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I.2. Typologie

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Les investissements directs étrangers peuvent être regroupés selon leur forme ou selon leur logique. Selon la logique, Markusen (1995) retient la typologie IDE horizontal et IDE vertical qui sous-tend la décision de créer des filiales à l’étranger. Mais à cela s’ajoute la stratégie primaire qui constitue des IDE verticaux particuliers et, la stratégie complexe qui apparaît plus réaliste dans le contexte de la mondialisation et constitue un dépassement de la distinction de Markusen en combinant les deux stratégies ; horizontales et verticales. Ces différentes stratégies ne sont pas exclusives l’une de l’autre, mais s’inscrivent plutôt dans une logique dynamique(9).

Quant à la forme, les IDE peuvent se différencier selon qu’il s’agit d’un investissement de création, d’acquisition, de fusion, de joint venture(10), d’extension ou de restructuration financière.

I.2.1. Les IDE à stratégie horizontale

Les IDE horizontaux ou de marché visent à produire d’une part, pour le territoire d’implantation, une gamme de biens qui reproduit intégralement ou partiellement celle de la maison mère en fonction des caractéristiques locales de la demande ; et d’autre part, ils concernent des pays de niveau de développement similaire. Les investissements considérés sont de type Nord-Nord, d’où le qualificatif de stratégie horizontale. La stratégie horizontale illustre les caractéristiques de la spécialisation internationale intra-branche fondée sur les marchés imparfaits. Ce type d’IDE vise à faciliter l’accès de l’investisseur à un marché étranger solvable aux perspectives de développement favorables. Ainsi, dans cette perspective de conquête ou de préservation de marché, l’investissement étranger vise à satisfaire la demande locale à travers la création de « filiales relais ».

Dupuch et Milan (2005) montrent que des firmes multinationales de type horizontal apparaissent lorsque les avantages à s’implanter à proximité des consommateurs sont plus élevés que les avantages liés à la concentration des activités. La firme préfère donc implanter plusieurs sites de production pour servir les marchés locaux s’elle peut réaliser des économies d’échelle entre ces différents sites du fait de la présence d’actifs intangibles (technologies, savoir-faire, etc.), si les coûts d’implantation sont relativement faibles, si les coûts de transport sont plutôt élevés et si la demande intérieure est forte. Ainsi, les modèles développés par Brainard (1993) et Markusen (1995) mettent l’accent sur les IDE de type horizontal qui correspondent à des stratégies de conquête de marchés locaux principalement dans les pays développés.

La stratégie horizontale ou de marché (market-seeking) a pour objectif de desservir les marchés domestiques. Dans ce cas, les produits sont fabriqués dans le pays hôte et vendus sur le marché local. En conséquence, ce type d’IDE est motivé par la demande intérieure à savoir, la taille des marchés et le niveau de revenu du pays hôte. Ce qui suggère que les pays les moins attractifs en IDE ont été moins susceptibles d’être en quête de débouchés, Asiedu (2002).

I.2.2. Les IDE à stratégie verticale

La stratégie verticale ou « non market-seeking » répond à un objectif de rationalisation de la production. Elle fait référence à une recherche d’efficacité ou « efficiency-seeking » et génère des flux d’investissement de sens Nord-Sud déterminés par les divergences de niveau de développement des Nations partenaires. De ce fait, l’IDE vertical à travers la localisation des activités dans les « filiales ateliers », vise à organiser une division internationale des processus productifs. Ces investissements se distinguent des IDE horizontaux par leur caractère simultanément unilatéral et intersectoriel. La stratégie verticale génère une localisation des IDE centrée sur la différenciation des dotations factorielles dans la tradition de la spécialisation intersectorielle propre à la théorie de Heckscher-Ohlin du commerce international. Ainsi, ces IDE sont dits de localisation lorsque les firmes s’intègrent dans une perspective de division internationale des processus de production (Dupuch et Milan, op cit.).

Le modèle de Markusen et al (1996) distingue les multinationales selon cette typologie et complète ainsi les résultats du modèle de Brainard sur l’arbitrage proximité-concentration qui concerne uniquement les firmes multinationales (FMNs) de type horizontal.

Les IDE de type vertical apparaissent entre des pays différenciés en taille et en dotations factorielles. Ils relèvent de la délocalisation, mais n’en constituent que l’une des modalités. Asiedu (2002), indique que la stratégie verticale consiste à produire dans le pays hôte et à vendre à l’étranger. Par conséquent, les facteurs de la demande dans le pays d’accueil sont moins pertinents en termes d’attractivité. Le facteur le plus important de ce type d’investissement est la facilité avec laquelle, les entreprises peuvent exporter leurs produits. Toutefois, les facteurs qui améliorent la productivité du capital sont pertinents pour les deux types d’IDE.

L’attractivité de certains pays de l’Afrique Subsaharienne et particulièrement de la zone UEMOA n’obéit pas à cette distinction entre stratégie horizontale et stratégie verticale. Ces pays sont des lieux privilégiés des investisseurs du fait de leur abondance en ressources naturelles et de la taille de leurs marchés intérieurs ; Morisset (2001). Cette stratégie est qualifiée d’IDE primaires.

I.2.3. Les IDE primaires

Les IDE primaires sont des investissements orientés vers l’exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol. Ils constituent un cas particulier des IDE verticaux. Cette stratégie est assimilée à la recherche d’approvisionnements inexistants dans le pays d’origine, ou de moindre coût dans le pays hôte.
Les ressources naturelles désignent les biens non issus des processus de production humains mais qui répondent néanmoins à une demande de leur part. Deux grandes distinctions sont opérées dans l’analyse selon qu’il s’agit de ressources renouvelables ou épuisables. D’une part, en ce qui concerne les ressources épuisables ou non renouvelables (pétrole, minerais, etc.), Hotelling (1931) établit une règle selon laquelle la logique d’investissement rationnel de la part des détenteurs de capitaux devrait conduire à exploiter ces ressources, dont le stock est en permanence connu avec certitude, de manière à ce que le prix de vente augmente au rythme du taux d’intérêt de l’économie. D’autre part, quant aux ressources renouvelables (stock de poisson, forêt, etc.), elles sont capables de fournir des ressources sur une longue période. L’importance de leur stock dépend principalement du prélèvement humain.

Storaï (2003) indique que, cette opposition didactique entre les IDE horizontaux et verticaux renvoie à la distinction entre les « filiales relais » et les « filiales ateliers », décrits par Delapierre et Michalet (1976). Toutefois, la recherche de marché et la recherche d’efficacité ne sont pas deux motifs d’investissement exclusifs l’un de l’autre. Dans la réalité, les FMNs s’engagent souvent dans des stratégies d’intégration complexe, qui intègrent à la fois des formes d’intégration verticale dans certains pays et horizontale dans d’autres ; Markusen et Venables (1998), Yeaple (2003). De ce fait, les modèles économiques introduisant une distinction entre IDE verticaux et IDE horizontaux imposent plus de restrictions aux comportements des FMNs.

I.2.4. Les IDE à stratégie complexe

Les IDE complexes ou hybrides caractérisent les situations où les firmes décident simultanément d’investir dans un pays dans le cadre d’une stratégie d’accès au marché et dans un autre pays dans le cadre d’une stratégie de réduction des coûts. Selon Yeaple (2003), les stratégies d’intégration complexe dominent les autres formes d’investissement lorsque les coûts de transport se situent à un niveau intermédiaire. En effet, si le niveau des coûts de transport est faible, les IDE prennent une forme verticale afin de bénéficier de la main d’oeuvre bon marché dans les pays du Sud. Par contre, s’ils sont élevés, les IDE prennent une forme horizontale aboutissant ainsi à une réduction des coûts résultant du commerce international entre les pays du Nord (par exemple la triade : Etats Unis-Union Européenne-Japon). Toutefois, en présence d’un niveau de coûts intermédiaires, les IDE prennent une forme hybride afin de bénéficier des avantages résultant de la complémentarité des investissements entre les pays du Nord d’une part et ceux Nord-Sud d’autre part. Dans ce cas, les IDE prennent simultanément une forme horizontale dans les pays du Nord et une forme verticale dans les pays du Sud.

Somme toute, en se situant du point de vue des pays hôtes en développement comme ceux de l’UEMOA, il est possible de concevoir les mutations probables en fonction du type d’IDE qu’ils peuvent attirer. Dans une première phase où les niveaux de rémunération sont relativement bas, ils attirent des IDE motivés par des gains d’efficacité. Ensuite, dans la seconde phase où les revenus commencent à croître, la profitabilité de l’IDE se déplace, passant d’un avantage en termes de coût des ressources humaines et naturelles à un avantage en termes de développement du marché.

Au-delà de cette distinction entre IDE horizontal et IDE vertical, il est possible de catégoriser les investissements étrangers suivant la forme qu’ils prennent dans le pays d’accueil. Ainsi, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE)(11) dans ses statistiques d’IDE retient les formes ci-après :

– Investissement d’acquisition à savoir l’achat ou la cession de participations existantes, dans le cadre d’opérations de fusion-acquisition. Celles-ci consistent en une mise en commun d’actifs ou d’intérêts économiques entre deux ou plusieurs entités conduisant souvent à augmenter la taille initiale des entreprises ;
– Investissement de création ;
– Investissement d’extension c’est-à-dire de nouveaux investissements supplémentaires ;
– Investissement de restructuration financière.

Alors que les fusions-acquisitions supposent l’achat ou la cession de participations existantes, les investissements de création correspondent à des investissements entièrement nouveaux (investissements ex nihilo). Les investissements d’extension sont des investissements supplémentaires visant à développer une activité existante. Les investissements de création se traduisent par l’installation de nouveaux moyens de production et/ou le recrutement de nouveaux employés. D’un point de vue théorique et en termes d’impact économique, les investissements d’extension et de création sont similaires. Les restructurations financières sont un investissement réalisé en vue de soutenir l’activité d’une filiale qui connaît des difficultés financières en y injectant des fonds nouveaux afin de compenser les pertes résultant de l’exploitation. L’OCDE parle alors d’IDE de restructuration financière.

Après avoir établi une clarification conceptuelle des IDE ainsi qu’une typologie permettant de les distinguer, il importe d’en examiner les critères d’attractivité.

9 Une stratégie horizontale peut à un moment donné se transformer en stratégie verticale et vice versa, voire une combinaison des deux selon les motivations de l’investisseur direct ou de l’attractivité territoriale
10 Renvoie aux entreprises conjointes
11 OCDE (2008) : Définition de référence de l’OCDE des investissements directs internationaux, Paris, 4ème édition, P98

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