Depuis quelques années, la relation entre qualité des institutions et croissance économique a fait l‟objet d‟un renouvellement théorique et empirique avec le développement des analyses de la croissance endogène et la construction de bases de données sur les institutions. En fait, les théories récentes de la croissance endogène font du capital humain l‟un des facteurs essentiels de la croissance économique.
Les institutions économiques ont pour principal objectif le rétablissement des équilibres macroéconomiques : équilibre des comptes publics et de la balance des paiements courants, ainsi que la maîtrise de l‟inflation. Elles se sont traduite principalement par des mesures de libéralisation des prix et des échanges, l‟abaissement du taux de change réel et des restrictions monétaires et budgétaires.
Cette politique de stabilisation sera rapidement complétée par une politique d‟ajustement structurelle. Or, en comparant ces reformes par rapport à celle des autres régions, on remarque que les pays sub-saharienne continuent à appliquer assez haut niveau de protectionnisme et que leurs institutions financières s‟avèrent aujourd‟hui loin de satisfaire les normes dictées par les organisations mondiales.
Cependant, très peu sont les études empiriques relatives à la relation entre la qualité institutionnelles et croissance économique dans les pays en voie développement. C‟est la raison pour laquelle, établir un diagnostic clair et précis sur la nature de la relation s‟avère plus important.
Le rôle des institutions est de plus en plus évoqué (Douglass North, Dani Rodrik ou William Easterly par exemple)(1), comme élément clé pour la croissance, notamment, sous les aspects: protection des droits de propriété, structures de réglementation, qualité et l’indépendance de l’institution judiciaire et compétence bureaucratique.
L‟économiste de Harvard Edward Glaeser souligne dans son ouvrage « Do institutions cause growth? », le problème avec les théories qui soulignent l’importance des réformes institutionnelles, est qu’il est extrêmement difficile de trouver une mesure quantitative de la qualité institutionnelle qui puisse être insérée dans un modèle statistique expliquant la croissance économique. Comme il est fréquemment le cas pour la mesure d‟éléments incommensurables, l‟étude causale et comparative est difficile à réaliser ; pour la mesure de qualité d‟institutions c‟est particulièrement vrai en raison de la non-standardisation des valeurs d‟excellence. L‟étude montre également que les institutions exercent un effet robuste et significatif sur la croissance du PIB par habitant.
La croissance annuelle du PIB par habitant augmenterait de 1,7 point si la qualité des institutions atteignait la moyenne de l‟échantillon. Les résultats de ladite étude indiquent enfin que les institutions ont un effet marqué sur l‟instabilité de la croissance. Plus la qualité des institutions augmentent, moins la croissance est instable.
De même, dans une étude consacrée aux pays de la région MENA, la Banque Mondiale (2003) affirme que depuis les années quatre-vingt, la moyenne annuelle de la croissance économique par habitant dans cette région a été de 0,9%, un niveau inférieur à celui de l‟Afrique Subsaharienne.
Selon cet organisme, le retard des pays de la région MENA est tributaire aux problèmes de gouvernance. Les simulations effectuées montrent que si ces pays avaient amélioré la qualité de leur gestion du secteur public pour les rendre comparables à celle d‟un groupe de pays performants de l‟Asie du Sud-est, ils pourraient gagner jusqu‟à un point de croissance.
Dans ce cadre de travail, nous essayerons de clarifier la relation entre la qualité institutionnelle via le capital humain et la croissance économique dans la région MENA à travers d‟une analyse comparative entre d‟autres régions comme par exemple la région Asiatique, la région OCDE etc.
1 NORTH, D.C. (1990), Institutions, Institutional Change and Economic Performance, Cambridge University Press, Cambridge