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II.2 Présentation et analyse des résultats.

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Les premiers résultats de calcul des moyennes avant et après la privatisation des ratios de rentabilité de chaque entreprise sont illustrés dans le tableau ci-dessous :

Tableau I : Moyennes des ratios de rentabilité pré et post privatisation.

Tableau 1 PRIVATISATIONS ET PERFORMACE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES

Source : l’auteur à partir des données de la CTR et ARSEL.

L’observation de ce tableau nous montre globalement que la privatisation a été source d’amélioration de la rentabilité pour chacune des entreprises de notre échantillon. Ceci vient corroborer les allégations théoriques de Leibenstein (1966, 1978) qui stipulent que l’entreprise privatisée affiche de meilleures performances que l’entreprise publique car l’immortalité et la « vie tranquille » de cette dernière sont contrevenantes à la réalisation de bonnes performances au sein de celle-ci. Ces arguments ont été repris par les partisans de l’école classique pour qui la privatisation devrait amener des changements dans les objectifs que poursuivent les entreprises publiques en les plaçant dans un environnement concurrentiel. Dans le modèle de l’analyse économique, l’absence de pression externe avait été évoquée comme le facteur explicatif de l’inefficience des entreprises publiques.

En outre, leur situation de quasi-monopole ne les inciterait pas à une recherche de rentabilité. Contrairement aux administrateurs publics, les gestionnaires de la firme privée sont sélectionnés selon leurs habiletés à accroître la rentabilité de l’entreprise et ils sont stimulés par la maximisation du profit des actionnaires. En outre, l’entreprise publique jadis en difficulté et en situation sous optimale (avec un seuil de rentabilité relativement faible, voire nulle) se verrait ainsi une fois privatisée, exposée au risque de faillite et donc contrainte de rechercher de meilleures performances. Ces résultats ont également été obtenus par Charreaux (2001) dans un article intitulé « Efficacité des privatisations françaises : une vision dynamique à travers la théorie de la gouvernance. » dans lequel il évaluait l’impact de la privatisation sur les performances en général et la rentabilité en particulier des plus grandes entreprises françaises et remarquait une amélioration significative de la rentabilité de ces entreprises après leur privatisation.

Ces résultats viennent également en conformité avec les allégations de Ehrlich, Gallais-Hammonnd et Lutter (1990) selon lesquelles l’entreprise privatisée est plus rentable que l’entreprise publique parce que le propriétaire privé, pouvant facilement vendre ou échanger ses droits de propriété, se préoccupe davantage d’augmenter la qualité et la rentabilité de son bien ; de même qu’avec celles de Boycko, Shleifer et Vishny (1996) ; Ahiat et Hartle (1991), pour qui la privatisation est un moyen de transformer l’entreprise publique, en situation sous-optimale en une entreprise plus rentable. Marquons un temps d’arrêt sur le cas de la SONEL pour essayer de comprendre ces résultats.

En effet, pour ce qui est de la SONEL, nous constatons que la moyenne du taux de rentabilité commerciale est passée de -0,075 avant la privatisation à 0,206 ce qui traduit une augmentation des bénéfices réalisés par l’entreprise suite à une augmentation du volume d’activité ; de même nous pouvons noter une amélioration de la rentabilité financière (ROE) de -0,023 (avant la privatisation) à 0,041(après la privatisation) traduisant ainsi un impact positif des fonds propres dégagés par les nouveaux actionnaires suite à l’ouverture du capital. On peut aussi remarquer une amélioration de la rentabilité globale de l’entreprise (ROA) qui est passée de -0,028 (avant la privatisation) à 0,169 (après la privatisation) traduisant une amélioration significative de l’ensemble des actifs utilisés par la SONEL après sa privatisation.

Cette amélioration de la rentabilité de l’entreprise n’est que la résultante d’un ensemble d’aménagements effectués au sein de la société lors de sa privatisation. En effet, la production d’énergie électrique de la SONEL est passée de 2417 Gwh en 1988 à 3536 Gwh l’année de sa privatisation c’est-à-dire en 2001 ceci étant dû à une augmentation de la puissance installée qui est passée de 757 Méga watt (Mw) en 1988 à 843,5 Mw en 2001.

En outre, la SONEL exploitait jusqu’en 1994, 480 km de lignes 225 kilovolt (kv), 100km de lignes 110kv, 1064 km de lignes 90 kv et en 2001, la longueur des lignes 110 kv est passée à 337 km, les autres étant restées inchangées. Le segment de distribution comprenait quant à lui en 1988, 7928 km de lignes répartis de la manière suivante : 3864 km de lignes moyenne tension à 33, 30, 15, 10 et 5,5 kv ; 4064 km de lignes basse tension et 3299 postes de transformation.

Les aménagements effectués dans ce segment lors de la privatisation ont permis l’augmentation des lignes et des postes de transformation d’où en 2001, on recensait 19033 km de lignes et 6444 postes de transformation. Tous ces aménagements effectués au sein de l’entreprise suite à sa privatisation peuvent expliquer l’amélioration de sa rentabilité. Il en est du reste de même des autres entreprises de notre échantillon qui doivent l’amélioration de leur rentabilité aux différentes restructurations mais aussi aux changements d’objectifs qui ont suivi leur privatisation.

En ce qui concerne l’ACP, elle nous révèle d’ores et déjà que la qualité de la représentation est assez bonne car on note une convergence rapide des valeurs propres, se traduisant par un grand pouvoir explicatif des trois premiers axes factoriels(13) qui, à eux seuls expliquent plus de 80% de l’inertie (14). Mais, pour des besoins de simplification, nous faisons notre analyse en prenant en compte uniquement les deux premiers axes qui expliquent quand même plus de 60% de l’inertie d’où le graphique ci-dessous:

Figure 2 PRIVATISATIONS ET PERFORMACE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES

Graphique II : Comportement en ACP des entreprises privatisées.

Notre analyse de ce graphique se focalise beaucoup plus sur le comportement des entreprises vis-à-vis des ratios de rentabilité (illustrés par les flèches BN/CP, BN/CA et BN/AT) étant donné que nous voulons vérifier les premiers résultats qui soulignent une amélioration de la rentabilité des entreprises après leur privatisation.

Le principe d’analyse est le suivant : si le déplacement de l’entreprise « avant privatisation-après privatisation » évolue dans le sens des ratios de rentabilité, alors on dira que l’entreprise a amélioré sa rentabilité après sa privatisation, si par contre ce déplacement évolue en sens inverse de celui des ratios de rentabilité, alors la rentabilité de l’entreprise se sera dégradée ou du moins elle n’aura pas été améliorée. Avant de s’intéresser au comportement des entreprises proprement dit, nous pouvons dire que notre graphique présente quatre cadrans : un cadran supérieur gauche, un cadran supérieur droit, un cadran inférieur gauche et un cadran inférieur droit et nous remarquons d’ores et déjà que tous nos ratios de rentabilité se trouvent dans un même cadran qui est le cadran inférieur gauche et on note du reste une certaine proximité entre ces ratios, traduisant ainsi une corrélation entre ceux-ci.

En effet, la matrice des corrélations (15) nous signale un coefficient de corrélation entre le taux de rendement sur l’actif total (ROA= BN/AT) et le taux de rentabilité commerciale (RC= BN/CA) de 0,86. Ceci peut s’expliquer par le fait que, non seulement ces ratios sont calculés à partir du bénéfice, mais aussi, l’actif total, mesurant l’ensemble des biens et droits utilisés par l’entreprise pour produire, influence considérablement le chiffre d’affaires de l’entreprise (cela s’illustre du reste par un coefficient de corrélation entre l’actif total et le chiffre d’affaires de 0,93). De même, il y a une forte corrélation entre le ROA et le taux de rentabilité financière (ROE= BN/CP) qui s’illustre par un coefficient de corrélation de 0,85. Toutefois, ces corrélations n’entament pas la qualité de l’analyse étant donné qu’elles sont exogènes au déplacement « avant privatisation-après privatisation » de la firme.

En ce qui concerne le comportement des entreprises proprement dit, nous remarquons que globalement, toutes les entreprises ont amélioré leur rentabilité après la privatisation. En effet, en faisant une analyse au cas par cas, nous remarquons que, pour ce qui est d’AES-SONEL, avant sa privatisation, elle se situe aux environs du CA et est un peu écartée du BN ; ce qui signifie qu’avant la privatisation, la société dégageait de faibles bénéfices nets qui ne reflétaient pas son chiffre d’affaires malgré le fait que ce dernier était faible (au vu de la proximité des points à ce CA). Cette situation peut être le fait des nombreuses dettes que la société avait contractées et même des arriérés de paiement. Mais après la privatisation, en l’occurrence dès la première année qui a suivi sa privatisation, on relève un déplacement de l’entreprise dans le sens des ratios de rentabilité. Cette amélioration de la rentabilité probablement due à l’augmentation du capital de l’entreprise après sa privatisation, augmentation qui a assurément boosté les investissements qui à leur tour ont eu un effet levier sur la rentabilité de la société.

Pour ce qui est de CAMRAIL, on remarque qu’avant la privatisation, la société se trouve dans le cadran supérieur droit en opposition au cadran des bénéfices nets et des ratios de rentabilité ; ce qui est illustratif du fait que CAMRAIL réalisait des bénéfices négatifs avant sa privatisation mais, on peut néanmoins remarquer que la société fournissait des efforts notables en termes d’effectifs employés ce qui met du reste en exergue les objectifs sociaux qui font partie intégrante du mode de fonctionnement des entreprises publiques. Cela s’illustre sur le graphique par la proximité des points symbolisant la CAMRAIL avant la privatisation, à la flèche illustrative des effectifs employés. Par contre, après la privatisation de la société, on remarque un déplacement de celle-ci vers les ratios de rentabilité et on note du reste que les points symbolisant CAMRAIL sont très proches des ratios de rentabilité ce qui traduit une timide sortie de la société de la zone des profits négatifs c’est-à-dire une faible amélioration de sa rentabilité après la privatisation et ce, au détriment des emplois.

En ce qui concerne HEVECAM, on note que trois années avant la privatisation, l’entreprise réalisait des bénéfices négatifs mais à partir de la deuxième année qui a précédé sa privatisation jusqu’à la cinquième année après sa privatisation, on a eu un déplacement assez constant dans le sens des ratios de rentabilité, signifiant ainsi une amélioration de la rentabilité de l’entreprise suite à sa privatisation. L’écart entre le point de HEVECAM trois années avant sa privatisation et deux années avant celle-ci peut être le fait des restructurations qui sont faites au sein de l’entreprise à l’aune de sa privatisation ceci dans le but de la valoriser avant sa vente.

Pour ce qui est de la CDC, le graphique montre qu’avant la privatisation, la société réalisait des bénéfices négatifs (étant donné qu’elle se trouve dans le cadran opposé à celui des bénéfices nets et des rations de rentabilité) mais, près la privatisation, il y a eu un déplacement timide vers les ratios de rentabilité, déplacement quand même proche de la flèche symbolisant l’effectif employé ; ce qui signifie une légère amélioration de la rentabilité de l’entreprise avec une certaine constance des effectifs employés.

En somme, nous constatons une certaine amélioration de la rentabilité des entreprises après leur privatisation. Cette amélioration a du reste été illustrée à deux niveaux : premièrement, la comparaison des moyennes des ratios de rentabilité avant et après la privatisation a révélé une augmentation une augmentation de ceux-ci passant pour la plupart du négatif (avant la privatisation) au positif (après la privatisation). Deuxièmement, la représentation graphique issue de l’ACP que nous avons faite a révélé un déplacement global des entreprises après leur privatisation dans le sens des ratios de rentabilité.

13 Voir la description des axes à l’annexe 2.
14 Voir annexe 2 (intitulé : Histogramme des 15 premières valeurs propres).
15 Voir annexe

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