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CHAPITRE I : APPROCHE HISTORIQUE DES SOCIETES DE TRADITION ORALE EN OCEANIE

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Si l’on veut saisir les Océaniens dans toute la complexité de leur contemporanéité, il est nécessaire de rapporter leur comportement à un faisceau de causes au sein duquel il serait tout à fait arbitraire d’isoler ou de séparer le plus ancien du plus récent, comme l’authentique de l’artificiel ou le vrai ou le faux.

Alban BENSA

1. Histoire, anthropologie et pluridisciplinarité

S’intéresser au passé lointain de la Nouvelle Calédonie, soulève la question de l’historicité, dans la mesure où l’histoire communément définie commence avec l’écriture. Ainsi, les sociétés océaniennes de tradition orale, seraient des sociétés sans histoire avant les premières découvertes européennes à partir du XVIème siècle. Comment évoquer le passé de ces sociétés de traditions orales ? Quels en sont les enjeux concernant notre objet d’étude ?

Ce débat a déjà été évoqué par des historiens français renommés comme Jean Chesneaux, spécialiste de l’histoire contemporaine et moderne de l’Asie orientale et du Pacifique, ou Isabelle Merle qui a beaucoup contribué à l’histoire du Pacifique Sud, ainsi que Frédéric Angleviel, spécialiste de l’histoire de Wallis et Futuna qui s’est orienté vers celle de la Nouvelle Calédonie. Le premier auteur pense que les peuples du Pacifique possèdent une historicité autonome, c’est-à-dire une capacité propre à s’inscrire dans la dimension de temps, à prendre conscience de leur devenir historique et de leur temporalité. Il confirme, qu’étudier l’histoire du Pacifique c’est insister sur l’importance fondamentale des migrations et des échanges sur de longues distances, le plus proche voisin pouvant être à 500 kilomètres au moins. Il affirme sans ambages :

« Toutefois, leur historicité est une nature différente de celle qui a été consacrée et conceptualisée en Occident. Notre vision classique de l’entrée dans l’histoire est fondée sur le passage à l’écrit et à l’Etat. La chine est une société historique à partir du moment où elle possède l’Etat et une écriture idéographique. De même les Egyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains… Mais ces critères sur lesquels se fonderait l’Histoire sont absents dans le Pacifique : la construction de la temporalité par ces peuples s’inscrit dans une culture orale et non étatique. Ainsi se trouve bousculée notre dualité traditionnelle entre préhistoire et histoire. Penser que les peuples accèdent à l’histoire par l’écrit est dénué de sens dans ces pays qui ont une histoire mais pas d’écriture, mis à part le mystérieux rongorongo des pascuans… La conscience évolutive des peuples du Pacifique avant l’arrivée des blancs est un vaste sujet qui mériterait l’attention d’anthropologue ouvert aux problèmes de l’historicité, plutôt que d’historiens stricto sensu » (9).

Par contre, en parlant de l’historiographie anglophone dans la région Pacifique, Isabelle Merle a évoqué, le courant « Island-oriented and culture change » dont l’historien Néo-zélandais Davidson a été le grand précurseur après la deuxième guerre mondiale. Cette approche consiste à tenir compte, dans la façon d’écrire l’histoire, des sociétés indigènes par le recours possible aux traditions orales et à la connaissance approfondie du terrain d’analyse en dénonçant ainsi ce que l’on appelle « l’histoire impériale ou euro centrique ». Dorothy Shineberg est l’une des pionnières de ce courant en 1967, quand elle publie des écrits sur l’histoire des exploitants du santal dans le Pacifique (10). L’historien Angleviel admet que la tradition orale reste une des sources possibles de l’histoire qu’il faut prendre en compte en complément des autres sources que sont l’’écrit, l’audiovisuel ou l’archéologie pour le passé plus lointain (11).

Par conséquent, le passé calédonien doit être abordé et étudié, nous semble t-il, sous l’angle anthropologique et historique (12). Une analyse profonde des liens entre ethnologie et histoire a été réalisée par Nicholas Thomas, traduit en français par Michel Naepels (13). L’auteur de cet ouvrage rappelle que l’anthropologie reste majoritairement historique même si elle situe généralement son sujet d’étude hors du temps, en dissociant généralement «culture indigène » et « impact de la colonisation ». Il est vrai que les dynamiques à court terme, nées du contact avec les Européens, sont cantonnées dans le domaine du changement social et de l’acculturation, ce qui n’est guère pertinent pour l’histoire couvrant de longues périodes. Alban Bensa reconnaît en tant qu’anthropologue :

« Que ce que l’anthropologie peut prendre pour un substrat culturel, une structure d’allure pérenne, s’avère toujours n’être qu’un moment de l’histoire d’un univers social déterminé … (14) ».

Alban BENSA poursuit en réalisant une autocritique sur son travail de chercheur :

« L’empirisme conduit à l’insignifiance quand il assimile ce qui est observé à ce qui est. L’écueil ne peut être évité qu’au prix d’un détour par des savoirs qui, comme la linguistique, l’histoire ou l’économie politique, permettent d’établir la généalogie des données et de penser la « genèse des phénomènes ». L’anthropologie ne peut faire l’économie de l’interdisciplinarité (15)».

Dans notre exposé, nous partirons des concepts anthropologiques qui nous semblent les plus pertinents pour étayer notre hypothèse. Nous tâcherons de tenir compte des évolutions possibles par l’utilisation de références éparses des premiers observateurs afin d’être le plus proche de la réalité sociologique d’antan sans prétendre à l’absolue vérité, d’autant plus que nous considérons que les us et coutumes ne sont jamais statiques. Par ailleurs, l’historien Frédérique ANGLEVIEL souligne dans son ouvrage que depuis peu :

« Les démarches identitaires se sont multipliées chaque communauté souhaitant découvrir, assimiler son histoire afin d’être plus à même de s’insérer dans le melting pot calédonien». (16)

Peut être sommes nous dans cette mouvance ? Mais il nous faut être lucide et conscient que, nous ne pouvons échapper au contexte sociétal et temporel dans lequel nous vivons. Trouver des traces de populations dites « polynésiennes » dans l’archipel calédonien au cours de la période dite « précoloniale et coloniale » et d’en connaître leur place dans l’échiquier politique traditionnel est un exercice difficile, dans la mesure où les écrits à ce sujet sont très peu nombreux et que la tradition orale est difficilement accessible. Egalement, ces populations si réduites soient elles, se sont intégrées à la population locale. C’est la raison pour laquelle que notre objet d’étude peut être qualifié d’ « évanescent ».

2. Un objet évanescent

Notre projet d’étude aurait pu être centré sur Ouvéa (17), la plus petite et la plus septentrionale des îles Loyauté, et plus particulièrement sur les communautés parlant le « fagaouvéa »- langue polynésienne, vivant aux deux extrémités de l’île. Les origines « polynésiennes » de ces communautés sont attestées et reconnues par les différents chercheurs en Sciences Sociales qui ont abordé ce sujet.

Effectivement, l’histoire des premiers contacts entre les Européens et les habitants de ces contrées a déjà été abordée de manière remarquable et détaillée, par Raymond LEENHARDT , ouvrage édité dans les années cinquante. Egalement, le contact des Loyaltiens avec les missionnaires a fait l’objet de son étude. Par ailleurs, l’historien Jacques IZOULET a récemment publié chez L’harmattan : « l’histoire de la Mission d’Ouvéa » concernant cette même période, après avoir publié un livre sur la mission de Lifou. La question de la présence « polynésienne » lors des premiers contacts avec les premiers navigateurs, a été évoquée de manière parcellaire par l’historien Georges PISIER.

La période dite précoloniale à ce sujet a été largement abordée notamment par Claude Rozier, d’une manière synthétique dans son ouvrage : « La Calédonie Ancienne » . Ce dernier a rassemblé la plupart des écrits des premiers Européens en contact avec les populations autochtones et les a classé de manière chronologique (de 1774 à 1853) sans pour autant en critiquer ou en discuter les données. En outre, Jean GUIART dans les années soixante a effectué un travail ethnologique considérable dans lequel le cas d’Ouvéa a été largement abordé. Nous l’invoquerons fréquemment en référence, dans notre étude. HOLLYMAN(20) et Jules GARNIER(21) par contre, sont les seuls à notre connaissance à avoir travaillé sur cette question spécifique mais dont nous n’avons pu avoir les ouvrages sous les mains malheureusement. Ce premier, et plus récemment Ozanne Rivière du Lacito (22), ont tout deux réalisé un travail d’ordre linguistique.

D’autres auteurs anglophones ont étudié « les premiers contacts en Nouvelle Calédonie ». Il s’agit par exemple, de Bronwen DOUGLAS (23), qui a étudié l’histoire des contacts de la population de Balade. K.R HOWE (24) au début des années 70, a abordé quant à lui, la période 1840-1900 concernant les premiers contacts des Loyaltiens, en particuliers des Ouvéens avec les marins, les missionnaires, et plus particulièrement avec le gouvernement colonial de l’époque.

Effectivement, les Universités anglophones de la région Pacifique ont depuis longtemps amené leurs chercheurs en Sciences Sociales à s’intéresser de près aux problématiques spécifiques à l’Océanie centrées sur les populations autochtones, et notamment de la Nouvelle-Calédonie.

La dernière en date est une étude archéologique faite à Ouvéa, en particulier dans l’extrême sud de l’île à Mouli dans les années 90, effectuée par Michael T. CARLSON (25). Cet auteur anglophone confirme par exemple l’adaptabilité des « Polynésiens » dans un environnement « pauvre » en terre cultivable. Leur présence à long terme dans de si petites îles dénuées de tout démontre que ces « voyageurs des mers » avaient la capacité d’adaptation tout en respectant les populations en présence. C’est à partir de ces îlots inhabités habituellement que les infiltrations vers les hautes terres déjà occupées, ont pu se faire à la manière de la stratégie d’occupation militaire dite du « saut de puce » que l’armée américaine durant la seconde guerre mondiale dans le Pacifique (26) a employée de manière efficace.

En tout état de cause, nous avons décidé de traiter les réseaux dits « polynésiens » dans l’ensemble de l’archipel calédonien, dans un souci de compréhension en partant du postulat que les Océaniens et en particulier les « anciens Polynésiens » ont une faculté de mobilité constante et permanente qui constitue ainsi une caractéristique sociale fondamentale. Cloisonner cet objet d’étude dans un micro espace défini n’a pas de portée significative.
Une question de fond doit être évoquée : peut-on parler de « Polynésien » au passé ?

Ce mot n’est-il pas un concept moderne ? Quelle est son origine ? Y a-t-il un sens d’évaluer le degré de présence « polynésien » dans la période dite précoloniale dans l’archipel calédonien?

3. La question du terme « polynésien »

La Nouvelle-Calédonie serait un archipel appartenant à priori à l’ensemble « mélanésien ». Même si le découpage reste artificiel puisqu’il a été préconisé pour la première fois par le navigateur français J. DUMONT D’URVILLE le 5 janvier 1832 lors d’une séance de lecture de ses mémoires de voyage, il a le mérite, d’être encore un outil pratique de référence ethno-géographique et anthropologique pour désigner les habitants des îles insulaires (27).

Cependant, ce découpage a ses limites. Déjà à cette époque, il ne faisait pas l’unanimité dans le cercle des premiers découvreurs (28). Par exemple, pour distinguer « le Polynésien » des autres « Océaniens », Grégoire Louis DOMENY DE RIENZY, un des premiers navigateurs qui a sillonné la région, affirmait que ces populations avaient la particularité d’être régies par des interdits religieux, des « tabous » (29). Nous savons aujourd’hui que le « tabou » est présent dans toutes les sociétés traditionnelles de l’Océanie insulaire et que cette particularité n’est pas propre aux « Polynésiens », ni même aux « Océaniens » d’ailleurs d’une manière générale.

Ainsi, le découpage susdit répartit les populations « océaniennes insulaires » en trois grands groupes distincts : la Mélanésie à l’ouest, la Polynésie à l’est et la Micronésie plus au nord. Or, cette répartition « d’urvillienne » n’a aucun fondement scientifique mais semble provenir d’une appréciation empirique de l’indigène et de son environnement : sa couleur de peau, sa description physique, physiologique et notamment ses mœurs.

« La Mélanésie » regrouperait ainsi selon Dumont D’Urville, les populations à peau noire : « mélanos, mélas » du mot grec signifiant « noir » et le suffixe « nésos » signifiant « île » ; « Polynésie » venant du mot grec : « polus » signifiant « nombreux ». Ces archipels regrouperaient les populations de plus grandes tailles à peau claire. Elle s’étendrait de l’Iles Pâques, près des côtes sud américaines, aux Iles Hawaï au nord et la Nouvelle-Zélande au Sud qui formerait ce qu’on appelle communément le « triangle polynésien ». La Micronésie, « micros » signifiant « petit », cet espace regroupe les populations pro- asiatiques éparpillées dans les îlots. Serge Tcherkézoff, un des anthropologues français contemporain spécialiste des sociétés polynésiennes, a abordé cette problématique. Il confirme que :

« Le découpage actuel de l’Océanie résulte d’une théorie raciste des couleurs de peau, élaborée en France au début du XIXème siècle et préparée par des siècles d’interrogations européennes sur la présence des « Nègres du Pacifique ». C’est aussi l’histoire d’un regard européen-masculin qui admira bien plus les femmes polynésiennes que les femmes des îles noires (30)».

Cela explique, sans doute, pourquoi « le Polynésien » a toujours été considéré par les Européens depuis les premières découvertes comme « une race » un peu plus supérieure aux Mélanésiens. Cette hiérarchie raciale aura fait basculer l’histoire de nos contrées dans la mesure où les Océaniens en général se sont différenciés et distingués à la mesure des lignes de démarcation imaginées par les scientifiques de l’époque, ou imposées tout bonnement par les administrations coloniales. La considération inégale que les Européens portaient sur les Océaniens a fait émerger des rivalités qui n’existaient pas forcément avant et de la concurrence entre eux.

Or, l’avancée des recherches scientifiques sur ces populations a démontré que cette classification « d’urvillesque » n’avait aucune valeur génétique, ni même linguistique (cf. les cas de Fiji (31) et celui des langues « futuniques » au Vanuatu et aux îles Salomon) et encore moins culturelle. Aussi, la frontière géographique entre ces trois entités reste discutable et floue. Il est vrai qu’à cette époque, il fallait trouver un nom à ce qui était nouveau, et ranger les découvertes du nouveau monde dans des classifications ethnologiques et scientifiques.

Par contre, au XVIIIème siècle les Anglais ont longtemps nié l’existence des Aborigènes en considérant le continent australien comme une « terra niullus »(32) c’est-à-dire comme un continent vierge de tout être humain. Ce qui laisse imaginer les rapports exécrables entre les européens et les Aborigènes inconsidérés.

Homme de Tanna de type polynésien

Fig. 2 Homme de Tanna de type polynésien

Fig. 3 Maori d’Aotearoa

Fig. 3 Maori d’Aotearoa

Fig.4Tubau chef Tongien à l’arrivée de J.Cook

Fig.4Tubau chef Tongien à l’arrivée de J.Cook

Fig. 5 Homme de Salomon de type polynésien.

Fig. 5 Homme de Salomon de type polynésien.

Le triangle polynésien

Carte2- Le triangle polynésien

Nous prétendons qu’avant l’arrivée des Européens, les concepts de « Polynésiens » ou de « Mélanésiens » tels que les Européens les percevaient et tels que nous les percevons aujourd’hui, n’existaient pas en tant que tels. L’altérité propre aux Océaniens anciens se résume aux rapports entre les êtres, dans leur appartenance clanique ou d’un lieu dit, dans leur origine familiale et généalogique et de leur lien avec les esprits et les pouvoirs « surnaturels », au-delà des aptitudes et des compétences que chacun peut avoir. Pour confirmer cette hypothèse, nous consacrons un chapitre entier sur « l’altérité » au sein de ces sociétés dites « traditionnelles ». Cependant, la typologie faite pour distinguer les « Polynésien » des « Mélanésien » doit être prise en compte dans ce travail de recherche, et ces mêmes termes seront réutilisés pour des raisons de compréhension. Cette présence « Polynésienne » au début du XIXème siècle remarquée par les premiers explorateurs est la preuve de l’existence de « réseaux d’échanges traditionnels » entre différents groupes relativement homogènes. Ces migrations successives et constantes dans ces régions maritimes constituent en fait, une des caractéristiques de ces sociétés dites «traditionnelles ».

Enfin, marcher sur les traces « polynésiennes » en Nouvelle Calédonie nous permettra, d’une part, de consulter d’une manière critique les premiers témoignages des Européens qui ont évoqué dans leurs écrits le groupe humain en question. D’autre part, nous tenterons d’extirper des traditions orales (33) tout ce qui est en rapport avec ces populations venues de l’Est. Les références linguistiques propres aux « Polynésiens » nous seront utiles pour confirmer les influences possibles de ces derniers dans l’archipel calédonien. L’apport des théories anthropologiques nous sera précieux pour argumenter l’interprétation des faits historiques, et peut-être confirmer nos hypothèses de départ. Ne disposant que de très peu de temps et de moyens pour effectuer une recherche approfondie en archives, à l’aide de sources de première main ou d’enquêtes de terrain , nous nous limiterons dans les chapitres qui suivront aux ouvrages d’historiens et de chercheurs en sciences sociales notamment en archéologie ayant contribué à la connaissance du Pacifique Sud essentiellement.

9 BENSA .A et RIVIERE J.C., Le Pacifique un monde épars, L’Harmattan, cahiers du Pacifique sud contemporain, 1998, 214 p.
10 Dorothy SHINEBERG, Ils sont venus chercher du santal, SHNC, 1973, 451p. Cet ouvrage a été publié en Anglais en 1967 et a été traduite en Français par André SURLEAU.
11 ANGLEVIEL, Frédérique, Les fondements de l’histoire de la Nouvelle Calédonie, CDP Nouvelle Calédonie, 2002, 201 p. ; p 7- 11.
12 Dominique BARBE: L’histoire du Pacifique, des origines à Nos jours, Perrin, 2006, 683p. Cet auteur, maitre de conférence à L’Université de Nouvelle Calédonie, formule pourtant quelques réserves quant à la méthode proposée quand il souligne : « La marge entre les deux démarches est si étroite que souvent l’anthropologue et l’ethnologue sont tentés de faire l’histoire et l’historien de faire l’anthropologie et de l’ethnologie, il y a un risque dans lequel une vigoureuse analyse de doit pas tomber. » p 15.
13 Nicholas THOMAS, Hors du temps. Histoire et évolutionnisme dans le discours anthropologiques, Belin, Paris, 1998, 236 p., p 10.
14 BENSA .A et RIVIERE J.C., Le Pacifique un monde épars, L’Harmattan, cahiers du Pacifique sud contemporain, 1998, 270 p., p20.
15 Opt.cité, p 13.
16 Opt.cité, p 198.
17 Ouvéa porte le même nom de l’île de Wallis, nommé « Uvéa » par ses habitants mais orthographié différemment.
18 Raymond H. LEENHARDT, Au vent de la Grande-Terre- les îles Loyautés de 1840 à 1895. Cette version historique est critiquée par K.R HOWE qui a écrit sur le même sujet : Les îles Loyautés- Histoires des contacts culturels (1840-1900) : il dit à ce propos : « l’auteur se borne à décrire les grandes lignes des activités des missions protestantes. L’histoire des îles Loyautés est en conséquence traitée de façon restreinte. Il faut ajouter que l’ouvrage est souvent inexact sur le plan des faits et non sans préjugés à l’égard des Pères Maristes et spécialement de l’administration française. » (p 8 de son livre en bas de notes)
19 Claude ROZIER, La Calédonie ancienne, Ed. Fayard, Paris, 1990, 319 p.
20 HOLLYMAN, Polynesian influence in New Caledonia, juin, 1970.
21 Jules GARNIER, Les migrations polynésiennes, leur origines, leur itinéraire, leur étendu, leurs influences sur les australasiens de Nouvelle Calédonie.
22 Le Laboratoire de Langues et Civilisations à Tradition Orale (en abrégé LACITO) est une unité mixte de recherche (UMR 7107) en partenariat entre le Centre national de la recherche scientifique, l’université de Paris-III et l’université de Paris-IV. Située dans le Centre André-Georges Haudricourt du campus CNRS de Villejuif, elle regroupe environ 50 personnes.
23 DOUGLAS, Bronwen : « Histoire des contacts de la population de Balade », traduction dans le bulletin N 10, SEHNC ,1972.
24 HOWE K.R, Les îles Loyautés- Histoires des contacts culturels (1840-1900)
25 Michael T. CARLSON Contacts et échanges inter culturels à Ouvéa (titre version français) (Iles Loyauté, Nouvelle Calédonie), University of Hawai’i ARCHIVES, 2002.
26 Cette stratégie de « saut de puce » consistait à occuper les îlots et les îles une à une. S’implanter dans l’île occupée en maintenant une présence militaire et débarquer dans l’île la plus proche et ainsi de suite.
27 Les premiers anthropologues comme Marcel Mauss par exemple ont élaboré leurs théories sur des études ethnologiques comparatives et en autres entre les Polynésiens et lesMmélanésiens. Son œuvre : Sociologie et anthropologie, Puf, 1950, 485p.
28 Cité par Grégoire Louis DOMENY DE RIENZY dans : « Océanie, ou cinquième partie du monde », publié par Firmin Didot frères, 1836, 634p, p12. Selon ce scientifique navigateur, ami de DUMONT D’URVILLE, ce dernier aurait officialisé cette répartition géo anthropologique lors d’une séance d’une lecture de mémoire de ses voyages dans le Pacifique le 5 janvier 1832, et ainsi rejeté la proposition de répartition proposé un an auparavant par G.L.DOMENY DE RIENZY. Notons par ailleurs que les discussions entre nos deux compères concernaient notamment l’ensemble Polynésie, Mélanésie et Micronésie. Selon nous, la présence de sociétés dites polynésiennes (des outliers polynésiens) dans les régions reculées de la Mélanésie et de la Micronésie-perçues et présentées comme homogènes- a semble t-il perturbé l’esprit cartésien de premiers navigateurs européens dans ces contrées et a donné suite à des controverses sur sa répartition.
29 Op.cité p12 : l’auteur propose de remplacer : « Polynésie » par « Pléthonésie taboué » c’est-à-dire multiples d’îles consacrées par le tabou.
30 Serge TCHERKEZOFF, Polynésie/Mélanésie, Au vent des îles, 2007, 375p. P33 en citant Marcel Mauss grand anthropologue français qui dans son cours universitaire considérait les Polynésiens plus évolués que les Mélanésiens, ces derniers plus évolués que les australiens qui serait selon cet auteur la race « arriérée ».
31 Est-ce que les Fidjiens sont Polynésiens ou Mélanésiens ? Tcherkézoff ou d’autres auteurs réfutent cette position car l’histoire, la culture comme la langue des îles Fidji sont étroitement liés à aux îles Tonga ou Samoa et toutes îles environnantes, sauf qu’ils sont en général, beaucoup plus bronzés. Selon ce premier auteur, entre le Polynésien Oriental et le Mélanésien Occidental en passant par la Polynésie Occidentale, par observation de photographies de portrait ancien, il est extrêmement difficile de les différentier. (Conférence au CCT en 2011) floue. Il est vrai qu’à cette époque, il fallait trouver un nom à ce qui était nouveau, et ranger les découvertes du nouveau monde dans des classifications ethnologiques et scientifiques.
32 Pendant le XVIIIe siècle, le principe a été utilisé pour donner une force légale à la colonisation de terres occupées par des peuples n’ayant pas d’organisation étatique ou de système de propriété organisé. Le philosophe suisse et théoricien du droit international Emer de Vattel, construisant entre autres sa philosophie sur celle de Christian Wolff, lui-même disciple de Gottfried Wilhelm Leibniz, a proposé que soit considérée « terra niullus » la terre non cultivée par les habitants indigènes. Cette terre n’étant pas cultivée, elle n’était pas considérée comme utilisée à bon escient. Ceux qui ont fait l’effort de la cultiver ont conséquemment le droit de propriété sur elle. Le principe de « terra niullus » fut invoqué pour justifier la colonisation de l’Australie par les Britanniques, et l’expropriation des terres aborigènes. Les Aborigènes en effet ne cultivaient pas la terre, mais leur culture et leur identité étaient (et sont) inextricablement liées à leurs terres ancestrales. Ce n’est qu’en 1992 que la Haute Cour d’Australie invalida rétroactivement cet argument, et proclama que l’Australie n’avait jamais été « terra niullus » (Mabo & Others v. Queensland, 1992).
33 La tradition orale exploitée dans notre exposé est tirée d’écrits rapportés par des auteurs anciens ou contemporains.

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