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Chapitre 2. Première révolution industrielle : imbrication de la ville avec l’industrie et l’agriculture (1790-1870)

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Cette vision des excréta urbains par le prisme des découvertes scientifiques et médicales
peut laisser supposer que le XIXe siècle marque l’abandon de la réutilisation des ordures qui doivent
désormais être détruites ou mises à la marge. Mais il n’en est rien. Au contraire, comme le démontre
magistralement l’ouvrage de Sabine Barles, L’invention des déchets urbains(12), cette vision de
l’évolution du cycle des matières est entachée d’anachronisme. En effet, jamais l’imbrication et
l’échange de matières premières entre ville, industrie et agriculture n’a été aussi forte qu’à cette
époque. Le développement de nouveaux procédés de productions avec la première révolution
industrielle n’a pas entrainé la fin de la réutilisation des sous-produits mais, à l’opposé, a provoqué
une augmentation de la demande et des débouchés pour ces résidus.

Avant de chercher à comprendre pourquoi et comment ces sous-produits étaient réintégrés
dans le cycle de production, nous devons déjà essayer d’appréhender la nature des excréta urbains
au XIXe siècle. Sabine Barles différencie deux grandes catégories de matières qui sont rejetées par
les villes :

• Les ordures et les boues qui trouvent des débouchés dans l’industrie et l’agriculture et sur
lesquelles nous nous focaliserons car elles sont en quelque sorte les ancêtres des déchets
ménagers. Ces deux types d’excréta urbains sont généralement associés car ils étaient
mélangés au sein des voiries jusqu’à l’instauration des boites à ordures à Paris par un arrêté
daté du 24 novembre 1883 signé par le Préfet Eugène Poubelle. Notons aussi que ce système
de gestion des ordures ménagères ne s’est généralisé et uniformisé sur tout le territoire
français qu’à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale(13).

• Les vidanges qui « ne sont autres que les urines et les excréments des citadins, recueillis
dans les fosses d’aisances »(14) et qui sont utilisées dans l’agriculture. Nous ne nous y
intéresserons que dans la mesure où la gestion de ce type d’excréta peut révéler une certaine
analogie avec le compostage urbain.

12 BARLES Sabine, L’invention des déchets urbains. France : 1790-1970., Seyssel : Champ Vallon, Milieux, 2005,
297 p.
13 DE SILGUY Catherine, op. cit., p.32-33.
14 BARLES Sabine, op. cit., p. 67.

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