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Extension de la tache urbaine : phénomène empiétant sur les potentialités agricoles

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Cartes évolution de la tache urbaine

– Manifestations de l’étalement spatial :

Les expressions de tout étalement spatial ne reviennent pas uniquement à la croissance démographique qui entraîne une demande additionnelle en surface artificialisée. En effet, la typologie de l’habitat horizontal individuel, l’abandon des bâtiments verticaux participent à l’évolution de la superficie artificialisée. Ainsi, le recul du phénomène de la cohabitation engendre la disparition de la fonction résidentielle du noyau central de la ville. Je note aussi le changement du processus de la production des terres urbaines et la hausse de la valeur foncière. Ceci revient au rôle ignominieux de l’intervention des investisseurs publics comme l’AFH et la SNIT à la ville de Menzel BouZelfa. En effet, depuis deux décennies (à partir de 1988), cette ville a connu un rythme soutenu de développement urbain.

La tache urbaine de Menzel Bouzelfa a connu une expansion à la fin des années 1980. C’est à partir de cette période que l’extension va s’accélérer pour garder un rythme soutenu jusqu’à 2004.

– Evolution diachronique des tissus urbains à Menzel Bouzelfa

L’évolution des tissus urbains à Menzel Bouzelfa s’est déclenchée à partir de 1988. A partir de cette date, et pendant deux décennies l’étalement spatial a gardé une cadence ascendante. L’espace urbain fait de sorte à combler les « trous » qui résultent de l’implantation des nouveaux quartiers et qui seront intégralement bâtis à long terme. Le tableau 14, montre que la période entre 1948 et 1970 a connu une sorte de stagnation de la tache urbaine. Elle n’a progressé que de 2 Ha durant plus de deux décennies. Néanmoins, à partir de 1988, la tache urbaine va se propager inlassablement.

Cartographie tache urbaine

– Impact de l’étalement sur les espaces périurbains

A. Dynamique de l’espace périurbain de Menzel Bouzelfa :

1. Les nouvelles zones d’extension à Menzel Bouzelfa :

A l’heure actuelle il est difficile de tracer une frontière entre un territoire rural et un autre urbain. En outre, les limites naturelles les plus tranchées s’estompent dès lors que le génie humain est en mesure de franchir l’obstacle. Ce génie humain s’est concrétisé à Menzel Bouzelfa par l’apparition de nouvelles zones d’extension du tissu urbain. Or, il existe des disparités assez notables du point de vue morphologie de l’habitat, nature des équipements et origine des résidents dans ces nouvelles zones d’extension. Ces zones sont de deux ordres : les unes réglementaires et d’autres spontanées.

2. Centralité perdue ou rétablie à Menzel Bouzelfa ?

Dès son existence, l’ancien bourg de Menzel Bouzelfa, qui remonte aux origines arabo-musulmanes, été fondé autour d’un centre religieux (mosquée, marabout…) qui renferme une place centrale accueillant les différents petits métiers ainsi que le souk. Tous les chemins convergent en direction de ce centre. Cette forme de centralité va persister jusqu’aux années 1960 tant sur le plan résidentiel que celui administratif.

Suite à la propagation de la tache urbaine depuis les années 80, la centralité s’est desserrée progressivement pour se déplacer le long des axes routiers. Le noyau traditionnel s’est transformé en zones d’activités et il subit progressivement un déclin de la fonction résidentielle avec l’abandon des maisons traditionnelles et la migration des anciennes familles menzéliennes vers les nouvelles zones d’extension urbaine.

a. Dynamisme de la centralité :

Malgré les mutations subies dans la médina et le départ d’une bonne partie de la population, le centre de la ville reste dynamique. En effet, tout espace urbain est soumis sous des forces motrices qui le mettent en dynamique permanente. En outre, les nouvelles activités installées présentent plusieurs effets sur l’espace : transformation des constructions, développement de nouveaux services qui auront des effets multiplicateurs de point de vue territoire et société. Cette évolution diachronique de la tache urbaine de Menzel Bouzelfa ainsi que la centralité propagée graduellement, font changer désormais les contacts entre ville et campagne (urbain et rural). Ceux-ci sont de plus en plus écrasés et les frontières disparaissent constamment en annonçant l’émergence de l’espace périurbain.

Evolution de l’espace urbanisé de MBZ

b. Quelle relation entre le centre et la périphérie de Menzel Bouzelfa ?

A Menzel Bouzelfa, le centre n’est plus unique, il est concurrencé par l’apparition de centres secondaires à la périphérie. Progressivement l’on constate une désaffection marquée de l’ancien centre au profit des zones périphériques situées dans les nouveaux lotissements à proximité des vergers d’agrumes.

La périphérie s’est caractérisée par une paupérisation de l’espace et un essaimage de l’habitat qui rappelle la morphologie de l’habitat rural. Dans cette ville, l’espace périurbain, à l’opposé de l’ancien centre qui présente un parti architectural et urbanistique traditionnel, se caractérise par une diversité apostillée des formes architecturales et urbanistiques. Il n’y a pas, désormais, de modèle périurbain stéréotypé, mais en fait une variété socio-économique et morphologique des agglomérations urbaines classiques.

La périphérie n’est pas habitée en totalité, l’espace bâti est encore faible et diffus. Le périurbain ressemble à la morphologie de l’habitat rural. En effet, en partant des espaces ruraux vers la ville, il est difficile de distinguer l’habitat rural de celui périurbain (sauf dans le cas d’un lotissement organisé à bord d’un axe routier). Dans l’espace périurbain, chacun construit son logement à sa façon, tandis que le centre se caractérise par un parti architectural et urbanistique bien précis. Il n’y a pas un modèle prédéfini pour le périurbain mais plusieurs typologies sont observables. Une fois installé en dehors du périmètre communal, la municipalité ne peut exercer aucune politique de contrôle sévère.

La pression de la croissance urbaine récente à Menzel Bouzelfa a entraîné des bouleversements marquants au niveau des structures agricoles traditionnelles et l’apparition de nouveaux quartiers périurbains. L’étalement spatial de Menzel Bouzelfa est diffus mais il suit aussi les principaux suivant axes routiers
La vocation agricole de cette agglomération était soulignée jusqu’aux années 80 avec l’émergence de l’agrumiculture en tant qu’activité principale. Ce secteur a entraîné une dynamique économique sans précédent dans toute la ville. Toutefois, le recul de cette activité en particulier la baisse du volume de l’exportation de la variété maltaise au cours des dernières campagnes a engendré des mutations au niveau des structures agraires et l’apparition de nouvelles activités économiques concurrentes.

Dans ce contexte, la préservation et le maintien des espaces agricoles apparaissent comme une condition indispensable au développement de systèmes territoriaux durables et exigent la mise en place d’outils de gestion et de suivi de l’étalement spatial.

A. Ségrégation socio-spatiale des espaces périurbains de Menzel Bouzelfa :

Ainsi, la logique de l’implantation des lotissements résidentiels et la modélisation spatiale du périurbain à Menzel Bouzelfa, revient à mettre en œuvre le cadre foncier de l’étalement spatial. La croissance diffuse de la périphérie de Menzel Bouzelfa a engendré non seulement le bouleversement des structures agraires et des rapports du rural et du l’urbain, mais aussi l’émergence de lotissements règlementaires avec de l’habitat pavillonnaire avec la prolifération des quartiers précaires au Sud et à l’Ouest de la ville de Menzel Bouzelfa.

I. Quelle politique de gestion face à l’étalement des espaces périurbains ?

La planification en urbanisme a pour objet de proposer une organisation réfléchie et responsable des espaces naturelles, ruraux et urbains. Elle étudie les enjeux dans la durée et propose notamment les traductions spatiales des politiques sociales économiques et environnementales. En conséquence la maitrise foncière constitue un volet important de la planification urbaine puisqu’il s’agit de rationaliser la potentiel « sol ».. Le diagnostic de la situation actuelle de la majorité des villes tunisiennes, fait ressortir les mêmes indicateurs : un rythme élevé de l’urbanisation, une forte consommation foncière et le déséquilibre ville/campagne.

La politique générale du pays en matière d’urbanisation et gestion foncière a encouragé d’une façon indirecte l’étalement urbain, grand consommateur de sol, particulièrement les terres agricoles. Cette situation se retrouve dans le cas de la ville de Menzel Bouzelfa, ville qui s’est développée au centre d’une ancienne et vaste zone de vergers d’agrumes, qui produit presque 80% de la production nationale. La ville qui a connu depuis les années 1980 une urbanisation tentaculaire longeant les axes routiers, subie des pressions sur les terrains en friches et cultivés. Ceci exige de mettre en place un diagnostic et pousser la recherche de solutions d’aménagement efficaces et viables dans les nouveaux espaces périurbains, qui ne peuvent être dissociés ni des demandes des habitants, ni des comportements des acteurs privés et publics de la production du cadre bâti. Dans cette perspective, tout programme d’urbanisme doit nécessairement s’appuyer sur la connaissance des aspirations de la population et des intérêts des acteurs en jeu.

La réussite de la mise en œuvre d’une politique globale de maîtrise des effets négatifs de l’étalement urbain est fortement conditionnée par l’adaptation de l’offre immobilière à la demande de nouveaux modèles d’habitat répondant non seulement aux aspirations émergentes des ménages, mais aussi à la nécessité d’une maîtrise des coûts de l’urbanisation (économiques, sociaux, environnementaux). Cette démarche sollicite une stratégie de régulation de l’étalement spatial qui respecte les principes du développement durable.

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