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CONCLUSION

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Le développement territorial apparait comme le moyen satisfaisant de mettre en place un développement durable permettant à la fois d’améliorer les conditions de vie des populations rurales, d’assurer une gestion et une valorisation équilibrées des ressources et de préserver le patrimoine naturel.

Le territoire du Baixo Amazonas semble être la bonne échelle à laquelle peut être menée une gouvernance efficace. En effet elle peut mobiliser à ce niveau l’ensemble des organisations détenant des pouvoirs de décision importants avec notamment la présence à Santarém des institutions régionales, tout en répondant au principe de subsidiarité par la participation relativement aisée des acteurs locaux qui sont en contact direct avec les problèmes à traiter. Cette échelle permet aussi d’intégrer le marché de Santarém qui est structurant pour l’économie locale.

C’est précisément à cette échelle qu’opère le Codeter qui parait être, dans ces conditions, l’outil de gouvernance idéal puisqu’il regroupe de manière paritaire les représentants de la société civile organisée et ceux des institutions publiques des différents niveaux administratifs présents sur le territoire. Le Codeter possède potentiellement les atouts d’une institution innovante et indispensable pour promouvoir un développement territorial efficace et répondre aux difficultés spécifiques du territoire.

Le Collège territorial n’a reçu, pendant tout un temps, que peu de prérogatives et a souffert d’un manque de reconnaissance institutionnelle. Il ne réunissait principalement que les représentants de la société civile. Ce n’est qu’en 2008 que les efforts du gouvernement fédéral, de l’État du Pará et des institutions publiques locales ont convergé pour faire du Codeter l’Instance de gestion du territoire. Cependant un certain nombre de difficultés contrarient encore le bon fonctionnement de cette institution. L’enjeu du développement territorial reste mal compris par la majorité de ses interlocuteurs. L’engagement réel des membres du Collège et de leurs institutions est encore trop limité.

Le Codeter souffre en particulier d’une faiblesse générale dans sa communication, en dehors du cercle très restreint des ses membres actifs. Son rôle et les possibilités qu’il offre restent souvent méconnus des nombreux acteurs locaux qui n’ont pas participé aux assemblées plénières. Une autre grande fragilité du Codeter est la faiblesse chronique de ses moyens de fonctionnement qui a pour conséquence un bilan très modeste en matière de réalisations concrètes. Il se retrouve ainsi discrédité par le nombre de projets qui n’aboutissent pas, du fait aussi de l’inexpérience administrative et collective de la plupart des acteurs, dans cette première période.

Devant ce constat, des efforts de communication sont entrepris depuis deux ans à travers notamment l’organisation d’assemblées plénières délocalisées dans différentes municipalités. Dans le même esprit, la réactivation des Conseils Municipaux de Développement Rural Durable (CMDRS) commence à porter ses fruits. Ces Conseils, par leur statut et leur légitimité, peuvent constituer des relais efficaces du Codeter au niveau des municipalités. Ils ont ainsi déjà reçu la mission d’identifier les Arrangements Productifs Locaux à mettre en place sur leur territoire.

La stratégie des APL a ainsi déjà été engagée dans le territoire Baixo Amazonas. Elle s’attache à renforcer les coopérations qui existent entre les acteurs intervenant dans un ou plusieurs pôles définis comme des zones de forte production par l’agriculture familiale d’un produit donné (fruits par exemple). Elle cherche aussi à fournir un appui structurant et coordonné aux pouvoirs publics afin qu’ils s’engagent plus nettement et de façon adaptée en faveur du développement local.

Les APL étudiés ont été choisis parce qu’ils sont représentatifs de la diversité des situations rencontrées. Ils illustrent aussi des problématiques, des stades d’évolution, des forces et des faiblesses très différents. Il relève d’une stratégie claire de la part de des institutions publiques qui appuient un pôle de production existant, important et relativement structuré, dans le cas de l’APL fruiticulture/ananas. Il relève plus d’une volonté de diversification de la production qui ne s’appuie pas assez pour l’instant, sur le capital social existant dans le cas de l’APL fruiticulture d’Oriximiná. Enfin, ce sont les interventions publiques peu réfléchies et mal coordonnées qui ont abouti à la situation délicate dans laquelle se trouve l’APL lait de Alenquer.

Néanmoins, dans tous les cas, l’APL parait être un bon outil pour structurer l’action publique qu’il contribuera à mieux coordonner. La caractérisation des APL, l’identification des différentes logiques des producteurs et des goulets d’étranglement des filières, ainsi que l’analyse du niveau de coordination des organisations devant être impliquées, contribueront puissamment à donner du corps aux débats en cours et à engager. Ceux ci doivent par ailleurs être stimulés par l’animation d’espaces de discussion dédiés, réunissant les différents acteurs impliqués dans le développement de ces APL. Ces débats doivent permettre de définir des objectifs communs et le rôle de chacun, ainsi que de renforcer la coopération et l’action collective en vue de trouver des solutions innovantes aux difficultés rencontrées.

Le rôle du Codeter, au delà de la mobilisation des ressources financières utiles et des institutions régionales, est de renforcer les espaces de dialogues dans le but notamment de favoriser la coopération entre les acteurs locaux.

Le Codeter doit se renforcer à travers la redéfinition prioritaire des rôles respectifs de ses instances internes, de manière à ce que celles-ci portent réellement ce Collège et contribuent à le positionner comme l’Institution incontournable de la gestion du territoire. Pour assurer sa pérennité et son développement, de nouveaux partenariats doivent être engagés et développés, en particulier avec les gouvernements municipaux.

Le Codeter doit aussi inscrire dans le Plan de développement du territoire, actuellement en cours d’élaboration, la liaison institutionnelle qui doit être établie entre ce Collège et les CMDRS pour la promotion des APL comme stratégie d’action. La réalisation de ce plan nécessite de faire un gros effort de caractérisation des APL pour qu’ils aient un effet réellement structurant. Le Plan doit traiter les aspects de formation et en particulier inscrire définitivement les maisons familiales rurales, qui sont le meilleur ferment de l’innovation dans le milieu rural, dans les priorités d’action.

Enfin les références théoriques du développement territorial doivent être élargies et approfondies dans quelques secteurs clés relevés dans le présent mémoire, notamment afin de préciser selon quelles modalités politiques, administratives et techniques une économie de proximité organisée peut être mise en place et prospérer dans un territoire aussi vaste que celui du Baixo Amazonas. Ces recherches devront aussi viser à lui donner les outils efficaces pour coordonner les acteurs et valoriser ses ressources de façon optimale et durable.

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