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I.1.3 Travailler avec les sourds

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Travailler avec les sourds ne nécessite pas seulement l’apprentissage de la langue des signes, il est impératif de comprendre également les difficultés liées à la surdité et la relation qui en découle avec les personnes qui ne vivent pas ce handicap.

I.1.3.1 Un handicap de communication

On peut dire que la surdité est un handicap de communication dans le sens où elle établit une relation dans laquelle chacun est défini par le regard de l’autre. En effet, on est sourd que pour ceux qui entendent, et on est entendant que pour ceux qui n’entendent pas.

Ce handicap de communication vient également du fait que la plupart des sourds, qui ne parlent pas, ont également un problème avec l’écrit. C’est une réalité, l’illettrisme touche 60% à 80% de cette population. En effet, pour un enfant sourd, les lettres ne sont que des signes abstraits qu’il lui faut ordonner selon un code phonétique totalement insaisissable. De fait, pour beaucoup de sourds, le système éducatif classique est un échec.

Et par conséquent, on estime que seuls 4% des jeunes sourds accèdent aux études supérieures et que 50% des sourds sont exclus du monde du travail.

Cela pose un réel problème de communication avec les entendants car comment communiquer avec quelqu’un qui ne parle pas la langue des signes si l’on peut difficilement lire et écrire ? Il en va de même pour l’accès à l’information et à la culture, car on pourrait croire qu’il suffit de créer des documents écrits ou des cartels descriptifs (comme pour les visiteurs étrangers) pour que les sourds puissent bénéficier de cet accès, mais en raison de ce problème de l’écrit cela devient quasiment impossible sans l’intervention d’un interprète.

I.1.3.2 La relation sourds/entendants

Comme nous l’avons vu précédemment, la surdité est avant tout un rapport, puisqu’il faut être au moins deux pour que l’on puisse parler de surdité. Dans ce rapport, la relation entre les sourds et les entendants est marquée par une histoire conflictuelle de longue date, souvent justifiée par une valorisation extrême de l’oral.

Mais la fracture entre les deux mondes provient en réalité des deux côtés. En effet, elle naît d’une part de l’incompréhension des entendants, gênés par l’élocution des sourds et qui ne prennent pas toujours le soin d’articuler eux-mêmes ni d’apprendre un moyen d’établir le dialogue. D’autre part, les sourds excluent bien souvent les entendants de leur vie quotidienne, préférant rester dans leur communauté. Cependant, on remarque que les jeunes sourds sont de plus en plus tolérants envers les entendants. Néanmoins, la maîtrise de la LSF reste indispensable si l’on veut tisser un quelconque lien.

Dans mon cours de LSF(13), j’ai pu constater toute la complexité de cette relation. En effet, ce cours étant composé de sourds (n’ayant pas appris la LSF dans leur scolarité) et d’entendants (souhaitant apprendre cette langue pour diverses raisons personnelles et professionnelles), on peut sentir tout le paradoxe entre le pas qui souhaite être fait des uns vers les autres, et malgré tout la tension permanente qui persiste. Les sourds ne veulent pas être traités comme des handicapés, à part, mais revendiquent leur différence et créent une communauté très fermée. Les entendants souhaitent apprendre à communiquer avec eux
mais ne peuvent s’empêcher de parler entre eux, créant ainsi involontairement un certain climat de méfiance et des quiproquos.

Malgré tout, cette relation tend à s’améliorer grâce aux efforts menés par tous. Mais pour réellement intégrer et comprendre la communauté sourde, il est impératif d’en connaître l’histoire et la culture.

13 Dispensé par Mme Nadra Chergui au centre d’animation des Halles, Paris 4e.

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