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CONCLUSION

Non classé

L’atelier d’écriture au CMP Lanteri Laura dans la forme qu’il a prise a été à notre sens
thérapeutique, malgré le peu de séances qu’il comprenait.

L’association de l’activité des plus intimes qu’est l’écriture et de la mise en groupe semble
essentielle pour que ce médiateur agisse dans un cadre psychiatrique avec des patients dont l’espace
intermédiaire, l’appareil à penser les pensées, et les processus de symbolisation sont entravés. Nous
avons pu repérer d’abord que l’expérience du groupe – surtout quand il est stable – est rassurante et
émulatrice des processus de pensées et de l’imaginaire. Pour que le groupe puisse remplir ses
fonctions, il doit d’abord passer par une phase d’illusion groupale durant laquelle les différents
psychismes s’appareillent ensemble pour donner un appareil psychique groupal, protégé de
l’environnement extérieur par des enveloppes peu perméables. Les transferts qui s’installent alors
sont essentiellement de l’ordre de relations indifférenciées et fusionnées proches des premières
relations d’objets du nourrisson. Cette régression est nécessaire à la réactualisation des
pictogrammes et autres traces mnésiques peu élaborées qui donneront naissance à l’impulsion et/ou
au désir créateurs. Les jeux et les échanges en groupe permettent la construction d’un inconscient
groupal dans lequel peuvent être contenus les incréés de chacun. De plus, l’appareil psychique
groupal, en étayage sur l’aide et la capacité de rêverie des animatrices, peut fournir à chaque
participant une matrice transformationnelle sur laquelle s’appuyer. En effet, la multiplicité des
individualités induit la mise en jeu de divers éléments inélaborés pouvant se recouper entre eux,
mais aussi, et surtout, une potentielle élaboration réciproque dans la relance des processus
secondaires, voire même tertiaires, à la base de la sublimation.

Nous avons vu que l’écriture permet, peut-être via sa caractéristique d’absenter l’autre, de
trouver des mots pour exprimer ce qui n’est d’abord qu’un inélaboré non verbalisable. Par cette
première mise en forme, l’écrivant peut alors trouver une base à son discours et communiquer de
manière frontale ce qu’il ne parvenait pas à formuler. La mise au-dehors du négatif et des parts
destructrices de soi via la projection implique un effet cathartique et de décharge pulsionnelle
transitoires, en ce sens que ces mouvements internes ne sont plus reconnus comme tels mais
attribués au monde extérieur, indépendant du sujet lui-même. L’effet véritablement thérapeutique de
l’écriture n’apparaît que lorsqu’un retour sur soi est possible. Nous avons évoqué dans cette étude
que cela se produisait essentiellement via une répétition. Répétition du même élément morbide afin
de lui donner une forme intégrable ou répétition de la réparation en vue de l’introjection d’un objet
enrichissant qui ne soit plus seulement persécuteur, mais total à la fois bon et mauvais. Ce n’est qu’à
ce prix que l’écrivant peut se réapproprier son vécu et qu’il peut assumer ses mouvements internes
agressifs ou mortifères. Quand l’individu en reste au niveau de la projection, où ce qui est projeté est
vécu comme autre dans une absence de délimitation Moi/non-Moi, nous observons une impossible
séparation avec ses productions mais aussi avec les objets externes, appréhendés comme des
prolongements du sujet lui-même.

Les mouvements de projection-introjection et d’objectivation-subjectivation (celui-ci étant
circulaire) s’appuient sur le même mécanisme bien qu’ils agissent à des niveaux différents. La
projection se fait sur la feuille mais aussi dans le groupe qui vont tout deux jouer le rôle de
contenant et donc de matrices transformationnelles pour renvoyer à l’écrivant une représentation de
lui-même et de ce qu’il a mis en mots. Il peut alors réintrojecter en lui ce qui l’étaye, autrement dit,
un objet à la fois marqué de sa singularité et d’altérité. De la même manière, le mouvement
d’objectivation-subjectivation démarre avec le repérage par l’individu de ce qu’il y a de plus intime
en lui-même, que ce soit une trace mnésique en quête de symbolisation ou simplement une
représentation personnelle. Dans sa mise au-dehors, cet élément va être transformé et objectivé par
la langue afin qu’il devienne communicable ; communicable d’abord pour l’autre réel (le groupe ou
les animatrices) qui va légitimer le sujet comme faisant partie de l’humanité, mais aussi – fait
caractéristique de l’écriture en particulier – communicable pour soi-même et c’est ce qui permettra à
l’écrivant de se réapproprier subjectivement son expérience pour la réinscrire dans son histoire.
De manière générale, nous avons été satisfaits du travail accompli dans cet atelier d’écriture.

Nous regrettons bien entendu le peu de séances qui ont pu avoir lieu, n’assurant que peu
l’introjection fiable de l’étayage du bon objet. Malgré tout, les participants ont tous vécu une
expérience positive et renarcissisante du point de vue des relations sociales, de la création, et d’un
possible regard sur soi-même constructif. Nous terminerons cette réflexion avec cette phrase de
Mme Zen ”(l’atelier d’écriture) c’est un petit bonheur dans un grand malheur”.

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