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Chapitre III : Les points forts et les points faibles du financement islamique

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Sans prétendre faire une liste exhaustive, nous allons énumérer quelques avantages et inconvénients qui pourraient être liés aux financements islamiques concernant d’une part les PME et d’autre part les banques islamiques elles-mêmes.

A) Les avantages et inconvénients du financement islamique pour les PME

1) Quelques avantages des financements islamiques pour les PME

Les financements islamiques offrent beaucoup d’avantages aux PME surtout à cause du caractère plus social des banques islamiques par rapport à la plupart des banques. En général, les banques islamiques tiennent compte des éléments indépendants des actions et de la volonté de l’entrepreneur et qui peuvent influencer les résultats provoquant ainsi des perturbations dans le remboursement des prêts. Dans ces cas les banques islamiques ont souvent l’habitude de rallonger les délais de remboursement.

L’absence de taux d’intérêt constitue aussi un avantage pour les PME car en lieu et place de l’intérêt les banques islamiques optent pour un partage des profits mais aussi des pertes. Ce partage ne concerne que les résultats après déduction de toutes les charges y compris la rémunération de l’exploitant. En plus la clé de répartition n’est pas imposée par la banque mais plutôt déterminée par négociation entre les parties prenantes. Dans les financements islamiques les banques assument autant de risques que leurs clients dans les projets et cela à cause du principe selon lequel c’est celui qui est à même d’assumer les risques qui doit le faire. Les banques islamiques agissent ainsi sauf si les pertes sont dues à des fautes de gestion de l’entrepreneur (négligence, mauvaise foi…).

Aussi la nature de certaines opérations financières islamiques peut être d’un grand intérêt pour les PME. Comme nous l’avons vu, les opérations de Moudaraba, Mousharaka ou Mourabaha peuvent être très utiles aux PME.

Les financements islamiques peuvent être aussi utiles aux entrepreneurs débutants ou ceux qui veulent exploiter de nouveaux marchés et cela grâce aux instruments de participation comme le Moudaraba et le Mousharaka. Ainsi les promoteurs grâce à un partenariat reposant sur un partage de risques et des profits pourront réaliser leurs projets. Et aussi les opérations d’Ijara, d’Istisna et de Salam sont des instruments très adaptés au financement du haut du bilan que les PME peuvent facilement intégrer dans leur plan d’investissement.

Au niveau des garanties, les banques islamiques demandent souvent presque les mêmes que les banques classiques. Mais au niveau des banques islamiques ces garanties peuvent être allégées ou même abandonnées au profit de la réputation du promoteur, de l’impact social du projet et la qualité des relations entre l’entrepreneur et la banque.

2) Quelques inconvénients des financements islamiques pour les PME

Le premier des inconvénients liés aux financements islamiques est que les banques islamiques refusent de financer les activités dont la licéité du point de vue de la Sharia’a n’est pas prouvée. Certains projets doivent obtenir l’approbation du comité de Sharia’a pour bénéficier du financement des banques islamiques.

Il peut arriver que l’activité financée soit “halal” mais engendre indirectement ou directement une autre activité qui ne respecte pas la Sharia’a. Tout ceci fait que les montages financiers comprenant une part islamique sont très difficiles à mettre en œuvre, nécessitant souvent l’intervention de spécialistes du droit islamique et des financements islamiques. Ce qui peut avoir pour conséquence une augmentation du coût final du projet. Dans le cadre de financement de projets les banques islamiques exigent souvent la preuve de rentabilité prévisionnelle très élevée avant d’accorder leur financement. Et si le projet est jugé risqué ou si la banque n’a pas une excellente relation et qui datent de plusieurs années avec l’entrepreneur, les garanties peuvent être très élevés (hypothèque en général). Etant donné que les banques islamiques prennent plus de risques que les banques, elles exigent un dossier solide et du promoteur, de l’expérience et la maîtrise de son domaine d’activité.

Aussi en recourant aux financements islamiques, les PME peuvent courir le risque d’ingérence de la banque dans leurs affaires. C’est le cas des opérations de Moudaraba et de Mousharaka où le promoteur peut difficilement apporter des modifications dans la conduite du projet sans l’autorisation de la banque.

Les produits financiers islamiques sont souvent plus coûteux que ceux des banques classiques. Cela ne tient qu’au fait que ces produits sont souvent très imposés, même si pour l’instant certaines banques islamiques sont en négociation avec les administrations fiscales pour une basse de leurs charges fiscales. On peut citer le cas des opérations de Mourabaha où on constate une double imposition, d’abord la banque en achetant le bien doit payer la TVA qui est de 18 % (Sénégal) ce qui sera répercuté sur le prix de vente. Le client en achetant le bien au niveau de la banque doit également payer la TVA sur le prix d’achat constitué par le prix de revient du bien plus la marge de la banque.

Sur le plan financier, les instruments de financement par participation ont un effet de levier nul parce que le client dans ces opérations ne reçoit directement aucune somme d’argent provenant de la banque.

Formule

Ce qui a une conséquence sur la rentabilité financière que l’on ne peut négliger.

B) Les avantages et inconvénients pour les banques islamiques

1) Quelques avantages pour les banques islamiques

En concentrant une partie de leurs activités sur les PME, les banques islamiques diversifient leur clientèle et agrandissent leur part de marché. Même si elles enregistrent moins de recettes avec les PME qu’avec les grandes entreprises, les banques islamiques peuvent compter sur l’effet d’échelle induit par l’importance du nombre des PME pour s’en sortir.

Dans le cadre des opérations de financement par participation, les banques islamiques enregistrent souvent des résultats supérieurs à ceux des opérations de crédit classiques. Les banques islamiques étant rémunérées à partir des profits réalisés voient donc leurs recettes augmenter au fur et à mesure que la rentabilité du projet financé s’améliore. Alors que les recettes du crédit classique sont souvent fixes et ne varient qu’avec le taux de base bancaire si seulement cela est précisé dans le contrat.

Etant donné que la plupart de leurs financements ne portent que sur des actifs réels, les banques islamiques règlent de manière partielle leurs problèmes de garanties car les actifs financés constituent en même temps les sûretés (Ijara, Istisna…).

2) Quelques inconvénients pour les banques islamiques

Les banques islamiques dans beaucoup de leurs opérations de financement rencontrent de nombreuses difficultés. Ces difficultés sont liées soit à la nature de leurs opérations de financement ou aux principes même de la finance islamique.

Dans le cas des opérations de participation comme le Mousharaka et le Moudaraba, les banques islamiques prennent des risques que les banques classiques refusent de prendre. En posant comme condition de leur rémunération la réalisant de profits grâce à l’activité financée, les banques islamiques non seulement s’exposent aux aléas de la vie économique, aux risques de défaut de paiement et sont souvent victimes d’asymétrie de l’information de la part de leurs clients.

En jetant un coup d’œil dans les rapports annuels de la BIS, on remarque un montant des créances en souffrance qui est très élevé. Au niveau de l’actif du bilan, les créances douteuses et litigeuses pour les exercices 2005 et 2006 se chiffrent respectivement à 487 et 780 millions de FCFA soit une augmentation 60,2 % en l’espace d’une année. Même si l’on ne peut attribuer la totalité de ces comptes aux PME/PMI, il faut reconnaître qu’elles y ont une part qui n’est pas négligeable.

Aussi sur le plan fiscal, ressortent de ces opérations des problèmes qui ont tendance à minorer les gains des banques islamiques. La marge sur les actifs vendus dans les opérations de Mourabaha et les bénéfices des opérations de participation ne sont souvent pas considérés par les administrations fiscales comme des produits financiers au même titre que l’intérêt classique, donc ces profits subissent l’impôt sur les revenus.

De même la TVA et les taxes d’enregistrement sur certains produits comme l’Ijara et le Mourabaha entrainent une augmentation du coût de ces produits. Ce qui est un obstacle pour ces produits sur le plan de la compétitivité par rapport aux produits financiers classiques.

Selon les principes de la finance islamique, les banques islamiques doivent prendre, dans les opérations de financement au moins autant de risques que leurs clients. Elles ne peuvent donc transférer la majeure partie des risques sur les clients comme peuvent le faire les banques classiques. Et aussi en cas de retard de paiement de la part de leurs clients, les banques islamiques par principe peuvent difficilement appliquer des pénalités de retard par crainte de se voir pratiquer le Riba. Par peur de pratiquer également le “Gharar” (la spéculation financière), les banques islamiques n’ont pas recours aux instruments de couverture comme le swap, les options… Ce qui a pour conséquence une exposition aux risques de taux et de change dans les opérations au niveau international.

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