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Chapitre 9 : Offre et demande mondiale en karité

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a. La noix de karité

L’offre :

La production mondiale de noix entre 1998 et 2008 répartie entre les 7 plus gros producteurs selon un ordre décroissant est comme telle :

Tableau 3 : Les 7 plus gros producteurs de noix de Karité, FAO, 2008

Les 7 plus gros producteurs de noix de Karité, FAO, 2008

Le CNUCED estimait cette offre à 693 000 tonnes en 2005.

Ainsi, le Nigéria est le premier producteur de karité au monde suivi du Mali. La production mondiale de noix a beaucoup augmenté entre 1998 et 2008.

Part représentative de chaque pays dans la production mondiale de noix de karité en 2008 en volume

Graphique 1 : Part représentative de chaque pays dans la production mondiale de noix de karité en 2008 en volume (tonnes)

évolution de la production mondiale de noix de Karité entre 1998 et 2008 à droite, CNUCED, 2008

Graphique 2 : évolution de la production mondiale de noix de Karité entre 1998 et 2008 à droite, CNUCED, 2008

Quant aux exportations, elles suivent une tendance contraire à celle de la production. Nous en déduisons que le gros de la consommation de karité (noix, amandes, beurre) se fait localement.

Le Burkina Faso et le Ghana sont les deux plus gros pays exportateurs de karité au monde.

Tableau 4 : Evolution en tonnes des exportations entre 1998-2008, FAO

Evolution en tonnes des exportations entre 1998-2008, FAO

En 2008, seuls quatre pays ont exporté des noix de karité selon les données de FAOSTAT, mais nous savons que ces données sont incomplètes.

Evolution du total des exportations entre 1998 et 2008

Graphique 3 : Evolution du total des exportations entre 1998 et 2008

Evolution de la production mondiale de noix de karité entre 1998 et 2008

Graphique 4 : Evolution de la production mondiale de noix de karité entre 1998 et 2008

Dans la mesure où la majeure partie de la consommation de karité à l’export est l’oeuvre des multinationales impliquées dans la production du beurre pour le chocolat, la seule explication est que ces acteurs auraient désormais des usines en Afrique de l’Ouest. Cependant, les revenus de cette activité ne profitent pas pleinement aux populations locales.

La demande

La demande en noix de karité est faible. Les noix de karité sont essentiellement transformées en beurre au sein des exploitations. Le karité se vend surtout en beurre.

La demande internationale en noix de karité représente environ 10% de la quantité totale produite, soit l’équivalent de 69 300 tonnes de noix en 2005, et de 80 587 tonnes en 2008.

Ces importations sont destinées à l’industrie du chocolat (95%) et de la pharmacopée.

Le marché des noix de karité est caractérisé par une certaine opacité car les données enregistrées concernant les importations sur FAOSTAT sont loin d’avoisiner les 80 587 tonnes.

Tableau 5 : Importations de noix 2008

Importations de noix 2008

b. L’amande de karité

L’offre et la demande en amandes sont difficiles à apprécier. Il existe très peu de données traitant de ces aspects. On sait qu’en général, 15 à 20 kg de noix donnent 3 à 4 kg d’amandes. En conservant ce rapport, les 805 874 tonnes de noix produites en 2008 équivalent environ à 138 600 tonnes d’amandes.

L’amande est très appréciée en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, notamment pour le chocolat, les cosmétiques et la pharmacopée. Cette demande sera amenée à croître dans l’industrie du chocolat en raison de la directive de l’Union Européenne qui autorise l’incorporation d’autres graisses végétales que le cacao à hauteur de 5% (directive européenne 2000/36/CE).

La fiabilité des statistiques

Encadré : La fiabilité des statistiques

Nous présentons ci-dessous les différentes voies d’extraction du beurre à partir des fruits :

Tableau 6 : Techniques de production des amandes de karité, GRET, 2004

Techniques de production des amandes de karité, GRET, 2004

La méthode dite améliorée consiste à supprimer l’étape du stockage en fosse ; les noix sont immédiatement portées à ébullition après le ramassage.

Des amandes de bonne qualité doivent avoir les propriétés suivantes :

Tableau 7 : Normes et critères de qualité des amandes de karité

Normes et critères de qualité des amandes de karité

c. Le beurre karité

Le beurre de karité peut être produit selon quatre modes de production différents :

– Production artisanale. Deux techniques sont suivies dans ce mode de production très répandu :
o Beurre traditionnel par fumage des amandes. Le beurre est de moins bonne qualité en raison de l’odeur de fumée. Il est destiné au marché local. Cette méthode est la plus énergivore.
o Beurre raffiné par cuisson des amandes dans l’eau. Le beurre produit de cette manière est de meilleure qualité, il est plus demandé que le beurre traditionnel.
– Production semi industrielle : cette méthode est réalisée à l’aide de machines qui permettent une pression à froid ou à chaud des amandes. Elle fournit un meilleur rendement des amandes sans pour autant dégrader les propriétés du karité.
– Production industrielle : cette méthode se base sur l’extraction de l’huile grâce à un solvant, dans ce cas le rendement est le plus élevé possible mais les propriétés du karité sont altérées entre autre par les propriétés d’insaponifiable indispensables à la qualité d’un savon entre autre.

Tableau 8 : Technologie de production des organisations de productrices

Technologie de production des organisations de productrices

L’offre de beurre de karité est répartie de la manière suivante :

Les chiffres qui suivent proviennent des données officielles de la base FAO. Ils nous permettent de connaître les grandes tendances sur les périodes observées mais restent néanmoins très incomplets et peu fiables.

Répartition de la production de beurre de karité par pays producteur en 2002

Graphique 5 : Répartition de la production de beurre de karité par pays producteur en 2002 (en %)

La croissance de la production mondiale de beurre de karité jusqu’à 2002 était la suivante :

Production mondiale de beurre de karité sur la période 1961-2002 en milliers de tonnes

Graphique 6 : Production mondiale de beurre de karité sur la période 1961-2002 en milliers de tonnes

La production a progressé ; elle est passée d’environ 30 000 t à 176 000 t de beurre de karité produit en l’espace de quarante ans. On a une progression d’environ 154 % sur cette période.

Tout comme la production de noix, l’offre de beurre de karité est très concentrée ; le Nigeria est le plus gros producteur avec 69,8% de la production mondiale suivi du Ghana avec 9,6 %, puis le Mali avec 9,2 % et le Burkina Faso avec 7,3 %. La demande internationale en beurre de karité est très variable, même si globalement elle fut en augmentation de 1961 à 2003. Cette augmentation n’est pas constante comme celle de la production mondiale. Le chiffre le plus récent sur la demande internationale en beurre de karité est de 2006. Sur cette période, la consommation de beurre de karité en Europe était estimée entre 40 000 et 60 000 tonnes utilisées à 95% dans la chocolaterie.

Exportations de noix et de beurre de karité

Graphique 7 : Exportations de noix et de beurre de karité. Source : FAO pour la CNUCED

Les quantités exportées vers le Japon, les Etats Unis ou la Suisse seraient principalement destinées à un usage cosmétique et/ou pharmaceutique. Selon les chiffres de 2006, la demande en amandes de karité était de 30 000 t.

Le karité offre un nombre important de possibilités en termes de transformation. Les produits à base de karité les plus communs par ordre d’importance sont : le chocolat, les barres chocolatées, les confiseries, les huiles et margarines végétales, les crèmes, les baumes, les savons, les shampooings…

d. Les secteurs de la filière karité

Le karité est présent sur trois secteurs différents qui sont l’agroalimentaire, la cosmétologie et la pharmacologie.

L’agroalimentaire est le secteur le plus représenté en termes de volume (95% des exportations de karité (amande et beurre se font dans le secteur chocolatier) mais les acheteurs représentant les entreprises de l’agroalimentaire préfèrent utiliser des noix ou des amandes achetées à prix bas. Ce marché est déjà hyper concurrentiel et ne permet pas de changer la logique de marché dominante dans la filière : une relation centre/périphérie où les producteurs alimentent les multinationales dans une logique dominants/dominés. Il y est extrêmement difficile de faire descendre le noeud de la filière au plus près des productrices dans une logique de structuration de la filière à long terme. Il y a donc peu d’intérêt pour les productrices de chercher à se développer sur ce secteur au niveau international.

Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur le secteur de la pharmacologie mais nous savons que les exigences de qualité exigées par l’industrie pharmaceutique obligent cette dernière à acheter le beurre de karité à des raffineries industrielles avec des contrôles sanitaires importants. Cette exigence de qualité et cette obligation de passer par un intermédiaire supplémentaire ne permet pas non plus de faire descendre le noeud de la filière au plus près des productrices. Nous excluons donc aussi ce secteur de notre analyse, au niveau international. Toutefois une réhabilitation de l’utilisation du beurre de karité en cuisine est à soutenir pour le marché malien et sous régional.

La cosmétologie nous apparaît donc comme le seul secteur porteur en termes de développement au niveau international. Le beurre de karité a une teneur très élevée en insaponifiables ce qui lui procure des propriétés particulières très recherchées dans ce secteur. Bien que, ne représentant à l’heure actuelle que 5% des importations globales, ce secteur devrait se développer sous l’effet d’un retour aux produits ethniques, naturels et écologiques en Europe. Cette tendance au naturel s’est d’ailleurs déjà intensifiée, notamment depuis 2003, date depuis laquelle nous retrouvons du karité estampillé bio sur le marché européen. Ce beurre provient principalement du Burkina Faso. Le Burkina Faso occupe une place importante dans la production de beurre destiné aux entreprises cosmétiques européennes notamment grâce à L’Occitane et au programme national karité mis en place en 1994. Ce programme a permis de structurer la filière dans le pays et d’obtenir une qualité importante pour un coût de revient plus faible qu’au Mali actuellement.

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