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CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

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L’étude a eu pour objectif d’analyser l’impact des régimes de change sur la croissance économique des pays de la CEDEAO. Les hypothèses de l’étude ont été testées à travers l’estimation d’un modèle VAR non structurel dont le but ultime était l’analyse impulsionnelle entre le taux de change effectif réels et le taux de croissance de l’UEMOA et des cinq pays de la ZMAO. En plus de ce modèle, il a été estimé, après les tests de spécification sur données de panel, un modèle à effets aléatoires pour l’estimation du modèle de base qui découle d’une fonction de production néoclassique augmentée. En outre, le mésalignement des taux de change effectifs réels a été déterminé avec le modèle à effet Balassa-Samuelson.

Le premier résultat qui ressort de cette étude est que les régimes de change fixes et flexibles ont un impact positif et significatif sur la croissance des pays de la CEDEAO. Ceci marque une différence fondamentale avec un ensemble d’études qui ont montré que le lien entre régimes de change et croissance économique n’était pas significatif.

La première hypothèse qui aurait voulu un impact du régime de fixe sur la croissance plus élevé que celui flexible n’est pas vérifiée, à travers les résultats assortis de l’estimation du modèle de base. Ce résultat s’explique en partie par le fait que les pays à régime de change fixe sont dans la majorité ceux de l’UEMOA qui connaissent une forte appréciation de leur taux de change réel, synonyme de perte de compétitivité. La BCEAO semble privilégier l’objectif de change au détriment de celui de croissance économique. En cela, elle est plus une caisse d’émission qu’une véritable banque centrale puisqu’elle n’a plus la maîtrise de sa politique monétaire. De ce fait, l’inefficacité de cette dernière, eu égard à la situation économique propre à la zone UEMOA, s’explique en partie par la place accordée au respect de la contrainte externe au détriment de la conjoncture interne. En outre, les pays à change flexible ont un niveau avancé en matière de gestion monétaire et envoient, par le biais du taux de change moins rigide des signaux réguliers à leur population sur l’état de leur économie, ce qui n’est pas le cas pour les pays de l’UEMOA dont le régime induit une volatilité plus forte et peut de ce fait, réduire la croissance économique puisque la volatilité diminue la croissance.

L’impact positif du régime de change fixe sur la croissance peut être attribué plus à l’appartenance à la zone CFA qu’au système de change lui-même. En effet, la crédibilité de ce système de change est optimale car le coût d’abandon est trop élevé (Guillaumont, 2004).

La deuxième hypothèse qui stipulait que le mésalignement du taux de change réel affecte négativement la croissance économique est vérifiée. Le calcul du mésalignement a permis de montrer que les taux de change réel des pays de la CEDEAO étaient en appréciation. En outre, les TCER des pays de l’UEMOA sont les plus élevés, ce qui est conforme aux résultats de Yougbaré (2009) qui montre que les régimes fixes enregistrent un degré de désalignement plus élevés que les autres types de régimes. Cette appréciation entraîne une perte de compétitivité prix pour les pays de l’UEMOA, mais avantage plus les populations urbaines
qui bénéficient à l’heure actuelle pour leur consommation de produits importés, d’une monnaie forte alors même que le principal défi de nos économies est de rendre compétitifs et autosuffisants les millions de petits producteurs qui se battent quotidiennement pour leur survie.

Le choix du régime de change apparaît ainsi comme fondamental pour une politique économique bien appropriée. En se basant sur les résultats de l’étude, les recommandations de politiques économiques suivantes sont formulées :

– La politique de création de la zone monétaire unique (ZMU) prévue pour 2020, par les pays de la CEDEAO doit être accélérée car elle permettra de réduire les coûts de transactions trop élevés entre les pays de l’Union. Pour que cette union monétaire soit efficace, il faut la renforcer par une union politique.

– Les résultats montrent que le régime flexible affecte plus la croissance que le régime fixe. La variable Q est composée des régimes flexible et intermédiaire, le dernier étant le plus utilisé. Partant de ces résultats, on préconise l’adoption d’un régime intermédiaire de type « crawling peg » à bande glissante. Ces modifications sont d’ampleur relativement faible et vise à éviter ou réduire le désalignement du taux de change (Williamson, 1998) qu’induirait
une accumulation des différentiels d’inflation positifs avec le pays d’arrimage. Il n’empêche qu’un tel choix devra s’accompagner d’une stratégie de surveillance multilatérale notamment en matière de discipline monétaire et budgétaire.

– En attendant la création effective de la ZMU, d’un point de vue strictement économique, il semblerait plus raisonnable d’envisager un système de changes intermédiaire dans une bande de fluctuations à définir entre les autorités de la zone UEMOA et celles de la zone Euro. Ce système aurait alors l’avantage d’assurer aux autorités de la BCEAO un apprentissage progressif de la gestion monétaire. Rappelons que la convertibilité du Franc CFA par le trésor français préconise que 20% des réserves en devises de la BCEAO lui soit versées. Actuellement, nous somme à 120%, ce qui montre que la BCEAO n’a pas besoin de cette dépendance monétaire.

– Il est nécessaire de prendre en compte les caractéristiques structurelles des économies de chaque pays dans les politiques de résorption des mésalignements car l’adoption des recommandations uniformes à l’ensemble des pays pour corriger les mésalignements des taux de change réel pourrait donner des résultats incertains en ne prenant pas en compte les caractéristiques entre autres de dotations factorielles, de structure de production et de déséquilibre initial de chacune de ces économies.

Par ailleurs, tout travail ne pouvant pas être parfait, la présente étude a sans doute des insuffisances. L’étude est très simplificatrice à travers une période d’étude très courte et un modèle à une seule équation qui ne peut cerner la réalité économique qui est assez complexe.

En plus, il conviendrait dans des études ultérieures d’examiner l’effet du mésalignement sur les régimes de change et de déterminer un taux de change optimal pour la zone.

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