) était de 3616 (source CTR) alors que 8 années plus tard, c’est-à-dire 5 années après la privatisation, il n’était plus que de 2540 signifiant ainsi que la privatisation de la société, malgré l’amélioration de la productivité comme en témoigne le déplacement de la société vers les ratios de productivité les 5 années qui ont suivi la privatisation, s’est accompagnée d’une réduction sensible des effectifs au sein de la société ; ce qui est contraire aux résultats obtenus par Megginson et al. (1998) ainsi que Mickiewicz, Gerry et Bishop (2005) dans leurs travaux qui montraient que la privatisation ne s’accompagne pas d’une réduction d’effectifs. Il faut tout de même noter que d’après le graphique IV.5, les progrès de la CAMRAIL, malgré leur faiblesse, se sont faits un peu plus équitablement pour les deux ratios de productivité par rapport à ce qu’on a observé dans le cas de HEVECAM.

Pour ce qui est de la CDC, nous constatons que pendant les trois années qui ont précédé sa privatisation et même à l’année de privatisation, elle se trouve opposée aux ratios de productivité et davantage encore à BN/Effectifs. En effet, pendant cette période, la CDC a enregistré des bénéfices négatifs de -3605, -3870, -3538 et -3708 millions de F CFA respectivement en 1999, 2000, 2001 et 2002 (source : CTR), illustrant ainsi les énormes difficultés auxquelles la société était confrontée. Mais, à partir de 2003, c’est-à-dire une année après la privatisation, on remarque une reprise (illustrée sur le graphique IV.5 par le déplacement dans le sens des ratios de productivité) qui s’est traduite par des bénéfices nets, certes faibles mais tout de même positifs, réalisés par la société (480 millions de F CFA en 2003, 978 millions de F CFA en 2004).

Il faut par ailleurs souligner que cette reprise au sein de la CDC s’est accompagnée d’une hausse relativement constante des effectifs contrairement à ce qu’on a relevé dans le cas de la CAMRAIL ; ceci pouvant peut-être s’expliquer par le fait que, la CDC, agro-industrie, est une société à forte intensité de main d’œuvre comparée à la SONEL qui, elle est une société à forte intensité capitalistique comme en témoigne du reste la séparation que dresse l’axe factoriel 2 entre la SONEL et la CDC, cette dernière étant du côté de la flèche illustrative des effectifs employés et la SONEL étant du côté opposé.

Mais qu’à cela ne tienne, on note également pour cette société des progrès après la privatisation , progrès qui s’illustrent par le déplacement de SONEL dans le sens des ratios de productivité ; ce que viennent confirmer les chiffres car en effet, en 1998 c’est-à-dire trois années avant la privatisation, la société enregistrait un volume de vente de 2705 GWh et un bénéfice net de 1120 millions de F CFA contre 3360 GWh et 44082 millions de F CFA en 2006 c’est-à-dire cinq années après la privatisation de la société. C’est donc dire la privatisation a été un processus qui a permis l’amélioration de la productivité des entreprises qui ont fait l’objet de notre étude.

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