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CONCLUSION GENERALE

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Pour terminer la présentation de notre étude, il sied de retenir que nous sommes partis du constat qu’il y a de la multiplicité et de la diversité dans le réel, selon le témoignage qu’en rendent nos sens. Devant cette diversité, notre raison, qui est par nature unificatrice, cherche à en donner une synthèse. Rationaliser le réel, c’est, avons-nous dit, l’interpréter, lui trouver un système d’explications qui sache rendre compte de sa vérité sans rejeter en lui ni l’unité ni la diversité, ni la ressemblance ni la différence, bref, sans sacrifier aucun de ses aspects. C’est pourquoi nous nous sommes demandé quel était le mode de prédication qui convenait à une telle structure de l’être. Pour y répondre, nous avons mené une réflexion tripartite.

Le premier chapitre consistait à traiter des prolégomènes métaphysiques, afin de préparer une entrée aisée dans le vif de notre sujet.

Le deuxième chapitre a porté sur la structure de l’être chez notre auteur J. de Finance. Dans cette étude, l’être nous est apparu à la fois identique et changeant, un et multiple. L’analyse de la multiplicité comme devenir, comme répétition de l’essence et comme pluralité des existants nous a permis de comprendre que c’est par cela même qui les constitue, c’est-à-dire tout ce qu’ils sont et ont d’intime que les êtres se ressemblent encore.

Dans le troisième chapitre enfin, nous nous sommes interrogés sur le mode de prédication qui pouvait concilier une telle structure ontologique, apparemment contradictoire, en ce qu’elle affirme deux aspects opposés dans l’être. Nous avons analysé tour à tour trois modes, l’univocité, l’équivocité et l’analogie. Les deux premières, avec leurs corollaires ont échoué à concilier dans l’être l’unité et la multiplicité, ne voyant dans l’être qu’un seul aspect, soit l’unité (c’est le cas de l’univocité, du monisme et de l’immobilisme qui nient le devenir et la multiplicité), soit la multiplicité pure (cas de l’équivocité, du pluralisme et du mobilisme qui rejettent l’unité et la stabilité ontologiques).

C’est finalement l’analogie qui nous est apparue satisfaisante. Celle-ci est un rapport de similitudes entre des proportions. Développée par Aristote, l’analogie a été ensuite reprise par Thomas d’Aquin dont notre auteur s’est à son tour inspiré, quoique sans servilité. L’analogie intègre les deux aspects opposés dans l’être, sans toutefois les confondre. Elle accepte la conciliation entre l’unité et la multiplicité, entre l’identité et la différence. Cette similitude entre les êtres ne se limite pas au simple niveau logique, mais elle atteint les êtres dans leur constitution ontologique. Ainsi l’être, tout en restant soi, demeure uni aux autres par une ressemblance ontologique. Et l’analogie est la prédication logique qui permet d’affirmer l’être sans le dévaluer ni que la pensée ait à se contredire.

En dernier lieu, nous avons dégagé de l’analogie une philosophie de la solidarité. Nous avons en effet voulu, à travers une récupération herméneutique de la pensée métaphysique de J. de Finance, montrer que la solidarité trouvait son fondement dans une conception analogique de la nature humaine, laquelle conception permet et fonde les attitudes philanthropiques telles que la compassion, la sympathie, l’amour, etc. Sans cette analogie, il serait difficile de comprendre l’autre. Et donc même, la communication véritable ou l’intercompréhension supposent en amont la préexistence d’une certaine ressemblance entre les sujets, ressemblance qui permet la fusion des horizons et qui n’est saisie que par analogie. Tous les hommes sont frères, dira Ghandi. Cette affirmation ne peut être vraie qu’analogiquement.

L’analogie, par la ressemblance qu’elle affirme entre les humains, permet à chaque humain de se sentir être-avec, dans une fraternité universelle. Et puisque les hommes sont tous frères, ils peuvent dès lors s’aimer et s’entraider mutuellement. C’est cela la solidarité.

En outre, l’analogie de l’être aboutit à l’affirmation de Dieu comme Ipsum esse subsistens, source de tout être et Etre par excellence. Mais nous ne sommes pas allés dans ce sens théologique. Nous avons plutôt choisi la voie de l’affirmation radicale de l’être, qui pose tous les étants dans l’esse commune et permet de montrer qu’en tant que pris dans l’existence, les êtres participent tous à l’esse commune qui est leur concept général et qui permet de penser l’être. En tant que tel, l’esse commune est à distinguer de Dieu. L’esse commune est l’existence en général, son affirmation montre qu’aucun étant n’épuise totalement l’être ; mais qu’au contraire, chacun d’eux existe à côté des autres. Cette existence dans laquelle chaque étant se retrouve ne s’entend ni selon l’univocité, compte tenu de la diversité des êtres et des modes d’exister ; ni selon l’équivocité, puisqu’intimement les êtres demeurent un.

Ce n’est donc qu’analogiquement que nous pouvons affirmer l’être. Et si la solidarité repose sur l’analogie, c’est que l’analogie trouve dans la solidarité sa concrétisation. Ainsi, les deux s’impliquent mutuellement, et l’ontologie n’est donc pas une vaine et simple spéculation déconnectée des préoccupations humaines. Voilà ce que nous avons voulu mettre en exergue en menant cette réflexion.

La solidarité est en quelque sorte latente dans la métaphysique de J. de Finance, et le vocabulaire dont il se sert pour décrire l’analogie nous a servi d’arrière-fond pour une herméneutique orientée vers cette solidarité. C’est cette interprétation que nous avons voulu mettre en évidence dans cette réflexion.

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